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Le Capharnaüm Éclairé
21 mars 2024

"Dune : deuxième partie" de Denis Villeneuve

 

L’histoire: Paul Atreides s’unit à Chani et aux Fremen pour mener la révolte contre ceux qui ont anéanti sa famille. Hanté par de sombres prémonitions, il se trouve confronté au plus grand des dilemmes : choisir entre l’amour de sa vie et le destin de l’univers.

 

La critique de Mr K : On peut dire que je l'ai attendu celui-là... 3 ans. 3 ans d'attente pour enfin pouvoir regarder la deuxième partie de l'adaptation de Dune par Denis Villeneuve, réalisateur hors norme et sans doute un des plus doués de sa génération. Le premier film avait été une claque tant au niveau de l'esthétique, de la réalisation mais aussi de l'adaptation d'un livre jugé par essence inadaptable. Force est de constater que le réalisateur a réussi son pari fou. La deuxième partie du diptyque est une vraie et franche réussite qui nous transporte dans un ailleurs lointain et épique. À part quelques scories en terme de gestion des différentes trames qui se chevauchent, on est dans un film de SF intelligent, bluffant et ahurissant.

 

 

Ce deuxième volume suit donc Paul dans son initiation aux traditions Fremen et sa montée en puissance. Encore plus initiatique que le précédent, le film fait la part belle aux rites de passages : l’apprentissage de la langue, les coups de force contre les intérêts Harkonnen sur Arrakis, la montée de sa puissance avec l’aspect messie accentué qui commence à se vérifier avec sa dose de passages subliminaux bien barrés, le fameux domptage de vers qu’on attend depuis longtemps et un Paul qui s’endurcit, aime passionnément aussi et va devoir réaliser son destin. Classique dans son développement, le personnage est tout de même envoûtant et l’acteur a une présence incroyable une nouvelle fois. Les rapports avec Chani sont aussi très bien traités et l’harmonie va céder peu à peu face aux obligations de chacun. La fin recentre agréablement le récit sur elle et c’est bien mérité vu ce qu’elle traverse

 

 

Les Harkonnen restent toujours aussi détestables et le petit nouveau qui se battra en duel est un sociopathe bien campé et redoutable. Bon, ce n’est pas Sting en string dans la version de Lynch (datée mais franchement bien sympa aussi) mais il fait son effet et les autres membres de la famille antagoniste aux Atréides font froid dans le dos. On retrouve avec plaisir certains persos, mention spécial pour Gurney Halley, le maître d’arme disparu et retrouvé, ou encore la révérende mère campée par Charlotte Rampling (qui se prend un énorme vent bien senti de la part de Paul, ô jouissance absolue) et Javier Bardém en chef fremen habité par sa foi en Paul. Et puis, enfin on voit l’empereur joué par un Christopher Walker marqué par les années mais parfait dans le rôle de ce monarque déchiré entre passion et raison. Inutile et totalement superficiel, l’apparition de Léa Seydoux dont le perso important dans le livre n’a ici aucune substance et intérêt. Déjà que j’ai du mal avec l’actrice mais là on frôle l’indigence.

 

 

Le personnage qui m’a le plus marqué reste dame Jessica, la maman Atréide qui prend une importance considérable dans ce deuxième volume. Bien plus machiavélique qu’elle n’en a l’air, une révélation est faite sur sa nature profonde et elle ourdit en secret des actions pour son fils sans qu’il soit véritablement au courant. Soufflant le chaud et le froid chez le spectateur, elle est d’une complexité délectable et renverse bien souvent toutes les lignes narratives. Femme mystique, ambitieuse, porteuse d’une enfant à naître qui prend toute son importance dans les livres suivants, elle est au cœur de tout et cette figure féminine est réellement marquante entre beauté stupéfiante, intelligence et pragmatisme parfois immoral. I love her.

 

 

Le film est une nouvelle fois une prouesse technique. Il est d’une beauté à couper le souffle, le rythme est lent convenant parfaitement à l’exploration d’une destinée mystique. Les images frappent les rétines, l’envoûtement est total et la musique de Hans Zimmer reste toujours aussi hypnotique (j’écoute la BO du 1 depuis trois ans plusieurs fois par semaine, je suis littéralement accro). Il y a de sacrés morceaux de bravoure avec notamment les scènes dans le désert lors d’actes de sabotage ou encore avec les vers (ils sont diablement imposants et beaux eux aussi). Seul bémol, un déséquilibre entre certains personnages et un sentiment étrange qui m’a habité lors du traitement en différé de la percée du neveu du baron Harkkonen, cela ne calait pas avec le déroulé du destin du dernier Atreide. Bon ce n’est pas non plus atroce, il y a volontairement un aspect elliptique à certains moment, le livre est d’une densité folle et le réalisateur n’avait qu’environ 6h de film pour tout placer.

 

 

Grosse grosse claque donc que ce diptyque sur lequel je pourrais gloser des heures et des lignes et des lignes mais où l’essentiel réside finalement dans le fait tous les personnages sont constamment sous le poids de quelque chose qui les dépasse, la famille, la politique, le destin ou tout simplement Arrakis, planète de sable et de roche à la beauté et au charme incroyable. Un film-somme à voir absolument au cinéma et à revoir pour saisir tous les détails et richesses qu’il contient. Merci Denis.

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Commentaires
E
Remarquable chronique une fois encore !!! Bon je suis un poil moins emballée que toi mais est-ce dû au fait que j'ai décidé de revivre le film avec l'expérience 4D comme pour l'opus 1, qui fait que j'ai pas arrêté d'être ballotée, secouée que j'en ai presque valdingué. Une expérience qui m'a valu quelques courbatures !!! Mais ce n'est pas ça qui m'a moins enthousiasmé dans ce film, c'est la partie "religieuse" qui commence à prendre beaucoup de place et je n'ai pas parfaitement adhérée. Je sais que c'est le cas dans le roman que j'avoue ne pas avoir lu. De plus, ne connaissant pas l'histoire j'ai eu du mal à l'introduction des nouveaux personnages, j'avais du mal à suivre. Cependant ça reste un excellent film de par sa photographie, sa bande son et de son histoire en elle-même mais j'ai une préférence pour le premier. Bon j'avoue vouloir quand même qu'il y ait une suite. Pour finir, 3 ans, je n'en reviens pas je ne pensais pas que ça faisait autant. A très vite.
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M
Merci encore pour ce retour positif sur ma chronique. <br /> J'ai jamais tenté l'expérience 4D car trop chère. Vu ton expérience, j'ai peur pour mon dos et mon cou. :)<br /> J'ai aussi préféré le premier opus, le côté religieux du 2 par contre est totalement en adéquation avec le matériel d'origine donc je n'ai pas été déçu et puis les histoires messianiques j'aime beaucoup ainsi que les fins complexes où on est pas face à un happy end dégoulinant. .;)
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