"Le Vin naturellement" de Jane Anson
J'aime le vin, j'aime boire de bonnes bouteilles et partager des moments conviviaux autour d'un bon repas et du breuvage qui va avec. Cela fait déjà quelques années que je suis sensible à ce que je mets dans mon assiette mais aussi dans mon verre. Le vin tel que nos parents et nos grands-parents l'ont connu est devenu, comme beaucoup d'autres branches de l'agriculture, une machine à produire et un leurre pour le consommateur. Difficile de démêler le vrai du faux, slalomer entre les additifs présents dans les cuvées et décerner le goût "brut" du vin. Quand la chimie intervient dans mon verre, je m'en éloigne et me rapproche du vin bio ou naturel. Pour des raisons de santé mais aussi pour un retour à l'authenticité. C'est dans cette démarche que j'ai découvert "Le Vin naturellement" de Jane Anson.
Le contenu : Faire le choix de boire bio, c'est prendre le parti de la nature en opposition à l'industrialisation de la vigne et la pollution de la terre. Qu'ils soient biologiques, biodynamiques ou naturels, les 250 vins recensés dans ce livre sont produits dans le respect des terroirs et des saisons, les raisins sont soignés le plus manuellement possible et la vinification reçoit une attention particulière et individualisée.
Suivez Jane Anson, experte en oenologie reconnue, dans un tour du monde des vignobles et des caves à la rencontre des vignerons et des sommeliers pour mieux choisir ces vins que l'on apprécie de boire autant pour leur saveur recherchée que pour leur valeur écologique.
La critique Nelfesque : Je vous ai déjà exposé le pourquoi de cette lecture en préambule de cette chronique. Cependant, il est compliqué de se lancer dans cette quête de savoir et de retour aux sources sans un minimum d'information. Cela est parfois digne du parcours du combattant tant chaque vigneron et chaque château est, à l'écouter, le plus clean et irréprochable possible... Comme souvent, les mensonges par omission vont bon train. "Le Vin naturellement" est une bonne mise en bouche pour éclaircir le sujet, donner quelques bases, découvrir le travail de vrais amoureux du vin et noter quelques références.
Découpé en plusieurs parties, ce livre explique les récoltes, le travail des viticulteurs et vignerons et met en avant des producteurs engagés et consciencieux sous forme de reportages et présentations de quelques cuvées. Les pages réservées aux sommeliers sont passionnantes tant leur amour transparait (j'aime beaucoup le métier de sommelier, je le trouve fascinant). Un court chapitre expose les bases des accords mets et vins. Comment réfléchir à l'accord parfait, où se référer dans le livre pour le bon type de vin... C'est une invitation à la réflexion et à la poursuite de son apprentissage.
Chaque vin présenté est accompagné d'un pictogramme pour nous signifier visuellement très rapidement si il s'agit d'un vin biologique, en biodynamie, nature, orange (que je ne connaissais pas) ou le travail de récoltants peu interventionnistes. A chaque type de vin, son explication. Comment le vin biodynamique est-il produit ? Quels phénomènes naturels sont-ils pris en compte pour la mise en bouteille ? ... Jane Anson ne nous dit pas qu'une méthode est mieux que l'autre mais donne une place à chacune pour que le lecteur puisse faire son choix suivant ses goûts et convictions par la suite. J'ai trouvé cette démarche pédagogique très intéressante et beaucoup plus efficace qu'une culpabilisation ou mise en garde alarmiste.
Vient ensuite le tour de la présentation des vins par catégories selon si l'on souhaite découvrir un effervescent, un blanc sec, un blanc rond et dense, un rouge léger et structuré, un rouge charpenté et chaleureux, un moelleux ou un liquoreux. En présentant des vins du monde entier, Jane Anson nous fait voyager et donne envie de découvrir tous ces châteaux. Une belle part est réservée aux vins français et c'est l'occasion de noter quelques noms de domaines pour programmer de futures vacances dans leurs coins. Que les gens passionnés sont passionnants ! On a envie d'en savoir plus, de partager un moment avec l'un de ces vignerons et qu'il nous fasse partager son amour de la terre, des vignes, du respect du produit.
On termine notre lecture sur une glossaire qui nous permet de mieux comprendre certains termes techniques tels que "agents de collage", "bâtonnage", "botrytis" ou encore "macération pelliculaire". Le monde du vin peu paraître obscur mais si on met le nez dedans, on se rend compte que tout cela relève du bon sens et qu'il est important de faire confiance à des producteurs consciencieux qui fournissent un boulot de dingue et dont l'expérience est une vraie valeur ajoutée.
"Le Vin naturellement" est un excellent ouvrage de découverte du vin dans une démarche écologique et respectueuse de l'environnement. Sans nous assaillir de termes techniques et de méthodes complexes, Jane Anson nous explique les choses de façon très claire et simple. Une démarche qui ne culpabilise pas le consommateur mais lui ouvre les yeux en douceur et lui donne envie d'en apprendre encore d'avantage. Un livre tout doux, plein de bienveillance et de respect pour les amateurs de vin et ceux qui veulent le découvrir.
"Foutez-nous la paix !" d'Isabelle Saporta
L'histoire : Savez-vous quelle pression écologique un âne exerce sur son pâturage ? Votre carrelage est-il réglementaire ? Connaissez-vous le supplice de la pédichiffonnette ? La hauteur de votre " végétation concurrentielle " - l'herbe ! - est-elle conforme ?
Vous êtes perdu ? Eux aussi ! Ils s'appellent Gérard, Nelly, Jean-Baptiste, Anaëlle... Isabelle Saporta, journaliste et auteur notamment du Livre noir de l'agriculture et de VinoBusiness, les a rencontrés.
De Tracy-sur-Loire à Créances, de Noceta à Eygalières, ils sont éleveurs d'agneaux de pré-salé ou de poules de Marans, fabricants de bruccio, de beaufort ou de roquefort, vignerons... Vous mangez leurs viandes, leurs fromages. Vous dégustez leurs vins. Leurs produits sont servis sur les plus grandes tables du monde. Et pourtant... l'administration les harcèle en permanence, transformant leur quotidien en enfer.
Quant à l'agrobusiness, il attend tranquillement son heure. Son arme pour mettre à mort ces défenseurs du terroir ? Les asphyxier sous d'innombrables normes formatées par et pour les multinationales.
Ceux qui résistent ne demandent qu'une seule chose : qu'on cesse d'assassiner en toute impunité la France de la bonne chère !
La critique Nelfesque : J'ai découvert Isabelle Saporta en 2011, lors de la sortie de son "Livre noir de l'agriculture". Une lecture coup de poing qui a changé ma façon de consommer. Déjà regardante de ce que je mettais dans mon assiette, j'ai décuplé mon attention et ajusté certaines choses. Je vous conseille toujours cette lecture, 5 ans après sa sortie, car malheureusement, les pratiques n'ont pas vraiment évolué...
En 2014, Isabelle Saporta s'attaque au lobby du vin. Avec "Vino business", elle s'est mise à dos bon nombre d'exploitants viticoles. Je n'ai pas encore lu cet ouvrage car j'ai peur d'avoir une réaction similaire à celle que j'ai eu pour "Le Livre noir de l'agriculture" et aimant beaucoup le vin (à consommer avec modération, tout ça), ça va me faire mal dans mon petit coeur d'adepte de ballons de rouge, je le sens... Je recule l'échéance mais j'y viendrai car l'auteure n'est pas une faiseuse de buzz, une lanceuse d'alerte opportuniste. Non, Isabelle Saporta est une vraie passionnée, une amoureuse de la nature et de nos terroirs, une citoyenne française qui respecte ce qui fait une des fiertés de la France, son agriculture, et ne veut pas la voir continuer à dégénérer en nous mentant par omission, en nous faisant avaler des couleuvres, en nous empoisonnant et en faisant mourir le monde paysan. Le vrai monde paysan, pas les fermes usines et les amis de la FNSEA.
Avec "Foutez-nous la paix !", Isabelle Saporta met une nouvelle fois les pieds dans le plat. En plein contexte de la crise agricole française, alors que des agriculteurs bloquaient encore nos routes et les centrales d'achats il y a quelques semaines et en pleine semaine du Salon de l'Agriculture où François Hollande s'est fait huer et traiter de menteur, la situation est tendue. J'étais la première à râler et à ne pas soutenir les agriculteurs lors de leur grève récente et je vais vous dire pourquoi sous la forme d'une question. Avec-vous vu beaucoup d'agriculteurs bio dans les rangs des indignés brûleurs de pneus ? Moi pas. J'ai vu des gros exploitants qui n'ont plus rien à voir avec les paysans du temps de nos arrières grands-parents, des représentants syndicaux de la FNSEA, qui plus que faire du bien à l'agriculture est dans une démarche dangereuse de course en avant suicidaire, des concitoyens pour la grande majorité qui soutenaient ces actions sans aller voir plus loin que le bout de leur nez. J'étais en colère.
Acheter à bas coût, pouvoir manger tout ce que l'on veut toute l'année, aider les agriculteurs à continuer en ce sens, pour les sauver, pour qu'ils continuent de nous nourrir avec des produits qu'ils ne mettraient même pas dans leurs assiettes, je dis non. Assez. Stop. Nous n'avons pas pris le bon chemin, il faut faire marche arrière ! Pourquoi continuer ainsi cette fuite en avant qui ne mènera nulle part ? Pour qu'on continue de manger de la merde bourrée de pesticides, que nos eaux soient polluées et que les animaux soient traités comme de la viande (qu'ils deviendront finalement et gavée d'antibio au passage) ?
La lecture de "Foutez-nous la paix !" est arrivée à point nommé. De la paix, il y en a. Du ras-le-bol aussi. En donnant la parole à des petits agriculteurs qui cultivent certains en bio, d'autres dans une démarche raisonnée, à petite ou moyenne échelle et toujours dans le respect de l'Agriculture avec un grand A, Isabelle Saporta met en lumière un fonctionnement aberrant, des contrôles et des normes farfelus et une quasi-volonté de nos gouvernements successifs de sacrifier l'agriculture au nom du profit. Consciemment ? Par bêtise, ignorance ou principe de précaution ? Je vous laisserai découvrir cela à travers les voix d'André Valadier, producteur de l'Aubrac, Anaëlle, bergère au Mont-Saint-Michel, Jean-Dominique Musso, éleveur corse, et tant d'autres.
La journaliste / auteure est allée à leur rencontre, parcourant la France d'Est en Ouest et du Nord au Sud pour récolter les témoignages de ceux qui vivent le monde agricole au quotidien. Le citoyen lambda y voit alors plus clair sur l'étendue des problèmes rencontrés. Normes à respecter, jugements arbitraires, sanctions infondées, bon sens paysan bafoué par les autorités, pressions incessantes... Il en faut du courage et de la détermination pour continuer à être agriculteur aujourd'hui. Et il en faut de l'amour !
Isabelle Saporta à travers ses témoignages récoltés et un travail de fond, où elle a été au plus près des institutions et des grandes entreprises imposant leur suprématie et leurs ombres menaçantes, donne à voir aux consommateurs moyens que nous sommes toute une problématique complexe et met en lumière le dysfonctionnement d'un système en bout de course. Elle part au combat, enfonce des portes, nous ouvre les yeux comme bon nombre d'hommes et de femmes de terrain qui se battent chaque jour pour sauvegarder notre patrimoine, nos traditions et notre santé. Ils se battent contre des moulins parfois, pots de terre contre pots de fer, mais ils ne baissent pas les bras. Merci de mener ce combat pour nous car oui, nous voulons continuer de consommer mais pas à n'importe quel prix, pas n'importe comment et pas avec n'importe qui. Je vous conseille vivement la lecture de cet ouvrage instructif et essentiel. Vous verrez qu'à la dernière page, vous aussi vous aurez envie de crier "Foutez-nous la paix !".
"Faut-il manger les animaux?" de Jonathan Safran Foer
L'histoire: Comment traitons-nous les animaux que nous mangeons? Convoquant souvenirs d'enfance, données statistiques et arguments philosophiques, Jonathan Safran Foer se lance dans une vaste enquête. Entre une expédition clandestine dans un abattoir, une recherche sur les dangers du lisier de porc et la visite d'une ferme où l'on élève les dindes en pleine nature, l'auteur explore tous les degrés de l'abomination contemporaine. Un livre choquant, drôle et inattendu qui a déjà suscité passions et polémiques.
La critique Nelfesque: Je ne suis pas insensible au sujet soulevé par cet essai, bien au contraire. J'ai lu par le passé l'excellent "Livre noir de l'agriculture" d'Isabelle Saporta qui encore aujourd'hui est bien présent dans mon esprit et m'a fait prendre des décisions importantes concernant mon alimentation.
Avant cette lecture, j'avais conscience de certaines choses (mais le minimum vital), je me doutais de la présence de composés douteux dans certains ingrédients des recettes que je préparais mais j'enfouissais sciemment ces moments de lucidité au plus profond de mon cerveau car décider de changer sa façon de consommer n'est pas une décision facile. Cela n'implique pas toujours un changement radical mais ces ajustements peuvent être "déchirants" (oui j'insiste, j'y reviendrai). C'est tout le cheminement de penser son alimentation qui change et avec lui une part de soi même.
J'en viens maintenant à l'ouvrage de Jonathan Safran Foer. On pourrait penser que mon introduction est subjective, qu'"on s'en fiche de ta vie Nelfe, vas-y parle nous du bouquin!" mais tout cela est étroitement lié... La force de "Faut-il manger les animaux?", au delà du fait qu'il met le lecteur devant le fait accompli et devant des vérités qui ne sont pas toujours bonnes à dire pour l'industrie alimentaire (à défaut de notre santé), réside bien ici. L'auteur nous fait part de son expérience personnelle et touche ainsi chacun d'entre nous.
Partant d'un fait précis, la naissance de son fils, il se questionne sur l'alimentation qu'il va donner à son enfant, à l'avenir qu'il veut lui réserver, à tout ce que son choix peut comporter comme conséquences pour lui mais aussi sur les habitudes familiales, les traditions, les racines de sa famille. Dit comme cela, cela peut paraitre extrême comme raisonnement (partir d'un roti de porc comme repas du dimanche pour en arriver à la remise en question du ciment familial) mais il est un fait, notre alimentation, nos repas partagés avec notre famille, composent nos souvenirs. Les repas de Noël sont associés à la dinde et à la bûche, le poulet du dimanche chez mémée est une institution et je ne parle même pas des barbecues entre potes quand arrivent les beaux jours. Que seraient Noël, les repas du dimanche et les barbecues sans la dinde, le poulet, les côtes de porc et les chipo/merguez?
Arrivés là, vous pensez peut être que Jonathan Safran Foer fait l'apologie du végétarisme, que c'est plus facile à dire qu'à faire et que quand même une bonne côte de boeuf c'est bon. Sur ce dernier point, vous avez tout à fait raison, sur le second, je suis bien d'accord avec vous mais sur le premier, contrairement à ce que moi même je pouvais penser en commençant cette lecture, Jonathan Safran Foer n'a pas écrit son livre pour que ses lecteurs deviennent végétariens. Nous suivons alors son cheminement de pensées, ses doutes qui sont aussi les notres, ses réflexions, ses investigations et ses conclusions. Autant j'étais échaudée sur certaines choses (élevage de poulets en batterie, poulets et porcs génétiquement modifiés (merci Isabelle Saporta)...), autant j'en ai appris de "bien bonnes" entre autres sur les conditions d'hygiène dans les abattoirs (pourtant loin d'être naïve et pensant ne pas être dupe, j'étais encore dans le monde des bisounours) et sur les appellations "plein air".
L'auteur ne cherche pas à nous dégoûter ou à faire du sensationnel. Il ne relate que des faits qui existent bien plus que l'on ne voudrait le croire. Il ne cherche pas à nous convaincre que son choix est le bon et que le nôtre est mauvais mais il éveille les consciences de ses lecteurs. Notre façon de manger a une incidence sur notre santé bien sûr mais aussi sur notre planète. La population mondiale ne cesse d'accroître, nous mangeons de plus en plus de viande (trop) et par logique la demande en viande augmente chaque année. Les chiffres que nous présente Foer donnent le vertige. C'est plus que de l'abattage d'animaux que nous cautionnons... Bien plus... Les animaux ne sont plus considérés comme tels dans l'élevage intensif. Ce sont des produits, des numéros, des "choses" que l'on vend en très grande quantité. De la même manière que l'on est dénué de sentiments pour une lampe ou une chaise, les "promoteurs" éleveurs n'ont plus rien à voir avec les paysans du temps de nos grands-parents. Les fermes ne sont plus ce qu'elles étaient et ce qu'elles sont dans l'imaginaire collectif.
"Rooo mais comment t'y vas Nelfe! On va pas arrêter de manger notre steak frites chez Hippopo! On est en haut de la chaîne alimentaire, faut pas l'oublier!". Héhé, modérez vos propos chers lecteurs (oui j'aime bien m'inventer des discussions imaginaires)! Bien sûr nous sommes en haut de la chaîne alimentaire, bien sûr on a besoin de viande (les végétariens diront le contraire mais je ne suis pas végétarienne) et bien sûr la viande c'est bon! Après avoir lu l'essai d'Isabelle Saporta j'avais déjà changé mon alimentation concernant les fruits et les légumes, privilégiant les produits bio, avec "Faut-il manger les animaux?" c'est mon rapport à la viande qui a changé. Et comme dirait l'autre, "ça ne coûte pas plus cher de bien manger!". Si on consomme local et de saison et si on réduit sa consommation de viande de façon à en acheter moins mais de meilleure qualité, les comptes s'équilibrent.
Maintenant reste à le vouloir... Lisez "Faut-il manger les animaux?" et on en reparle!
Ce livre a été lu dans le cadre d'un partenariat Livraddict avec les éditions Points. Merci à eux.
"Le Livre noir de l'agriculture" d'Isabelle Saporta
L'histoire : Vous souvenez-vous des Shadoks, ces étranges oiseaux qui passaient leur vie à pomper, pomper, pomper et à inventer des machines toujours plus absurdes ? Les Shadoks, aujourd’hui, c’est nous, ou plutôt notre agriculture. Malgré son coût prohibitif, celle-ci ne respecte ni le pacte social qui la lie aux paysans, ni le pacte environnemental qui la lie aux générations futures, ni même le pacte de santé publique qui la lie à chacun de nous. Les ressources d’eau sont gaspillées, polluées. Nous recevons chaque jour dans nos assiettes notre dose de pesticides et autres résidus médicamenteux. L’agriculteur ne s’en sort plus, et il est injustement voué aux gémonies, lui qui n’est que le bouc émissaire d’un système qu’il subit. La confiance est rompue.
Pendant deux ans, Isabelle Saporta a parcouru les campagnes françaises. Dans cette enquête, elle met au jour l’absurdité du système, en le remontant de la fourche à la fourchette, du cours d’eau pollué aux cancers environnementaux provoqués par les pesticides, des animaux trop traités à l’antibiorésistance.
La conclusion semble s’imposer : puisque notre agriculture pose plus de problèmes qu’elle n’en résout, il est urgent de changer de cap et de revenir à davantage de raison. Mais si tout le monde s’accorde sur le constat d’échec, aucun responsable politique ne veut prendre le risque de s’attaquer aux fondements de l’agriculture intensive.
Loin de se contenter de brosser un tableau alarmiste, Isabelle Saporta avance des solutions simples. Pour les trouver, il suffit de savoir écouter ceux qui connaissaient le monde avant son délire productiviste. Ceux qui, aujourd’hui, travaillent d’arrache-pied à remettre les champs dans les sillons du bon sens paysan.
La critique Nelfesque : Cela fait plusieurs mois que j'ai lu cet essai d'Isabelle Saporta et il est encore bien présent dans mon esprit aujourd'hui. Il me fallait du temps pour le "digérer". Non pas qu'il soit difficile à comprendre mais parce que les propos qui sont tenus dans ce livre sont lourds de conséquences...
Je suis ressortie de cette lecture complètement révoltée et dégoutée. J'ai d'abord pensé arrêter de manger, arrêter de boire aussi, avant d'atteindre un point de non retour, mais en y réfléchissant bien, ce n'était pas une position vraiment tenable... Alors j'ai changé ma façon de consommer, j'étais déjà sensibilisée aux problèmes d'écologie mais ce livre a été comme un coup de poing. On crève à petit feu, on tue la planète et rien n'est fait pour inverser la tendance ! Comment rester de marbre face aux révélations faites dans ce livre (révélations qui n'en sont pas tout à fait pour qui se tient au fait des choses, mais qui réveillent le citoyen moyen) ? Dans cet essai il est question de cochon, génétiquement modifié pour assurer un rendement rentable au péril de la santé de ces animaux et au péril de notre santé, à nous consommateurs. Il est aussi question de l'eau, complètement polluée par l'agriculture intensive, des algues vertes, des légumes et de la culture hors sol qui est une aberration nous faisant avaler toujours plus de pesticides et de fongicides, de pommes de terre, calibrées et nettoyées pour nos beaux yeux (parce qu'une pomme de terre sans terre c'est plus sexy) et pour les tapis roulants des caisses de supermarché que les saletés enrayaient, des céréales cultivées en bordure d'autoroute et qui nous font ingérer des résidus de pneus (!!!)... Autant de malbouffes qui nous font grossir même en mangeant équilibré !
Tout le long de ce livre, on a envie de vomir, d'envoyer valser les grandes enseignes de la distribution et de se réfugier dans la Creuse pour faire pousser nos légumes et élever nos animaux. Malheureusement, même là bas, le constat est rude...
Mais "Le Livre noir de l'agriculture" ne fait pas que pointer du doigt ce qui va mal, il met aussi en lumière le fait que l'Etat dépense des miliards pour essayer d'inverser la balance en utilisant la mauvaise logique (en y réfléchissant bien, ça aussi c'est quelque chose "qui va mal"... mais il parait qu'il faut s'indigner !). Au lieu de revenir à une agriculture saine et raisonnée, avec tout bêtement des animaux dans des prés, des légumes dans de la terre, et en ayant à l'esprit que c'est la qualité qui devrait prévaloir sur la quantité (et donc le profit), tels des Shadoks, nous continuons de creuser un peu plus profond dans le non sens. L'exemple des algues vertes est édifiant ! Nous savons pourquoi ces algues prolifèrent et plutôt que de faire en sorte que ce ne soit plus le cas, l'Etat réfléchi à la mise en place d'un système permettant de transformer ces algues vertes en électricité ! Bilan de l'opération ? Des miliards d'euros ! Au secours...
A la sortie de ce livre, j'ai entendu des interviews d'Isabelle Saporta à la radio. En plus d'être stimulante à lire, elle est aussi très spontanée et amusante à entendre. Certes les choses vont mal mais elle les relate de façon fraîche et sans se prendre au sérieux. Comme n'importe quel habitant de cette planète, elle est touchée par le caractère tragi-comique de la situation.
Je vous conseille vivement la lecture de cet essai pour arrêter de vivre comme des moutons, la bouche grande ouverte à avaler toutes les saletés qui nous sont vendues et pour inverser la vapeur... tant qu'il en est encore temps.
L'efficacité à la française!
Un vieil Arabe vit depuis plus de 40 ans dans les montagnes des Alpes de Haute Provence. Il aimerait bien planter des pommes de terre dans son jardin, mais il est tout seul, vieux et faible. Il a eu la chance de participer à des séances d'initiation à l'informatique.
Il envoie alors un courriel à son fils qui étudie à Paris pour lui faire part de son problème.
Cher Ahmed,
Je suis très triste car je ne peux pas planter des pommes de terre dans mon jardin.Je suis sûr que si tu étais ici avec moi, tu aurais pu m'aider à retourner la terre.
Ton père qui t'aime.
Jamil.
Le lendemain, le vieil homme reçoit ce courriel :
Cher Père,
S'il te plaît, ne touche surtout pas au jardin ! J'y ai caché ce que tu sais.
Moi aussi je t'aime.
Ton fils Ahmed.
À 4 heures du matin arrivent chez le vieillard la Brigade Antiterroriste , le GIGN, les RG, le FBI, la CIA et même TF1, Antenne 2, FR3 Marseille. Ils fouillent tout le jardin, millimètre par millimètre, et repartent bredouilles.
Quelques heures plus tard, le vieil homme reçoit un nouveau courriel de son fils :
Cher Père,
Je suis certain que la terre de tout le jardin est désormais retournée et que tu peux planter tes pommes de terre. Je ne pouvais pas faire mieux.
Ton fils qui t'aime,
Ahmed.
Patate's story
Aujourd'hui pour nous, c'est le jour de la patate! En effet, nous allons chez K et F afin de les aider à récolter les "toutes belles" avec le beau-frère. J'espère y retrouver les sensations que j'éprouvais quand je faisais cela avec mes grands parents des Pyrénées. Dès que Nelfe sera prête, habillés le plus pouilleusement possible, direction l'est du Morbihan et lancement de la chasse à la pomme de terre. Je réitère les propos précédents de ma douce: on a une vie passionnante...