"La Sirène" de Camilla Läckberg
L'histoire : Un homme a mystérieusement disparu à Fjällbacka. Toutes les recherches lancées au commissariat de Tanumshede par Patrik Hedström et ses collègues s'avèrent vaines. Impossible de dire s'il est mort, s'il a été enlevé ou s'il s'est volontairement volatilisé.
Trois mois plus tard, son corps est retrouvé figé dans la glace. L'affaire se complique lorsque la police découvre que l'une des proches connaissances de la victime, l'écrivain Christian Thydell, reçoit des lettres de menace depuis plus d'un an. Lui ne les a jamais prises au sérieux, mais son amie Erica, qui l'a aidé à faire ses premiers pas en littérature, soupçonne un danger bien réel. Sans rien dire à Patrik, et bien qu'elle soit enceinte de jumeux, elle décide de mener l'enquête de son côté. A la veille du lancement de La Sirène, le roman qui doit le consacrer, Christian reçoit une nouvelle missive. Qulqu'un le déteste profondément et semble déterminé à mettre ses menaces à exécution.
La critique Nelfesque : Me voici de nouveau plongée dans les aventures d'Erica Falck et Patrik Hedström avec "La Sirène", 6ème volet de la saga. Tous les amateurs des récits de Camilla Läckberg s'accordent sur un point : il est aussi plaisant de suivre la vie privée de ses personnages principaux que les enquêtes en elles-même. On ne déroge pas à la règle avec ce tome-ci qui voit Erika, enceinte jusqu'aux yeux, et de jumeaux qui plus est, aller encore une fois au bout d'elle-même et se révéler être une wonder-woman du quotidien.
Parce qu'elle est comme ça Erika. Une nana qui ne tient pas en place, qui a du mal à se dire qu'elle doit lever le pied parfois et qui, sous la plume de Camilla Läckberg, est toujours confrontée à des histoires trépidantes. Il est intéressant ici de voir les processus d'écriture et la vie d'auteur entre sortie d'un nouveau titre, soirées inaugurales et promotion autour de son ami Christian, déjà rencontré dans les précédents tomes, et qui sort ici son premier roman.
Ce fameux Christian reçoit des lettres anonymes menaçantes et intrigantes. Il dit ne pas y accorder d'importance mais tout porte à croire qu'un secret se cache là dessous et Erika est bien déterminée à le dénicher. D'autant plus que cela survient en parallèle d'une enquête dont son mari, Patrik, a la charge. Un homme a été retrouvé sur le port de Fjällbacka, figé dans la glace.
Une fois de plus, Camilla Läckberg nous offre ici un tome bien construit et dans lequel on a toujours autant de plaisir à suivre la petite équipe et leurs déboires personnels. Certaines choses peuvent être devinées en amont (et oui c'est ça quand on est coutumier de ce genre de littérature, il y a des ficelles que l'on détecte à des kilomètres) mais de petites surprises sont aussi disséminées tout au long de l'ouvrage. Le bilan, si bilan il doit y avoir, et donc relativement positif. Disons-le clairement, ce n'est pas le meilleur tome de la saga pour l'enquête qui y est exposée et les résolutions de celle-ci mais on a forcément hâte de lire la suite à la vue du dernier chapitre... Sans vouloir spoiler (rassurez-vous, ce n'est pas le genre de la maison), j'ai tout de même envie de dire : NON MAIS CAMILLA CA VA PAS BIEN DE NOUS LAISSER AVEC CES DERNIERS PHRASES !?
Si vous n'avez jamais lu du Läckberg, ne commencez pas par celui-ci. Cela n'aurait aucun intérêt et vous perdriez toute la dynamique de la saga dans son ensemble tant ici l'auteure nous fait faire un bond dans l'histoire. C'est la première fois, de mémoire, qu'elle relie autant deux tomes entre eux. C'est bien simple, si vous n'avez pas le 7ème tome, "Le Gardien de phare", à portée de main, vous allez devenir fou ! C'est une bonne chose car il va y avoir, je sens et je l'espère, une accélération dans la narration. Cette saga est finalement très pépère et au bout d'un moment ce rythme peut commencer à lasser d'autant plus que les ficelles sont plus ou moins recyclées d'un tome à l'autre. L'auteure ici nous laisse présager une suite tourmentée et c'est tant mieux ! Un nouveau vent se lève sur Fjällbacka !
Egalement lus et chroniqués du même auteur au Capharnaüm éclairé :
- "La Princesse des glaces"
- "Le Prédicateur"
- "Le Tailleur de pierre"
- "L'Oiseau de mauvais augure"
- "L'Enfant allemand"
"Retour sur l'île" de Viveca Sten
L’histoire : C’est l’hiver sur l’île de Sandhamn. La tempête de neige qui fait rage contraint les habitants à rester chez eux. Un matin, on découvre le cadavre d’une femme sur la plage : la célèbre correspondante de guerre Jeanette Thiels était connue pour son franc-parler avec certaines personnalités influentes, issues notamment du parti xénophobe Nouvelle Suède.
Crime politique ou vengeance personnelle masquée ? L’inspecteur Thomas Andreasson n’a pas le temps de répondre qu’un nouveau meurtre a lieu.
La critique de Mr K : Avec ce volume, je découvrais une auteure que nombre d’amies lectrices avaient évoqué avec des étoiles dans les yeux. J’ai mis le temps avant de l’aborder car de manière générale, je ne suis pas vraiment amateur de littérature policière du Nord, la faute souvent à un rythme lent et un sentiment de creux qui m’envahissait lors de mes lectures. Mais comme on dit, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis et Viveca Sten a réussi à me tenir en haleine tout du long et à maintenir intacte toutes mes attentes de lecteur.
Une célèbre journaliste d’investigation est retrouvée morte dans un petit village perdu au milieu de nul part. Morte de froid ? Assassinée ? Les questions fusent dès le départ tant la personnalité de la victime est sujette à controverse et son existence même semblait gêner nombre de personnes à cause de ses enquêtes qui mettaient à mal les certitudes de beaucoup, l’etablishment la craignait ainsi que le monde politique suédois (voir étranger). La police est donc sur les dents car derrière ce qui ressemble à un fait divers classique ou un meurtre lambda se cache des ramifications inattendues qui pour ma part m’ont bien surpris.
Retour sur l'île se lit tout seul, c’est sa grande force. L’écriture limpide et évocatrice en diable accompagne merveilleusement ce voyage en terres septentrionales sous les neiges hivernales. On plonge littéralement dans un univers clos, rude où le mystère règne. L’ambiance est saisissante, bien rendue grâce à de courts paragraphes descriptifs qui ne prennent jamais le dessus sur le déroulé de l’histoire. On ne compte plus les belles pages décrivant le déchaînement des événements, leur influence sur les groupes humains, le tout mâtiné d'une ambiance particulière, l’histoire se déroulant pendant la période de Noël. Étrange climax donc dans une terre lointaine qui m’a toujours fasciné par ses paysages et ses conditions climatiques.
L’enquête très vite s’avère extrêmement complexe entre mensonges, omissions et fausses pistes. Se déroulant sur quelques jours, les journées sont denses pour les enquêteurs qui doivent en plus gérer le quotidien de leurs vies personnelles respectives. Les personnages sont très bien caractérisés et même si je faisais connaissance avec eux seulement avec ce Retour sur l’île (d’autres volumes ont précédé celui-ci), je n’ai pas été embarrassé par des choses que je n’aurais pas lu. Je n’ai sans doute pas saisi quelques allusions faites à des affaires antérieures mais j’ai tout de même réussi à me faire une idée bien précise de chacun des protagonistes. Viveca Sten nous les dépeint avec à propos, justesse et un attachement bien particulier. Loin de tomber dans la caricature ou la simple silhouette, l’auteure peaufine ses personnages, leur apportant une profondeur, une nuance de bon aloi dans un genre trop souvent codifié et sans réelle saveur. On se plaît à les suivre entre interrogatoires au cordeau, course-poursuite dans la neige, pouponnage et séance révélations. On s’ennuie pas un moment car même si le départ peut sembler lent, la suite donne raison à l’auteure avec une avalanche de petits éléments qui mènent à une révélation inattendue.
Belle lecture que celle-ci donc qui cumule personnages charismatiques, intrigue tortueuse et fenêtre ouverte sur un pays magnétique. Les pages se tournent toutes seules, les émotions multiples que j’ai pu ressentir m’ont ravi et procuré un plaisir livresque addictif. À lire absolument si vous êtes fan de l’auteure, du genre et / ou de la Suède !
"L'Enfant allemand" de Camilla Läckberg
L'histoire : La jeune Erica Falck a déjà une longue expérience du crime. Quant à Patrik Hedström, l'inspecteur qu'elle vient d'épouser, il a échappé de peu à la mort, et tous deux savent que le mal peut surgir n'importe où, qu'il se tapit peut-être en chacun de nous, et que la duplicité humaine, loin de représenter l'exception, constitue sans doute la règle. Tandis qu'elle entreprend des recherches sur cette mère qu'elle regrette de ne pas avoir mieux connue et dont elle n'a jamais vraiment compris la froideur, Erica découvre, en fouillant son grenier, les carnets d'un journal intime et, enveloppée dans une petite brassière maculée de sang, une ancienne médaille ornée d'une croix gammée. Pourquoi sa mère, qui avait laissé si peu de choses, avait-elle conservé un tel objet ? Voulant en savoir plus, elle entre en contact avec un vieux professeur d'histoire à la retraite. L'homme a un comportement bizarre et se montre élusif. Deux jours plus tard, il est sauvagement assassiné...
La critique Nelfesque : Me voici arrivée au 5ème volet de la saga Erica Falck et Patrik Hedström. Pour ceux qui ne connaissent pas cette série de Camilla Läckberg, je vous encourage à commencer votre lecture par le premier volet "La Princesse des glaces". Chaque ouvrage contient une enquête avec sa résolution mais l'intérêt de lire l'intégralité réside dans la sphère privée des personnages principaux et secondaires. Ainsi de tome en tome, le lecteur s'attache à eux et retrouve presque des amis à chaque nouvelle lecture.
Mais attardons-nous un peu plus ici sur "L'Enfant allemand". Pour tout vous dire, c'est pour celui-ci que j'ai commencé à lire Camilla Läckberg. Je l'avais remarqué lors de sa sortie (et oui, la seconde guerre mondiale me fait découvrir bon nombre d'auteurs...) mais suivant le même conseil que je vous ai donné plus haut, il m'a fallu de la patience avant d'arriver au tome tant convoité. J'ai tellement aimé le chemin parcouru que tout ceci s'est fait sans traumatisme et le jour de la découverte de "L'Enfant allemand" était enfin là !
Ici, Erica va se pencher sur le passé de sa mère. Cette dernière ayant récemment disparue, notre célèbre journaliste va trouver dans ses affaires une mystérieuse layette couverte de sang et une médaille militaire allemande. Que font ses objets dans ses affaires ? Que représentent-ils ? Sa mère n'ayant jamais parlé de ses jeunes années, c'est dans une enquête concernant ses racines qu'Erica va se plonger corps et âme.
Étrangement, la personne à qui Erica a confié sa médaille pour expertise est retrouvée assassinée à son domicile, quelques mois après le meurtre, par deux adolescents, fascinés par les objets qu'il possédait et entrés par effraction dans sa maison. C'est ainsi qu'enquête policière et enquête personnelle vont se télescoper et les avancées des uns feront le bonheur des autres.
Nous alternons ici entre enquête actuelle sur le meurtre du professeur à la retraite et flash-back dans la vie d'Elsy. Par le biais de journaux intimes qu'Erica compulse, le lecteur plonge dans l'adolescence de sa mère à l'époque de la seconde guerre mondiale. Cette partie m'a, vous vous en doutez, passionnée. S'imprégner de l'ambiance en Suède et en Norvège à ce moment là était vraiment très intéressant et aborder l'Histoire sous cette forme m'a donné envie de creuser plus en profondeur ce volet ci de ce conflit mondial pour ma culture personnelle. Je ne savais que très peu de choses sur la façon dont les pays nordiques avaient vécu ce moment de l'Histoire et bien que nous retrouvions ici les mêmes résistants et collaborateurs qu'ailleurs, les choix politiques de ces deux pays sont intéressants à étudier.
Deux époques différentes donc, trois générations, mais toujours les mêmes problématiques. C'est ainsi que Camilla Läckberg évoque entre autres des thématiques fortes telles que le racisme, la tolérance ou l'homosexualité. En 1945 et en 2011, les mentalités ont globalement évoluées mais certains groupuscules extrémistes restent sur leurs idées de protectionnisme d'un autre âge et sur leurs convictions xénophobes nauséabondes. "L'Enfant allemand" est donc doublement captivant et émouvant car les deux histoires se déroulant en parallèle sont chacune à leur manière passionnante et cruelle. Le lecteur souhaitant autant savoir le fin mot de l'histoire pour Elsy que pour Erica et Patrik, l'auteure a su remarquablement équilibrer son récit et offrir autant de suspense et de tension à ces deux volets d'une histoire commune.
Le lecteur est une fois de plus pris au piège par la plume de Camilla Läckberg qui, en plus de nous servir un roman saisissant, nous charme toujours en douceur avec ses personnages que l'on continue de découvrir et d'aimer. A eux se rajoutent ici de nouvelles têtes qui viennent faire évoluer le destin de certains protagonistes et donnent à voir de futures évolutions possibles amusantes et douces. Le rythme est lent encore une fois, on s'attache aux personnages tout doucement, comme dans la vie. Camilla Läckberg n'est pas adepte du suspens effréné et du page turner. Ici, les choses prennent tout leur temps pour se mettre en place. On aime ou on déteste mais il faut tester pour en avoir le coeur net. Vous l'aurez compris, je vous encourage à le faire et, de mon côté, je poursuis tranquillement ma route sur les 9 tomes que comptent pour l'instant cette fresque sur l'île de Fjällbacka...
Egalement lus et chroniqués du même auteur au Capharnaüm éclairé :
- "La Princesse des glaces"
- "Le Prédicateur"
- "Le Tailleur de pierre"
- "L'Oiseau de mauvais augure"
"L'Oiseau de mauvais augure" de Camilla Läckberg
L'histoire : L'inspecteur Patrik Hedström est sur les dents. Il voudrait participer davantage aux préparatifs de son mariage avec Erica Falck, mais il n'a pas une minute à lui. La ville de Tanumshede s'apprête en effet à accueillir une émission de téléréalité et ses participants avides de célébrité, aussi tout le commissariat est mobilisé pour éviter les débordements de ces jeunes incontrôlables. Hanna Kruse, la nouvelle recrue, ne sera pas de trop. D'autant qu'une femme vient d'être retrouvée morte au volant de sa voiture, avec une alcoolémie hors du commun. La scène du carnage rappelle à Patrik un accident similaire intervenu des années auparavant. Tragique redite d'un fait divers banal ou macabre mise en scène ? Un sombre pressentiment s'empare d' l'inspecteur. Très vite, alors que tout le pays a les yeux braqués sur la petite ville, la situation s'emballe. L'émission de téléréalité dérape. Les cadavres se multiplient. Un sinistre schéma émerge...
La critique Nelfesque : Voilà bien longtemps que j'avais laissé de côté les romans de Camilla Läckberg. Non pas parce qu'ils ne m'intéressaient plus mais par manque de temps. Et oui, c'est ça de vouloir tout lire ! En route donc pour le 4ème tome de la saga "Erica Falck et Patrik Hedström" avec "L'Oiseau de mauvais augure".
Chaque roman peut se lire de manière indépendante. A chaque fois, de nouvelles enquêtes sont menées et il n'est pas forcément nécessaire de connaître les ouvrages précédents pour apprécier sa lecture. Toutefois, j'avais décidé de commencer à les lire dans l'ordre, il y a 4 ans afin de suivre l'histoire personnelle des personnages principaux en filigrane dans l'ensemble de la saga.
C'est avant tout cela qui me plaît dans les romans de Camilla Läckberg. L'impression de retrouver des amis, là où on les avait laissés il y a quelques temps. Dans leur petite commune suédoise située sur la côte ouest du pays, tout le monde se connaît. Le commissariat est à taille humaine et chaque collègue est un membre de cette petite famille. Ambiance bienveillante, petits cafés le matin avec les gâteaux fait maison...
Dans "L'Oiseau de mauvais augure", cette apparente tranquillité va être troublée par l'arrivée d'une chaîne de télévision et de sa célèbre émission de télé-réalité. Sorte de "Les Anges de la Télé-réalité" en France, cette émission est un zoo d'humains, comme on en voit beaucoup aujourd'hui via les chaînes de la TNT. Les participants sont stéréotypés (la bimbo, le rebelle, le décérébré, la suicidaire, le rebeu...) et tout ce beau monde va devoir vivre ensemble alors qu'ils n'ont rien en commun (si ce n'est avoir déjà participé à une émission de ce type) et travailler sur la commune. Le maire est aux anges, on va enfin parler de sa ville, les habitants sont méfiants, les jeunes sont surexcités. Tout va pour le mieux dans le petit monde magique de la poudre aux yeux. Jusqu'à ce qu'une participante soit retrouvée morte dans une benne à ordures...
Parallèlement à cette affaire, la vie continue et Patrik Hedström doit également faire fasse à une autre enquête, moins médiatisée mais tout aussi étrange. Une femme est retrouvée morte au volant de sa voiture, suite à un accident de la route. L'alcool semble en être la cause mais un détail trouble l'enquêteur et va nous mener dans divers endroits en Suède.
"L'Oiseau de mauvais augure" nous livre encore une enquête bien sympathique ici. C'est le roman qui m'a fait débuter la saga en 2011 (oui je sais, j'ai mis du temps) et on y retrouve tous les ingrédients d'un roman policier. Camilla Läckberg ne fait pas dans le page turner, l'histoire prend son temps, les personnages sont lambda... mais ce climat familier est très appréciable. Le lecteur s'installe tout doucement dans l'intrigue et navigue entre enquête et vie familiale de Patrik et Erica.
Car voilà tout l'intérêt des romans de Läckberg quand on les lit dans l'ordre. Le lecteur assiste à la naissance d'une histoire d'amour entre les 2 grands personnages de la saga. Petit à petit, on va les voir se rapprocher, agrandir la famille, se poser des questions existentielles et dans ce tome ci préparer leur mariage. C'est aussi le moyen de rester en contact avec Erica Falck qui depuis quelques temps est femme au foyer et n'intervient plus dans les affaires en cours (mais cela va changer dans "L'Enfant allemand" si on en croit l'amorce à la fin du roman). La préparation du mariage m'a beaucoup amusée, étant moi-même passée par là l'an dernier. Les histoires avec la famille et la belle-famille (savoureuses et tellement vraies !), les préparatifs et la logistique, le choix des menus, de la robe... Tout cela m'a rappelé des souvenirs et donne une petite bouffée de légèreté à l'ensemble. Une vie qui continue, de façon tout à fait banale même si il s'agit d'un grand évènement personnel, dans le tourbillon des caméras que connaît la commune et la pression médiatique qui s'abat sur Patrik.
"L'Oiseau de mauvais augure" est un bon roman policier. Si vous êtes habitués au genre, il y a des chances pour que vous deviniez le coupable assez tôt (ce fut mon cas) mais comme finalement ce n'est pas le plus important ici et que le plaisir de lecture n'est pas gâché pour autant, je vous conseillerai tout de même celle ci. Prendre le temps de temps en temps (comme dirait Herbert Léonard (hum...)), ça fait toujours plaisir !
Egalement lus et chroniqués du même auteur au Capharnaüm éclairé :
- "La Princesse des glaces"
- "Le Prédicateur"
- "Le Tailleur de pierre"
J'ai lu ce livre dans le cadre du challenge "Destockage de PAL en duo" avec ma copinaute faurelix.
"Le Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire" de Jonas Jonasson - ADD-ON de Mr K
Nelfe a déjà lu et chroniqué ce roman le 29/07/11. Je viens de le terminer et de le chroniquer à mon tour.
Afin que vous puissiez prendre connaissance de mon avis, je vous mets dans ce présent billet le lien vers l'article originel où vous trouverez ma critique toute fraîche à la suite de celle de Nelfe.
Nous procédons ainsi pour les romans déjà chroniqués au Capharnaüm Eclairé mais lu à nouveau par l'un de nous. Pour "Le Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire" de Jonas Jonasson, ça se passe par là.
"Nid de guêpes" d'Inger Wolf
L'histoire: Une semaine avant Noël, dans une maison abandonnée de la ville danoise d’Århus, un agent immobilier tombe sur le cadavre d’un adolescent. Tout autour du corps, un amas de guêpes mortes. La nuit même, l’hôpital psychiatrique voisin signale la disparition d’un patient hanté par d’étranges réminiscences – une fillette aux traits flous, une maison blanche derrière un marronnier, et des guêpes...
Rappelé en urgence de ses vacances familiales en Croatie, le commissaire Daniel Trokic ne tardera pas à se rendre compte que, lorsque les adultes mentent, les enfants se vengent.
La critique Nelfesque: Je ne connaissais pas Inger Wolf avant de lire "Nid de Guêpes", pourtant l'auteure signe là son quatrième roman et son premier chez Mirobole Editions, toute jeune maison d'édition ayant vu le jour au printemps dernier.
"Nid de Guêpes" est un roman policier nordique. Je n'en suis pas à mon coup d'essai dans la lecture de ce genre et là où certains peuvent être déstabilisés par les noms de personnages ou de villes très "tirés par les cheveux" pour les français que nous sommes, je me rends compte que dorénavant je n'ai plus aucun soucis d'adaptation. C'est un gain de temps et un confort de lecture non négligeable (j'ai souvenir de mon tout premier roman suédois avec l'excellentissime "Les Hommes qui n'aimaient pas les femmes" de Stieg Larsson où il a fallut vraiment râmer pour se souvenir de tous ces noms aux consonances inhabituelles).
Etant une grande fan de thrillers et polars en tout genre et commençant à être "rodée" sur ceux venus du nord, je suis de plus en plus exigeante sur mes lectures de ce genre. Les sirènes des plans comm' mettant en avant le fait même que le roman en question est nordique ne marchent que moyennement sur moi et quand je me fais avoir, je peux être très en colère (cf "Morte la bête" de Lotte et Soren Hammer). Bon j'arrête de tourner autour du pot et donne mon avis sur "Nid de guêpes"!
J'ai aimé ce roman sans pour autant le trouver inoubliable. De facture classique, je l'ai trouvé plaisant mais je n'ai pas trouvé la patte de l'auteur, le petit quelque chose en plus qui fait d'un thriller banal, un roman qui tue! Le crime qui ouvre l'oeuvre de Wolf est comme il faut: gore, sans excès mais qui imprime bien dans le cerveau du lecteur la folie du meurtrier (attention aux âmes sensibles tout de même, je précise une fois encore que ce n'est pas "ma première scène de crime" (et certains la trouveront affreuse (alors je préfère préciser (et j'arrête les parenthèses)))). Le début était prometteur... On rentre tout de suite dans le vif du sujet!
Le commissaire Trokic est de ces flics qui font fureur dans les romans policiers... Un être solitaire cachant une blessure... Oui, c'est pas mal, ça permet au lecteur de s'attacher au personnage... Il est d'ailleurs plutôt bien construit et sa psychologie est intéressante mais alors mince quoi suis-je la seule à en avoir marre de ce cliché que l'on retrouve dans pratiquement tous les thrillers? Ah c'est sûr qu'un flic clown, heureux de vivre et qui lance des blagues toutes les deux secondes c'est moins charismatique mais c'est aussi nettement plus rare. Coup de gueule qui n'est pas spécialement dirigé vers "Nid de guêpes" mais vers la plupart des romans de ce genre aujourd'hui en librairie. Mesdames et messieurs les auteurs, s'il vous plait, arrêtez de nous dépeindre toujours les mêmes flics! C'est lassant à force...
Un chapitre sur deux, on laisse de côté le comissaire Trokic et l'enquête pour se retrouver à côté du meurtrier. Bien qu'ayant deviné la fin du roman très rapidement (et oui, l'habitude du thriller, tout ça...), j'aime ce genre de construction qui nous permet d'être au plus près du mal, de pouvoir l'appréhender, d'essayer de le comprendre. Si l'on met de côté les faits et la morale qui s'y rattache, il y a toujours une explication aux actes. Ici, sans trop en dévoiler, l'explication et la façon dont elle est amenée tient le lecteur en haleine et est assez efficace.
Ainsi "Nid de guêpes" se lit en moins de temps que l'on a le temps de dire "ouf!", l'écriture est fluide et le rythme est au rendez-vous. Les chapitres sont courts et les pages se tournent facilement. Inger Wolf signe là un bon thriller donc mais pas non plus LE thriller de l'année. Rassurez-vous, je parais bougonne sur ce coup mais je n'ai pas boudé mon plaisir pour autant. A découvrir, en particulier si vous n'êtes pas un habitué du genre pour en apprécier toutes les ficelles sans impression de déjà-vu.
"Morte la bête" de Lotte et Soren Hammer
L'histoire: Le jour de la rentrée, deux enfants découvrent un spectacle cauchemardesque dans le gymnase de leur école: cinq corps d’hommes ont été mutilés à la tronçonneuse avant d’être pendus au plafond. L’inspecteur en chef Simonsen prend la direction de l’enquête. L'identification des corps est compliquée par leur état, mais l'ablation systématique des parties génitales ressemble à une signature.
Dès les premiers interrogatoires, l’étrange concierge de l’école tient des propos contradictoires et délibérément provocateurs. Dans le même temps, un riche entrepreneur victime d’abus sexuels dans sa jeunesse lance une vaste campagne de communication pour dénoncer le laxisme de la justice danoise vis-à-vis des pédophiles. L’opinion publique s’empare du débat, menaçant de parasiter l’enquête. Le concierge, de son côté, échappe à la surveillance de la police...
La critique Nelfesque: Voici un roman que j'avais fortement envie de découvrir à sa sortie chez Actes Noirs. C'est en format poche que j'ai découvert "Morte la bête" après l'avoir longtemps fantasmé... Et là est peut être le problème...
A la lecture de la 4ème de couverture, j'étais complètement emballée! Une histoire sombre, un sujet fort, une ambiance glauque... C'était pour moi! Très vite, je n'ai pas accroché à l'écriture de Lotte et Soren Hammer et là a commencé un long chemin d'ennui... Pourtant j'aurai tellement aimé adorer ce roman.
L'écriture, disais-je, ou peut-être la traduction d'Andreas Saint-Bonnet (je ne pourrais jamais vérifier, je ne comprends pas le danois) est lourde. Les tournures de phrases sont scolaires (sujet, verbe, complément, sujet, verbe, complément, sujet, verbe, complément...) et le lecteur s'embourbe lentement mais sûrement dans une plume de 3,5 tonnes. Mon engouement de départ pour cette oeuvre s'est retrouvé véritablement entaché par ces choix syntaxiques.
La trame de fond est pourtant intéressante et le sujet principal épineux. En traitant de la pédophilie, j'imaginais un roman complexe, faisant la part belle à la psychologie des personnages. Un roman qui prend aux tripes... Et bien non, je dois le dire, "Morte la bête" a failli devenir "Morte la lectrice" et s'est révélé être d'un ennui mortel (on reste dans le thème) en tombant dans les pires clichés...
Les 5 personnes retrouvées pendues dans un gymnase d'école au début du roman s'avèrent être des pédophiles (rassurez vous, je ne fais pas de spoilers, on l'apprend assez vite). Les flics enquêtent, les journaux s'emballent et tout à chacun, citoyen de la ville de Copenhague, y va de son opinion et de ses réflexions fascisantes. Ces dernières sont nourries par l'action d'un homme, ancienne victime d'abus sexuels, qui suite à ce fait divers part en guerre contre la pédophilie et se pose en justicier nauséabond. Sans rentrer ici dans des considérations sur le pardon et la peine de mort, cet aspect ci du roman m'a agacée au plus haut point. Comment peut-on écrire plus de 500 pages (oui quand même!) avec de tels propos! Symptomatique de notre époque peut-être, révélateur d'un malaise profond sûrement mais je n'aime pas m'énerver en lisant un roman. Ici, j'ai fait des bonds et sans vouloir minimiser le vécu de ce personnage, je lui aurais bien volontier distribué 2 ou 3 baffes dans la tronche ("2ème effet Kisscool")!
La fin quant à elle est à l'image du reste... Décevante... Comme à d'autres moments dans l'histoire, les choses se mélangent, c'est brouillon et il n'y a pas de réel cause à effet. J'ai lu de bonnes critiques de ce roman et je me demande si nous avons lu le même livre. En attendant, vous l'aurez compris, en ce qui me concerne, je vous dirai de passer votre tour.
"Le Tailleur de pierre" de Camilla Läckberg
L'histoire: "La dernière nasse était particulièrement lourde et il cala son pied sur le plat-bord pour la dégager sans se déséquilibrer. Lentement il la sentit céder et il espérait ne pas l'avoir esquintée. Il jeta un coup d'oeil par-dessus bord mais ce qu'il vit n'était pas le casier. C'était une main blanche qui fendit la surface agitée de l'eau et sembla montrer le ciel l'espace d'un instant.
Son premier réflexe fut de lâcher la corde et de laisser cette chose disparaître dans les profondeurs..."
Un pêcheur de Fjällbacka trouve une petite fille noyée. Bientôt, on constate que Sara, sept ans, a de l'eau douce savonneuse dans les poumons. Quelqu'un l'a donc tuée avant de la jeter à la mer. Mais qui peut vouloir du mal à une petite fille?
Alors qu'Erica vient de mettre leur bébé au monde et qu'il est bouleversé d'être papa, Patrik Hedström mène l'enquête sur cette horrible affaire. Car sous les apparences tranquilles, Fjällbacka dissimule de sordides relations humaines - querelles de voisinage, conflits familiaux, pratiques pédophiles - dont les origines peuvent remonter jusqu'aux années 1920. Quant aux coupables, ils pourraient même avoir quitté la ville depuis longtemps. Mais lui vouer une haine éternelle.
La critique Nelfesque: Me voici plongée dans la lecture d'une nouvelle aventure d'Erica Falck et Patrik Hedström, avec ce troisième tome de Camilla Läckberg qui m'a été offert pour mon anniversaire par mes beaux-parents (ne me souhaitez pas "bon anniversaire", je suis affreusement en retard pour la mise en ligne de ce billet!).
J'aime cet auteur, j'aime la littérature qui vient du froid, j'aime l'ambiance qui se dégage de ces romans et l'attachement que l'on peut éprouver pour les personnages de cette saga. C'est donc presque conquise d'avance que j'ai entamé la lecture de ce "Tailleur de pierre".
Dans ce présent volume, Erica Falck vient d'accoucher. De grands bouleversements dans sa vie, un baby blues pointant le bout de son nez, elle est beaucoup plus en retrait dans l'enquête. Pour les fans de ce personnage, la déception peut poindre mais elle ne sera pas en reste pour autant et tiendra un rôle important dans la trame de l'histoire. Elle est encore bien présente, n'ayez pas d'inquiétude! C'est par là même, l'occasion de découvrir plus en profondeur le personnage de Patrik Hedström. Dans "Le Tailleur de pierre", c'est lui qui mène la barque.
Le roman démarre sur les chapeaux de roue avec la découverte d'un corps qui n'est autre que celui de la fille d'une amie proche d'Erica. Qui peut bien vouloir la mort d'un enfant? Quels secrets pèsent sur cette famille? Que vient faire l'histoire de ce tailleur de pierre surgissant du passé et qui vient égrainer le récit? Autant de questions qui hantent le lecteur avec comme trame de fond la condition féminine, les ambitions et la maternité. L'histoire se déroulant dans les années 20 est vraiment digne des plus grandes saga familiales et montre comment l'éducation façonne toute une vie. Les personnages sont forts, orgueilleux et rancuniers.
D'autres thèmes sont présents dans ce roman. Celui de la jalousie et des querelles de voisinage principalement, laissant entrevoir quelques pistes pour la fin du roman mais baladant plus le lecteur qu'autre chose... Le syndrôme d'Asperger, sorte d'autisme, est également mis en avant. Pour beaucoup de lecteurs ce sera l'occasion d'une découverte de cette maladie peu connue du grand public. Avec son personnage atteint de ce syndrôme, Camilla Läckberg évoque le poids du regard sur les gens "différents" et les à priori liés à cette maladie.
Vous l'aurez compris, ce Läckberg ratisse large! Pour moi, c'est pour l'instant le meilleur de la saga. Le lecteur connait maintenant bien les personnages, prend plaisir à les retrouver et à faire la connaissance de nouveaux qui ne sont pas en reste question drames familiaux et destins torturés... Pour couronner le tout, l'enquête est vraiment prenante. Une lecture que je conseille bien évidemment!
A lire également:
- "La Princesse des glaces"
- "Le Prédicateur"
"Le Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire" de Jonas Jonasson
L'histoire : Alors que tous dans la maison de retraite s'apprêtent à célébrer dignement son centième anniversaire, Allan Karlsson, qui déteste ce genre de pince-fesses, décide de fuguer. Chaussé de ses plus belles charentaises, il saute par la fenêtre de sa chambre et prend ses jambes à son cou. Débutent alors une improbable cavale à travers la Suède et un voyage décoiffant au coeur de l'histoire du XXème siècle. Car méfiez-vous des apparences! Derrière ce frêle vieillard en pantoufles se cache un artificier de génie qui a eu la bonne idée de naître au début d'un siècle sanguinaire. Grâce à son talent pour les explosifs, et avec quelques coups de pouce du destin, Allan Karlsson, individu lambda, apolitique et inculte, s'est ainsi retrouvé mêlé à presque cent ans d'évènements majeurs aux côtés des grands de ce monde, de Franco à Staline en passant par Truman et Mao...
La critique Nelfesque : Un ami a eu la bonne idée de me prêter ce roman. Je l'avais déjà remarqué à sa sortie et j'avais fortement envie de le lire, inutile de préciser que je ne me suis pas faites prier pour repartir avec ce livre sous le bras !
J'ai vraiment accroché à ce roman très drôle et atypique. Avec beaucoup d'humour et une bonne dose de grand n'importe quoi, Jonas Jonasson nous emmène avec lui dans un road movie de folie pure qui fait du bien! "Le Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire" est très différent de tout ce que j'ai pu lire jusqu'à présent en littérature suédoise avec Stieg Larsson, Camilla Läckberg ou encore John Ajvide Lindqvist.
Ici tout est déjanté, le personnage principal, Allan Karlsson, a "un cul monstre" ! Partout où il passe les choses tournent à son avantage. Candide et opportuniste, il ne voit le mal nul part et peut, pour un temps, sceller des alliances avec toutes sortes d'hommes politique. Ceci lui apportera certains ennuis mais lui ouvrira également de nombreuses portes.
Arrivé à ses 100 ans, Allan a eu une vie bien remplie, bien loin de celles qu'ont pu vivre les autres papis résidants de sa maison de retraite. Il est tout à fait logique donc qu'il décide une nouvelle fois de se faire la malle! L'occasion est alors trop belle de nous conter ses expériences passées et c'est ainsi que Jona Jonasson balaye une décennie d'Histoire contemporaine avec humour et loufoquerie! Le lecteur alterne un chapitre sur deux entre le présent d'Allan avec sa fugue et son passé loin des sentiers battus. C'est qu'il en a vu des choses Allan! Toujours au coeur de l'action, il était là pour la guerre civile en Espagne du temps de Franco, pour la révolution chinoise avec Mao, pour mai 68 en France mais il a aussi travaillé avec l'Amérique dans les recherches sur la bombe atomique et connu le conflit entre la Corée du Nord et la Corée du Sud... De quoi voir ses leçons d'histoire autrement...
On rit avec ce roman au titre improbable comme seuls les suédois savent le faire, on se prend de tendresse pour Allan et on s'amuse avec l'Histoire. Un roman que je conseille vivement à ceux qui aiment la politique et à ceux qui aiment rire tout simplement. Un vrai régal !
La critique de Mr K (edit du 02/07/15) : Cela fait un petit bout de temps que je voulais lire ce livre que Nelfe avait beaucoup aimé lors de sa lecture. Depuis, un film a été réalisé et nous devions aller le voir au cinéma. Finalement ça ne s'est pas fait en grande partie à cause de moi qui voulait découvrir cette histoire à priori délirante version papier avant d'en voir l'adaptation cinématographique. Une fois commencé, il ne m'a pas fallu longtemps pour terminer cet ouvrage qui s'est révélé addictif, distrayant et fort bien ficelé.
Alan va avoir 100 ans et après une vie plus que bien remplie, il n'a certainement pas envie de fêter son anniversaire avec sœur Alice aussi décrépite que désagréable et le gotha de la ville de Malmköping où se trouve sa maison de retraite. Il passe par la fenêtre et décide de partir à l'aventure en quête d'un coup à boire et pourquoi pas de compagnie. Il se fera très vite des amis et sans vraiment le savoir va mettre en branle toute la machine policière et judiciaire. En parallèle, certains chapitres nous raconte sa vie qui fut fort tumultueuse et la témoin incroyable du déroulement du temps lors du XXème siècle. L'histoire intime côtoie alors la Grande histoire pour le plus grand bonheur du lecteur.
Belle claque que ce roman qui va à cent à l'heure, pas mal pour un héros centenaire qui accuse son âge et au parcours hors du commun. Dans les parties qui se déroulent à notre époque (2005 pour être plus exact), il se dégage une belle humanité des rencontres successives que fait le vieillard avec un voyou au grand cœur, un vendeur ambulant au cursus plus qu'inouï, une rousse incendiaire au caractère bien trempé, une éléphante en mal d'affection, un policier investi mais qui cherche à changer de voie, des gangsters d'une grande stupidité et une myriade de personnages secondaires plus réussis les uns que les autres (l'auteur prend notamment un malin plaisir à bien nous expliquer le parcours de chacun pour mieux les zigouiller quelques lignes plus tard). La partie road movie est très bien rendue entre voyage, pause boisson et discussion sur la vie et son sens. On rit beaucoup notamment grâce aux traits d'esprits purement suédois qui s'égrènent au fil des pages entre absurde, non sens et humour noir implacable. J'adore! On rit beaucoup sans pour autant sacrifier au sérieux de la situation et aux rebondissements nombreux et parfois cocasses.
Il faut dire que cette escapade tardive d'Allan n'est rien comparé à sa vie. Orphelin très jeune, spécialiste en dynamite, au fil de ses pérégrinations il va rencontrer les plus grands de ce monde avec en vrac des rapports amicaux avec le président Hoover, le sauvetage de la quatrième femme de Mao, un désaccord fatal avec Staline, un séjour en Corée du nord, un dîner en compagnie de De Gaulle et de Lyndon Johnson... Chaque apparition d'Allan a de grandes conséquences sur l'évolution du monde et un grain de folie vient émailler des situations pas forcément confortables: le passage au goulag est un modèle du genre avec le frère jumeau d'Einstein qui n'a aucun sens de l'orientation et qui par sa tare va réussir une évasion spectaculaire. On se demande à chaque fois ce qu'il va pouvoir se passer et c'est étonnant et rafraîchissant de rencontrer de grands noms de l'histoire qui pour une fois ne s'expriment pas par discours mais comme tout à chacun, ce roman rentrant dans leur intimité.
On passe donc un excellent moment grâce à un rythme soutenu, une lecture aisée et immersive au possible, de l'Histoire, des aventures rocambolesques et un esprit vraiment différent de ce que j'ai l'habitude de lire. Un livre à lire de toute urgence si ce n'est déjà fait!
"Le Prédicateur" de Camilla Läckberg
L'histoire: Dans les rochers proches de Fjällbacka, le petit port touristique suédois dont il était question dans "La Princesse des glaces", on découvre le cadavre d’une femme. L’affaire se complique quand apparaissent, plus profond au même endroit, deux squelettes de femmes...
L’inspecteur Patrik Hedström est chargé de l’enquête en cette période estivale où l’incident pourrait faire fuir les touristes et qui, canicule oblige, rend difficiles les dernières semaines de grossesse d’Erica Falck, sa compagne.
Lentement, le tableau se précise : les squelettes sont certainement ceux de deux jeunes femmes disparues vingt-quatre ans plus tôt. Revient ainsi en lumière la famille Hult, dont le patriarche, Ephraïm, magnétisait les foules accompagné de ses deux petits garçons, Gabriel et Johannes, dotés de pouvoirs de guérisseurs. Depuis cette époque et un étrange suicide, la famille est divisée en deux branches qui se haïssent.
Alors que Patrick assemble les morceaux du puzzle, on apprend que Jenny, une adolescente en vacances dans un camping, a disparu. La liste s’allonge...
La critique Nelfesque: Je me suis lancée dans la lecture de la bibliographie de Camilla Läckberg il y a peu. Comme elle a mis les mêmes personnages, Erica Falck et Patrick Hedström, au coeur de tous ses romans, j'ai commencé par le début avec "La Princesse des glaces" qui m'avait plu mais sans être transcendant pour autant... Je suis tétue et je me mets à son second "tome" "Le Prédicateur".
Bonne surprise! Au niveau de l'intrigue, j'ai trouvé ce roman ci bien plus intéressant que le précédent. On retrouve les personnages dont on a fait connaissance dans "La Princesse des glaces" mais cette fois ci, Patrick est bien plus présent. Erica, en pleine grossesse,se repose gentiment à la maison (ou du moins essaie, vu tous les squatteurs tentés par un été à la mer...) tandis que Patrick doit déméler les fils d'une histoire sordide où histoires de famille et croyance sont étroitement liées.
L'enquête est bien menée. On retrouve ici la lenteur propre à l'écriture nordique qui progressivement crée un climat singulier entre sensations du quotidien et ambiance cotonneuse dans laquelle le lecteur s'enfonce peu à peu. C'est très particulier et tout le monde n'adhère pas (Mr K est encore sous le choc du Mankell et son "Guerrier solitaire" ^^) mais moi j'aime beaucoup! L'histoire ici est vraiment prenante, l'enquête policière passionnante et les personnages savoureux: deux branches d'une même famille que tout oppose, les cas sociaux face aux bourgeois avec une histoire à la "Roméo et Juliette" contemporaine à la clé. Patrick est quant à lui au centre de cet opus et ça n'est pas pour me déplaire! Certains de ses collègues prennent de l'épaisseur et tout cela ne donne qu'une envie: lire la suite.
Un tome bien meilleur que le premier à mon sens. Ce dernier étant un bon "pilote" mais ne présentant pas une histoire palpitante. Les histoires personnelles d'Erica et Patrick, ainsi que de leurs familles, sont toujours présentes et pour ceux qui n'ont pas aimé cet aspect dans le premier, ça n'ira pas en s'arrangeant avec l'arrivée du bébé... Pour tout ceux qui comme moi apprécient l'ensemble, espérons que cette tendance au crescendo se vérifiera dans les tomes suivants.