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Le Capharnaüm Éclairé
4 octobre 2024

"The Midnight Order" de Mathieu Bablet et collectif

 

L’histoire : Johnson et Sheridan, deux membres de l'Ordre de Minuit, ont pour mission de traquer à travers le globe les sorcières trop puissantes, celles qui sont un danger pour le monde et pour elles-mêmes. À chaque capture c'est la même chose : les mains des femmes sont invariablement tranchées, afin de tarir la source de leurs pouvoirs.

 

A mesure que Sheridan se questionne sur la légitimité de ses actions au sein de l'ordre, Johnson va faire face à une problématique cruelle : la prochaine sorcière surpuissante à traquer est sa propre sœur. Entre indéfectible fidélité à l'Ordre et remise à plat de cette organisation séculaire, les aventures de ces deux sorcières vont les mener à une confrontation inévitable.

 

La critique de Mr K : Nouveau prêt de l’ami Franck avec cet ouvrage collectif dirigé par Mathieu Bablet himself qui a réuni pléthore d’auteurs et de dessinateurs autour de son projet. The Midnight Order propose une plongée vertigineuse dans le monde de la magie au sein d’une organisation ultra-secrète mais aussi auprès des personnes qu’elle chasse. Bien qu’inégale au niveau esthétique, l’œuvre est passionnante et des ajouts lui donnent un supplément d’âme.

 

 

L’action se déroule de nos jours et l’on suit deux agents de l’Ordre de Minuit, une organisation composée de sorcières garantes de l’ordre mondial. Leur mission essentielle est de poursuivre et arrêter les sorcières qui succombent à l’hybris, ne maîtrisent plus leurs pouvoirs et pourraient faire d’immenses dégâts autour d’elles ou sur elles-mêmes. La sanction est terrible, elles se voient couper leurs deux mains car leur pouvoir émane de ces deux membres. Johnson et Sheridan, la maîtresse et l’ancienne apprentie, toujours par deux accomplissent leur mission sans coup férir. Mais au fil du temps le doute commence à s’installer dans l’esprit de Sheridan et Johnson va devoir s’occuper du cas de sa sœur. La faille s’agrandit et le duo va se séparer… Ce n’est que le début.

 

 

L’ouvrage se lit d’une traite grâce tout d’abord à ses scénarios qui finissent par se rejoindre. Huit récits composent l’ensemble mais tout est cohérence et s’imbrique parfaitement. L’addiction se met très rapidement en place grâce notamment à une caractérisation fine et pleine de nuances des deux héroïnes principales. Derrière le vernis des apparences et leur posture professionnelle, se cachent des âmes torturées qui se cherchent encore et que les événements vont bousculer. C’est bien ficelé et les personnages secondaires renforcent tout cela en densifiant les fils narratifs et le background.

 

 

L’ambiance est bien posée. On se plaît à découvrir notre monde sous l’œil de protagonistes inscrits dans des traditions millénaires. Le contraste est sympa et la vision des sorcières novatrice. On est loin des images d’Épinal entre affreuse mégère ou victime tragique. On a un peu de tout ici mais un esprit libertaire et féministe souffle sur les différentes planches. On retrouve un discours filé sur le patriarcat et la mise à l’écart de ces femmes aux pouvoirs uniques. Mais ici elles se révoltent, souvent, et redonnent du baume au cœur devant leur résistance. Restent des passages parfois tragiques qui peuvent émouvoir au plus profond le lecteur sensible à l’injustice et à la bêtise humaine.

 

 

Le petit bémol concerne le parti pris esthétique. Deux récits sont particulièrement hideux, il n’y a pas d’autres mots. J’ai trouvé que les traits, le rythme manquaient de professionnalisme, j’avais même l’impression de lire une planche dessinée par certains de mes élèves très doués mais à qui il manque encore du métier et de la maîtrise. Cela a douché quelque peu mon enthousiasme, heureusement que les scénarii rattrapent la forme à ces moments là. Et puis, d’autres récits sont vraiment très beaux et l’alternance des styles est sympa, donne même un côté décalé au récit général qui gagne aussi en force.

 

On ne s’ennuie donc pas une seconde avec en plus entre les différents récits quelques points de culture générale sur les sorcières, la culture aborigène (une partie de l’histoire se déroule en Australie), la possession, la magie. Ces pages sont bien documentées, intéressantes et jamais rébarbatives. Rajoutez à cela quelques interludes pour passer d’un récit à un autre réalisés par Bablet et vous obtenez une BD de belle facture qui ravira les amateurs des thématiques abordées.

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