"Le Fantôme de maître Guillemin" d'Evelyne Brisou-Pellen
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L’histoire : Pour Martin, l'année 1481 va être une année terrible. Il n'a que douze ans et vient d'arriver à l'université de Nantes. Au collège Saint-Jean, où il est hébergé, règne une atmosphère étrange. On raconte que le fantôme de maître Guillemin hante les lieux. Un soir, Martin est jeté dans l'escalier par deux étudiants plus âgés et jaloux. Mais, le lendemain, l'un d'eux est retrouvé assassiné...
La critique de Mr K : Evelyne Brisou-Pellen fait partie de mes madeleines de Proust en matière de lecture. C’est une des premières auteures que j’ai fréquentées régulièrement dans mes lectures et je lui dois de belles évasions qui ont forcé les verrous de mon imagination. C’est à l’occasion d’un passage chez Emmaüs que je suis tombé sur Le Fantôme de maître Guillemin, un ouvrage historique et policier à la fois qui se lit d’une traite avec un plaisir qui ne s’érode jamais.
Nantes, 1481, fin du Moyen-âge. Martin n’a que 12 ans mais il rentre déjà à l’université ! Enfant trouvé, entouré d’attention par une nonne et un précepteur, il est déjà polyglotte, maîtrise les écrits bibliques et souhaite apprendre encore et encore. Le voila mêlé à des estudiants bien plus âgés que lui dans le réputé collège de Saint Jean. L’intégration est forcément difficile du fait de son jeune âge et de son isolement. Les débuts sont difficiles, il se fait harceler régulièrement et même malmener un soir où des aînés jaloux de son talent le précipitent dans les escaliers. Le lendemain, l’un de ses persécuteurs est retrouvé mort… et ce n’est que le début !
Ce livre réussit sur les deux tableaux, à commencer par une enquête policière rondement menée qui tient en haleine le lecteur du début à la fin. L’ambiance est étrange dans ce vieux bâtiment qui recèle bien des secrets. Il y plane une menace sourde, insidieuse, même les plus assurés / sûrs d’eux doutent ou font preuve d’inquiétude lorsque l’on aborde certains sujets. Quand les événements se précipitent, que les coups du sort s’accumulent, les soupçons sont dans toutes les bouches et Martin va devoir se protéger car tous les morts sont liés à lui de près ou de loin… Peu à peu, au fil des indices semés ici ou là, on se rend compte que cette affaire le dépasse et que l’assassin nourrit de bien sombres desseins au nom du Tout Puissant.
La reconstitution du Nantes de l’époque est saisissante de réalisme. Du petit peuple aux escoliers, en passant par les plus aisés, à l’occasion des pérégrinations de Martin, Brisou-Pellen nous offre un panorama dynamique et profond, qui ne tombe pas dans le cliché ou le lissage malvenu. C’est brut, on marche à travers la ville de Nantes de l’époque (haut lieu commercial et politique, la Bretagne est encore indépendante à l’époque), on respire les odeurs, on partage le quotidien de chacun par de petites touches savamment distillées au fil du texte en matière de nourriture, d’us et coutumes, des règles de vie dans un internat de l’époque. Cet ouvrage est relativement court, il va à l’essentiel mais pour autant il se révèle vraiment dense dans son contenu et son apport culturel.
Comme à chaque fois avec cette auteure, la lecture se fait toute seule, les pages se tournent avec plaisir et attente. On passe donc un très bon moment avec ce titre qui ravira les jeunes amateurs d’Histoire et d’enquête policière.