"Les Sang des Elfes" et "Le Temps du mépris" d'Andrzej Sapkowski
L'histoire : Le royaume de Cintra a été entièrement détruit. Seule la petite princesse Ciri a survécu. Alors qu'elle tente de fuir la capitale, elle croise le chemin de Geralt de Riv. Pressentant chez l'enfant des dons exceptionnels, il la conduit à Kaer Morhen, l'antre des sorceleurs. Initiée aux arts magiques, Ciri y révèle bien vite sa véritable nature et l'ampleur de ses pouvoirs. Mais la princesse est en danger. Un mystérieux sorcier est à sa recherche. Il est prêt à tout pour s'emparer d'elle et n'hésitera pas à menacer les amis du sorceleur pour arriver à ses fins...
La critique de Mr K : Lecture aujourd'hui d'un beau cadeau d'anniversaire de Miss C qui ne me voyant pas poursuivre la lecture du cycle de Sapkowski entamé avec deux préquelles, a accéléré le mouvement en m'offrant ces deux volumes qui constituent l'enclenchement de l'histoire principale (il m'en reste encore trois à lire et croyez-moi, je vais presser le pas). J'ai profité de notre séjour en terre pétrocorienne pour m'envoyer les deux volumes de suite. Rien à dire, Sapkowski est toujours aussi efficace !
Comme je vous l'avais écrit lors de ma précédente chronique de la saga, la jeune Ciri a été recueillie par le sorceleur Geralt de Riv suite à la destruction du royaume de ses parents par la puissante armée nilfgaardienne. Traumatisée par les événements, elle trouve auprès de son tuteur réconfort et encouragement. Car Ciri n'est pas comme toutes les gamines de son âge, elle a un don qu'elle va devoir apprendre à maîtriser auprès des magiciens. Mais en attendant, elle s'entraîne comme une future sorceleuse, chose qui ne s'est jamais vu auparavant, cette caste étant exclusivement masculine. Mais les ennuis la rattrape vite, Geralt et ses amis vont tout faire pour empêcher leurs ennemis de s'emparer de la jeune fille.
J'avais insisté sur le caractère howardien de l'écriture de Sapkowski. Je nuancerai mes propos aujourd'hui car loin de se cantonner à l'action pure, le polonais instaure un climax prenant et nous convie à un voyage immersif au possible, proposant un monde de fantasy solide et complet à défaut d'être original. En même temps, le genre est tellement codifié que c'est difficile de s'en affranchir sans que l'on crie à la trahison ! Du coup, on en apprend beaucoup plus sur l'organisation des royaumes en présence, sur les mœurs des uns et des autres (super scène introductive avec un barde toujours autant en verve) et les rapports sociaux qui en découlent. Le monde est sous tension et cela se ressent dès le départ, l'opposition est forte entre humains et non-humains, et Nilfgaard semble entretenir la flamme du conflit. Cela donne lieu à de purs moments de vie quotidienne bien croqués comme une belle engueulade en plein marché du matin, les atermoiements de brigands en fuite, les manigances et tractations des puissants, les soirées à l'auberge (un classique en fantasy !) et tout plein de moments qui cumulés densifient la structure de l'histoire et donne vie à un monde nouveau.
Et quel monde ! Enfin Sapkowski se fend de longues pages descriptives qui apportent un regard complexe sur un monde haut en couleurs. On voyage beaucoup et l'on côtoie puissants et pendards. Je me souviendrais longtemps d'une traversée du désert éprouvante pour une jeune initiée, de l'aura mystérieuse qui entoure l'antre des sorceleurs, de la majesté de l'île des magiciens, des forêts impénétrables où vivent dryades et elfes renégats. On s'enfonce avec un plaisir renouvelé dans les lieux les plus incertains et les plus magiques sur les pas des héros qui ont fort à faire et ne sont pas au bout de leurs peines. On en apprend aussi beaucoup plus sur les croyances, les rituels et us des peuples en présence, cela donne une consistance nouvelle aux personnages déjà croisés et élargit les perspectives déjà impressionnantes. On se dit que tout peut encore arriver.
Comme dit précédemment, on retrouve la plume pleine de verve de Sapkowski qui excelle encore et toujours dans la gestion des dialogues et les phases d'action. On ne s'ennuie pas une seconde tant le rythme est soutenu, les péripéties nombreuses et les personnages charismatiques. L'histoire virevolte littéralement entre bastons bien senties, duels magiques incroyables et complots sous-jacents. On en redemande tant on est plongé dans l'histoire, l'envie nous prenant de rejoindre Geralt pour aider Ciri qui décidément possède un charme juvénile certain et un caractère fougueux des plus séduisants.
Cette saga continue sous de bons auspices et j'ai déjà hâte de lire la suite. À lire absolument si vous aimez le genre, on est face à un incontournable.
Egalement lus et chroniqués de la saga au Capharnaüm éclairé:
- Le Dernier voeu
- L'Épée de providence
"L'épée de la Providence" d'Andrzej Sapkowski
L'histoire: Geralt de Riv n'en a pas fini avec sa vie errante de tueur de monstres. Fidèle aux règles de la corporation maudite des sorceleurs, Geralt assume sa mission sans faillir dans un monde hostile et corrompu qui ne laisse aucune place à l'espoir. Mais la rencontre avec la petite Ciri, l'Enfant élue, va donner un sens nouveau à l'existence de ce héros solitaire. geralt cessera-t-il enfin de fuir devant la mort pour affronter la providence et percer à jour son véritable destin?
La critique de Mr K: Ma PAL étant un problème consistant, il m'aura fallu beaucoup plus de temps que prévu pour attaquer le deuxième tome de préquelle de la saga du Sorceleur de l'auteur polonais Andrej Sapowski. J'avais apprécié ce premier contact malgré quelques réticences sur le manque de profondeur des nouvelles présentées et le manque global de descriptions de lieux et des personnages juste esquissés. Bien m'en a pris de persévérer avec ce deuxième volume qui s'est révélé plus dense psychologiquement et addictif à souhait.
On retrouve dans ce volume deux le principe qui avait régi l'édification du précédent: l'auteur y a compilé toute une série de micro-récits mettant en scène les principaux personnages qui interviendront dans la saga principale. Contrairement au tome 1 qui était plutôt concentré sur des scènes de bastons plutôt réussies, ici l'accent est mis sur les liens qui se créent, se brisent ou s'étoffent entre le fameux sorceleur Geralt de Riv et toute une batterie de personnages. Geralt reste le même sorceleur faux solitaire, au charme inquiétant et aux pouvoirs mystérieux. Moins monolithique, il se laisse gagner par certains sentiments que pourtant il ne devrait pas éprouver de part sa condition et son activité. Cela reste léger mais on sent que dans le futur, Sapowski va utiliser ce levier pour continuer d'explorer ce personnage très particulier.
Dans la dernière nouvelle présente dans ce volume, apparaît un personnage de jeune princesse promise au sorceleur qui devra en faire son élève: Ciri. Derrière cette image classique de l'univers fantasy, ce personnage s'est révélé très vite attachant et marquant. Joli bout de chou de 10 ans à la langue bien pendue, elle s'attache très vite au loup blanc solitaire (Geralt) et va révéler son côté sensible que sa corporation a inhibé en lui depuis sa formation. Au choc de la rencontre initiale, commence à se dégager un lien unique et puissant qui sera sans doute développé dans la saga principale. Cela m'est apparu très prometteur, espérons que je ne sois pas déçu.
Au final, j'ai passé un excellent moment. La lecture fut très rapide et prenante à souhait. Le style est plus fin, fluide et virevoltant. On se prend au jeu et on s'attache vraiment aux personnages. Belle entrée en matière avant le lancement de la saga principale avec Le Sang des Elfes. Mauvaise nouvelle pour ma PAL qui va s'étoffer de nouveaux volumes dans les mois qui viennent. Aie aie aie!
"Le dernier voeu" d'Andrzej Sapkowski
L’histoire: Geralt de Riv est un homme inquiétant, un mutant devenu le parfait assassin. En ces temps obscurs, ogres, goules et vampires pullulent, et les magiciens sont des manipuleurs experts. Contre ces menaces, il faut un tueur à gages à la hauteur, et Geralt est plus qu’un guerrier ou un mage. C’est un sorceleur. Au cours de ses aventures, il rencontrera une magicienne aux charmes vénéneux, un troubadour paillard au grand cœur... et, au terme de sa quête, peut-être réalisera-t-il son dernier vœu : retrouver son humanité.
La critique de Mr K: C’est un beau cadeau d’anniversaire que je chronique aujourd’hui. Miss C qui me l’a offert s’est ainsi vengée de l’addiction qui l’habite depuis qu’elle a mis le nez dans la saga du Trône de fer que je lui avais grandement conseillé. Le premier contact s’est révélé décevant du fait de l’hideuse couverture choisie par l’éditeur qui semble avoir à coeur de battre le concours de la couverture la plus pourrie. Mais comme le disent si bien nos voisins d’outre-manche: Don’t judge a book by his cover. Mesdames et messieurs de chez Milady, vous avez un catalogue fort honorable, rendez lui honneur!
Le Sorceleur est une oeuvre reconnue dans le milieu de la fantasy. Ce recueil est le premier d’un diptyque qui tient lieu de préquelle à la saga centrale. On y retrouve toute une série de nouvelles mettant en scène Geralt de Riv, le fameux sorceleur qui donne son nom à la série. Par petites touches, au fil des pages, Sapkowski égrène de petits détails le portrait de cet être étrange tour à tour inquiétant et séduisant. A la fin de ce premier tome, on en sait suffisamment pour se faire une idée précise de ses motivations et de sa psyché. Tout autour de lui gravitent tout un ensemble de personnages secondaire qui ne sont qu’effleurés pour le moment mais qui sans doute s’étofferont dans les futurs volumes.
Avec Sapkowski on entre dans une héroïc fantasy furieuse et virevoltante à la manière d’un auteur comme Howard, le papa de Conan le Barbare qu’on ne présente plus. Ici l’auteur s’illustre particulièrement dans les scènes de combat mêlant allègrement magie et lames dans un rythme effréné et subtil. Les scènes d’action sont remarquables et l’on assiste littéralement aux scènes qui nous sont décrites. Le style est donc incisif et laisse moins de place aux phases descriptives propre souvent au genre (aaaaah! Tolkien et Martin!). Ce sera mon seul bémol pour ce premier contact avec Sapkowski, j’aurai aimé davantage d’immersion à travers de grands tableaux de lieux et d’ambiances.
Au final, j’ai lu ce volume en très peu de temps avec un plaisir non feint. Je prolongerai le mois prochain avec le volume 2 qui m’a été offert en même temps afin de me forger une opinion plus affermie sur un auteur qui vaut cependant le détour. Work in progress...