jeudi 24 mars 2011

"Prison de chair" de Clive Barker

prison_de_chairL'histoire: La rumeur court dans la cité: un homme à la main en crochet a éventré un vieillard, un enfant... Démon invisible, introuvable. À croire qu'il ne vit que dans les rêves des gens, dans les murmures qu'ils échangent en coin des rues... Ce monstre au torse creusé par un nid d'abeilles, Helen l'a vu. Ou du moins son image, tracée à la chaux au milieu des graffitis... Et si forte en est l'attraction que la légende soudain prend corps...

Dans sa prison, Cleve rêve aussi. D'une ville inconnue où les assassins passent leur éternité à affronter le souvenir de leurs crimes. Un cauchemar qui le pousse à son tour au meurtre car déjà il n'est plus qu'un zombie, le jouet des spectres qui les hantent...

La critique de Mr K: Il s'agit du cinquième volume de la série Livres de sang réunissant des nouvelles de Barker. Je peux déjà vous dire que Prison de chair fait partie du haut du panier car les quatre nouvelles ici présentées m'ont tenu en haleine et se sont révélées toutes réussies, à part peut-être une que j'ai trouvé un poil inférieure aux trois autres. Pour les amateurs, retrouvez ici mes critiques des volumes 1, 2, 3 et 4.

Lieux interdits: Prison de chair s'ouvre par une nouvelle que j'ai trouvé particulièrement réussie. Une jeune femme, Helen, qui travaille sur un mémoire traitant des écritures et autres grafs urbains, va soudainement être confrontée à l'incarnation maléfique des bruits et rumeurs d'un ghetto américain, un être monstrueux et impitoyable. Le glissement dans la fantasmagorie est progressif et semble inéluctable. On suit avec curiosité le parcours quasi initiatique de la jeune femme: le premier contact avec les habitants de Spector street (Anne-Marie personnage secondaire halluciné et hallucinant), la première disparition, une maison mystérieuse, la découverte d'un portrait gigantesque et inquiétant... On s'enfonce avec Helen dans les zones d'ombre et les croyances populaires nous menant tout droit vers un final haletant. Nouvelle bien écrite et concise, on commence la lecture de ce recueil sur les chapeaux de roue. À noter que cette nouvelle a été adopté au cinéma sous le nom de Candyman en 1993, film que j'ai apprécié à l'époque et réapprécié à la fin de cette lecture la semaine dernière.

La Madone: Tout commence par un rendez-vous d'affaire concernant la réhabilitation d'un bain douche traditionnel en une salle d'activités physiques dernier cri. Tout semble se dérouler pour le mieux jusqu'à l'apparition d'une jeune femme nue qui disparaît de suite dans le labyrinthe de couloirs et de pièces de l'ancien établissement thermal. Apparition? SDF folle? La vérité est toute autre et va s'abattre de façon implacable sur les protagonistes de cette histoire. Encore une fois ici, Clive Barker frappe fort avec cette histoire mêlant courses-poursuites, vendetta sanglante et êtres dégénérés. On nage en pleine folie et horreur pure, le tout mâtiné d'une certaine mélancolie et d'une vision pessimiste de la condition humaine. Personnellement, j'ai adoré! Là encore, la fin m'a cueillie!

Les Enfants de Babel: Vanessa est en vacance en Grèce. Baroudeuse de nature, elle aime plus que tout s'écarter des chemins balisés, elle ne va pas être déçue. Au cours d'une randonnée à «la sauvage», elle va tomber sur des nonnes barbues armées d'automatiques, gardiennes d'un secret, qui s'il était révélé, chamboulerait la géopolitique mondiale. Derrière ce pitch farfelu se cache une nouvelle redoutable d'efficacité où le suspens et l'oppression liée à la captivité de l'héroïne se conjuguent avec une réflexion poussée sur la manière dont le monde est dirigé. Le style Barker fait encore merveille et l'on ne peut décemment pas refermer le livre sans avoir fini la nouvelle. Une belle réussite à la hauteur des attentes suscitées par le titre.

Prison de chair: Un prisonnier se voit attribué un nouveau compagnon de cellule. Il commence à faire des rêves étranges le menant dans une ville imaginaire où les pêcheurs sont punis à la mesure de leur crime. Ces visions vont le déstabiliser et le mener aux portes de la folie. L'idée de départ était intéressante mais j'ai trouvé cette nouvelle bancale et assez confuse. Le format court n'était peut-être pas adapté à une histoire qui aurait mérité un traitement plus poussé. Assurément, le texte le plus faible de ce recueil.

Le tome 5 des Livres des sangs est un des meilleurs de la série. Facile d'accès, les nouvelles sont assez différentes les unes des autres au niveau du contenu mais on retrouve le sens du rythme d'un architecte de l'horreur et du fantastique. Les amateurs y trouveront leur compte et les autres pourront se faire une idée d'un des meilleurs auteur britannique du genre.

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mardi 31 août 2010

"Chronique du peuple" de Zenna Henderson

populusL'histoire: La jolie Valency Carmody est heureuse. Après avoir été renvoyée de deux écoles, sans motifs précis, elle vient de trouver un poste d'institutrice à Cougar Canyon, en Californie.

Cougar Canyon: lieu isolé, sauvage, petite communauté unie et close sur elle-même. Valency n'aura que dix élèves.

Enfants charmants, un peu étranges cependant. Miss Carmody rêve-t-elle? Il lui semble que parfois ses élèves se déplacent sans toucher terre, que les objets leur obéissent par télékinésie... Et pourquoi la petite Karen tente-t-elle de "sonder" ses pensées? Valency réussit d'ailleurs à l'en empêcher...

Comme, un jour, c'est elle qui réussit à vaincre un terrible incendie. Par quels pouvoirs?

La critique de Mr K: bof, bof. Je n'ai pas été emballé par ce livre, j'ai eu beaucoup de mal à rentrer dedans et une fois dans la place, les chroniques suivantes se sont révélées décevantes. Ce livre est composé de six nouvelles nous présentant les affres d'extras-terrestres coincés définitivement sur notre planète et obligés de s'adapter à leurs nouvelles conditions de vie.

Henderson nous propose des personnages pour la plupart jeunes et tourmentés. Des institutrices ou des élèves qui me rappellent mon quotidien professionnel! C'est ainsi que tour à tour, l'auteur nous présente de jeunes enfants doués dans des pratiques surnaturelles qui se heurtent ou non à l'incrédulité du monde qui l'entoure. Cela plante une ambiance très particulière dans l'esprit du lecteur. J'y ai pour ma part trouvé des similitude avec des auteurs tels que Sturgeon ou encore Bradbury. Henderson est attaché au lien éducateur / élève et cette série de nouvelles en explore toutes les facettes à travers des destins forts divers.

Diverses trajectoires qui ont en commun ces fameux naufragés de l'espace et leur difficile intégration. Le thème était très intéressant, c'est d'ailleurs ce qui avait retenu mon attention lors d'une énième exploration de brocante. Malheureusement, le livre n'a pas tenu les promesses de la quatrième de couverture. Le propos est globalement niais (à l'américaine diront les mauvaises langues...), tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Pas de réelle psychologie des différents membres de la communauté ce qui les rend pâlots et transparents, je n'ai ressenti aucune empathie envers les personnages en général. Le style est lui aussi très commun, parfois confus et les tenants et aboutissants non maîtrisés, bref... l'ennui s'est installé très vite et j'étais bien content de l'avoir fini pour passer à autre chose!

Difficile dans ces conditions de vous conseiller cette lecture sauf si vous êtes un optimiste forcené car ici tout est bien qui finit toujours bien... Mauvaise pioche pour moi en tout cas.

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samedi 5 juin 2010

Vide grenier mon ami

Aujourd'hui grand vide grenier annuel de notre village. Autant on vit à la campagne, avec une petit village à proximité, autant son vide grenier est monstrueusement ENORME! A croire que les habitants accumulent un max de choses toute l'année pour pavaner début juin... ou alors, à l'instar des villes du littoral, tout le monde afflue ce jour là... car ce vide grenier est l'un des plus grands de la région. Les stands investissent toutes les rues, le moindre recoin.

En bon chineurs que nous sommes, nous ne pouvions, cette année encore, râter cet "évènement"!

De retour à la maison, nous avons étalé nos trésors de guerre sur la pelouse:

vide_grenier

Côté bouquins:
- "Mastodonia" de Clifford D. Simak
- "Echo park" de Michael Connelly
- "Le diable l'emporte" de Barjavel
- "Le portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
- "Le livre d'or de la science fiction", des nouvelles de J. G. Ballard
- "Le livre d'or de la science fiction",  des nouvelles de Jack Vance
- "99 francs" de Frédéric Beigbeder

Côté BD:
- "La légende de Robin des Bois" de Manu Larcenet

Côté jeu:
- "Steambot Chronicles" pour PS2

Côté musique:
- "Wave Digger" d'High Tone
- "Cube" du Peuple de l'Herbe

Côté film:
- "Blueberry" de Jan Kounen

Je crois qu'on peut dire que cette année, le vide grenier de notre village est vraiment un bon cru!

samedi 6 mars 2010

"Le rêve de l'escalier" de Dino Buzzati

buzzatiL'histoire:

Dans l'Epouse ailée, une comtesse mal mariée se voit pousser des ailes, mais les perd dès qu'elle se donne à l'homme qu'elle aime.
Dans Les vieux clandestins, le héros possède des lunettes qui lui mermettent de voir son entourage tel qu'il sera dans trente, quarante ou cinquante ans...
Le Rêve de escalier est un recueil de nouvelles fantastiques qui fait reculer les limites de l'imagination.

La critique de Mr K:

Il y a bien longtemps que je n'avait pas lu du Buzzati. Ca doit bien remonter à une dizaine d'années. Lors de mon adolescence, je l'avais découvert grâce à un prof de français qui nous avait fait étudier Le K. Ensuite, ce fut la claque du Désert des Tartares et depuis plus rien...

Ce recueil de nouvelles n'a lui aussi pas fait long feu. Il m'a fallu à peine 3 jours pour en venir à bout et le moins que je puisse dire c'est que c'est un bon livre! Bon, c'est un recueil de nouvelles et certaines sont plus faibles que d'autres ayant mal vieillies. Mais on retrouve dans Le rêve de l'escalier des textes qu'on peut considérer comme des classiques, prétexte littéraire pour une réflexion profonde sur l'absurdité de l'existence humaine, notamment face au temps qui passe. Une certaine mélancolie est distillée pendant l'ensemble du recueil, servie par une langue toujours aussi efficace, à la fois précise et simple d'accès.

Vous trouverez des textes fantastiques, des contes (voir des fables), des résultats d'ateliers d'écriture... Un recueil varié dont la cohérence tient plus aux thèmes qu'il aborde. Vous voyagerez entre réalité altérée et voyage spirituel, les évolutions technologiques et les réactions les plus animales... En fait, vous accompagnerez Buzzai dans son exploration de l'âme humaine.

Un bouquin que je conseille pour passer de bonnes soirées d'hiver, surtout si votre conjoint vous trompe avec un adolescent boutonneux amateur de sorcellerie...

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dimanche 28 février 2010

"Apocalypses" de Clive Barker

clive_barkerL'Histoire:

Construire le Nouvel Enfer, y ttirer Satan et les Anges des Ténèbres: tel est le projet grandiose de Grégorius, qui, ne lésinant devant aucun moyen, mène lui-même la danse entre la poix fondue des fosses et les culs-de-sac étouffants...

L'Enfer n'étant pas toujours le pire, Jérôme aurait peut-être préféré mourir dans les flammes plutôt que brûler de désir, lui, la victime désignée d'un plan diabolique: ne lui a-t-on pas inoculé un aphrodisiaque qui l'érotise à mort et le conduit aux pires excès?

Plus dévastateur encore, ce couple d'amants qui s'entre-tué quelque trente ans plus tôt et décide de revivre une seconde fois le cataclysme qui l'a anéanti...

La critique de Mr K:

Ben ca y est! Je chronique le volume 4 des livres de sang de Barker. À l'image des volumes 1, 2 et 3; il y a à boire et à manger dans ce volume et je pense que j'en resterais là en ce qui concerne les nouvelles horrifiques de cet auteur. D'ici quelques mois, je lirai un de ses romans qui m'ont échappé.

Le corps politique est le titre de la première des cinq nouvelles qui composent le présent volume. Le thème est classique, un homme commun perd progressivement le contrôle de ses mains qui veulent faire la révolution! Le pire, c'est que l'épidémie se propage au monde entirer. Rien de bien follichon dans ce texte: plutôt mal écrit et le thème est sous exploité. Grosse déception à la fin de ces 60 pages, le soufflé retombe sur... rien! Je passe à la suivante, l'esprit plein d'appréhension!

La condition inhumaine. Tout commence par l'agression et le tabassage d'un SDF par une bande de p'tits cons. Il décède des suites de ses blessures et l'un des abrutis trouve dans les affaires de la victime une curieuse cordelette avec trois noeuds. Cet objet va s'avérer magique puis maléfique au fur et à mesure que le héros va le triturer. Autant le début est assez haletant, autant on retombe bien vite dans une classique vengeance d'outre-tombe. La fin bien amenée sauve l'ensemble sans vraiment transcender le lecteur. Là encore les 60 pages sont de trop, Barker aurait gagné en efficacité en étant plus concis. À ce moment de ma lecture, j'avais presque envie de laisser tomber malgré le respect que j'ai pour l'auteur.

Apocalypse. La nouvelle éponyme est une réussite et je reprends confiance par la même occasion. On suit un pasteur intégriste, sa femme et leur chauffeur qui font une halte dans un motel où un drame a eu lieu des années auparavant. Justement, les acteurs de ce sanglant fait divers sont de retour d'entre les morts pour rejouer la scène en essayant de modifier les événements, savoir si les choses auraient pu se dérouler autrement. Très bonne histoire que celle-ci, les destins se croisent et finissent par se confondre. Tout en nuance (contrairement aux deux premières nouvelles), on sombre peu à peu en compagnie des malheureux humains, on perd ses repères et finalement la fin nous bluffe. Un bon moment et un Barker qui semble se reprendre.

Retro satanax. Un homme décide de transposer l'Enfer sur Terre afin d'y attirer le seigneur des mouches (Belzébuth en araméen) et sa cohorte de démons. Très brève (6 pages), on nage entre réalité et onirisme, cette nouvelle est plus ouverte et peu caractéristique du style Barker. J'y ai trouvé des similitudes avec l'écriture de Lovecraft dans Démons et merveilles que j'avais dévoré.

Le siècle du désir. Un homme victime d'expérimentation en laboratoire se voit soumis à une libido galopante qui devie rapidement vers la folie furieuse. On replonge là dans les obsessions propres à l'auteur: le sexe, la souffrance et la violence. J'ai bien aimé la caractérisation du héros qui dans un premier temps reste lucide sur ses actes et essaie de comprendre et de contrôler ses pulsions. Mais décidément l'univers de Barker est irrémédiablement sombre comme l'atteste la fin pathétique et triste qui nous est offerte.

Je ressors de cette lecture plutôt déçu avec l'impression que ce volume à part deux pièces intéressantes retourne sur des sentiers que Barker a déjà explorés. Un sentiment de déjà vu ne m'a pas quitté de toute la lecture et je me dis que c'était peut-être Le livre de sang de trop. À réserver aux amateurs!

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mercredi 28 octobre 2009

"Bis" de David Eagleman

bisL'histoire: Qu'y a-t'il après la mort? Le Paradis existe-t'il? A quoi ressemble-t'il? Avec un humour inattendu, Bis propose 40 variations sur le thème de Dieu et de l'Au-delà. Ici, Dieu est une femme; là, c'est un homme ou un couple... Ici, Il a la taille d'un microbe et ne sait pas que l'homme existe; là, Il vénère Mary Shelley et son Frankenstein. Dans l'Au-delà, vous revivez votre vie à rebours; vous devenez la personne de votre choix ou vous êtes un acteur dans les rêves des vivants... Autant de scénarios loufoques et d'hypothèses insolites qui bousculent avec optimisme nos représentations étroites et font écho aux grandes questions de l'humanité.

La critique Nelfesque: Je suis assez mitigée sur cet ouvrage. L'écriture est fluide, les nouvelles sont courtes, pas plus de 4 pages. A peine le temps d'entrer dans l'histoire, de "digérer" une nouvelle, que l'on passe à la suivante. Ce premier point m'a un peu déroutée et je n'ai pas vraiment pu accrocher à certaines nouvelles que je me suis surprise à lire sans être là (en laissant mon cerveau de côté). Je suis donc passée à côté de pas mal de chroniques. Peut être aurai-je dû lire ce livre avec parcimonie, entre 2 chapitres d'un autre bouquin pour vraiment l'apprécier. C'est en tout cas ce que je conseillerai de faire aux futurs lecteurs de cet ouvrage.

Un second point m'a gêné: le thème de l'ensemble. Pour recadrer les choses et afin de faire comprendre au mieux mon point de vue, il faut savoir une chose: je suis une catholique croyante. J'ai une image assez nette de ce qu'est Dieu et à quoi ressemble l'autre côté du miroir. Que j'ai raison ou tort n'est pas la question, je m'en rendrai bien compte un jour ou l'autre quand je passerai de vie à trépas mais, au jour d'aujourd'hui, j'ai du mal à m'imaginer que Dieu puisse être un microbe ou que l'Au-delà puisse être un remake de notre vie ici bas. C'est mon éducation religieuse qui veut ça. Alors quand l'auteur utilise le "vous" ou le "nous" comme système d'énonciation, n'adhérant pas à l'idée, je ne peux m'identifier. Pas mal de chroniques m'ont donc quelque peu agacées. Celles qui trouvent grâce à mes yeux, et que j'ai trouvé vraiment pas mal, sont celles qui ont prit le partie de verser dans la SF ou, comme celle intitulée Oz, se termine sur le néant. Ces dernières sont intéressantes et originales et mériteraient d'être développer ou creuser.

Je ne peux donc pas dire si j'ai aimé ou détesté cet ouvrage. Si il n'était pas aussi hétéroclite, il aurait été plus facile de se prononcer. Pour moi il y a, dans ces chroniques, du bon, du très bon, du déjà vu et du mauvais goût évident.

Posté par Nelfe à 15:45 - - Commentaires [3] - Permalien [#]
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samedi 3 octobre 2009

"Le club des petites filles mortes" Gudule

gudule1L'histoire:

Oyez, bonnes gens, le club des petites filles mortes ouvre ses portes. Au menu: sang frais, froissons, peurs bleues et nuits blanches à gogo. Avis aux amateurs!

Car ces gamines, elles en ont, de belles et terribles choses à vous raconter... Des contes modernes, effrayants et bouleversants, où elles se vengent des adultes avec une cruelle innocence. Avec un humour qui arrache le sourire et un style incisif unique en son genre, teinté de poésie et d'émotion.

Bienvenue dans l'horreur des contes de fées qui ont mal tourné, au pays des enfances brisées dont les rescapées sont d'autant plus attachantes qu'elles peuvent devenir très, très méchantes...

La critique de Mr K:

Génial, tout bonnement génial. J'ai littéralement dévoré ce recueil d'une  des plus grandes auteurs françaises dont le style unique m'a littéralement envouté et dont les histoires m'ont chamboulé quitte à provoquer le dégoût, l'appréhension voir une grande tristesse. C'est un voyage au bout de l'enfer humain qui nous est proposé à travers toute une série de nouvelles à la fois noires et poétiques, du réalisme pur et dur à l'anticipation la plus orwellienne. Ce qui est sûr c'est que ce n'est pas de tout repos et qu'on en ressort changé.

Étrange de la part d'un auteur spécialisée à la base dans les livres jeunesse! Mais finalement, elle les connaît gudule2bien nos marmots c'est ce qui rend si juste et précis ces différents portraits de jeunes filles cabossées par la vie et parfois la mort. D'origine belge, c’est en 1987 que Gudule publie ses premiers livres pour enfants aux éditions Syros. Depuis, elle n’a cessé d’écrire des romans pour la jeunesse. Gudule est également auteur de scénarios pour la bande dessinée. Gudule nous entraîne dans des mondes et des atmosphères étranges où l'imaginaire est roi. Une pointe d'humour vient compléter ces histoires où monstres et sorcières se disputent le premier rôle. Elle a reçu de très nombreux prix de littérature. En tout, Gudule a publié plus de 200 romans, pour la jeunesse mais aussi pour les adultes. Les 8 romans compilés dans ce volume ont été publiés en majorité au Fleuve noir (sauf Dancing Lolita qui est un inédit), dans la défunte collection "Frayeur" dirigée par Jean Rollin (le pape du cinéma bis français).

Le recueil commence avec l'inédit "Dancing Lolita" oeuvre d'anticipation qui nous présente une société futuriste où l'apparence fait loi et relègue la morale aux oubliettes. L'héroïne se retrouve plongé au milieu de tout cela et son innocence va en pâtir. Premier contact avec l'auteur, un vrai choc! S'ensuit, "Entre chien et louve" magnifique de cruauté et de perversité où un homme réincarné en chien reçoit les confessions de sa veuve qui lui raconte sa vie passée sauf que sa version est toute différente de ses souvenirs. À la limite du soutenable par moment tant le pauvre hère se prend des vérités en pleine face sans pouvoir réagir (c'est un chien!), la chute finale est maline. Puis vient le petit roman "Gargouille" qui s'avère un peu plus léger que les autres.Le récit est bien mené mais sans réelle surprise et la fin s'apparente plus à de la caricature qu'à autre chose, restes des personnages attachants et des détails gores plutôt bien sentis!  Ensuite vient un des deux chefs-d'oeuvre de cette compilation "La petite fille aux araignées" merveille d'écriture où le personnage de Miquette (petite fille internée dans un asile suite à un drame atroce) est  attachant à souhait. On touche au sublime, le coeur retourné par un tel destin. Attention auteur dangereux! Et nous ne sommes qu'à la moitié du livre à ce moment là!

L'histoire suivante s'intitule "Mon âme est une porcherie" l'héroïne narratrice est au début de l'histoire une petite fille laide (avilie voir martyrisée par sa famille et son amant) qui n'a qu'un seul amour et confident un cochon en peluche gagné à la loterie. La langue est très familière et nous plonge dans la misère sociale la plus totale. Je dois avouer que cette histoire m'a choqué en tant qu'homme, ce récit étant d'une rare perversité. Aaah ces "écrivaines", sur ce coup Gudule bat Despentes par KO! Reste une plongée dans l'enfer de la folie et la dépendance unique en son genre, âmes sensibles s'abstenir! "Petite chanson de la pénombre" est raconté par le fantôme d'une petite fille sauvagement assassinée une nuit lors d'une fête de village, elle ne communique qu'avec une petite fille venue s'installer 50 ans après près du lieu du drame. Là encore, une merveille d'écriture et une fin totalement thrash! Rien que d'y repenser, j'en ai encore les poils du cou qui se hérissent. Gudule s'avère autant poétique que machiavélique! Pour moi, cette histoire fait partie du trio de tête avec "La Baby-sitter" où quand l'auteur belge revisite les contes de fée à sa manière. Un cadre idyllique isolé dans la montagne, deux jumeaux dans les 8 ans gardés par une baby-sitter. Cette dernière est une spécialiste de la narration des contes et tout se passe pour le mieux jusqu'à qu'un grain de sable vienne tout chambouler... Là encore, Gudule nous entraîne sur des chemins qui ont l'air balisés juste pour le plaisir de mieux nous perdre en chemin (un peu à la manière du père du petit Poucet!). La fin est terrible, implacable et furieusement réaliste. Le must du must de ce volume! Le dernier roman présenté dans ce livre est "Repas éternel" qui est une oeuvre d'anticipation. Pas vraiment de petite fille dans celui-ci, plus une jeune femme plongée dans une France futuriste plongée dans le totalitarisme. cette histoire semble avoir été inspiré par un classique de SF qu'est "Soleil vert". En vrac; vous y retrouverez de l'anthropophagie, de la discrimination, des privilégiés arrogants et ventripotents. Seul texte atteint de manichéisme, il est le seul que j'ai vraiment eu du mal  à avaler. Trop gore, trop court, finalement peu crédible. Enfin... ça se lit tout de même!

Voilà, c'est le temps de laisser le mot de la fin. Une expérience unique éprouvante mais enrichissante. Des personnages hors normes dans des cadres tout aussi réalistes que marqués par des évenements tragiques. Un bijou d'humour noir mais aussi de tragédie, c'est tout cela en même temps que cette oeuvre qui aura pour toujours une place particulière dans mon coeur de lecteur. À lire absolument!

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mercredi 24 juin 2009

"L'Arbre des possibles" Bernard Werber

arbredespossibles1L'histoire:

Vingt petites histoires sous forme de contes, de légendes, de mini polars.

Bernard Werber nous offre avec L'Arbre des possibles des récits fantastiques où les dieux vont à l'école pour apprendre à gouverner les peuples, où les objets sont soudainement remplacés par leurs noms, où les gens ne savent compter que jusqu'à 20, où l'on part en vacances au XVIIIème siècle sans oublier de se faire vacciner contre la peste...

La critique de Mr K:

Belle déception que ce livre dégoté à Emaus perdu qu'il était entre deux Stephen King. Pourtant, l'idée était originale, voici ce qu'en dit l'auteur dans sa préface: après mon premier roman j'ai eu envie d'entretenir ma capacité d'inventer rapidement une histoire en consacrant une heure le soir à la rédaction d'une nouvelle. Cela me détendait de ma matinée consacrée à l'écriture de "gros romans".

Autant j'ai adoré certains de ces romans notamment Les Thanatonautes que j'avais littéralement dévoré trouvant son écriture à la fois accessible et très évocatrice, autant la lecture de cet opus m'a laissé un goût amer dans la bouche. Dans ce volume de nouvelles, pour moi Werber s'est complu dans la facilité. Autant vous le dire tout de suite; l'ensemble est très inégal, les deux tiers des récits présentés sentant l'escroquerie intellectuelle et littéraire. Ca sent la redite  au niveau des thèmes abordés qui ont déjà été traités et de manière bien supérieure par de grands auteurs de littérature américaine des années 50 à 80 dont Matheson, Dick et consorts. A force de ne faire qu'effleurer les sujets qu'il aborde, j'ai senti une frustration grandir et finalement une certaine colère envers un écrivain que je respecte. En cela la nouvelle Le totalitarisme douceâtre est un parfait exemple: Werber s'attaque à trop gros (en l'occurence Orwell et Ticson) et nous livre une dénonciation de la société du spectacle tout juste digne d'un raisonnement de lycéen acnéïque fils de médecin qui s'érige contre un monde désespérant... Si si, je vous assure, Werber peut se révéler puéril, je lis suffisament de copies de cet acabi pour en plus m'en farcir pendant mes lectures-loisir!

Cependant quelques textes sortent du lot par un traitement beaucoup plus approfondi et des dénouements parfois surprenants. Ainsi la nouvelle intitulée Noir m'a totalement estomaqué par sa fin tout à fait inattendue et son univers quasi onirique, proche des récits de chevalerie d'antan et du conte de fée. Plusieurs nouvelles proposent des thèmes intéressants. Un monde trop bien pour moi est un excellent texte où là encore la fin sonne le glas de toute certitude pour le lecteur. Un homme vit dans un futur proche où les objets parlent ce qui commence à l'agacer terriblement, il va rencontrer une femme qui va à jamais bouleverser sa vie et lui révéler un secret terrifiant. Je ne spoilerai pas, je peux juste vous dire que la révélation finale est digne d'un film à la Seven.

Reste des textes convenables mais sans réelle surprise et approfondissement comme Transparence, La dernière révolte, Attention: fragile, Du pain et des jeux dont les idées de départ sont vraiment malines mais que l'auteur semble avoir seulement survolé. Alors certes, j'ai lu ce livre assez rapidement avec parfois un certain plaisir mais de là à le recommander... il y a un pas que je ne franchirais pas. A réserver aux fans et uniquement à eux.

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