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Le Capharnaüm Éclairé
10 août 2024

"La maison des saints" de Derek Künsken


L’histoire : La famille d'Aquillon a trouvé un trésor dans les profondeurs de Vénus. Pour le mettre à l’abri, elle s'est associée à deux autres familles de colons. Ensemble, elles forment "la Maison de Styx".


Alors qu'elles acheminaient du matériel à proximité de l’inestimable découverte, notamment du métal, extrêmement rare sur Vénus, Marthe, la fille aînée des d'Aquillon, a perdu la vie. C'est une famille en deuil qui doit désormais affronter le gouvernement vénusien et la banque de Pallas qui ne cherchent qu’une chose : la spolier. Car trouver un trésor est facile ; le garder l’est beaucoup moins.


Mais la Maison de Styx, d'origine modeste, est déterminée à devenir l'une des sociétés les plus puissantes de la galaxie connue… Quitte à mettre son existence en jeu.


Un risque qu'elle va courir, sans hésiter.

 

La critique de Mr K : On peut dire que je l’attendais celui-là. Il y a deux ans, j’avais eu un véritable coup de cœur pour Les Profondeurs de Vénus de Derek Künsken, un space opera vénusien intimiste et universel à la fois. Il m'avait laissé pantelant avec une découverte faramineuse effectuée par la famille D’Aquillon. L’auteur met fin à cette interminable attente en 2024 avec La Maison des saints qui clôture le diptyque de la plus belle des manières en nous inspirant un plaisir de lecture hors norme et une multitude d’émotions fortes. Je ne vais pas m’en remettre.

 

La famille d’Aquillon a donc découvert un trou de ver à la surface de Venus, un passage vers une autre galaxie avec à la clef la possibilité d’exploiter des astéroïdes et autres corps célestes errants là-bas, en extrayant les métaux qui font cruellement défauts à la colonie vénusienne d’origine québécoise. Cette dernière est dirigée par un gouvernement autoritaire, lui-même contrôlé par la banque Pallas dont le seul objectif est évidemment de s’enrichir et ceci à tout prix. Ce second tome s’attarde beaucoup sur les aspects géopolitiques de cette affaire qui pourrait renverser l’ordre établi et rééquilibrer les rapports de force.

 

En parallèle, on suit de près la destinée des nombreux personnages qui peuplaient déjà le volume précédent et notamment les membres de la famille d’Aquillon, récemment endeuillés par la perte irréparable de l’aînée, Marthe qui les représentait à l’assemblée vénusienne. On retrouve avec un plaisir non feint Emile, poète maudit en bisbille avec le patriarche George-Étienne qui va se retrouver à devoir agir malgré sa fuite en avant qui n’a que trop duré, Pascale qui s’est enfin révélée à elle-même en acceptant le fait qu’elle est une fille et non un garçon malgré ses attributs de naissance, Gabriel son amant qui n’accepte pas ce changement qui pourrait mettre fin à leur histoire d’amour passionnée, Marie-Pier matriarche engagée et sans concession, Jean-Eudes trisomique au grand cœur qui avant tout cherche à protéger les siens, les rassurer… Je ne peux tous les citer tant le point fort des livres de Künsken tient dans la caractérisation de personnages et la finesse psychologique de leur traitement.

 

Ce livre est un bel écrin pour décrire l’humain dans sa diversité, ses nuances. On ne tombe jamais dans le pathos et un nombre de thématiques très important est abordé avec tact et justesse. La famille tout d’abord avec la notion de lignée, d’héritage mais aussi les caractères qui s’opposent, les choix de chacun qui peuvent s’inscrire dans le prolongement des ascendants ou s’y opposer. Le personnage d’Émile est particulièrement touchant dans sa quête de reconnaissance, j’ai beaucoup aimé aussi le traitement réservé à Pascale qui n’est pas simplement une caution LGBT+ mais un personnage d’une densité, d’une sensibilité et d’une humanité profonde, qui bouleverse les codes et émeut profondément. L’identité que l’on se forge, l’identité que l’on nous lègue, l’identité que l’on construit sont au cœur de ce space opéra très intimiste où chacun se meut selon ses pulsions, désirs et sa nature. Ça fait du bien .

 

L’aspect SF est très bien poussé aussi. Il y a un côté Hard SF très poussé et très digeste avec une foule de détails techniques qui rend ce récit vénusien très réaliste. Les caractéristiques de la planète, les soucis techniques rencontrés, les aspects ingénieriques et la préservation de la vie dans un milieu plus qu’hostile rajoutent une atmosphère étouffante à une trame haletante dans ses tenants et aboutissants. Au cœur du récit, l’incurie des puissants une fois de plus, la propension à la domination sur le peuple, les gens de peu par les détenteurs du pouvoir politique et financier. Cela donne des moments qui font froid dans le dos en terme de cynisme et des répercussions tout bonnement horribles. Il y a un souffle épique sur cet ouvrage, quand les événements finissent par se précipiter, on ne peut que s’accrocher aux pages addictives de ce roman.

 

Remarquablement bien écrit, toujours aisé d’accès malgré une exigence de tous les instants sur l’aspect réaliste, on prend un pied monstrueux durant cette lecture avec un propos engagé, des personnages ultra-charismatiques et une trame qui se lit avec un plaisir de tous les instants. Un très bel ouvrage qui complète magnifiquement le précédent et offre un diptyque de toute beauté que tous les amateurs de SF doivent découvrir tant il les ravira. Gros coup cœur.

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