"Sans moi" de Raphaële Frier
L’histoire : Damien, 16 ans, sort depuis quelques mois avec Céleste, une des filles les plus populaires de son lycée. Quand elle lui annonce qu'elle est enceinte de lui, l'adolescent prend peur, s'enfuit, et la laisse affronter seule cette situation.
La critique de Mr K : Nouvel emprunt au CDI de mon établissement avec cet ouvrage de la collection Court toujours de chez Nathan qui m’a jusque là toujours fait forte impression. Malheureusement, Sans moi de Raphaële Frier m’a fait l’effet d’un soufflé au fromage raté. On démarre sur les chapeaux de roue mais la fin se révèle décevante et l’on se dit "tout ça pour ça", même si le livre ne fait que 64 pages et qu’il se lit très rapidement.
Damien et Céleste s’aiment comme les adolescents qu’ils sont le font, à toute vitesse, sans vraiment se préoccuper du lendemain et en secret. Mais voila, Céleste tombe enceinte du fait de leur imprudence et Damien flippe. Malgré son fort attachement à sa partenaire, il fait le mort et ne répond pas aux attentes de Céleste qui doit assumer les conséquences de leurs actes et va devoir prendre seule une décision alors que Damien se livre sur ses envies, attentes et lâchetés.
Le point de vue de départ est très intéressant, on suit celui de l’homme et non celui de la femme qui se retrouve enceinte. Très vite, je dois avouer que le jeune homme m’a profondément agacé. Autocentré et inconséquent, c’est une véritable planche pourrie. Il a son âge me direz-vous… mais Céleste aussi est jeune et elle se retrouve totalement délaissée et aux prises avec sa famille, des catholiques rigoristes dont d’ailleurs l’auteure ne nous parlera pas plus que ça. Dur dur d’avoir de l’empathie pour Damien donc qui ne cesse finalement de se morfondre et de ressasser ses erreurs de jugements. En cela le bouquin est très réussi et à mon avis, illustre bien l’état d’esprit de nombre de jeunes mâles qui préfèrent la fuite à la vérité et le fait d’assumer leurs actes.
Les pages se tournent, le temps passe. Céleste ne va plus au lycée en son année de terminale. Damien lui fait le mort, nie les faits auprès de ses potes et affronte ses démons. On le sent immature, dépassé et surtout apathique vis-à-vis du sort de Céleste. Il ne fait aucun pas en sa direction et c’est seulement vers l’échéance qu’il va réagir et encore… Le dernier acte n’est qu’un ultime rapprochement, une simili prise de conscience avec un dénouement ouvert très décevant car il n’apporte pas grand-chose à la caractérisation des personnages et à leur construction. C’est abrupt et très plat.
L’ensemble se lit bien et vite mais on n’en retient pas grand-chose tant on a l’impression que l’auteure expédie la fin et se contente juste d’un récit de vie parcellaire dont il faut imaginer les précédents et ce qui va suivre. Dommage dommage, on est ici dans le dispensable alors que le sujet méritait quelque chose de plus percutant et de plus profond. Un coup dans l’eau...