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Le Capharnaüm Éclairé
6 octobre 2024

"Palais de verre" de Mariette Navarro

 

L’histoire : Après plusieurs années de "bons et loyaux services", Claire découvre qu’elle ne fait plus corps avec son milieu professionnel. A force de décalages infimes, de langage trahi jour après jour, elle n'est plus dans le même mouvement que ceux qui l’entourent, elle s’est détachée des valeurs jusqu’alors les siennes. Dans un sursaut, elle monte sur le toit de l’immeuble où elle travaille et fait l’expérience de la liberté au moment même de cette rupture.

 

La critique de Mr K : Étrange expérience que cette lecture courte et intense. Palais de verre de Mariette Navarro est le récit d’une révolution intérieure, de la prise de conscience de l’inadéquation entre la vie qu’on mène et notre moi profond. Lecture vertige, poétique et déroutante, on passe un bon moment malgré pour moi une sensation de surplace par moment.

 

Claire est issue d’un milieu modeste, de la banlieue grisonnante. Elle a brillamment réussi ses études et se retrouve embauchée dans une boîte très éloignée de son milieu social d’origine. Elle travaille dans la forêt de tours de verre, dans un bureau, assiste à des réunions, prend des décisions, sort avec ses collègues de travail. Elle s’adapte, se fond dans le décor et mène sa barque. Mais voila que des fissures apparaissent dans la carapace qu’elle s’est forgée.

 

La nouvelle Claire n’est pas la femme qu’elle souhaite devenir. Les petits doutes du début se sont transformés en mal-être, en sentiment de trahison. C’est l’heure de l’introspection, de la redécouverte de soi, de la révélation. Le récit débute quand elle monte sur le toit de son lieu de travail, la réflexion s’amorce, elle sera profonde et radicale.

 

La langue est d’une puissance incroyable, on est ici dans le domaine de la virtuosité. Il y a une poésie de tous les mots, les phrases se répondent, nous emmènent vers des ailleurs insoupçonnés. Elle sert remarquablement la caractérisation du personnage par couches successives au fil de ses raisonnements et de sa libération du diktat qu’elle subit depuis trop longtemps, celui de son entreprise, de la société en général aussi. On aime se perdre dans cette écriture qui se renouvelle sans cesse et qui clairement ne s’apparente à rien de ce que j’ai pu lire auparavant. J’adore ce sentiment et cette impression en lecture (quelques exemples en suivant le tag OLNI).

 

Cette qualité est tellement poussée qu’elle m’a parfois aussi un peu perdu, j’ai beau avoir apprécié le personnages principal, vouloir savoir ce qui va lui arriver ensuite, jusqu’où elle allait sonder son âme... j’ai trouvé qu’il pouvait y avoir de la redite, des atermoiements narratifs qui ont freiné un peu mon enthousiasme. Le dernier tiers est plus progressif et abouti à une fin pleinement assumée et réjouissante à sa manière.

 

Bonne et étrange lecture à la fois donc que tous les amateurs de portraits différents, universalistes aussi, doivent tenter. On en lit pas deux comme ça dans une vie… ou presque !

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