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Le Capharnaüm Éclairé
22 juin 2024

"Perséphone" de Caroline Bouffault

 

L’histoire : Rosa Campion a rejoint depuis peu la sémillante cohorte des jeunes entrepreneurs. Son entreprise un peu particulière, Perséphone, œuvre dans la communication post-mortem. Rosa est pourtant rationnelle ; ses clients, en prévision de leur décès, enregistrent dans ses studios les messages qu’ils souhaitent voir transmis à leurs proches après leur mort.

Rosa veut croire qu’un passage existe entre le monde des morts et celui des vivants ; et que la voix en est le meilleur canal. Mais le jour où sa base de données est piratée, tout bascule… Secondée par Ulysse, son enquête croise la route de Grégoire, un informaticien assez peu versé dans la transmission post-mortem. La raison peut-être vraiment avoir le fin mot de notre rapport à la mort ?

 

La critique de Mr K : J’avais eu un énorme coup de cœur pour Thelma, le précédent roman de Caroline Bouffault, un ouvrage sensible, drôle et dramatique à la fois. L'adolescence et la maladie y étaient abordées avec finesse et l'écriture était de toute beauté. J’entamais la lecture de Perséphone avec un enthousiasme certain, persuadé de réitérer une expérience de lecture mémorable. Ce ne fut malheureusement pas le cas, la faute essentiellement à une héroïne que j’ai trouvé détestable et un récit qui s’enlise pour accoucher d’un dénouement évident et pas très original.

 

Rosa est une jeune auto-entrepreneuse pleine de fougue. Son concept est pour le moins original : elle fait dans la communication post mortem. N’allez pas croire qu’elle fait de la voyance ou dénoue des intrigues surnaturelles. Non, son credo à elle, c’est de donner la possibilité à ses clients de rédiger, enregistrer des messages, de leur vivant pour ensuite les transmettre aux proches et personnes destinataires après leur disparition. H24, 7 jours sur 7, elle les reçoit dans son appartement où deux cabines permettent d’enregistrer les dits messages, Rosa n’est jamais loin pour pouvoir rassurer et dispenser quelques conseils tant l’exercice est difficile.

 

La situation de l’entreprise est loin d’être au beau fixe, il est dur de se lancer dans la vie et dans les affaires. Ça ne se bouscule pas au portillon, la concurrence est là et Perséphone (c’est le nom de la boîte de Rosa) ne rentre pas entièrement dans ses frais. Rajoutez là dessus un pirate informatique qui met le bazar sur un édifice brinquebalant et on n’est pas loin du pétage de plomb pour Rosa qui peut cependant compter sur Ulysse, son employé non payé (on y reviendra) et sur une idée de génie. Prospecter dans un Ehpad pour ramasser la mise…

 

Personnellement quand j’ai lu la quatrième de couverture, la tentation fut immédiate. Malheureusement il y a Rosa. Très vite, je ne l’ai pas supporté. Princesse 2.0, très sûre d’elle-même, elle est représente bien les excès et la rapacité de ces néo patrons qui pensent que tout est bon pour se lancer dans la start up nation. Sa morale m’a fait frémir (ou plutôt parfois son absence), sa manière de se comporter avec ses affiliés masculins est vraiment détestable. Faites le bien de l’entreprise pour moi, pour les émoluments on verra plus tard. Vas-y que je m’énerve et que je te caresse dans le sens du poil après… J’aurais eu la même réaction si le personnage avait été masculin, pour moi ce type de personne représente la connerie à l’état pur et une certaine idée que je me fais de la déliquescence de notre monde. Je ne vous parle pas du concours de jeunes start up, du vocabulaire anglais indigent pour désigner stratégies et éléments de management…
 

Alors oui, Rosa cache quelque chose, oui elle a souffert, oui quelque chose explique son comportement mais franchement elle m’a gavé et j’aurais été Ulysse ou l’autre personnage qui intervient plus tard, je l’aurais envoyé paître et bien fort avec ça. Mais non, on laisse faire, on se la joue martyr, on laisse courir… Au fil du récit, je me suis de plus en plus agacé j’avoue, la facilité aurait voulu que je referme l’ouvrage. Mais voila, j’ai tellement apprécié Thelma que je ne pouvais abandonner ma lecture tant je respecte le métier d’écrivain et puis qui sait, peut-être la fin permettrait de renverser la situation... Il n’en fut malheureusement rien malgré un pincement au cœur concernant Ginnie (la grand-mère de Rosa), la fin arrive sans véritable révélation pour moi. Un coup dans l’eau.

 

Ce roman n’était tout simplement pas fait pour moi. Caroline Bouffault a du talent pour écrire, ce métier est rude et franchement je serais bien incapable d’écrire un ouvrage. Il est plus facile de critiquer que de construire mais la lecture ici fut pénible. Espérons tout de même qu’il trouve son lectorat d’autant plus que le parti pris de la maison d’édition d’éditer des œuvres différentes est plus que louable.

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