Acquisitions printanières SF et fantasy
Au fil du printemps, Nelfe et moi avons récoltés quelques nouveaux livres prometteurs lors de passages à Emmaüs ou dans des boîtes à livres de la région. Tellement de titres nous ont tenté pendant cette période que je vais être obligé de rédiger deux postes différents les concernant. J'ai décidé de vous présenter aujourd'hui les ouvrages orientés SF et fantasy, des romans prometteurs et qui vont rejoindre ma PAL. Voyez plutôt.
Ils ne sont pas beaux ? Certains répondent à des attentes que je nourrissais depuis déjà pas mal d'années, d'autres sont de pures découvertes. Je suis assez compulsif comme lecteur, je lis de tout mais je dois avouer que ces genres de l'imaginaire me procurent un plaisir bien particulier et certains titres vont frapper fort je pense. La revue en détail commence maintenant !
- Les Artefacts du pouvoir de Maggie Furey. Cette tétralogie de fantasy sera une de mes lectures de l'été, période idéale pour se plonger dans un cycle de ce type. Je ne connaissais pas du tout l'auteure avant de tomber inopinément sur ce lot complet et les premiers avis que j'ai pu compulser sur le net m'ont convaincu de m'en porter acquéreur. Une jeune orpheline de père va voir sa vie bouleversée à l'annonce de pouvoirs qu'elle ne maîtrise pas encore. Elle va intégrer une académie de magie et devenir une puissante magicienne qui partira à la quête de quatre artefacts légendaires. Le pitch plutôt classique cache à priori un récit dense et enlevé. Tout ce que j'aime !
- Le Nez de Cléopâtre de Robert Silverberg. Un auteur qu'on ne présente plus et auquel je ne peux jamais résister quand je croise un ouvrage de lui que je n'ai pas lu. Six nouvelles ici font la part belle au détournement de l'Histoire, des uchronies compilées dans ce volume avec des idées de base bien tripantes : l'Empire romain qui se maintient et s'élargit face aux invasions barbares, Socrate rencontrant Pizarre dans un monde parallèle, la Peste noire de 1348 qui emporte les 3/4 de l'Europe occidentale... Avec Robert Silverberg, je suis sûr de n'être jamais déçu, hâte de lire cet ouvrage !
- La Brigade de l’œil de Guillaume Guéraud. 2037, la Loi Bradbury interdit toutes les images depuis 20 ans sur le territoire américain car elles sont considérées comme nocives et peuvent rendre fou selon la propagande qui matraque la population. Une brigade spécialisée (donnant son nom au livre) traque les terroristes opposés à cette dictature. Un résumé qui fait froid dans le dos pour un roman plébiscité par beaucoup et que je vais pouvoir enfin lire après en avoir beaucoup entendu parlé, notamment lors de diverses conférences aux Utopiales.
- Chiens de guerre d'Adrian Tchaikovsky. Rex est un bon chien. C'est un biomorphe, un animal génétiquement modifié, lourdement armé et doté d'une voix synthétique créée pour distiller la peur. Rex obéit aux ordres du maître qui lui désigne les ennemis. Mais qui sont-ils réellement ? Se pourrait-il que le maître outrepasse ses droits ? Et si le maître n'était plus là ? Ça fleure bon le récit hardboiled révélateur des dérives du pouvoir et de la disparition de toute éthique dans les recherches en biotechnologie. Typiquement le genre d'ouvrage qui propose un récit prennant et source de réflexion. Miam miam !
- L’holocauste de James Gunn. Dans une société imaginaire, les savants sont condamnés à mort car trop longtemps les peuples ont été soumis au pouvoir de la science. Ils exigent désormais leur liberté même au prix de la barbarie. Le héros était jadis un scientifique admiré, il est désormais un fugitif. Un road movie qui s'annonce sous les meilleurs hospices pour un auteur que je vais découvrir avec cet ouvrage lourd de promesses. Wait and read.
- Voici l'homme de Michael Moorcock. Là encore au auteur que j'adule et un ouvrage qui m'avait jusque là échappé. Un homme du XXème siècle remonte le temps jusqu'en l'an 28 pour chercher le Christ et assister à sa crucifixion. Il finit par rencontrer Jean-Baptiste qui semble entendre le nom de Jésus-Christ pour la première fois ! Le postulat est terrible et je pense qu'on peut compter sur Moorcock pour nous livrer un récit hors norme.
- Tous les pièges de la terre de Clifford Simak. Encore un auteur que j'affectionne pour un recueil de nouvelles alternant SF, suspens policier et contes fantastiques que je vais découvrir. Des nounous qui élèvent leurs jeunes pousses en s'appropriant leur jeunesse comme salaire, l'alcool des extraterrestres qui révèle le malheur des autres et conduit à l'ivresse, un robot piégé par la sensibilité humaine, la publicité comme tranquillisant parfait d'une guerre inter-planétaire... autant de présentations qui m'ont fait craquer pour un livre qui lui aussi promet beaucoup. Simak va encore frapper je crois.
- Thin Air de Richard Morgan. Un one-shot de l'auteur de la trilogie littéraire Altered Carbon (dont j'ai lu le premier tome qui s'est révélé enthousiasmant). Véritable machine à tuer bourrée d'implants en tout genre, Hakan Veil est un agent de sécurité haut de gamme qui se voit confier une mission, à priori anodine, de protection. Tout va basculer avec des révélations mettant à jour un nid d'intrigues et de meurtres. Action, thriller et cyberpunk sont au menu d'un roman prometteur comme jamais, vu la patte de cet écrivain, je vais passer un bon moment.
De bien belles acquisitions qui vont alourdir encore un peu plus les rayonnages de ma PAL et qui vont faire mon bonheur dans les semaines et mois à venir. RDV ici même pour les futures chroniques qui les concerneront. Haut les cœurs lecteurs !
Acquisitions virales...
2020 a bien commencé pour nous avec notre Little K qui grandit petit à petit. Mais elle n'est pas la seule ! Avant sa naissance, nous avions succombé une fois de plus au virus de l'acquisition d'ouvrages de seconde main. Il était plus que temps de vous faire une petite présentation des nouveaux venus dans nos PAL respectives... en fait dans la mienne, car Nelfe pour le coup n'a rien trouvé à son goût !
Ces trouvailles viennent d'horizons bien différents entre désherbage du CDI de mon établissement avant une remise à neuf complète, une ou deux boîtes à livres croisées lors de sortie en voiture ou encore des occasions dégotées dans des magasins de brocantes comme il en apparaît de plus en plus depuis quelques temps. Le butin est varié et fait surtout la part belle à des auteurs que j'aime tout particulièrement !
- Celui qui survit et Fog de James Herbert. Deux titres du même auteur dégotés en même temps et au même endroit ! Coup double donc pour deux ouvrages prometteurs avec une histoire de brouillard maléfique qui rend les gens fous et dans l'autre volume un homme unique survivant d'une catastrophe aérienne confronté au paranormal. Des histoires à priori classiques mais vu le talent de conteur de l'auteur de la très bonne trilogie des rats, je pense que James Herbert va encore me faire passer un bon moment.
- Debout les morts de Fred Vargas. Un des derniers titres de l'auteure que je n'ai jamais eu l'occasion de lire. Pas d'Adamsberg dans celui-ci par contre, avec une étrange histoire d'arbre qui apparait sans prévenir dans le jardin d'une cantatrice qui va finir par disparaître. Bizarre, vous avez dit bizarre ? C'est souvent le cas avec les trames que nous propose Fred Vargas et en général, c'est pour le meilleur. Hâte d'en savoir plus.
- Les Voisins d'à côté de Linwood Barclay. Je suis bien content d'être tombé sur cette histoire de voisinage qui va faire trembler dans les chaumières ! Jusqu'à quel point connaît-on ses voisins ? C'est un peu le principe de base de cette histoire d'assassinat qui va remuer une petite communauté bien sous tout rapport... du moins en apparence ! Linwood Barclay excelle pour faire basculer des quotidiens banals dans le doute et les affres de l'angoisse. Il ne fera pas long feu dans ma PAL !
- La Planète de Shakespeare de Clifford D. Simak. Impossible pour moi de résister à cet auteur quand je croise un de ses ouvrages en rayonnage d'occasion et puis cette collection de SF est mythique ! Dur de résumer la quatrième de couverture complètement folle de ce bouquin où un homme se réveille d'un sommeil cryogénique sur une drôle de planète où aurait vécu un certain Shakespeare. Même si je m'attends à tout et n'importe quoi avec un tel pitch, je ne me fais aucun souci, avec Simak je me régale à chaque fois !
- Bizarre ! Bizarre ! de Roald Dahl. Après ma lecture plus qu'enthousiaste de Matilda, il n'y a pas si longtemps, je vais remettre le couvert avec ce maître conteur qui propose ici une série de quinze histoires fantastiques entre drame et humour avec j'imagine le style si particulier et prenant d'un auteur qui a bercé mes jeunes années de lecteur. Typiquement le genre de lecture détente qui fait du bien et dont on a besoin en ces temps troublés.
- Le Roi Arthur : les légendes de la table ronde de Molly Perham. Un très beau livre pour finir le tour d'horizon du jour avec un ouvrage traitant d'un de mes héros préférés et tous les mythes qui l'entourent. J'ai rendez-vous avec Merlin, Arthur, Lancelot, Mordred et consorts avec des histoires éternelles, illustrées de fort belle manière. Que du plaisir en perspective !
Belle brochette d'ouvrages à mon actif encore une fois, la PAL remonte un peu mais rien de vraiment irrémédiable. Qu'il est bon de penser à tous ces mondes imaginaires qui m'attendent et procureront une évasion immédiate au milieu d'une actualité anxiogène au possible. Vous retrouverez comme d'habitude les chroniques de ces ouvrages sur le blog à plus ou moins longue échéance au fil de mes lectures. Portez-vous tous bien en tout cas en attendant. Et que la lecture soit avec vous !
"Le Pêcheur" de Clifford D. Simak
L’histoire : Finalement les fusées étaient trop lentes. Mieux valait confier l'exploration spatiale à des hommes aux pouvoirs télékinésiques prononcés. Leurs facultés psy leur permettaient, sans se déplacer, de projeter leur esprit jusqu'aux étoiles. Leur centre, surnommé l'Hameçon, commercialisait ensuite les idées et les techniques que les explorateurs avaient rapportées des planètes lointaines.
Lorsque Shepherd Blaine ramène une entité extraterrestre qui a pénétré dans son esprit, il sait que l'Hameçon, ne prendra pas de risques : dans ce cas-là, on supprime l'explorateur. Il doit fuir. Mais, hors de l'Hameçon, les hommes doués de facultés psy sont massacrés par la foule qui a peur d'eux. Blaine est donc perdu. Toutefois, il n'est plus seul désormais, une entité aux pouvoirs inconnus l'habite...
La critique de Mr K : Ça fait déjà un petit bout de temps que j’étais tombé sur cet ouvrage de Simak, un auteur de l’âge d’or de la SF US que j’aime pratiquer à l’occasion. Il faut dire que je ne me suis jamais vraiment remis du choc de ma lecture de Demain les chiens, un classique de la SF prospective et inventive. Le Pêcheur ne navigue clairement pas dans les mêmes eaux, l’auteur produisant ici un ouvrage de série B type, qui a pour but principal de divertir. Cependant, on peut compter sur Simak pour y introduire quelques éléments de réflexion sur le genre humain. Au final, cette lecture fut une belle expérience.
Sheperd Blaine est un explorateur des temps futurs. La science ayant échoué à réussir à envoyer des hommes loin et très longtemps, elle s’est rabattue sur les possibilités qu’offrait l’esprit avec le développement des voyages psychiques. Chaque "voyageur" explore donc des mondes lointains et essaie d’en ramener des souvenirs et des données qui sont ensuite exploités pour faire progresser l’humanité. Sheperd n’en est pas à son premier voyage quand il revient dans la base en compagnie d’une présence incongrue au fond de son cerveau, une entité extra-terrestre intelligente et curieuse. Ni une ni deux, il s’enfuit le plus loin possible de ses collaborateurs car il se sait condamné car tout contact direct est interdit avec des êtres venus d’ailleurs. Commence alors une fuite en avant qui le verra combattre ses anciens alliés et essayer d’échapper à un monde replongé dans l’obscurantisme chassant toutes les manifestations scientifiques qui sont sources de mal pour eux, les vieilles superstitions étant revenues au goût du jour. Autant vous dire que ce n’est pas gagné pour lui !
Le roman commence dare-dare avec le retour sur terre de Sheperd qui doit prendre immédiatement la décision qui va faire basculer sa vie dans une course sans fin. Le rythme ne se relâche plus jamais, laissant libre cours à une course poursuite dantesque qui voit le héros s’engluer dans un monde transformé en gigantesque toile d’araignée pour un être comme lui. Traître aux yeux de ses anciens compagnons, il représente une sérieuse menace aux yeux des humains dits normaux c’est-à-dire sans pouvoirs psy. Il trouvera donc nombre d’obstacles sur sa route, devra démêler faux-semblants et situations inextricables (sur qui peut-il compter ? Comment échapper à une foule en colère ? Comment apprivoiser l’entité qui lui parle dans ses pensées ?). La tension semble ne jamais devoir retomber et Sheperd est soumis à rude épreuve et devra faire preuve de la plus grande prudence et d’une adaptabilité sans faille.
La télékinésie au centre récit est très bien rendue car Sheperd peut en effet lire dans les pensées des uns, envoyer des images dans l'esprit des autres et communique avec son passager intérieur. Ces passages efficaces rajoutent une touche bien délirante à l’ensemble. De plus, comme dans beaucoup d’ouvrage de Simak le livre sent bon la nature, la bonne terre avec des passages descriptifs très poétiques lorsque le héros remonte une rivière en canoë ou grimpe un chemin escarpé à travers les collines ou les montagnes. Rappelons que Simak était un amoureux de la nature qu’il aimait introduire dans ses ouvrages de SF, comme une sorte de mythe du Paradis perdu que les héros essaient de retrouver à travers leurs pérégrinations. Ces passages ici, même s’ils n’effacent pas les tensions sous-jacentes, introduisent une certaine forme de douceur, d’accalmie devant les problèmes soulevés par la situation précaire du héros. Encore un bon point !
On retrouve ici tout le talent de conteur de Simak avec sa langue souple et efficace qui alterne moments de bravoure et apports contextuels finement entremêlés, brossant un monde futuriste inquiétant car redevenu rétrograde et méfiant. L’humain est véritablement un loup pour l’humain dans ce récit impitoyable et sans réel espoir apparent pour ces humains aux capacités psy pourchassés sans vergogne par les apôtres d’un ordre moral rigide et intolérant. Bien que moins présentes que dans d’autres ouvrages du maître, ses thématiques bien qu’effleurées restent prégnantes et apportent une densité intéressante à une histoire plutôt classique où toute surprise semble absente quand on est un vieux briscard de la lecture SF tel que moi. Rien de rédhibitoire en terme de plaisir de lecture pour autant, on passe un bon moment et aucun regret ne pointe à l’horizon lorsque l’on referme définitivement le volume. Avis aux amateurs !
Autres lectures de Clifford D. Simak chroniquées au Capharnaüm Éclairé:
- Demain les chiens
- L'empire des esprits
- Mastodonia
- Carrefour des étoiles
- Les Visiteurs
"Les Visiteurs" de Clifford D. Simak
L'histoire: Traversant le ciel de Lone Pine (Minnesota), une caisse noire, gigantesque, est venue atterrir près de la rivière, écrasant au passage la voiture d'un pêcheur de truites. Surprise et effroi chez les gens de Lone Pine. Une météorite? La NASA? Journaux, TV, le Président lui-même à Washington, tout le monde est en alerte... Et l'émotion croit: la caisse s'élève et se pose à nouveau. Elle avance maintenant dans la forêt, dévorant les arbres. Le mystère est total. Sauf pour Jerry, le pêcheur de truites. Capturé, il a été retenu quelques heures dans "l'objet", puis éjecté. Et il n'ose parler... Sur tout le territoire des Etats-Unis, d'autres caisses noires se posent.
La critique de Mr K: J'ai vraiment une tendresse particulière pour cet auteur atypique de SF américaine de l'âge d'or des 70'. Simak aborde des thèmes certes classiques mais toujours avec un point de vue profondément humaniste et naturaliste dans sa retranscription des rapports humains. Vous retrouverez en fin de post, l'ensemble des critiques que je lui ai consacré et qui témoigne de mon affection envers son œuvre. L'abbé m'a une fois de plus fourni un ouvrage inattendu que je connaissais pas. La lecture fut une fois de plus addictive et source d'évasion comme à chaque fois avec Simak.
L'action de Les Visiteurs débute à Lone Pine, petite ville moyenne US classique avec son grand café de centre-ville, sa station service, son salon de coiffure (tenu ici par un réactionnaire des plus vindicatifs qui ne va pas faire de vieux os), son journal local et son ivrogne attitré connu de tous. On y vit une vie paisible et sans histoire jusqu'au jour où un mystérieux objet non identifié ressemblant à une caisse entièrement noire se pose près de la rivière et "capture" un jeune pêcheur amateur de belles truites. La machine médiatique et politique se met en branle, l'auteur nous conviant à suivre de chapitre en chapitre l'histoire vue par les journalistes, la Maison Blanche et les gens du crû. Les autorités très vite se rendent compte qu'une escadrille de ces objets est en gravitation autour de la planète puis d'autres apparaissent un peu partout sur le sol nord-américain… Viennent-ils d'un autre monde? Est-ce un coup des russes en ces temps de Guerre Froide? La vérité est au bout des 286 pages de ce roman fort réussi.
Comme à chaque fois avec Clifford D. Simak, on est loin des gros titres SF qui font la part belle aux scènes chocs et à la grosse artillerie. On retrouve son goût pour les gens simples (malgré des incursions à la Maison Blanche) qui se retrouvent bien malgré eux confrontés à des choses qui les dépassent. Jerry n'est qu'un petit étudiant thésard qui va rencontrer l'inconnu au détour d'une pêche infructueuse, sa petite amie Kathy est une jeune pigiste en quête d'un article qui lui permettra de percer dans le milieu et va devoir composer avec l'événement le plus important du XXème siècle. Nous suivons aussi David, porte-parole de la présidence désireux de dire la vérité au peuple mais que la raison d'état va forcer à aller contre ses principes. Autant de personnages qui doivent faire face à l'incroyable et qui le font finalement sans exagération ou étincelles, ils suivent leur propre logique et restent très terre à terre. Cela donne une dimension vraiment particulière à cette histoire plutôt classique.
Il y a en effet ces fameuses caisses noires, gigantesques et paisibles qui ne s'attaquent à rien sauf aux arbres qu'elles dévorent pour en rejeter des balles de cellulose. Le mystère est grand autour de ces étranges visiteurs avec qui il est impossible de communiquer et qui n'opposent que le silence face aux différents tests et rencontres avec les humains. L'auteur se fait avare en révélations laissant le lecteur douter tout au long du récit avec de ci de là quelques ouvertures scientifiques sur les possibilités entr'aperçues par un groupe de scientifiques. Le monde commence à s'emballer face à ces présences qui même si elles semblent inoffensives sont bel et bien là. Période de Guerre Froide oblige, la tension est palpable et même si l'on ne voit que le point de vue US dans ce roman, on ressent les crispations et hésitations qui sont inhérentes à ce genre de crises graves. La fin ne conviendra pas à tous, elle est assez ouverte. Pour moi, elle est parfaite et ouvre des voix de réflections très intéressantes lorgnant sur les logiques économiques du capitalisme libéral et ses défauts. L'auteur en cela est bien en avance sur son temps, rappelons que ce livre a été écrit en 1979 soit bien avant la mondialisation et internet. On n'est pas pour autant devant un pensum ou un cri d'alarme, juste l'évocation de la misère que peut engendrer un capitalisme débridé conjugué à l'avarice humaine.
La lecture est rapide et agréable. Les chapitres courts font des bonds dans le temps et accélèrent le déroulé de cette rencontre hors norme entre les humains et ces drôles de créatures. L'écriture de Simak fait une fois de plus merveille entre simplicité, aspect solaire et évocations plus techniques mais accessibles. Les Visiteurs va retrouver ses petits frères sans rougir dans mes beaux rayons SF!
Autres lectures de Clifford D. Simak chroniquées au Capharnaüm Éclairé:
- Demain les chiens
- L'empire des esprits
- Mastodonia
- Carrefour des étoiles
La PAL grandit !
Petites PAL deviendront grandes. Et puis si elles le sont déjà, et bien elles le seront encore plus ! On va pas s'embêter avec ça quand même. Comme dirait mémé : "Quand y a de la gêne, y a pas de plaisir". Voilà un problème de moins ^^
Hier après-midi, nous nous sommes dirigés vers notre Emmaüs chéri. Nous savions que c'était mauvais signe pour nos PAL. Nous n'y allions pas pour cela à la base mais allez résister à une telle tentation !
PAL +2 pour moi. + 11 pour Mr K (ah ah aucune volonté !)
En détail pour moi :
- "Au commencement était la vie" de Joyce Carol Oates : parce que j'ai vraiment beaucoup aimé Délicieuses pourritures du même auteur.
- "Disgrâce" de J.M. Coetzee : parce que j'ai craqué sur la couverture (et puis c'est un Prix Nobel de littérature).
Et pour Mr K :
- "L'arrière-monde" de Pierre Gripari : un livre qui m'intrigue beaucoup pour un auteur que j'adorais étant enfant avec ses recueils de contes (Ah, l'inénarrable sorcière du placard à balai !). Ici, on change du tout au tout avec des nouvelles qui ont l'air bien barrées... wait and see !
- "Le pêcheur" de Clifford D. Simak : un livre d'un de mes auteurs préférés de SF ça ne se refuse pas ! Il est question dans ce volume d'exploration mentale de l'espace et de possession par un esprit alien... Tout un programme !
- "Apparition" et "Le trône de satan" de Graham Masterton : histoire de conjurer la mauvaise impression que cet auteur m'avait laissé lors de ma dernière lecture, je tombais deux fois dans le piège de quatrième de couvertures séduisantes où il est question de diable et de maison hantée. À moi, les nuits agitées !
- "L'aube incertaine" de Roland C. Wagner : disparu trop tôt, ce fer de lance de la SF française méritait bien que j'adopte ce petit volume qui m'a l'air des plus sympathiques entre roman policier, SF et saillies humoristiques.
- "Pour adultes seulement" de Philip Le Roy : l'occasion fait le larron et j'avais adoré "Le Dernier testament" du même auteur. Ici il est question de flics ripoux et le roman semble prendre la forme d'un road movie déjanté. Ça promet !
- "Séquestrée" de Chevy Stevens : une victime d'un serial killer s'échappe après 12 ans de séquestration pour autant elle n'en a pas fini avec lui. Recommandé par Lisa Gardner que j'affectionne, je me suis laissé tenter. Il s'agit d'un coup de poker.
- "Le murmure des loups" de Serge Brussolo : parce qu'un Brussolo ça ne se refuse pas et qu'en plus, je n'en avais plus dans ma PAL !
- "Bande originale" de Rob Sheffield : une histoire d'amour vu à travers le prisme du rock and roll. Très alléchant comme pitch, je ne pouvais pas passer à côté !
- "Le racisme expliqué à ma fille" de Tahar Ben Jelloun : je n'en avais lu que des extrait jusqu'alors, il était temps de réparer ce tort. Surtout que cela semble plus que nécessaire par les temps qui courent...
- "L'autre monde" de Michal Ajvaz : une grosse curiosité m'a poussé à acquérir ce livre qui apparaît comme un ovni. Le narrateur fait de constants aller retour entre le présent et un passé fantasmé. Ce sera un saut dans l'inconnu que cette lecture !
- "Pas nette la planète !" de Plantu : un recueil de plus dans ma collection, celui-ci est beaucoup plus vieux que mes précédents achats, il date de 1984 ! Cela promet un beau voyage dans le temps !
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Et bien je crois qu'il va falloir qu'on s'y mette maintenant ! Bonnes lectures à tous !
"Au carrefour des étoiles" de Clifford D. Simak
L'histoire: Étrange demeure que cette ferme Wallace, qui se dresse sur une falaise escarpée du Wisconsin.
Une ferme aux fenêtres aveugles, vieille de plusieurs siècles et cependant intacte, comme si le temps n'avait nulle emprise sur elle. Enoch Wallace, son propriétaire, vit là, de toute éternité semble-t-il. Or, c'est par cette maison – cette station – que transitent les voyageurs de l'Espace: les Thubains, masses globuleuses et bavardes, les Lumineux de Véga XXI, rayonnant d'ondes heureuses, d'autres encore...
Depuis bientôt deux ans, Claude Lewis – agent des Renseignements déguisé en ramasseur de gingseng – enquête et tourne autour de la ferme...
La critique de Mr K: Petite incursion en science fiction aujourd'hui avec un nouveau roman de Clifford D. Simak, grand nom du genre, à qui l'on doit notamment le remarquable Demain, les chiens. Cet ouvrage a attiré mon œil chez l'abbé par sa quatrième de couverture intrigante et une couverture étrange et délirante signée une fois de plus Caza, grand dessinateur qu'on ne présente plus et qui a laissé nombre de dessins talentueux dans ma bibliothèque chérie!
L'auteur nous invite ici à suivre un étrange destin. Il s'agit d'Enoch Wallace, un ancien combattant de la première guerre mondiale, revenu écœuré de cette dernière et qui par un mystérieux hasard s'est vu confier une drôle de tâche par des extra-terrestres: celle de gardien d'une station de voyage un peu particulière. À l'intérieur de ce qui ressemble à s'y méprendre à une demeure victorienne classique, se cache une espèce de gare intersidérale par laquelle transite des voyageurs venant des quatre coins de l'univers. Cet homme ordinaire aime ce qu'il fait et profite d'un avantage certain: tant qu'il reste dans sa maison (transformée complètement à l'intérieur), il vieillit très lentement, il a donc plus d'une centaine d'années lorsque commence ce récit. Bien évidemment tout cela commence à interroger les autorités qui envoient sur place un enquêteur qui rode de plus en plus près et fouine. La menace guette et il est des choses qu'on ne peut dévoiler aux yeux de la Terre entière...
On s'attache immédiatement à cet homme que le sort a placé sur le chemin d'Ulysse, agent inter-galactique chargé de créer le réseau de transport et de sa maintenance. Cet extra-terrestre haut en couleur (voir le dessin de couverture) est amateur de bons mots et de café, une boisson des plus délicieuse selon lui, parmi les meilleures du cosmos. Régulièrement, il rend visite à ce qu'il convient d'appeler un ami. Leurs discussions sont variées mais peu à peu la menace qui pèse sur le secret de l'existence de la station rajoute de la tension. Surtout que l'inspecteur venu de Washington se rapproche dangereusement de la vérité. Enoch Wallace lui est un homme simple, épris de liberté et de justice. Pacifique, rêveur (belles descriptions de promenades en forêt à l'appui), il est le reflet fidèle de l'auteur lui-même! J'ai aussi aimé le personnage de Lucy, jeune sourde et muette qu'il rencontre régulièrement lors de ses errances à l'extérieur. Elle est la douceur et la poésie incarnée, l'innocence bafouée par une famille qui ne la comprend pas et la maltraite. Un sort tout particulier l'attend qui changera sa vie à jamais!
Décidément, cett auteur est très talentueux: une fois de plus, il m'a transporté et m'a fourni un plaisir de lecture délectable à souhait et réflectif. Derrière cette histoire de SF basique et sans prétention, on peut y percevoir un plaidoyer puissant et humble contre la guerre et les conflits de tout genre. Réflexion sur le genre humain, c'est aussi une ode à la nature, un thème qui est d'ailleurs très cher aux yeux de Simac et qui revient régulièrement dans ses œuvres. Certains diront qu'on baigne dans une certaine niaiserie ambiante, moi j'y vois plus une pensée utopique qui fait du bien dans ces temps troublés. L'écriture est toujours aussi limpide et accessible. Simac ne tombe ni dans la facilité ni dans l'ésotérique, son langage est celui de tous pour tous, réussissant le tour de force d'aborder des thèmes universels et philosophiques tout en les mettant à la portée de n'importe qui. C'est beau et puissant. Bref, c'est à lire!
Autres lectures de Clifford D. Simak chroniquées au Capharnaüm Éclairé:
- Demain les chiens
- L'empire des esprits
- Mastodonia
"Mastodonia" de Clifford D. Simak
L'histoire:
Même en vacances dans le verdoyant Wisconsin, impossible quand on est un distingué paléontologue comme Asa Steele d'oublier les ères et les millénaires...
Il y a votre chien Bowler qui vous rapporte des os de dinosaures tout frais...
Il y a dans votre champ des morceaux d'un métal inconnu dont les formes évoquent celles d'un vaisseau spatial désintégré...
Il y a dans votre verger un insaisissable animal dont seuls sont visibles la Face de Chat et le drôle de sourire...
Alors on se passionne, on s'interroge, on s'inquiète...
Mais le jour où, lors d'une paisible promenade, on bascule soi-même un instant dans un paysage inconnu et glacial -glaciaire- où foncent des mastodontes du pliocène... alors on fait plus que s'inquiéter!
La critique de Mr K:
J'ai dégoté ce volume lors du vide grenier de Landévant dont nous avions déjà parlé ici. Simak est un auteur de SF que j'affectionne tout particulièrement avec notamment le classique "Demain les chiens". "Mastodonia" n'est pas le plus connu de ces livres et c'est sans aucun à priori que j'ai entamé ma lecture.
Je l'ai lu très rapidement, on retrouve les grandes qualités de narrateur de l'auteur et son écriture simple et avenante. L'histoire bien que classique est bien menée, elle traite du voyage dans le temps avec dans "Mastodonia" un angle plus matérialiste. Que ferait-on d'une telle découverte? Comment en profiterions-nous? On retrouve en cela l'axe d'approche d'un Werber explorant la mort dans le génial "Thanatonautes". Malheureusement, et c'est le gros défaut de cet ouvrage, le héros bien qu'allant de découvertes en découvertes garde jusqu'au bout une vision purement égoïste et capitaliste des voyages dans le temps. Sûr, ce livre est le pur fruit de "l'american way of life" où l'idéal se résume à avoir un gros compte en banque (synonyme de l'accomplissement de la recherche du bonheur).
C'est d'autant plus dommage qu'il y a des personnages fortement intéressants dans ce livre. Au premier rang, Hiram homme-ermite limité intellectuellement qui a le don de communiquer avec les bêtes et notamment la mystérieuse créature à face de chat qui semble être à l'origine de ces brèches temporelles. Ce personnage est touchant de naïveté et de gentillesse, représentant d'une humanité originelle non ternie par le pêché du désir et de la possession. Le personnage de face de chat au fur et à mesure du récit prend de l'importance et de l'épaisseur. Par contre, le reste des êtres humains du livre se révèlent cupides, orgueilleux et finalement peu sympathiques. Dédicace spéciale à Rila, compagne du héros, obsédée par l'argent et son bien-être mais il y a aussi Ben, l'ami banquier, et Courtney, l'avocat arriviste et ambitieux. Asa quant à lui bien que passionné d'archéologie ne résiste pas longtemps aux sirènes de la renommée et de l'enrichissement et son choix final m'a déçu au plus haut point!
Mon avis est donc mitigé, partagé que je suis entre un roman bien écrit, qui se tient et une "morale" finale que je réprouve. À vous de voir si vous voulez tenter l'aventure...
Vide grenier mon ami
Aujourd'hui grand vide grenier annuel de notre village. Autant on vit à la campagne, avec une petit village à proximité, autant son vide grenier est monstrueusement ENORME! A croire que les habitants accumulent un max de choses toute l'année pour pavaner début juin... ou alors, à l'instar des villes du littoral, tout le monde afflue ce jour là... car ce vide grenier est l'un des plus grands de la région. Les stands investissent toutes les rues, le moindre recoin.
En bon chineurs que nous sommes, nous ne pouvions, cette année encore, râter cet "évènement"!
De retour à la maison, nous avons étalé nos trésors de guerre sur la pelouse:
Côté bouquins:
- "Mastodonia" de Clifford D. Simak
- "Echo park" de Michael Connelly
- "Le diable l'emporte" de Barjavel
- "Le portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
- "Le livre d'or de la science fiction", des nouvelles de J. G. Ballard
- "Le livre d'or de la science fiction", des nouvelles de Jack Vance
- "99 francs" de Frédéric Beigbeder
Côté BD:
- "La légende de Robin des Bois" de Manu Larcenet
Côté jeu:
- "Steambot Chronicles" pour PS2
Côté musique:
- "Wave Digger" d'High Tone
- "Cube" du Peuple de l'Herbe
Côté film:
- "Blueberry" de Jan Kounen
Je crois qu'on peut dire que cette année, le vide grenier de notre village est vraiment un bon cru!
"L'empire des esprits" de Clifford D. Simak
L'histoire:
Après trente ans de journalisme, Horton Smith rentre au bercail. Un coin paumé où rien ne semble avoir changé. Et pourtant! Quelles sont ces étranges apparitions? Don Quichotte et Sancho Pança, des personnages de BD... Et ce n'est pas tout: un vieil ami historien a laissé un incroyable écrit posthume. D'après lui, l'espèce humaine est appelée à disparaître et celle qui lui succédera est déjà parmi nous: des créatures nées de nos pensées, de nos rêves.
Horton n'est pas le seul à se poser des questions; le Diable lui-même est perplexe. Mais pas pour les mêmes raisons: la pauvreté des rêves humains le désole, le monde des esprits est peuplé d'êtres sans intérêt! Qu'à cela ne tienne, lui ne manque pas d'imagination...
Horton pourra-t-il, sans passer pour un fou, prévenir ses semblables du réel danger qui les guette?
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La critique de Mr K:
Suite à la désolation qu'avait suscité en moi ma dernière lecture (sacré Michel!), je me suis décidé de retourner au genre que je préfère en ce moment à savoir un p'tit bouquin de SF. En plus, Simak est un auteur que j'adore notamment pour le classique Demain les chiens. La quatrième de couverture était engageante, c'est d'ailleurs pour cela que j'avais fait l'acquisition du présent volume lors de notre dernière visite à Emaüs-Rédéné. Les mélanges littéraires entre mythe et réalité, personnages réels face à face avec des chimères de l'esprit donnent souvent lieu à des rencontres littéraires intéressantes.
Je dois avouer que cette fois ci, ce n'est pas complètement réussi mais pas complètement raté non plus: je m'explique. L'histoire est bien menée et l'écriture de Simak toujours aussi gouleyante et attractive. Cependant, le récit a tendance à s'embrouiller et perd rapidement en chemin le lecteur. Quelques incohérences rajoutent au manque de crédibilité qui ne fait qu'augmenter au fur et à mesure de la progression dans l'ouvrage. D'où un double sentiment: une idée de départ excitante avec 50 premières pages mélangeant réalisme pur jus et apparition par touches impressionnistes d'éléments d'ordre surnaturel (la meilleure partie du roman). Puis ensuite, le glissement de plus en plus prégnant dans une dimension plus ou moins parallèle et la rencontre avec des êtres bien étranges (moins réussi car partie fouillis, parfois puérile et finalement pénible à lire).
Une demi déception donc qui n'est pas indispensable de lire et qui restera dans ma mémoire comme un livre de passage, qu'on lit pour passer le temps à la gare en attendant son train (sauf que pour le coup, je l'ai lu au plummard le soir pendant que Nelfe faisait sa no-life sur le net!).