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Le Capharnaüm Éclairé
18 octobre 2024

"Chats sur ordonnance" de Syou Ishida

 

L’histoire: Bienvenue à la Clinique psychologique de Nakagyô. Un centre de soin situé au cœur de Kyôto, au fond d’une ruelle sombre, particulièrement difficile à trouver.

Assisté de son infirmière Chitose, le docteur Nike y reçoit des patients de tous horizons. Sa particularité ? Ne pas prescrire des médicaments, mais… des chats !

Un jeune homme harcelé au travail, un père de famille désemparé, une mère qui a du mal à communiquer avec sa fille, une créatrice de mode trop perfectionniste… vont en faire l’expérience.

Que leur révéleront ces êtres capricieux et délicats, exigeants mais si charmants ? Et si les traitements prenaient des formes totalement inattendues ?

 

La critique de Mr K : Très très belle découverte que cette nouveauté japonaise de la Rentrée Littéraire 2024 avec ce titre sorti chez Albin Michel. Chats sur ordonnances de Syou Ishida est typiquement une lecture-doudou, un feel-good reading aussi facile à lire que profond et éclairant dans son propos.

 

À Kyoto, il y a une étrange clinique psy perdue au fin fond d’une ruelle. Inventoriée nulle part, c’est par le bouche à oreilles qu’on en entend parler et que l’on vous indique l’adresse. Le cabinet épuré se trouve au quatrième étage d’un immeuble commun, vous êtes reçu par une assistante du genre patibulaire et le docteur très jeune vous sourit tout le temps, ne semble pas vous écouter et vous prescrit… un chat ! Étrange, étrange me direz vous ? Le pire c’est que ça marche !

 

Le roman se concentre autour de quatre patients que le hasard ou le destin font rentrer dans la dite clinique. Leurs cas très différents nécessitent un traitement particulier tant ils semblent passer à côté de certains aspects de leur existence : un père de famille a du mal à se faire sa place dans son foyer et semble s’effacer aux yeux de ses proches, un jeune homme vit mal la pression au travail dans les tours de verre de la finance, une styliste renommée ne pense qu’au travail et s’épuise et une mère n’arrive pas à communiquer avec sa fille qu’elle bashe continuellement. Chacun arrive dans la clinique sans se faire trop d’illusions et il faut dire que la consultation n’est pas pour les rassurer avec son côté décalé et un traitement inattendu.

 

Chacun se retrouve avec un chat, une prescription le concernant et une durée de garde. Très vite les progrès se font sentir, la présence de l’animal, son caractère et les réflexions qui surgissent dans les esprits des patients font qu’ils démarrent une introspection, analysent davantage leurs habitudes et rituels de vie, le tout menant vers une forme de révélation intérieure qui leur explique bien des choses qui leur échappaient jusque là.

 

La lecture se fait très aisément, la langue vive et légère à la fois fait des merveilles. Elle se démarque d’ailleurs de ce que l’on s’attend à lire dans un roman de littérature japonaise. On retrouve évidemment la philosophie de vie nippone, la douceur qui côtoie les pulsions parfois destructrices mais la langue est ici plus frontale, parfois familière, on se sent vraiment proche des protagonistes. Ces derniers sont très bien cernés, complexes dans leur rapport aux autres et à eux-mêmes, l’évolution qui s'opère en eux est progressive et irréversible.

 

Ils sont particulièrement merveilleux ces félins, leur description est un pur bonheur et l’on n'a qu’une envie : entendre leurs ronrons et les caresser, les prendre dans nos bras. Et puis, il y a ce fil rouge mystérieux : qu’est vraiment cette clinique ? Qui sont les professionnels qui vous accueillent ? Pourquoi semble-t-elle disparaître une fois que le travail de thérapie a été terminé ? On sent bien que l’auteur a de la malice et qu’une révélation bien sentie est en préparation et c’est le cas. La fin nous cueille et achève très bien un ouvrage plus que séduisant.

 

Avis aux amateurs, "Chats sur ordonnance" est une petite merveille à sa manière.

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