"Le printemps reviendra" de Nour Malowé
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L'histoire : Afghanistan, juillet 2021. Kaboul s'habille pour la guerre. Les troupes américaines ont désertés et les talibans sont aux portes de la ville. Marwa, chirurgienne et mère de trois adolescents, le sait : les autrefois sont des lendemains.
Ses enfants connaîtront ce qu'elle a vu, vingt ans auparavant. Comment les protéger ? Comment empêcher ceux qui viennent de tout détruire ?
Les femmes revêtent leur burqa bleue, les commerçants repeignent leur devanture, la musique cesse de retentir. La peur est une enclume. Pire que la mort.
Même si les causes perdues ne le sont jamais, Marwa peine à entrevoir une issue heureuse. Elle est face à un choix impossible : fuir ou rester. Mais fuir où ? Pour quelle vie ?
La critique Nelfesque : Ce roman de la Rentrée littéraire fait tristement écho à l'actualité... Alors que nous apprenions fin août que de nouvelles lois talibanes visant à réduire le droit des femme afghanes entraient en vigueur, "Le printemps reviendra" sortait en librairie le 22. Hasard terrible du calendrier puisque ce roman de Nour Malowé nous présente déjà l'enfer taliban lors de son retour en Afghanistan en 2021. L'actualité nous montre que l'on peut toujours faire pire dans le mal... Jusqu'où les femmes seront-elles muselées, annihilées, invisibilisées ? Jusqu'où l'opinion publique et les politiques au niveau international laisseront-ils nos sœurs survivre ainsi ? Quel est le seuil de tolérance ? La bascule dans l'inacceptable ? L'empathie ou même la simple raison dépassant l'entendement ? On est pourtant dans l'insoutenable depuis longtemps... Pensées pour toutes ces femmes qui vivent l'enfer aujourd'hui sous leurs grandes capes bleues, la tête baissée et la bouche scellée...
Nous faisons ici la connaissance de Marwa, la cinquantaine, femme forte, aimante, intelligente, instruite. Toute dévouée à son travail de chirurgienne à l'hôpital de Kaboul et à sa famille qu'elle aime par dessus tout, elle apprend un matin que les talibans, "ceux qui viennent", sont en route pour reprendre, par la force et la barbarie, les provinces d'Afghanistan et sa capitale. Marwa a déjà connu il y a 20 ans l'horreur des talibans. Elle sait qui ils sont, elle sait de quoi ils sont capables, elle sait qu'aucune vie libre n'est possible sous leur coupe. Mais que faire ? Attendre ces quelques semaines qui la séparent de ce funeste jour ? Résister ? Partir ? Nous la suivons au fil des jours dans son quotidien, dans son cheminement de pensées, ses réflexions, ses certitudes qui fluctuent d'un jour à l'autre, sa peur aussi.
Il est bien difficile de concevoir une telle pression sur la population, de telles actes barbares. Nour Malowé par l'entremise de Marwa nous permet de les toucher du doigt. Une lecture douloureuse tant elle met en exergue l'injustice d'un tel état de fait. Marwa est sensible, fine, vivante. L'écriture de l'auteure est mesurée et puissante. Jamais il n'est question de pathos ou d'enfoncer des portes ouvertes. Marwa, son mari, ses deux fils et sa fille prennent vie sous cette plume de façon poignante. Chacun avec leur personnalité, leurs objectifs pour tenir, leurs rêves pour le futur de leur pays. Leur course en avant vers l'horreur et le drame. Inévitable.
"Le printemps reviendra" est un vrai et grand coup de cœur ! Une finesse d'écriture, des personnages poignants, une histoire malheureusement vraie qui fait froid dans le dos... Marwa, femme douce et forte, instruite et éclairée, lucide et protectrice, restera longtemps dans mon cœur. Lisez-le maintenant !