"Monstres" de Stéphane Servant et Nicolas Zouliamis
L’histoire : Lorsqu’un cirque itinérant débarque dans son village, le jeune Otto s’y rend, intrigué par l’annonce d’une bête terrifiante, d’un Monstre en lettres majuscules ! Mais sous le chapiteau, quand le rideau se lève enfin, c’est la surprise totale, autant pour les spectateurs que pour le lecteur…
La critique de Mr K : Nouvelle découverte faite au CDI de mon établissement avec cet ouvrage fortement conseillé par ma collègue professeur documentaliste. Monstres de Stéphane Servant et Nicolas Zouliamis a en effet très bonne presse et nombreux sont les retours dithyrambiques que j’ai pu lire ou voir ici ou là. J’avoue avoir été complètement charmé par la perspective de le découvrir à mon tour et je dois convenir que l’œuvre est très belle, envoûtante même, mais finalement elle se révèle plutôt convenue.
Un village perdu au milieu de nulle part, un jeune garçon dont on ne sait pas grand-chose si ce n’est qu’il se sent seul, à part dans la communauté et différent des garçons de son âge. En quelques pages / planches, le décor est planté. Un cirque itinérant arrive au village et une certaine animation gagne les cœurs et les esprits surtout que le Monsieur Loyal de la troupe annonce la divulgation d’une créature à nulle autre pareille, un monstre défiant toute logique et toute imagination. Les esprits s’animent, la curiosité est à son comble. Le lendemain, lors de la soirée révélation, tout va changer pour le personnage principal qui va voir tous ses principes ébranlés.
On ne va pas se mentir, très vite on pense à Tim Burton. L’aspect gothique, le noir et blanc, un être esseulé... on se retrouve plongé dans les œuvres majeures du maître. Le carcan du groupe, la méfiance, la peur de l’inconnu, l’appréhension et la fragilité du héros sont au centre de ce récit que l’on suit avec plaisir. Et même si on n’est jamais surpris (j’ai vu venir la révélation sur la nature du "monstre" très vite), on se laisse porter par le souffle et la portée du message ô combien important en ces temps troubles où la différence inspire méfiance et politiques répressives. Ode à la différence, à la tolérance, ce livre porte un message universel qui ne manquera pas de toucher le lecteur.
La forme est magnifique en terme d’illustrations. Ce noir et blanc crayonné est un écrin magistral au propos véhiculé, les détails, l’ambiance étrange qui se dégage illustre parfaitement les thématiques en jeu. L’envoûtement est total, absolu et l’on tourne les pages émerveillé et curieux de savoir où tout cela va mener. Je suis plus réservé sur la partie littéraire, le récit est bien mené mais j’ai trouvé le texte finalement très basique, pas si poétique que ça au regard des images proposées comme illustrations. On pouvait aller plus loin dans l’explicite, la poésie pure pour relever encore le niveau d’adhésion du lecteur. Après, j’ai mon âge et je pratique la lecture depuis longtemps… je pense que les lecteurs plus jeunes seront beaucoup plus séduits par la prose proposée.
Monstres reste cependant une très belle lecture qu’on ne peut que conseiller et qui plaira au plus grand nombre.