vendredi 13 août 2021

"La Ferme des animaux" de George Orwell - ADD-ON de Mr K

La Ferme des animaux

Nelfe a déjà lu et chroniqué ce roman le 01/07/11. Je viens de le terminer et de le chroniquer à mon tour.

Afin que vous puissiez prendre connaissance de mon avis, je vous mets dans ce présent billet le lien vers l'article originel où vous trouverez ma critique toute fraîche à la suite de celle de Nelfe.

Nous procédons ainsi pour les romans déjà chroniqués au Capharnaüm Eclairé mais lu à nouveau par l'un de nous. Pour "La Ferme des animaux" de George Orwell, ça se passe par là.

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mercredi 20 mai 2020

"Une Fille de pasteur" de George Orwell

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L’histoire : Fille unique, Dorothy vit une existence morne avec son père, le pasteur acariâtre d'une petite paroisse du Suffolk. Frappée par une soudaine amnésie, elle se retrouve à la rue et va partager l'existence des déshérités, des clochards de Londres aux cueilleurs saisonniers de houblon. Mais, à mesure que la mémoire lui revient, Dorothy trouvera-t-elle en elle-même la force d'aspirer à une autre vie ?

La critique de Mr K : Comme beaucoup, de George Orwell, j’ai lu ses grands classiques comme La Ferme des animaux, 1984 ou encore Hommage à la Catalogne. C’est donc avec une grande curiosité et beaucoup d’espérances que je commençai la lecture de Une Fille de pasteur, un ouvrage méconnu de cet auteur, une œuvre de jeunesse pourrait-on dire car écrit en 1935 alors qu’Orwell n’a que 32 ans. Il diffère sensiblement de mes précédentes lecture d’Orwell mais on retrouve cette langue inimitable et ce contenu subversif qui me ravissent à chaque fois que je m’aventure dans son œuvre.

Dorothy est la fille du pasteur d’une localité isolée. Ce dernier est très rigoriste (psychorigide je dirai même) et se révèle profondément injuste et méprisant envers sa fille de 29 ans qui se dévoue corps et âme pour lui et la paroisse. Sans que l’on sache vraiment pourquoi, arrivé au quart de l’ouvrage l’héroïne se réveille amnésique en plein Londres. À la rue, sans réel moyen de subsistance, elle va connaître l’âpreté de la vie des déshérités, travailler dans les champs de houblons, connaître la vie de vagabonde, devenir institutrice dans une institution privée miteuse et finalement retrouver la mémoire. Toutes ces expériences et mésaventures vont forcément la changer mais peut-on véritablement échapper à son destin, la vie qu’on s’est forgé ? Rien n’est moins sûr et ce livre propose à la fois un parcours initiatique d’une rare justesse et une critique acérée des travers de la société anglaise de l’époque.

La première partie nous présente donc une Dorothy habitée par sa mission divine. Élevée et éduquée par son père, la foi guide tous ses actes et pensées. Malheur d’ailleurs à elle si elle pêche ne serait-ce qu’en esprit, elle se punit en se piquant avec une épingle, se mortifiant ainsi pour mieux se repentir. S’émerveillant de la magnificence de la nature œuvre de Dieu et signe de sa perfection, dévouée à la figure tutélaire paternelle qui exerce une autorité absolue, toujours prête à aider son prochain (aide aux personnes âgées, préparation de spectacles pour enfants, le service à l’église...), rien ne semble pouvoir la détourner de ce chemin vertueux qu’elle s’évertue à tracer. Belle description d’une existence en vase clos, loin des réalités de son temps que celle de Dorothy. C’est aussi l’occasion pour Orwell de dénoncer le patriarcat et le pouvoir des hommes sur les femmes avec d’ailleurs un autre personnage masculin, plus trouble, artiste raté qui lui aussi à sa manière exerce une attraction sur l’héroïne. Et puis, il y a la question de la foi qui est centrale entre recherche de l’absolution et de la perfection qui peut aveugler et même aliéner quand elle devient intransigeante.

Toute la naïveté de Dorothy va disparaître avec les expériences terribles qu’elle va vivre. Orwell à la manière d’un Dickens nous offre ensuite une bonne moitié d’ouvrage de descriptions sans fard, très réalistes et impitoyables de la pauvreté et de l’affliction. Loin de tomber dans le pathos, l’exagération ou la chasse à l’apitoiement, il nous livre des scènes de vie banales mais criantes d’injustice. J’ai beaucoup pensé aussi à Steinbeck période Les Raisons de la colère avec le passage se déroulant dans les champs de houblon, où les cueilleurs sont considérés comme des bêtes de somme, à qui l’on donne que des rogatons de salaire et dont les conditions d’existence sont terrifiantes. Pas mal non plus, le passage sur l’expérience de Dorothy dans une école privée sans contrat avec l’État tenue par une vieille bique qui ne lorgne que sur la contribution sonnante et trébuchante des parents et se fichant complètement de développer l’esprit critique des élèves, se contentant d’en faire des singes savants. J’ai aussi beaucoup apprécié un passage mettant en scène une soirée entre clochards sous la forme d’une scène de théâtre, cela rend leur réalité drolatique tout en insistant sur leur détresse et leurs faiblesses. On a le cœur qui se serre entre mélancolie et rire, ces personnages hauts en couleurs étant eux aussi des victimes d’une société inique. La réalité des années 30 est peu brillante en Grande Bretagne entre moralisme, hypocrisie et misère spirituelle qui ne cache bien souvent qu’un grand vide. George Orwell s’en donne à cœur joie pour la décortiquer et la dénoncer.

On retrouve la finesse narrative de l’auteur, son intelligence d’écriture qui rend la lecture aisée et jubilatoire. Le style très naturaliste du début semble exonérer l’héroïne de tout souci. Quand elle tombe en déchéance, il y a aussi un changement de style, celui-ci devient plus familier, plus direct tout en conservant une intelligence hors norme dans la façon d’amener les éléments narratifs et contextuels. Véritable roman initiatique avec une fin qui ne va pas dans le sens attendu (et c’est tant mieux), on se prend à réfléchir à la destinée mais surtout à la question cruciale des choix que l’on fait dans une vie, les barrières que l’on peut se mettre et les regrets que l’on peut parfois nourrir. Une superbe lecture pour un auteur incontournable. Vous savez ce qu’il vous reste à faire !

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mercredi 24 juin 2015

"1984" de George Orwell

1984L'histoire : De tous les carrefours importants, le visage à la moustache noire vous fixait du regard. Il y en avait un sur le mur d'en face. BIG BROTHER VOUS REGARDE, répétait la légende, tandis que le regard des yeux noirs pénétrait les yeux de Winston... Au loin, un hélicoptère glissa entre les toits, plana un moment, telle une mouche bleue, puis repartit comme une flèche, dans un vol courbe. C'était une patrouille qui venait mettre le nez aux fenêtres des gens. Mais les patrouilles n'avaient pas d'importance. Seule comptait la Police de la Pensée.

La critique Nelfesque : "Quoi !? Tu n'as jamais lu 1984 !?", "Il faut ABSOLUMENT lire 1984 !" ou encore "George Orwell avait tout prévu dans 1984", voilà le genre de choses que j'ai entendu pendant des années. Sans compter Mr K qui régulièrement me rappelait que ce roman était dans notre bibliothèque et que je n'avais pas d'excuses pour ne pas le lire (lui l'avait adoré, comme beaucoup).

Il m'a fallu une ultime impulsion pour enfin lire ce classique de George Orwell, d'autant plus que j'avais particulièrement apprécié "La Ferme des animaux" il y a quelques années. Cette impulsion, c'est le Book Club de ce soir, ayant pour thème "Roman adapté au cinéma" et qui a vu "1984" être plébiscité pour une lecture commune et une discussion autour des différents thèmes du roman, qui me l'a donné.

Pourquoi n'ai-je pas lu ce roman plus tôt ? En premier lieu parce que j'avais peur d'un style trop ampoulé ou vieillot. Et oui, "1984" a été publié en 1949 et j'avais du mal à percevoir le côté actuel d'un roman écrit il y a plus de 60 ans. Et pourtant...

En effet, George Orwell, en nous dépeignant un monde fait de surveillance, de contrôle de la population et d'annihilation de l'esprit critique met le doigt sur les déviances de notre monde moderne. Assez bluffant quand on y pense. Ce Mr Orwell est en effet un visionnaire.

Côté écriture, n'ayez crainte, on ne souffre pas du tout d'un style fastidieux bien au contraire. Le vocabulaire est simple, les phrases courtes et bien qu'étant un classique de la SF, "1984" est très facile d'accès. Dès les premières pages, l'histoire est lancée et le lecteur est tout de suite pris dans l'ambiance.

Un monde gris, sans émotion, voilà où vit Winston. Dans un Londres complètement dénaturé, où l'homme est sans cesse contrôlé, au travail, dans la rue mais aussi à la maison par l'intermédiaire de télécrans qui réveillent le quidam le matin, l'obligent à faire du sport, le surveillent et le rappellent à l'ordre si nécessaire. Le papier est banni, les livres n'existent plus ou seulement dans des formes retravaillées par une police de la pensée remettant sans cesse le passé en question et réécrivant l'Histoire. Après des années de servitude mentale et de lavage de cerveau, le peuple ne sait alors plus discerner le bien du mal, le vrai du faux et boit avidement les paroles de Big Brother. Tout ou presque est suspect, les enfants sont éduqués de façon à dénoncer leurs parents si ceux ci ont un comportement étrange...

Au milieu de cette masse fade et tiède, un homme, Winston, a quelques fulgurances d'un passé qui pourtant ne semble pas avoir existé. Avec un esprit critique qui ne demande qu'à être développé, il va partir à la recherche de ses souvenirs qu'on a voulu anéantir et tenter d'avoir quelques moments loin de Big Brother. Il va alors faire la connaissance de Julia et son destin va changer.

Véritable hymne à la liberté, "1984" est un roman poignant sur l'homme, l'amour, la vie en général. Comment une société peut-elle mettre à mal toute envie d'émancipation chez l'homme, comment la peur de sortir du rang peut-elle conditionner une population et l'amener à faire ce qu'on lui dicte, comment tout plaisir simple peut-il être vu comme un danger et être peu à peu banni.

Big Brother broie les hommes pour en faire des machines sans cervelles et à sa botte. Les actes sont réprimés, puis les pensées, jusqu'au vocabulaire qui est remanié afin d'ôter tout terme spécifique pouvant permettre au peuple d'exprimer des sentiments et approfondir sa pensée. Absolument terrifiant. On touche dans ce roman à l'essence même de l'homme, à ce qui nous différencie des animaux et au fantasme de bâtir une société sans avis, sans opposition, sans résistance mais aussi sans joie, sans plaisir et sans amour. L'homme de demain serait-t-il comme le prédit George Orwell, un être vide et maléable à souhait ?

"1984" est un roman passionnant mais aussi terriblement cruel. A lire pour son côté visionnaire mais aussi pour nous aider à rester éveillés et garder à l'esprit que la liberté sous toutes ses formes est la chose la plus précieuse au monde.

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mercredi 21 mai 2014

Déstockage de Serpent à Plumes

C'est LE bon plan littéraire du moment! Si vous avez un magasin Noz près de chez vous, courrez-y! En ce moment, de très nombreux titres du catalogue du Serpent à plumes, filiale des Editions du Rocher, sont à des prix très attractifs. De 2.50€ à 2.90€ le roman neuf, initialement à 20€ en moyenne. A ce prix là, on se fait plaisir!

Arriva ce qui devait arriver, on a fait une razzia qui fait pleurer nos PAL mais danser la gigue à nos portes monnaies.

Voici le tableau de chasse:

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- Au bord du gouffre de David Wojnarowicz
- Sirtaño ou la légende du serpent-roi de Renaud Joubert
- Les Couloirs du temps de Iouri Mamleïev

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- La Plage de Marie Hermanson
- Axolotl Roadkill d'Hélène Hegemann
- La Sarabande des soupirs de Gianni Celati

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- Animals tristos de Jordi Punti
- Cinéma mental de Gianni Celati
- La Madone au manteau de fourrure de Sabahattin Ali

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- Finnigan et moi de Sonya Hartnett
- Une Fille de pasteur de George Orwell
- Le Tumulte des roses de Manuel Peyrou

12 romans neufs pour le prix d'1. C'est pas trop beau ça!? Franchement, pourquoi se priver? De quoi faire des découvertes, tenter des auteurs jusqu'alors méconnus et surtout se faire du bien au moral en pensant aux longues heures de lecture au soleil qui nous attendent (quand le soleil reviendra...).

Vous avez un Noz dans les alentours? Qu'est ce que vous faites encore devant l'écran de votre ordinateur!? Go go goooo!

vendredi 1 juillet 2011

"La Ferme des animaux" de George Orwell

LA-FERME-DES-ANIMAUXL'histoire: Un certain 21 juin eut lieu en Angleterre la révolte des animaux. Les cochons dirigent le nouveau régime. Snowball et Napoléon, cochons en chef, affichent un règlement:
"Tout ce qui est sur deux jambes est un ennemi. Tout ce qui est sur quatre jambes ou possède des ailes est un ami. Aucun animal ne portera de vêtements. Aucun animal ne dormira dans un lit. Aucun animal ne boira d'alcool. Aucun animal ne tuera un autre animal. Tous les animaux sont égaux."
Le temps passe. La pluie efface les commandements. L'âne, un cynique, arrive encore à déchiffrer:
"Tous les animaux sont égaux, mais (il semble que cela ait été rajouté) il y en a qui le sont plus que d'autres."

La critique Nelfesque: Me voici plongée dans la lecture d'un classique. "La Ferme des animaux" fait partie des incontournables de la littérature et honte à moi je ne l'avais encore jamais lu. Omission réparée!

J'ai beaucoup aimé ce roman qui avec des mots et des situations simples met en scène des évènements politiques et explique l'Histoire. Il n'y a pas d'identification mais on peut aisément y retrouver quelques épisodes connus à travers le monde.

Les animaux, qui en ont plus que marre de trimer tous les jours pour enrichir le fermier et n'avoir en retour qu'une gamelle tout juste remplie, décident de se révolter, de mettre à la porte leur maître et de s'organiser par eux-même afin de pourvoir à leurs besoins et ainsi vivre en harmonie et heureux. C'est du moins l'idée de départ de cette révolution... Mais très vite, des clans se forment. Les puissants, ici les cochons, vont s'octroyer des avantages à la barbe des autres animaux de la basse-cour, animaux qui n'y verront que du feu puisque les cochons savent manier la parole et tourner les situations à leur profit.

Ces animaux qui au départ étaient tous égaux, vont, à l'image des hommes, jouer des coudes et mettre en place une quasi dictature. George Orwell nous propose là une fable qui nous fait réfléchir sur les manoeuvres des hommes politiques pour arriver à leurs fins. On peut certes lire ce roman en restant sur la forme et le trouver drôle ("huhu des animaux qui se prennent pour des hommes" et blablabla) mais si on creuse, on s'apperçoit que dans ce roman, l'auteur nous montre les limites de la démocratie avec habileté. Tout y est: un hymne "national", des "lois" sous forme de commandements, des "citoyens" animaliers, des "meetings" à la ferme, des promesses "électorales" sous forme de doubles rations de nourriture... mais très vite l'injustice et les privilèges vont montrer le bout de leur nez et certains simples animaux en viendront à se comporter comme des hommes.

Une façon de nous dire que quoi que l'on fasse, qui que nous soyons, nous ne pouvons être égaux et devrons toujours être gouverné par des puissants aux dents longues? Chacun se fera sa propre opinion. Une chose est sûre, la lecture de "La ferme des animaux" est fortement conseillée!

Cette lecture entre dans le cadre des Babies-Challenges Drame et Contemporain 2011.

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La critique de Mr K (edit du 13/08/21) : Re-reading de choix que La Ferme des animaux de George Orwell que j’ai ressorti de notre bibliothèque suite à la débâcle démocratique que se sont révélées être le premier tour des régionales et départementales avec un taux d’abstention record. J’avais lu le présent ouvrage en Terminale suite aux recommandations de mon génial (et fou) professeur de philosophie, un livre qui m’a marqué dans ma chair et mon esprit et qui a mis en exergue mes premières velléités de rébellion face à l’incurie de l’être humain et sa course inlassable au pouvoir.

Tout le monde ou presque connaît le pitch de ce livre culte de chez culte. Dans une ferme anglaise, les animaux se révoltent contre l’oppression humaine et sous la direction des cochons vont les chasser de l’exploitation agricole. Commence alors la mise en place d’une utopie égalitaire qui doit apporter à chacun des habitants de la ferme l’égalité sous forme d’autogestion, de partage et de prospérité. Mais évidemment, comme tout idéal, il va se confronter à la réalité et la nature profonde du pouvoir qui corrompt tout ceux qui l’approchent ou le touchent.

Sous forme de pseudo conte animalier, George Orwell nous renvoie face à nos contradictions et notre bêtise. Aaaah, on fait de beaux rêves, on pose de beaux postulats, on rêve d’un monde meilleur mais l’exercice du pouvoir pervertit tout et les sept commandements originels peints sur la grange sensés guider la communauté dans une quête de justice sont tour à tour dénaturés et vidés de toute substance. L’œuvre met bien en lumière les rouages en œuvre pour la domination de la masse par la manipulation, le mensonge et l’usage de la force.

On a beaucoup parlé de cette métaphore du régime communiste mais en ce début de vingtième et unième siècle, on ne peut que constater que finalement les mêmes ficelles sont utilisées par l’ultra-libéralisme ambiant sous fond de mondialisation. "Consomme et ferme ta gueule" ont remplacé le "Travaille pour la cause et ferme ta gueule". Le résultat est le même, une aliénation de l’individu au nom d’un idéal de masse qui ne libère pas, abrutit et détruit.

Ce petit livre de 151 pages écrit en 1945 n’a pas pris une ride, on y retrouve tout le talent de visionnaire et d’observateur aiguisé de l’humanité qu’était George Orwell. C’est incisif, puissant et toujours autant d’actualité. Un bijou, un livre essentiel à posséder et lire et relire.

Posté par Nelfe à 17:50 - - Commentaires [18] - Permalien [#]
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