samedi 4 avril 2020

"Le Fantôme de Canterville" d'Oscar Wilde

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L’histoire : Une famille américaine achète un château hanté. Bruits de chaînes et taches de sang terrorisent la région depuis des siècles...

Mais que peut un pauvre fantôme contre le bon sens d'un homme d'affaires, les détachants super-actifs de sa femme et la malice des enfants, toujours prêts à lui jouer des tours ?

La critique de Mr K : Quitte à passer pour un iconoclaste, je n’ai guère apprécié Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde. Pourtant tous les ingrédients étaient présents pour effectuer une bonne lecture mais la langue avait cruellement vieilli à mes yeux et avait gâté ma lecture. N’étant pas buté, je retente aujourd’hui ma chance avec Le Fantôme de Canterville dégoté lors d’un chinage, un recueil de trois nouvelles édité dans une édition jeunesse. Me voila rabiboché avec l’auteur tant j’ai apprécié cette expérience entre fantastique, humour et langue délicieusement fine.

La première nouvelle est donc celle qui donne son nom à l’ouvrage. Dans Le Fantôme de Canterville, un spectre condamné à l’errance est confronté à de nouveaux propriétaires venus d’outre-Atlantique. Mort depuis trois cents ans, on peut dire qu’il a de l’expérience dans le domaine de l’effroi mais le voila bien embêté face à une famille que rien ne semble effrayer. Il a beau essayer tous ces tours, rien n’y fait, ils ne crient pas, ne détalent pas en courant. C’est à n’y rien comprendre, tellement d’ailleurs que le fantôme commence à tomber en dépression ! Le Salut viendra de Virginia, la fille du couple qui va creuser la question et essayer de propulser l’âme errante dans un au-delà qui jusque là lui échappait... Ce texte est très malicieux, irrévérencieux envers le genre fantastique très en vogue à l’époque de Wilde. Rappelons qu’il date du XIXème siècle et son contenu est donc quasiment subversif et à l’opposé du genre à l’époque. Rondement écrit, sans lourdeurs et avec un sens de la caractérisation des personnages aigu, on passe un très bon moment entre émotion et rire. Certains passages sont d’une très grande délicatesse notamment le passage dans le jardin des morts où l’intrigue se dénoue et mène à un final touchant à souhait. La lecture débute bien !

On enchaîne ensuite avec Le Crime de Lord Arthur Savile, une nouvelle placée sous le signe de l’occultisme et du fatum implacable qui semble suivre le héros, un jeune lord à qui on a fait une prophétie des plus sombres lors d’une soirée mondaine ! En effet, il va commettre un meurtre ! Bien évidemment le diseur de bonne aventure ne lui a pas indiqué le nom de la victime, ni le lieu, ni le moment. Voulant préserver sa future épousée, il décide de passer à l’acte en préventive... Sauf qu’à chaque fois, le stratagème mis en place déraille ou ne fonctionne pas. La résolution du récit viendra de manière inattendue clôturant cinquante pages de haute volée. Belle réussite encore que cette nouvelle qui conjugue humour noir, romantisme et pied de nez à l’establishment, exercice dans lequel Oscar Wilde excelle. Là encore, les pages se tournent toutes seules et l’on prend un malin plaisir à suivre les déboires d’un héros totalement obsédé par son destin. La dernière nouvelle, Le Millionnaire modèle est plus anecdotique. Faisant une dizaine de pages, le personnage principal va voir dans son atelier un ami peintre et fait la connaissance d’un vieillard qui n’est pas ce qu’il semble être. Plus convenu, le récit est simplement plaisant mais pas inoubliable. Très classique en fait, il jure un peu avec les deux autres textes proposés, ne procure aucune réelle surprise et l’on retrouve malheureusement le style un peu ampoulé qui m’avait tant déçu dans ma première lecture d’un Oscar Wilde.

Pour autant, malgré une nouvelle finale décevante (mais très courte donc on limite la casse), ce recueil est vraiment à conseiller. Ces contes n’ont pas pris une ride, proposent un contenu tantôt effrayant, tantôt drôle avec en filigrane une critique acerbe de la société et des mœurs de l’époque. Il faut savoir pour cela comprendre les subtilités de la langue, aidés que nous sommes ici par un certain nombre de notes bien senties qui permettent d’éclairer certains sous entendus lourds de sens. Non senses, ironie cinglante et même quelques touches bien cyniques parsèment ces lignes qui emportent le lecteur dans une autre époque avec brio et un plaisir renouvelé. À découvrir si ce n’est déjà fait !


jeudi 9 août 2018

"La Dimension fantastique" volume 3, Anthologie présentée par Barbara Sadoul

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Le contenu : Pauvre diable ! Le voici qui tombe sur un os ! Le simple mortel à qui il est venu proposer son odieux marché n'a pas d'âme... Comment donc pourrait-il s'en emparer ? D'ailleurs, le sac d'âmes qu'il tente d'emporter est si lourd qu'il lui faut trouver l'aide d'un saint homme pour le soulever.
Le diable n'est pas seul à souffrir... Et les dix nouvelles ici réunies proposent bien d'autres sortilèges. Messages d'outre-tombe, statues animées, génies farceurs, masques grimaçants, voyageurs temporels ou manifestations inquiétantes des éléments déchaînés... Bienvenue dans la dimension fantastique !

La critique de Mr K : Je bascule du côté obscure aujourd’hui avec ma chronique sur le troisième volume de l’anthologie de nouvelles fantastiques initiée par Barbara Sadoul chez Librio. Les deux premiers volumes avaient été de franches réussites, j’ai laissé passé un peu de temps avant d’entamer celui-ci. On est dans la même veine et malgré des textes inégaux, on ressort content de sa lecture et les amateurs de fantastique seraient bien inspirés de se pencher sur son cas !

Barbara Sadoul nous propose à nouveau dix nouvelles du genre fantastique avec un balayage assez large en terme de nationalité et d’époque. Ainsi, se côtoient dans ce volume 3 des auteurs très classiques comme Flaubert, Hugo, Dumas et Wilde, mais aussi des plus récents comme Jodorowsky, Bradbury ou encore Brown. Les thématiques sont elles aussi assez variées avec des histoires de monstres, de Diable, d’esprit et de quotidien totalement chaviré par l’irruption d’un événement totalement imprévu. Pas de doute, on est au bon endroit si l’on aime frémir légèrement et/ou être mené par le bout du nez par des auteurs diaboliques.

Je ne reviendrai pas sur chacun des courts textes qui composent ce recueil, je vous laisse découvrir la primeur du contenu. Sachez simplement que le suspens est au rendez-vous, les situations parfois très cocasses ou totalement terrifiantes (le texte de Bradbury est énorme !). Le cahier des charges est respecté à la lettre avec tous les ingrédients qui font la force de ce genre que j’apprécie tant : une normalité exposée de manière claire, un élément déclencheur que l’on ne voit pas forcément venir, des personnages déroutés de leur trajectoire qui commencent à perdre pied et une confluence entre rêve / cauchemar / réalité qui finit par prendre à la gorge les protagonistes et même parfois le lecteur lui-même.

Certes, certains textes sont plus légers, moins percutants mais l’ensemble est cohérent, bien agencé et donne à voir de multiples facettes de ce genre si riche. De manière générale, les textes sont très accessibles (à part un ou deux à l’écriture vieillotte - ce qui ne me dérange pas d’ailleurs -) et font mouche en terme de chute finale. Décidément, cette collection vaut le coup d’œil, avis aux amateurs !

Déjà lus et chroniqués de la même série au Capharnaüm éclairé :
- La Dimension fantastique, volume 1
- La Dimension fantastique, volume 2

jeudi 22 novembre 2012

"Le portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde

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L'histoire: Par la magie d'un voeu, Dorian Gray conserve la grâce et la beauté de la jeunesse. Seul son portrait vieillira. Le jeune dandy s'adonne alors à toutes les expériences, s'enivre de sensations et recherche les plaisirs secrets et raffinés. "Les folies sont les seules choses qu'on ne regrette jamais", "il faut guérir l'âme par les sens, guérir les sens par l'âme".

La critique de Mr K: Retour vers un classique de la littérature aujourd'hui avec cet ouvrage d'Oscar Wilde que beaucoup décrivent comme un authentique chef d'oeuvre intemporel. Il m'avait jusque là échappé malgré mon goût prononcé pour le XIXème siècle et ses univers artistiques uniques. En vrac, le symbolisme, le romantisme, l'émergence de l'art moderne pictural et les débuts de l'art déco. Je dois avouer qu'en fin de lecture, c'est un sentiment de déception qui l'emporte malgré des qualités indéniables... La faute essentiellement au temps qui passe, le livre ayant à mes yeux vieilli en terme de forme ce qui risque de rebuter un certain nombre d'entre vous.

L'histoire en elle-même est une vraie réussite. Cette variation autour de l'immortalité et des sacrifices auxquels on doit consentir pour y accéder est un modèle du genre. Le personnage de Dorian est ciselé avec finesse par un Oscar Wilde littéralement "amoureux" de son personnage. Il faut dire que nombre de critiques soulignent la transposition dans cette oeuvre de la vie et des expériences de Wilde. On suit donc ce dandy éternellement jeune dont la figure rappelle celle du vampire. Mais derrière ce masque se cache une vérité bien sombre qui éclabousse le lecteur à la toute fin du roman. Ce livre est aussi l'occasion de participer à une plongée dans l'Angleterre puritaine de l'époque qui est ici décrite avec réalisme et cynisme par un auteur qui a rencontré beaucoup de soucis avec les autorités par ces moeurs considérés comme déviants à l'époque par la société en place. Ce livre peut donc être perçu comme un brulôt anti-réactionnaires si l'on sait lire entre les lignes et surtout, si on a le courage d'aller jusqu'au bout...

Eh oui, au final, j'ai souffert... Et pourtant, tout était réuni pour que je passe un excellent moment mais voilà... Le style est ampoulé et lourd ce qui rend la lecture parfois éprouvante. Oscar Wilde sait qu'il a du talent, s'en satisfait et s'auto-parodie par moment en surchargeant le palais du lecteur qui se retrouve essoufflé à chaque fin de page (les aphorismes ça va un temps). J'ai failli arrêter ma lecture un sacré nombre de fois ce qui m'arrive rarement. Mais bon gré, mal gré, j'en suis venu à bout. On peut rajouter aussi que certains personnages secondaires sont vraiment caricaturaux et rendent superficiels certains éléments secondaires de l'intrigue générale.

Au final, c'est un livre qu'il faut certes avoir lu mais qui m'a déçu. J'espère ne pas m'attirer les foudres des fans intégristes de Wilde! Pour ma part, Goethe et son "Faust", Lautréamont et son "Les chants de Maldoror" restent les maîtres de l'époque aux côtés de l'inénarrable Chateaubriand.

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samedi 5 juin 2010

Vide grenier mon ami

Aujourd'hui grand vide grenier annuel de notre village. Autant on vit à la campagne, avec une petit village à proximité, autant son vide grenier est monstrueusement ENORME! A croire que les habitants accumulent un max de choses toute l'année pour pavaner début juin... ou alors, à l'instar des villes du littoral, tout le monde afflue ce jour là... car ce vide grenier est l'un des plus grands de la région. Les stands investissent toutes les rues, le moindre recoin.

En bon chineurs que nous sommes, nous ne pouvions, cette année encore, râter cet "évènement"!

De retour à la maison, nous avons étalé nos trésors de guerre sur la pelouse:

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Côté bouquins:
- "Mastodonia" de Clifford D. Simak
- "Echo park" de Michael Connelly
- "Le diable l'emporte" de Barjavel
- "Le portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
- "Le livre d'or de la science fiction", des nouvelles de J. G. Ballard
- "Le livre d'or de la science fiction",  des nouvelles de Jack Vance
- "99 francs" de Frédéric Beigbeder

Côté BD:
- "La légende de Robin des Bois" de Manu Larcenet

Côté jeu:
- "Steambot Chronicles" pour PS2

Côté musique:
- "Wave Digger" d'High Tone
- "Cube" du Peuple de l'Herbe

Côté film:
- "Blueberry" de Jan Kounen

Je crois qu'on peut dire que cette année, le vide grenier de notre village est vraiment un bon cru!