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Le Capharnaüm Éclairé
27 mai 2024

"Severed : Destins mutilés" de Scott Snyder, Scott Tuft et Attila Futaki


L’histoire : Début du XXe siècle. Sur les routes d’une Amérique à l’aube de sa modernisation, le Mal rôde à la recherche de sa prochaine victime. Son apparence et son origine importent peu. Il est. Il est celui qui entraînera l’enfant hors des sentiers, hors d’atteinte de la civilisation, hors de portée de tout secours. Ce mal, le jeune Jack Garron l’a rencontré.

 

La critique de Mr K : Très belle découverte une fois de plus aujourd’hui avec ce comics dégoté à la médiathèque de notre secteur. Je suis assez fan de récits d’horreur et des récits en one-shot. Severed: Destins mutilés de Scott Snyder, Scott Tuft et Attila Futaki remplit son office avec talent, en y ajoutant une dimension initiatique prégnante et des références à des mythes anciens bienvenus. Cet ouvrage s’est lu d’une traite avec un plaisir jamais feint.

 

Tout démarre au sein d’un foyer US moyen où l’on fait la connaissance de Jack, un grand-père lambda. Un détail retient l’attention, il est manchot et il aurait perdu son bras droit durant la guerre. Lorsque l’un de ses petits enfants lui apporte un message donné par un inconnu dans la rue, l’aïeul prend peur, son passé semblant l’avoir rattrapé, un passé qu’il a caché à tout le monde et qui pourrait bien mettre à mal son existence. Le flash-back peut alors commencer.
 


Retour dans les années 1910 où Jack est un adolescent orphelin placé chez une femme qui lui prodigue soin et tendresse. Joueur talentueux de violon, il s’apprête à rentrer au college (équivalent du lycée aux USA) pour la grande fierté de sa maman adoptive même s’il rêve de mener une vie de musicien errant et de partir en tournée. Cette entrée à l’école supérieure est un leurre, Jack a décidé de partir à la recherche de son père qui lui envoie des lettres secrètement en l’enjoignant de le rejoindre à une adresse.
 


Voilà donc le jeune Jack parti sur les routes avec son baluchon et son sens de la débrouillardise. C’est le début d’un voyage long et difficile où il va se heurter à de nombreuses difficultés. Le monde de la rue est difficile avec des codes qu’il ne connaît pas forcément et des rencontres parfois rudes (passage dans le train de marchandise notamment), le monde est empli de dangers insidieux. Il va rencontrer cependant Sam qui comme lui est parti de chez lui et va faire un bout de chemin avec lui. Arrivé à bon port, son père ne le reconnaît pas dans tous les sens du terme, Jack subit alors une grande déception et c’est à ce moment là qu’apparaît un mystérieux voyageur itinérant, Mr Porter, qui voit en Jack un musicien de talent qui pourrait enregistrer quelques morceaux dans un studio d’enregistrement de sa connaissance. Jack et Sam y voit une opportunité à saisir. Vous vous doutez bien que Porter n’est pas ce qu’il semble être. Derrière l’affable vieil homme paternaliste se cache un être vicieux porté sur des pulsions interdites.
 


Le récit est vraiment prenant de bout en bout. De facture classique dans sa construction, il nous garde cependant en haleine avec sa haute science de la caractérisation des personnages à commencer par Porter lui-même qui est vraiment ambivalent. Aidant et pédagogue, on le sent vraiment concerné par Jack, il lui apprend les ficelles de la vie sur la route et n’est pas avare en leçons de vie. Pour autant, il se révèle très vite inquiétant avec ce dentier cachant sa nature profonde et une violence à peine larvée qui peut exploser à tout moment. Malgré son aspect repoussoir au bout d’un moment, j’ai été fasciné par lui tout comme le sont Jack et Sam, jeunes naïfs pris dans les filets d’un être sans scrupule.

 

L’aspect initiatique est très bien mené donc avec un Jack qui va grandir, éprouver ses limites et finalement basculer dans la maturité de la façon la plus cruelle qu'il soit quand Porter révèle sa vraie nature, variation moderne autour de la figure de l’ogre, figure tutélaire des contes de fée et créature s’inscrivant à la lisière du réel et du cauchemar dans l’esprit des enfants. La deuxième partie de l’histoire se rapproche alors d’un cauchemar éveillé avec une traque, une terreur qui s’échappe des pages et envahit l’esprit du lecteur. Tout bascule, prend son sens et l’horreur graphique nous fait suffoquer. Tout peut arriver et l’ultime twist final s’avère savoureux.
 


Les planches sont de toute beauté avec un sens du rythme et de la mise en image qui ne se dément jamais. L’ambiance est glauque à souhait, très bien rendue par un dessin clair et fouillé à la fois, une colorisation du plus bel effet. Du début à la fin, cet ouvrage est un bijou dans son genre, proposant des personnages charismatiques, un panorama réaliste sur l’époque des années 10, une ode à la liberté et à la quête du bonheur mais aussi et surtout de la bonne frousse ! Les amateurs ne doivent pas passer à côté.

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Commentaires
H
Salut!<br /> Déjà, la couverture est super bien réussie, elle attire directement l'oeil. Le style graphique me plait bien, j'aime beaucoup la façon dont les planches sont réalisées. Après ce n'est pas trop mon style, donc je passerai mon tour, mais ton avis valait le détour :)
Répondre
M
Merci beaucoup pour le compliment. Dans le genre, c'est un must read, les amateurs apprécieront, c'est sûr. :)
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