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Le Capharnaüm Éclairé
11 avril 2024

"Mémoires de la forêt T1 : Les souvenirs de Ferdinand Taupe" de Mickaël Brun-Arnaud

 

L’histoire : Dans la forêt de Bellécorce, au creux du chêne où Archibald Renard tient sa librairie, chaque animal qui le souhaite peut déposer le livre qu’il a écrit et espérer qu’il soit un jour acheté. Depuis que ses souvenirs le fuient, Ferdinand Taupe cherche désespérément à retrouver l’ouvrage qu’il a écrit pour compiler ses mémoires, afin de se rappeler les choses qu’il a faites et les gens qu’il a aimés. Il en existe un seul exemplaire, déposé à la librairie il y a des années. Mais justement, un mystérieux client vient de partir avec… À l’aide de vieilles photographies, Archibald et Ferdinand se lancent sur ses traces en forêt, dans un périple à la frontière du rêve, des souvenirs et de la réalité.

 

La critique de Mr K : C’est la fille de onze ans de l’ami Franck qui m’a conseillé et prêté cet ouvrage que sa professeure de français de 6ème lui a fortement recommandé. C’était assez touchant de se voir conseiller un livre par elle, grande lectrice depuis petite à qui nous avons fait lire quelques titres auparavant dont Pax, un livre marquant. C’est donc avec une grande attente que j’entamai la lecture du premier volet des Mémoires de la forêt : Les souvenirs de Ferdinand Taupe de Mickaël Brun-Arnaud, trilogie se déroulant dans la forêt Bellécorce et mettant en scène des animaux aux vies bien remplies et aux soucis bien réels. La lecture fut délicieuse, rapide et d’une grande profondeur car derrière ces aventures bucoliques se cachent des thématiques bien humaines qui sont source de réflexion et d’émotions denses.

 

L’histoire débute chez Archibald, renard libraire de la contrée qui a hérité de l’affaire de famille qui se transmet de génération en génération. Il aime rien de plus que conseiller et discuter avec ses clients, dépoussiérer ses ouvrages (il est un peu maniaque sur les bords) tout en dégustant de délicates boissons chaudes. Cette librairie est un peu particulière car chaque animal peut y déposer un ouvrage qu’il a écrit et se porter acquéreur d’un autre contre des noisettes sonnantes et trébuchantes. La vie coule doucement, lentement, paisiblement.

 

 

Tout bascule quand Ferdinand Taupe, un vieil ami à la mémoire de plus en plus défaillante, atteint de la terrible maladie de l’Oublie-tout, vient pour récupérer le livre où il a compilé tous ses souvenirs. Malheureusement pour lui, Archibald vient de le vendre la veille même ! Ferdinand est catastrophé, l’obscurité envahi sa tête petit à petit et il a peur de définitivement tout oublier. Et d’ailleurs où est passée sa chère et tendre Maude ? Devant le désarroi de son ami, le renard décide de laisser séance tenante son affaire et de partir sur les routes avec Ferdinand pour retrouver l’ouvrage et en même temps les souvenirs perdus. C’est le début d’une aventure à nulle autre pareille.

 

On se laisse embarquer immédiatement par ce conte initiatique et chaleureux où l’empathie est portée au maximum. Il y a beaucoup de bienveillance, d’écoute autour de ce pauvre Ferdinand qui passe par des moments très difficiles. Bien qu’à destination des plus jeunes, l’ouvrage est loin d’être simpliste, il propose des personnages assez finement ciselés, leur psychologie ne s’arrête pas à un trait de caractère et la nuance est de mise. Ils doutent, espèrent, se posent pas mal de questions et même si le voyage se passe globalement plutôt bien (malgré quelques révélations difficiles) et que l’on sait que la fin sera plutôt positive (quoique…), on se laisse porter par cette histoire fraîche emplie d’une candeur qui fait du bien et met du baume au cœur. Aaaah on les aime ces animaux anthropomorphes, profondément humains, attentionnés les uns envers les autres.

 

 

On aime aussi parcourir les sentiers avec Archibald et Ferdinand, observer la nature dans sa magie de tous les instants, se poser et regarder, faire des rencontres inoubliables entre salons de thé, concerts sous les frondaisons, ateliers de réparation, rencontrer les multiples personnages qui peuplent ces pages. L’aventure est belle, dépaysante et souvent bouleversante avec au centre la maladie de Ferdinand qui le dévore petit à petit, lui faisant perdre la tête et parfois paniquer quand il se réveille en pleine nuit sans savoir vraiment où il est… Le récit est très réaliste dans le traitement de cette maladie que tout le monde connaît et qui touche autant le malade que l’entourage. L’auteur s’y connaît, il a travaillé auprès de malades d’Alzheimer pendant des années.

 

Illustré de fort belle manière par Sanoe dans un esprit un peu nostalgique, ce livre est un bijou d’intelligence, de finesse et de douceur. Abordant un sujet difficile, la maladie handicapante et la fin de vie, il est écrit de manière subtile, douce et accessible sans jamais se départir d’une grande profondeur dans le propos et la manière d’aborder les relations à autrui. C’est beau, puissant et absolument génial dans son genre. À lire et faire lire au plus grand nombre !

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