"Sauve-toi Elie !" d'Elisabeth Brami et Bernard Jeunet
L’histoire : En échange d’une enveloppe, Élie est confié par ses parents à monsieur et madame François. Là-bas, à la ferme, tout est différent. Personne ne l’embrasse le soir en le couchant, la couverture pique, et surtout, Élie doit retenir une drôle de leçon : "À partir de maintenant tu t’appelles Émile, et monsieur et madame François seront ton oncle et ta tante".
La critique de Mr K : Lecture express et intense que Sauve-toi Elie ! d’Elisabeth Brami et Bernard Jeunet, un livre illustré à mettre entre les mains de tous et qui conjugue textes et images poétiques au service du souvenir. Un ouvrage brillant.
Tout débute par le départ précipité de la maison, la famille prend le train pour la province, les parents annoncent à Elie qu’il faut le cacher à la campagne. Une fois arrivés à la ferme, après un échange bref et la remise d’une enveloppe, les parents repartent en laissant leur fils seul avec ces inconnus qui vont jouer les oncles et tantes de substitution. Il devient Emile, un jeune garçon comme les autres ou presque. Il doit nier son identité juive.
Cet ouvrage court propose donc un récit à la première personne, le regard que porte un enfant sur l’Histoire, les événements qui égrainent cette période sombre. Les affres de la séparation avec le fol espoir d’un jour revoir ses parents le porte malgré son incompréhension face à cet état de fait. Les débuts sont difficiles avec cette famille d’accueil plutôt froide avec lui, un maître d’école dur et un manque d’amis qui se verra par la suite comblé avec une belle rencontre (éphémère malheureusement). Il est confronté à la méchanceté, l’antisémitisme de certaines personnes mais aussi parfois à des élans de solidarité. Les personnages qui gravitent autour de lui sont finalement une belle représentation de la France de l’époque partagée entre collabos, résistants et personnes qui ne prennent pas vraiment position.
Les illustrations sont tout bonnement magnifiques avec la technique employée ici du papier sculpté. Ce côté artisanal rend bien compte de la teneur de l'ouvrage, un côté intimiste et poétique qui porte un message universel d’une profondeur touchante. L’adéquation est totale entre la forme et le fond, les pages se tournent toutes seules et même si on finit cette lecture le cœur gros, on a conscience d’avoir fait une expérience essentielle et porteuse de sens notamment pour les plus jeunes. À lire et à faire découvrir absolument.
"Islande" de Feifei Cui Paoluzzo et Thierry Stegmüller
Le contenu : Je suis arrivée par hasard ; Je m'y perds, je m'y retrouve ; Mais j'y reviens toujours ; Cette envie puissante de conserver ces moments magiques. Je les ai capturés avec mon objectif ; Pour vous, pour moi. Feifei Cui.
Islande. Ce mot est déjà une aventure en soi. Alors, lorsque ce mot est de surcroît mis en lumière par le regard pointu et sensible de Feifei Cui Paoluzzo, on est emporté dans un périple inédit. En effet, dans ses images, la photographe transpose et transmue la matière organique insulaire en lumière étincelante.
En plongeant dans ses images, l'on devient non plus seulement spectateur, mais témoin du lieu. Celui-ci prend vie et raconte alors une histoire. Forcément une histoire constellée de geysers, de roches volcaniques, de pluies diluviennes sur des montagnes ocre. Pour peu, on devine en arrière-plan les esprits vikings, les trolls figés dans le temps et les elfes qui rôdent, prêts à vous accueillir dans des abris de fortune.
Les scories, fragments de lave rouges ou noirs, hérissées d'arêtes et de pointes offrent un spectacle de début originel d'avant humanité. Les coulées de lave pétrifiée, mortifère, semblent porter tout le malheur du monde et pourtant elles invitent à la contemplation. Éboulis et aurores se marient et confondent ciel et terre.
Bienvenue en Islande, terre de feu et de glace !
La critique de Mr K: Chronique atypique aujourd’hui puisqu'il s’agit d’un ouvrage documentaire, un recueil photographique sur l’Islande, un pays qui me fascine depuis toujours et une destination rêvée qu’il faudra bien que je découvre un jour. Islande est donc un beau livre compilant des photos de la photographe Feifei Cui Paoluzzo avec en ajout des textes fort inspirés de Thierry Stegmüller. Le dépaysement est assuré. Quel bel objet que ce recueil qui se feuillette avec un plaisir renouvelé ! Moi le fan le Björk et Sigur Ros, je me suis retrouvé plongé dans ce pays de contraste d’une beauté éternelle, pure et puissante à la fois.
Les paysages défilent, décollent les mirettes et proposent un voyage instantané. Certes, c’est sans doute bien en deçà des impressions qu’on peut avoir en allant sur place mais cela donne tout de même un bel aperçu. Volcans, fjords, glaciers, rivières, végétations rases, faunes locales (phoques, macareux, chevaux sauvages, baleines à bosse), couleurs changeantes, temps chargé mais révélant des scènes absolument dantesques parfois, l’expérience est terrible. Terre préservée (pour le moment), peuplée de 330 000 islandais, on se plaît à s’imaginer perdu au milieu de nulle part, respirant un air pur et quêtant la présence des elfes auxquels croient plus de 50% des islandais.
On alterne aussi avec des clichés mettant en avant l’adaptation de l’homme à son milieu avec de très beaux clichés sur la côte, la pêche, les phares mais aussi les maisons, églises diverses, véhicules et les habitudes islandaises bien ancrées comme les spa en plein air, des scènes de la vie quotidienne d’enfants jouant ou encore de troupeaux d’ovins en quasi liberté. Les clichés sont superbes, le travail remarquable et là aussi on reste scotché face à ce que l’on voit.
Organisé autour des quatre points cardinaux et du centre du pays, Thierry Stegmüller plaque quelques textes où il parle du travail de la photographe, revient sur ses propres impressions sur l’Islande (un pays qu’il a parcouru à de multiples reprises), donne des conseils de voyage, nous en apprend plus sur les Islandais et leur île. Ces textes sont très bien écrits, volontiers poétiques par moment et totalement pétris d’admiration et d'amour pour l’Islande. Cela ne fait que renforcer mon attirance, mon envie de découvrir à mon tour cette terre sauvage où l’homme n’utilise que ce qu’il a besoin et semble éloigné des troubles / vices que nous pouvons connaître dans nos régions. À noter, le très joli poème en vers libres de Feifei Cui paoluzzo en introduction qui donne le ton et capte d’entrée le lecteur.
Difficile d’en dire plus, cet ouvrage est magnifique et comblera les amoureux de l’Islande, ouvrant une fenêtre sur une terre indomptée et séduisante. Les reproductions photographiques sont de toute beauté et on se laisse emporter sans s’en rendre compte. Un ouvrage que je vous conseille énormément et dans lequel je me replongerai régulièrement pour prendre ma dose de merveilles et de zénitude. Ça fait du bien par les temps qui courent !
"Famille nomade à vélo" de Céline et Xavier Pasche
Le contenu : Jamais ils n'auraient imaginé que leur périple à vélo deviendrait leur nouveau mode de vie et qu'ils accueilleraient leurs enfants le long du chemin. Céline et Xavier sont des nomades à vélo, sur les routes du monde depuis 10 ans. Ils explorent avec leurs filles, Nayla et Fibie, les somptuosités des recoins sauvages de la planète, ils plongent dans des cultures aussi variées qu'intrigantes. Plus qu'une vie d'aventure, ils semblent appelés par les lieux, guidés par le mystère. Chaque jour, ils ouvrent la toile de leur tente pour un nouveau commencement et plongent dans l'inconnu à l'écoute de leurs intuitions et portés par leur indéfectible confiance en la vie. De magnifiques photographies illustrent ce récit qui nous emmènent à travers le désert de Gobi, le Grand Nord canadien et ses aurores boréales, les hauts cols du Tadjikistan ou encore, la densité humaine du Bangladesh et les spécialités culinaires de la chine.
La critique Nelfesque : J'ai toujours admiré les aventuriers, ceux qui sont capables de traverser des mers, de parcourir des kilomètres à vélo, à pied, qui se lancent vers l'inconnu, bravant leur peur et les éléments. Tout cela ne se fait pas sans préparation mais le lâcher-prise est indispensable ensuite pour appréhender les obstacles, vivre les expériences pleinement et vivre tout simplement l'instant. J'ai toujours admiré et envié cet état d'esprit. Parce que j'aimerais tant en être capable et vivre ce genre d'aventures. Nous l'avons fait à plus petite échelle lors de vacances, notamment en Thaïlande, où nous étions partis en sac à dos et avions avalé les kilomètres et les expériences pendant 4 semaines inoubliables. Le reste du temps, je me contente de vivre par procuration ces aventures en suivant des gens comme Matthieu Tordeur depuis le tout début de son parcours, ou en lisant des bouquins tels que "Dans les forêts de Sibérie" de Sylvain Tesson, qui m'a littéralement percuté.
C'est ainsi que j'ai découvert Céline et Xavier Pasche, un couple suisse qui a décidé de partir sur les routes et explorer le monde à vélo depuis 2010. Une aventure qui s'est tout d'abord conjuguée à 2 et au fil des kilomètres, à 3, puis à 4. Céline a vécu plusieurs grossesses à l'étranger, encore sur sa selle de vélo à 7 mois, donnant naissance à ses enfants loin de chez elle et abordant la maternité avec des repères tout à fait différents de ceux que l'on peut avoir chez nous. Tous les deux, ils élèvent leurs filles au grand air, à l'école de la vie, des saisons, des éléments, du contact humain avec d'autres cultures, d'autres horizons. Une approche tellement belle et tellement sereine qu'elle donnerait envie de tout plaquer. Céline et Xavier ont une philosophie de vie bien éloignée du monde de la consommation, du capitalisme et de la performance. Les kilomètres, ils les font non pas pour battre un record ou briller en société mais par amour pour la beauté du monde, par amour pour la vie et pour tout ce que la Terre offre à qui la respecte.
Nous suivons ainsi la famille Pasche à travers le monde. 78.000km à vélo et 10 ans de voyage nous sont ainsi livrés dans un très beau livre de 262 pages où Céline nous partage ses pensées et Xavier ses clichés. Ne vous attendez pas ici à avoir entre les mains le parfait manuel de la vie de famille en mode nomade, les points logistiques sont assez rares et seulement effleurés. La famille s'attache plus à partager des pensées, des sensations, une certaine spiritualité. Le cœur est leur moteur et la vie, le carburant qui les fait avancer.
Ainsi ils vont traverser des déserts, gravir des cols, pédaler par des températures extrêmes, se nourrir de la nature, épancher leur soif de vie et transformer chaque expérience en signes du destin. Un mode de vie apaisé, un mélange de stoïcisme et de carpe diem. Leur parcours est inspirant, même sans traverser les mers et monter sur un vélo. Nous pouvons ouvrir les yeux sur ce qui nous entoure et nous en contenter, nous en nourrir et avancer avec l'énergie du monde. Ce recueil illustré est un bon coup de pied aux fesses qui nous amène doucement mais sûrement vers une certaine sérénité. En ce moment, on en a tous bien besoin...
Au fil des pages, les paysages et les pays défilent. Entre les différentes destinations, des petites capsules tantôt philosophiques ou de sagesse, tantôt plus organisationnelles, balisent notre lecture. "Famille nomade à vélo" est un ouvrage positif et doux. Je regrette qu'il n'y ait pas plus de détails sur la vie de tous les jours, sur les épreuves rencontrées, sur les accouchements de Céline par exemple mais ce n'est pas la direction qu'ils voulaient donner à leur ouvrage et c'est aussi très bien comme cela. Nous imaginons aisément que tout n'est pas toujours rose...
Je retiendrai particulièrement ce passage qui fait tant écho en moi et que j'ai envie de partager avec vous pour terminer ce post :
"A chaque instant, nous choisissons de nous relier à la liberté, celle des espaces sauvages, celle des possibilités infinies, et surtout celle qui provient de la paix intérieure et de l'ouverture de conscience. Nous souhaitons alors offrir cet espace de liberté à nos filles. Nous sentons que nous n'avons pas à éduquer Nayla et Fibie, parce qu'elles ont déjà tout en elles. Nous les accompagnons et ensemble nous cheminons dans la vie. Nous les encourageons à être à l'écoute de leurs intuitions pour qu'elles révèlent et laissent rayonner leur vérité intérieure. Ainsi tour à tour, elles deviennent nos guides et nous leur enseignons qui nous sommes."
N'est-ce pas cela tout simplement être une famille ? Que l'on soit sur les routes ou au creux de notre nid...
"Les contes macabres" d'Edgar Allan Poe illustrés par Benjamin Lacombe
Le contenu : Quelque chose de profond et de miroitant comme le rêve, de mystérieux et de parfait comme le cristal ! Un vaste génie, profond comme le ciel et l'enfer !
Charles Baudelaire à propos de l'œuvre de Poe.
La critique de Mr K : Quel bel ouvrage et quelle lecture à laquelle je vous convie aujourd’hui ! Benjamin Lacombe est un dessinateur / illustrateur que Nelfe affectionne beaucoup, je lui ai offert par le passé le diptyque d’Alice de Lewis Carroll et les deux volumes de Notre Dame de Paris de Victor Hugo. Magnifiquement illustrés, bien reliés, voila des livres qui relèvent quasiment de l’œuvre d’art. C’était donc à mon tour de me frotter à la bête avec Les contes macabres d’Edgar Allan Poe, un auteur culte à mes yeux et qui m’a procuré mes premiers frissons de jeune lecteur. J’ai dévoré cette remise au goût du jour aussi sombre dans le contenu que belle par son esthétique.
Huit nouvelles du maître sont réunies dans ce volume (il existe un deuxième volet): Bérénice, Le Chat noir, L’Île de la fée, Le Cœur révélateur, La Chute de la maison Usher, Le Portrait ovale, Morella et Ligeia. L’excellente idée fut de rajouter en fin de tome l’article de Charles Baudelaire Edgar Poe, sa vie, son œuvre (rappelons que le poète a été le premier traducteur officiel de Poe avec Mallarmé, excusez du peu !) Enfin, on retrouve des notes et notices, biographies et bibliographies sur les différents auteurs avec un luxe de détails tout à l’honneur de cette édition.
Quel délice que de redécouvrir des textes qui m’ont tant séduit par le passé et ont forgé mon esprit de lecteur. Certaines histoires sont restées bien fraîches dans mon esprit comme Le Chat noir, La Chute de la maison Usher ou encore Bérénice, d’autres se sont avérées être des textes que je n’avais jamais lu. Quelle claque à chaque fois !
La mort encore et toujours hante ces pages. Obsessions, maladie mentale et esprits en perdition, figures féminines livides, souffreteuses et maladives, meurtres pulsionnels, perte de repères et de la réalité, la culpabilité qui vous ronge et la folie galopante... Un désespoir profond transpire de ces pages, une mélancolie macabre et poisseuse où tout lecteur qui passe inopinément (ou non) par là se voit happer par l’ambiance crépusculaire distillée avec un savant dosage de poésie et de préciosité, signe reconnaissable entre tous de l'écriture si particulière d'Edgar Allan Poe. Le style provoque toujours autant la curiosité pour ne pas dire la fascination, nous plongeant dans des univers fantastiques où l’inconnu se révèle au dernier moment entre gouffres psychiques et hallucinations incontrôlées. Et dire que ces textes ont déjà plus d’un siècle et demi. Des auteurs comme cela, on n’en fait pas deux !
Le gros choc est venu surtout de l’article de Baudelaire reproduit dans son intégralité en fin d‘ouvrage. Il revient sur la vie tumultueuse d’Edgar Allan Poe, c’est d’ailleurs lui qui va contribuer à le faire connaître en France auprès du public. Il y a beaucoup de points communs entre ces deux figures, poètes maudits chacun à sa manière, à la recherche de l’inspiration dans les paradis artificiels avec une propension forte à l’alcoolisme chez Poe qui finira par succomber à une crise de Delirium Tremens. L’article est passionnant, complet, remarquablement écrit (le style en prose de Baudelaire convient parfaitement à l’entreprise) et très éclairant.
Pour accompagner ce voyage crépusculaire, Benjamin Lacombe nous tient la main de fort belle manière. Son style n’est plus à présenter, les illustrations rivalisent de beauté et de poésie. Quitte à verser dans le blasphème, j’ai trouvé certaines images un peu sages par rapport aux lignes qu’elles illustrent, le côté folie profonde, possession, les pulsions de mort et de meurtre ne sont pas forcément rendues de manière bien "mad". Certes l’ouvrage s’adresse à un public élargi mais parfois j’ai trouvé que l’on versait dans une certaine mièvrerie. C’est dommage car le talent est immense mais peut-être correspond-t-il plus aux ouvrage suscités auparavant (notamment l’univers de Lewis Carroll).
Je ne boude pourtant pas mon plaisir, on passe un merveilleux moment et quand on referme l’ouvrage, on n’a qu’une envie : retourner fureter dans l’œuvre de Poe et redécouvrir d’autres textes ainsi que ceux de Charles Baudelaire. Voici mes premières résolutions littéraires pour 2021.
"Le Vin naturellement" de Jane Anson
J'aime le vin, j'aime boire de bonnes bouteilles et partager des moments conviviaux autour d'un bon repas et du breuvage qui va avec. Cela fait déjà quelques années que je suis sensible à ce que je mets dans mon assiette mais aussi dans mon verre. Le vin tel que nos parents et nos grands-parents l'ont connu est devenu, comme beaucoup d'autres branches de l'agriculture, une machine à produire et un leurre pour le consommateur. Difficile de démêler le vrai du faux, slalomer entre les additifs présents dans les cuvées et décerner le goût "brut" du vin. Quand la chimie intervient dans mon verre, je m'en éloigne et me rapproche du vin bio ou naturel. Pour des raisons de santé mais aussi pour un retour à l'authenticité. C'est dans cette démarche que j'ai découvert "Le Vin naturellement" de Jane Anson.
Le contenu : Faire le choix de boire bio, c'est prendre le parti de la nature en opposition à l'industrialisation de la vigne et la pollution de la terre. Qu'ils soient biologiques, biodynamiques ou naturels, les 250 vins recensés dans ce livre sont produits dans le respect des terroirs et des saisons, les raisins sont soignés le plus manuellement possible et la vinification reçoit une attention particulière et individualisée.
Suivez Jane Anson, experte en oenologie reconnue, dans un tour du monde des vignobles et des caves à la rencontre des vignerons et des sommeliers pour mieux choisir ces vins que l'on apprécie de boire autant pour leur saveur recherchée que pour leur valeur écologique.
La critique Nelfesque : Je vous ai déjà exposé le pourquoi de cette lecture en préambule de cette chronique. Cependant, il est compliqué de se lancer dans cette quête de savoir et de retour aux sources sans un minimum d'information. Cela est parfois digne du parcours du combattant tant chaque vigneron et chaque château est, à l'écouter, le plus clean et irréprochable possible... Comme souvent, les mensonges par omission vont bon train. "Le Vin naturellement" est une bonne mise en bouche pour éclaircir le sujet, donner quelques bases, découvrir le travail de vrais amoureux du vin et noter quelques références.
Découpé en plusieurs parties, ce livre explique les récoltes, le travail des viticulteurs et vignerons et met en avant des producteurs engagés et consciencieux sous forme de reportages et présentations de quelques cuvées. Les pages réservées aux sommeliers sont passionnantes tant leur amour transparait (j'aime beaucoup le métier de sommelier, je le trouve fascinant). Un court chapitre expose les bases des accords mets et vins. Comment réfléchir à l'accord parfait, où se référer dans le livre pour le bon type de vin... C'est une invitation à la réflexion et à la poursuite de son apprentissage.
Chaque vin présenté est accompagné d'un pictogramme pour nous signifier visuellement très rapidement si il s'agit d'un vin biologique, en biodynamie, nature, orange (que je ne connaissais pas) ou le travail de récoltants peu interventionnistes. A chaque type de vin, son explication. Comment le vin biodynamique est-il produit ? Quels phénomènes naturels sont-ils pris en compte pour la mise en bouteille ? ... Jane Anson ne nous dit pas qu'une méthode est mieux que l'autre mais donne une place à chacune pour que le lecteur puisse faire son choix suivant ses goûts et convictions par la suite. J'ai trouvé cette démarche pédagogique très intéressante et beaucoup plus efficace qu'une culpabilisation ou mise en garde alarmiste.
Vient ensuite le tour de la présentation des vins par catégories selon si l'on souhaite découvrir un effervescent, un blanc sec, un blanc rond et dense, un rouge léger et structuré, un rouge charpenté et chaleureux, un moelleux ou un liquoreux. En présentant des vins du monde entier, Jane Anson nous fait voyager et donne envie de découvrir tous ces châteaux. Une belle part est réservée aux vins français et c'est l'occasion de noter quelques noms de domaines pour programmer de futures vacances dans leurs coins. Que les gens passionnés sont passionnants ! On a envie d'en savoir plus, de partager un moment avec l'un de ces vignerons et qu'il nous fasse partager son amour de la terre, des vignes, du respect du produit.
On termine notre lecture sur une glossaire qui nous permet de mieux comprendre certains termes techniques tels que "agents de collage", "bâtonnage", "botrytis" ou encore "macération pelliculaire". Le monde du vin peu paraître obscur mais si on met le nez dedans, on se rend compte que tout cela relève du bon sens et qu'il est important de faire confiance à des producteurs consciencieux qui fournissent un boulot de dingue et dont l'expérience est une vraie valeur ajoutée.
"Le Vin naturellement" est un excellent ouvrage de découverte du vin dans une démarche écologique et respectueuse de l'environnement. Sans nous assaillir de termes techniques et de méthodes complexes, Jane Anson nous explique les choses de façon très claire et simple. Une démarche qui ne culpabilise pas le consommateur mais lui ouvre les yeux en douceur et lui donne envie d'en apprendre encore d'avantage. Un livre tout doux, plein de bienveillance et de respect pour les amateurs de vin et ceux qui veulent le découvrir.
"Les Zinzins de l'Histoire" de Gavin's Clemente Ruiz, Thomas Pioli, illustrations de Wassim
Le contenu : L’histoire ne serait pas celle que nous connaissons aujourd’hui sans tous ces zinzins pour la rendre encore plus fascinante, sombre et mystérieuse.
De l’Antiquité jusqu’au XXe siècle, les 47 personnages de ce livre ont dévoilé leur grain de folie, leurs projets fantasques ou leur cruelle démence à leurs contemporains, et assouvissent aujourd’hui notre curiosité en nous révélant leurs plus sinistres bizarreries.
Entre l’inexplicable fugue d’Agatha Christie, les bains de sang de la cruelle et belle Élisabeth Bathory et l’idée farfelue de Vincenzo Peruggia de revendre la Joconde, aventurez-vous dans cette traversée des siècles en compagnie de tous ces hommes et ces femmes aussi déterminés et inquiétants qu’étranges et sanguinaires.
La critique de Mr K : Chronique d'une lecture bien sympathique aujourd'hui avec Les Zinzins de l'Histoire de Gavin's Clemente Ruiz avec la participation de Thomas Pioli et Wassim pour ses très belles illustrations qui enjolivent à merveille les portraits de personnages historiques complètement branques qui nous sont proposés ici. On passe un bon moment avec des figures déjà connues et quelques découvertes pas piquées des vers. L'étudiant en Histoire que j'ai été a apprécié le voyage !
47 personnages historiques peuplent donc les pages de ce volume entre folie, mégalomanie, étrangeté et originalité qui ne collaient pas forcément avec leur époque. Très variés, les portraits tour à tour étonnent et détonent. On va de l'admiration, à l'étonnement en passant par l'horreur pure. Devenu professeur d'Histoire, j'ai toujours à cœur de trouver des documents, ouvrages qui permettent d'aborder cette matière plutôt difficile de façon ludique mais néanmoins fidèle à la vérité historique. C'est chose faite avec cet ouvrage malin et richement illustré qui attire l’œil et qui se révèle difficile à lâcher une fois débuté.
Divisé en plusieurs parties regroupant entre elles des personnages ayant des points communs particuliers, on retrouve les farfelus et géniaux, les déterminés et tenaces, les étranges et inquiétants, les malades et fous, et enfin pour finir en beauté les sanguinaires et meurtriers. Chaque personnage se voit consacrer deux à quatre pages, le tout illustré de fort belle manière par Wassim. Les textes se concentrent sur les faits les plus importants de l'existence du personnage dans un style plutôt détendu et rafraîchissant qui tranche avec la traditionnelle biographie historique qui en a rebuté plus d'un par le passé. C'est typiquement le genre d'ouvrage qu'on peut proposer dans un CDI ou à un jeune qui souhaite découvrir l'Histoire sans trop se prendre la tête mais avec un souci de découverte et d'exactitude.
Je ne vais pas passer tous les personnages en revue, sachez qu'il y en a de plus marquants que d'autres avec pour ma part, une nette préférence pour les plus barbares et sanguinaires dont la fameuse comtesse Bathory adepte de bains de sang de vierges pour préserver sa beauté de jeune fille (il faut absolument que je mette la main sur le film que Julie Delpy lui a consacré d'ailleurs), Néron l'empereur fou, Charles VI complètement barré dans son genre ou encore, Gilles de Rais le bras droit de Jeanne d'Arc amateur de chair fraîche. Et puis, il y a les découvertes, notamment un certain nombre de personnages féminins intéressants et intrigants comme les sœurs Trung héroïnes vietnamiennes qui combattirent la Chine pour libérer leur pays, Boadicée la vengeresse celte qui tenta de libérer l'île de Bretagne (Royaume-uni aujourd'hui) du joug romain, Tomoe Gozen une femme samouraï au courage légendaire dans son pays ou encore l'impératrice Wu Zetian qui aimait regarder les supplices qu'elle imposait à ses contradicteurs.
Dans cet ouvrage, tous les continents et toutes les époques sont balayés par les auteurs pour nous proposer un tour du monde qui décoiffe et dépayse. Un petit bémol cependant, j'ai trouvé que certains personnages féminins ont été posés ici par pur volonté de parité. Elles n'ont à mon goût peu ou pas d’intérêt si ce n'est pour proposer le portrait de personnes à contre-courant mais pas pour autant essentiels dans l'Histoire de l'humanité. Pour ma part, j'aurais remplacé ces femmes remarquables certes mais pas incontournables par des Nefertiti, des Jeanne d'Arc, des Marie Curie des Simone Veil ou encore des Rosa Parks. Dommage, de parler de bourgeoises qui voyagent et explorent l'Afrique grâce à leur fric plutôt que de femmes ayant vraiment fait avancer la science ou la cause des femmes. Comme quoi, il y a encore du chemin à parcourir en la matière...
Ne boudons pas pour autant notre plaisir, on passe un bon moment et je recommande ce livre très beau et très pédagogique à tous les passionnés d'Histoire et même aux autres qui souhaitent s'y voir introduire sans chichi et dans un style décontracté.
Irrésistible Taschen...
Tous les jours, ou presque, je vais fureter sur le site de Vente Privée à la recherche de bonnes affaires. Cela fait des années que j'y suis inscrite et quand les ventes concernent des maisons d'édition ça peut s'avérer dangereux pour mon porte monnaie. En comparaison avec les prix de base, les affaires sont bonnes et ne pas craquer serait un sacrilège !
C'est ainsi que le mois dernier, j'ai remarqué la mise en ligne d'une vente Taschen. Avec Mr K, nous aimons beaucoup ces éditions qui pratiquent déjà des tarifs très corrects, si bien qu'avec les rabais pratiqués ici, nous n'avons pas hésité longtemps.
De mon côté, j'ai été sage. J'avais failli craquer sur "Jane & Serge : A family album" d'Andrew Birkin à sa sortie. Je suis passée devant 10 fois à la librairie et puis finalement j'ai toujours préféré repartir avec un roman. L'occasion s'est donc présentée ici et j'en suis ravie. J'en reparlerai tout bientôt car cet ouvrage, tout juste feuilleté pour l'instant (nous avons reçu le colis ce matin), a tout pour me plaire. En grande fan de la famille Gainsbourg que je suis, ce recueil photographique va trôner fièrement dans ma bibliothèque !
Quant à Mr K, il a craqué pour 3 ouvrages consacrés à des peintres ou des courants artistiques qu'il affectionne : "Surréalisme" de Cathrin Klingsöhr-Leroy, "Tout l'oeuvre peint de Bosch" de Walter Bosing et "Munch" d'Ulrich Bischoff. Faisant passer des oraux pour les épreuves d'Histoire des Arts à ses élèves chaque année, il trouvera ici d'autres idées de sujets à proposer à l'étude avec sa collègue d'Arts Appliqués.
Nous ne critiquons pas souvent (pour ne pas dire quasiment jamais) des beaux livres mais nous en avons beaucoup à la maison. Donner son avis sur ce type d'ouvrage n'est pas évident et peu pertinent parfois, aussi, vous n'en trouverez pas beaucoup dans les pages du Capharnaüm éclairé mais à l'avenir pourquoi pas vous en présenter quelques uns si ça vous intéresse.
En attendant, nous sommes ravis de nos achats !
"Créatures fantastiques et monstres au cinéma" de John Landis
Sujet: Le maître des films d'épouvante, John Landis, vous invite dans l'univers des vampires, des zombies, des loups-garous, des sorcières et bien d'autres monstres qui ont marqué le cinéma de ces 100 dernières années. Il révèle aussi les secrets des effets spéciaux légendaires et s'entretient avec les grands cinéastes et acteurs du film fantastique: John Carpenter, Christopher lee, David Cronenberg, Sam Raimi, Joe Dante, Guillermo Del Toro, Rick Baker et Ray Harryhausen.
La critique de Mr K: Pour ceux qui nous connaissent depuis un certain temps, vous savez que je suis un fervent adepte des films de genre. Abonné maintenant depuis un certain temps à la revue Mad Movies, je suis tombé dedans étant petit quand j'ai vu pour la première fois Les griffes de la nuit de Wes Craven. Depuis, j'ai fait ma route et elle est parsemée de films plus marquants les uns que les autres dans le genre fantastique-horreur vers lequel je retourne régulièrement. Shining, Ring, Dellamorte Dellamore, La Maison du Diable, The Thing, Legend, L'Antre de la folie, Le labyrinthe de Pan... autant de films que l'on peut retrouver à travers leurs monstres et autres créatures dans ce superbe livre que m'a offert Nelfe pour mon anniversaire.
Attention c'est du gros et du lourd à ranger dans la catégorie "beaux livres". En tout 317 pages peuplées de cauchemars, d'anecdotes, de références et d'interviews liés à la thématique développée. Le livre est divisé en chapitres correspondants à des types de monstres aussi divers et variés pour le plus grand plaisir de l'amateur que je suis. Ainsi vous retrouverez vampires, loups garous, savants fous, zombies et tous leurs amis dans une compilation dantesques de photos avec à chaque fois une petite pensée de l'auteur pour chacun. Autant il peut adorer, autant par moment John Landis taille dans le vif. Étant aussi amateur à mes heures perdues de nanars bien bis, j'ai pu ainsi découvrir des titres que j'essaierai de dénicher dans les mois à venir.
(La Mort version Del Toro dans Hellboy II)
J'ai aussi bien aimé les parties où il interview ses potes réalisateurs, acteurs et techniciens. Ainsi, il discute notamment avec Christopher Lee, Joe Dante (j'adore), John Carpenter et Sam Raimi. Cela donne lieu à des échanges directs et constructifs sur des sujets sérieux comme: qu'est-ce qu'un monstre? Que recherche-t-on quand on regarde un film d'horreur? On se surprend à rire en même temps qu'eux quand ils échangent anecdotes et blagues. Vu qu'en plus, je voue littéralement un culte aux ¾ des guests stars invitées dans ce livre, vous imaginez le plaisir que j'ai pu avoir à les lire et à pénétrer davantage dans leur esprit et ainsi frôler leurs aspirations artistiques.
(Gizmo, sans nul doute une de mes créatures préférées)
Là où le livre pèche un peu, c'est tout d'abord au niveau des introductions de chaque chapitre. John Landis n'est pas écrivain et cela se sent. Le style est plat et journalistique, sans réelle profondeur et j'ai retrouvé à chaque fois un côté inachevé dans la présentation de chaque créature. Comme si cela avait été bâclé ou laissé en chantier, c'est dommage car les créatures concernées valaient bien mieux que cela. Deuxième et dernier point négatif, il se dégage de cet ouvrage un côté copinage américano-américain qui m'a personnellement dérangé. Exemple: John Landis aborde la série des The Grudge sans jamais évoquer Ring version originale japonaise qui est cultissime dans son genre. Serait-ce parce que son pote Raimi a produit la série des fims The Grudge? Rien n'est moins sûr. J'ai remarqué des petites choses comme cela qui parsemaient le livre sans pour autant le polluer je vous rassure. Mais on est fan ou pas, étant assez furieux dans le genre, j'aurais aimé voir davantage de créatures déviantes et authentiquement bis comme par exemple les toxics avengers ou les hommes calamars chers au cinéma d'exploitation japonais.
(Justice est rendue aux Toxic avengers!)
Mais j'arrête de râler, ce livre reste tout de même un must dans son domaine et ce serait bien dommage de passer à côté si on est fan de films de genre. On passe de bons moments, on se rappelle de bons souvenirs cinématographiques et cela donne aussi beaucoup d'idées pour occuper ses soirées d'hiver. Avis aux amateurs!
(Un des plus beau film de monstre qui soit, Cabal -alias Nightbreed - de Clive Barker, à voir absolument si ce n'est déjà fait)