"Le miroir de Satan" de Graham Masterton
L’histoire : Martin Williams, un scénariste, fait l'acquisition d'un miroir ayant appartenu à Boofuls, enfant-star d' Hollywood, assassiné en 1939 dans des circonstances aussi tragiques que mystérieuses. Les miroirs, c'est bien connu, peuvent être des portes sur d'autres mondes. Celui-là est une porte sur l'enfer, sur un "Hollywood à l'envers" où sous ses dehors de petit garçon angélique, Boofuls va se révéler la plus diabolique des créatures...
La critique de Mr K : Un bon plaisir régressif au programme d'aujourd'hui avec un Graham Masterton exhumé de ma PAL, un auteur que j’aime tout particulièrement lire en été, le genre épouvante convenant parfaitement à cette période d’accalmie au niveau taf et au climat surchauffé. Quoi de mieux donc qu’un ouvrage traitant de l’enfer et du Diable avec Le miroir de Satan, une variation très libre autour de l’œuvre de Lewis Carroll. J’y allais avec confiance vu la belle surprise que s’était révélé être Le Portrait du mal qui lui partait sur les pas d’Oscar Wilde. Ce fut ici une lecture très plaisante, addictive et très agréable malgré une fin quelque peu abrupte.
Être scénariste est loin d’être une sinécure. Loin d’être riche, Martin Williams vivote dans un Hollywood où la richesse semble à portée de main. Il ne s’en plaint pas pour autant, il vit pleinement sa vie de célibataire, multiplie les conquêtes et réalise quelques percées dans le marché des séries à succès comme l’Agence tout risque. Il a un projet secret, une marotte : celle de réaliser une comédie musicale sur un enfant-star assassiné violemment par sa grand-mère en 1939. Par un hasard surprenant, il se retrouve avec la possibilité d’acquérir des meubles lui ayant appartenu. Il jette son dévolu (il n’a en fait les moyens que pour ça) sur un grand miroir surmonté d’une figurine grimaçante et l’installe chez lui.
C’est bien connu, les miroirs capturent une partie de votre âme quand vous vous contemplez dedans, certains disent même qu’ils sont un lieu de passage vers d’autres mondes ou dimensions. Martin va l’apprendre très vite à ses dépens. Il commence par y voir des choses qui ne devraient pas y être et bientôt des échanges vont s’avérer possibles. Le simple fait surnaturel et inquiétant va devenir terriblement angoissant avec de premières apparitions glaçantes et des morts violentes qui s’accumulent autour de lui. L’enfant disparu semble avoir survécu et vivre de l’autre côté. Que se passerait-il s’il réussissait à traverser le miroir et à venir dans notre monde ? Le lecteur et le héros prit de panique ne vont pas tarder à le savoir !
Ce qu’il y a de bien avec cet auteur, c’est que ce n’est pas un tâcheron comme on en trouve un peu trop souvent dans le genre. Le style est étudié, fourni et pour autant très accessible et évocateur de scènes délirantes et effrayantes. Masterton s’y entend pour nous mettre les chocottes et il y est arrivé plus d’une fois avec moi avec cette lecture, je peux vous dire que je regardais différemment mon reflet dans le miroir de la salle de bain. On passe dans ce roman de moments calmes à de brusques accélérations narratives qui mettent mal à l’aise, la bienséance n’étant pas dans ces pages bien au contraire. Satan ne fait pas dans la dentelle et dans la morale première, il se déchaîne ici.
L’aspect fantastique est très bien rendu, insidieux et pernicieux, il baigne les pages d’une atmosphère glauque. On n’est pas déçu par cette immersion poisseuse, très progressive et qui voit les certitudes du héros fortement ébranlées. Les faisceaux de présomptions tournent vite aux révélations incroyables. A la moitié de l’ouvrage, on se rend compte que la simple histoire de revenant et d'objet possédé vire en quelque chose de bien plus important et que le sort du monde tel qu’on le connaît est en jeu. Surtout que les esprits finissent par se déchaîner et donnent lieu à des scènes bien gores dont l’auteur a le secret. Ça gicle bien, c’est bien sadique par moment, perso j’adhère et j’adore. Un bon Masterton recèle forcément des passages bien salés, et l’on n’est pas déçu sur ce plan là non plus !
En filigrane, on lit aussi une bonne critique bien senti du système hollywoodien, de la logique de succès et d’échec avec son lot d’âmes perdus et de laissés pour compte capables de tout pour réussir. Le milieu est bien pourri par l’argent, la quête de pouvoir et la volonté de n’en laisser aucune miette. Typiquement le genre d’enfer sur terre idéal pour faire germer un mal plus profond. L’auteur s’en donne donc à cœur joie et la jubilation est là encore totale. Un petit bémol, la résolution arrive tardivement et aurait mérité davantage de développement. Ce n’est pas bâclé pour autant, tout a une explication mais le climax installé aurait mérité d’être détruit de manière moins rapide et plus prolongé. Mais c’est un menu défaut je vous rassure.
Très bonne lecture donc que je ne peux que conseiller à tous les amateurs de frissons, d’ambiance de fin du monde et de paranoïa galopante. C’est efficace, bien mené et l’on n’est pas déçu.
Egalement lus et chroniqués de Masterton au Capharnaüm éclairé :
- Le Portrait du mal
- Magie des neiges
- Apparition
- La Cinquième sorcière
- Le Jour J du jugement
- Le Trône de Satan
- Le Sphinx
- Magie maya
Petites acquisitions d'été
Voila... il fallait bien que ça arrive ! Nous sommes retournés à notre Emmaüs et nous avons craqué ! Cela faisait pratiquement deux ans que nous n'y avions pas mis les pieds : l'arrivée de Little K, la COVID, la Raison pour ma part sont autant d'éléments qui nous ont tenu éloignés de ce lieu de perdition toujours aussi bien achalandé en terme de livres.
Voila le butin ! De belles prises au milieu d'un océan de tentations. De mon côté, j'ai évité les bacs de littérature dite contemporaine pour me concentrer sur la SF et le policier, deux genres sous représentés dans ma PAL. Nelfe est quant à elle tombée sur des ouvrages qu'elle avait repéré au fil du temps sur les réseaux et les sites d'actualité littéraire.
Et c'est parti pour une présentation en bonne et due forme de tous les petits nouveaux.
(mes trouvailles !)
- Histoires écologiques, collectif. Un recueil de nouvelles de science-fiction consacré à l'écologie, thème majeur du genre et sujet ô combien central dans l'évolution de notre monde actuel. Il est bon de revenir vers des auteurs classiques pour nourrir sa réflexion : Poul Anderson, Brian Aldiss, Philip Jose Farmer entre autres se penchent sur les désastres mais aussi les solutions possibles dans cette anthologie qui promet beaucoup et qui appartient à une collection qui m'a toujours donné beaucoup de plaisir de lecture.
- Le Miroir de Satan de Graham Masterton. Un auteur chouchou dont je n'avais pas encore lu ce titre, variation horrifique très librement inspirée de Lewis Carroll et de son oeuvre culte. Graham Masterton avait déjà fait le coup avec le très bon Le Portrait du Mal en s'inspirant d'Oscar Wilde. Le héros acquiert un miroir ayant appartenu à un enfant-star d'Hollywood assassiné dans de mystérieuses circonstances en 1939. Il va s'avérer très vite qu'il s'agit d'une porte vers l'Enfer et que son ancien propriétaire décédé ne l'est pas tout à fait complètement... Cet ouvrage ne passera pas l'été, c'est typiquement le genre de lecture détente que j'aime pratiquer en vacances.
- Les Quatre vents du désir d'Ursula Le Guin. Un autre recueil de nouvelles avec 20 récits à la confluence des genres SF et fantastique d'une auteure atypique et géniale à la fois : Ursula Le Guin. Son écriture est accessible, précise, poétique et très addictive. Il me tarde de me plonger à nouveau dans un de ses ouvrages. Celui-ci, je voulais l'acheter depuis un certain temps, c'est donc un très bon cas de hasard heureux que cette trouvaille. Yes !
- Yeruldelgger d'Ian Manook. Belle pioche aussi avec cet ouvrage d'Ian Manook dont j'ai aimé mes deux précédentes lectures qui se déroulaient en Islande. Ce titre est le plus connu de lui et il m'avait échappé jusque là. L'action se déroule en Mongolie et met le héros éponyme aux prises avec des crimes particulièrement épouvantables. Vu les avis lus ici ou là, ça promet. Vive le chinage !
- 2084 de Boualem Sansal. Un roman dystopique qui a fait beaucoup parler de lui à sa sortie et qui a divisé ses lecteurs, beaucoup l'ayant comparé au 1984 de George Orwell soit en positif soit en négatif. N'ayant que peu lu les critiques ou alors de manière superficielle, j'aborderai cette lecture de manière neutre. Un homme va se révolter contre un système fondé sur l’amnésie et la soumission au Dieu unique où la moindre pensée personnelle est proscrite et où la surveillance est généralisée. Perso, ça me donne envie !
- Dîner de têtes de Kââ. Un ouvrage au charme particulier car écrit par mon ex professeur de philosophie de Terminale littéraire aujourd'hui disparu, l'inénarrable Kââ à la prose plus que particulière... Un serial killer de la France profonde, de jeunes femmes victimes innocentes dans un thriller bien sanglant sont promis sur la quatrième de couverture. Wait and read !
(Les trouvailles de Nelfe !)
- Kinderzimmer de Valentine Goby. En 1944, le camp de concentration de Ravensbrück compte plus de quarante mille femmes. Sur ce lieu de destruction se trouve comme une anomalie, une impossibilité : la Kinderzimmer, une pièce dévolue aux nourrissons, un point de lumière dans les ténèbres. Un ouvrage fait pour Nelfe qui est passionnée par la seconde guerre mondiale et va découvrir par la même occasion l'écriture limpide et hautement séduisante de Valentine Goby qui m'avait bien plu lors de mes trois lectures de romans jeunesse sur l'immigration.
- Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu. Autre thématique appréciée par ma douce, l'adolescence et ses affres. Ici, l'auteur nous raconte l'histoire d'Anthony 14 ans qui le temps de quatre étés va expérimenter la vie dans un monde qui se meurt avec notamment un premier amour qui se révélera douloureux comme bien souvent. Un roman qui a beaucoup plu et dont on a beaucoup parlé à sa sortie. Au tour de Nelfe de se faire son propre avis...
- My absolute darling de Gabriel Tallent. Adolescence encore et mal de vivre social au programme de ce roman noir qui bascule lors d'une rencontre qui va changer la vie de Turtle, la jeune protagoniste principale asociale de ce roman prometteur. M'est avis que je le piquerai à Nelfe si un jour j'en ai le temps ! Et puis Gallmeister hein...
De bien belles acquisitions une fois de plus et dont nous vous parlerons ici même au fil de nos lectures. Pour le coup, je trouve qu'on a été raisonnables, du moins... jusqu'à la prochaine fois !
"Magie maya" de Graham Masterton
L‘histoire : Rafael Diaz, le nouvel étudiant de Jim Rook, paraît calme, timide et réservé. Mais le jeune Mexicain semble avoir un don étonnant : en ayant recours à un ancien rituel maya, il parvient à débarrasser ses camarades de leurs phobies et de leurs peurs les plus profondes... Bientôt des meurtres monstrueux sont commis sur le campus. Le jeune Rafael en serait-il involontairement responsable ? Ou serait-il l'incarnation de Xipe Totec, démon friand de sacrifices humains ? Et n'avoir plus peur de rien, n'est ce pas la chose la plus dangereuse et la plus effrayante qui soit ?
La critique de Mr K : Voyage en terres horrifiques aujourd’hui avec Magie maya de Graham Masterton, deuxième ouvrage de sa série consacrée à Jim Rook, héros récurrent d’un auteur qu’on ne présente plus. Pour tout vous dire, Magie des neiges ne m’avait pas convaincu mais comme j’avais acheté les deux volumes en même temps, je décidai de redonner une chance à ce héros qui m’avait particulièrement agacé lors de ma précédente lecture. J’ai bien fait car même si on ne peut pas crier au génie, on passe un bon moment avec une pure série B littéraire qui se déguste très très vite !
On retrouve donc ce professeur d’anglais spécialisé dans les publics difficiles alors qu’un curieux phénomène se déroule dans sa classe. Le jeune Rafael, son nouvel étudiant mexicain, semble avoir une curieuse influence sur ses camarades. Apprécié, entouré, il est capable de soigner les phobies de ses camarades. Bye bye ces peurs irraisonnées des araignées, du noir ou encore de la noyade... Pas de quoi s’inquiéter donc même si la peur en elle-même est un moyen de défense bien utile face au danger. Voyant des choses que les autres ne sont pas capables de percevoir, Jim soupçonne des puissances occultes d’être cachées dans l’ombre de ces événements miraculeux...
La suite lui donne raison avec une série de morts particulièrement atroces qui touchent justement certains de ses élèves ! Membres arrachés, décapitation et autres joyeusetés sont au menu avec des victimes que l’on retrouve toujours le sourire aux lèvres ! Qui est donc Rafael ? Victime, coupable ou complice ? Que cachent les cérémonies secrètes qui ont eu lieu et quel est cet être informe et mystérieux qui rode autour de Jim ? Il lui faudra tout son courage, son abnégation et son sang froid pour venir à bout d’une monstruosité antédiluvienne qui ne s’arrêtera que lorsqu’elle aura sa moisson d’âmes !
C’est typiquement le genre de livre que l’on commence très facilement et qui se lit tout aussi aisément. Le page-turner à la sauce Masterton fonctionne toujours aussi bien. Pas prise de tête pour un sou, enchaînant horreur pure et scénettes plus intimistes, on se plaît à s’enfoncer avec Jim dans une affaire hors du commun. Pour le coup, je l’ai trouvé bien moins énervant que dans ma précédente lecture. Bon, le personnage n’est pas du tout crédible en tant que professeur (manque de distance, discours creux...) mais j’ai trouvé le personnage moins pédant et plus humain. Il faut dire qu’il a fort affaire ici et qu’il n’est pas loin d'y laisser la vie à plusieurs reprises. Les autres protagonistes tiennent aussi la route avec notamment un Rafael inquiétant et intriguant qui souffle le chaud et le froid pendant une bonne moitié de l’ouvrage.
Par contre, c’est le genre de lecture qui réserve peu de surprise quand on pratique régulièrement le genre. Tout ici est bien huilé, relié, construit mais finalement très attendu car à part deux / trois rebondissements bien sentis, on voit les autres arriver à 10km. Cela n’empêche pas de passer de très bons moments avec des meurtres particulièrement sanglants (Masterton excelle dans les descriptions gores) et des effets flippants maîtrisés. Un petit plaisir coupable en somme, un récit vif et maîtrisé qui procurera quelques menus frissons et une belle addiction à tous les amateurs du genre !
Egalement lus et chroniqués de Masterton au Capharnaüm éclairé :
- Le Portrait du mal
- Magie des neiges
- Apparition
- La Cinquième sorcière
- Le Jour J du jugement
- Le Trône de Satan
- Le Sphinx
"Le Sphinx" de Graham Masterton
L’histoire : Au cours d'un cocktail, Gene Keller, jeune politicien ambitieux, fait la connaissance de Lorie Semple, une jeune femme d'origine égyptienne. Il tente de la revoir, mais elle le fuit. En essayant malgré tout de s'introduire chez les Semple, Gene est victime d'une agression. Soigné par la mère de Lorie, une femme aussi belle et mystérieuse que sa fille, il apprend qu'elles descendent d'une ancienne tribu qui vénérait Bast, le Dieu-lion.
Après bien des réticences et des propos étranges, Lorie fini par accepter d'épouser Gene. Mais les incidents troublants se multiplient. Outre sa prédilection pour la viande crue, la jeune femme, une nuit, sort de la propriété. Quand elle revient au petit matin, elle est entièrement nue et couverte de sang...
La critique de Mr K : Petit plaisir coupable estival aujourd’hui avec Le Sphinx de Graham Masterton, ouvrage de la collection Terreur des éditions Pocket qui me rappelle allégrement mes jeunes années lectures. Lire cet auteur est toujours synonyme de divertissement et même si sa bibliographie peut s’avérer inégale, on se plaît à doucement frissonner au fil des récits échevelés qu’il nous livre. Beauté fatale, vieilles traditions ésotériques et héros imbu de lui-même sont au programme d’un ouvrage qui ne m’a résisté qu’un après-midi !
Des yeux verts perçants en Diable, des courbes plus que généreuses à se faire damner un Saint, elle a du charme Lorie Semple ! C’est bien simple, à un cocktail de haut vol, Gene Keiller ne voit qu’elle et le voila ensorcelé. Ce jeune affairiste de la politique brave les refus de la belle, et la relance sans cesse tant il est instantanément tombé fou amoureux. Il est tellement pris par la passion qu’un soir, il tente le tout pour le tout et pénètre dans la demeure familiale par effraction et finit assommé ! À son réveil, sa future belle-mère lui apprend qu’elle lui donne sa bénédiction et voila bientôt l’heureux homme marié. Mais voila, les apparences se révèlent une fois de plus trompeuses et très vite Gene tombe de Charybde en Sylla à base de révélations successives mêlant meurtres sanglants et vieille lignée égyptienne qui tente de survivre coûte que coûte.
Comme dans ma lecture précédente de Masterton (Le Djinn), le héros m’a laissé de marbre. Finalement assez suffisant malgré les airs qu’il se donne, limite misogyne envers sa secrétaire (un amour de jeunesse dont il aime entretenir volontairement ou non les braises à l’occasion), possédant globalement une perception vieux jeu de la femme et des apparences, on prend assez vite plaisir à le voir essuyer ses premiers déboires. Dévoré par le désir, puis la culpabilité, il embarque dans une histoire d’amour dont il ne soupçonnait pas la part d’ombre ! Frustré, perdu et en quête de repères, il mange ses doigts à de nombreuses reprises... En face, la personnalité de la jeune femme évolue fortement et celle qui pouvait s’apparenter au départ à une proie facile cache un lourd secret qui va faire basculer le récit vers un fantastique aussi insidieux qu’efficace. Ok, les personnages sont un peu caricaturaux, on retrouve des recettes déjà éprouvées mais la mayonnaise prend bien et le mix entre le monde politique et vieille croyances surgit des âges anciens fonctionne bien. Et puis, c’est bien connu, c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes.
Le genre est maîtrisé une fois de plus par Masterton qui distille le suspens avec subtilité. Certes les vieux de la vieille vont percer bien des mystères avant leur divulgation officielle mais la gradation de la tension est là, le présent réaliste bascule à l’improviste vers un ésotérisme oriental aussi létal que séduisant et l’on se plaît à se demander jusqu’où l’auteur va aller. Le bât blesse quelque peu avec une fin que je qualifierai finalement d’heureuse (à modérer cependant), personnellement j’aurai été plus loin dans l’horreur et le pessimisme, vu les forces en jeu dans ce roman, ça aurait été plus logique... Reste un récit rythmé, bien mené qui à défaut de réellement surprendre se révèle plaisant et efficace. Une bonne série B que les amateurs apprécieront comme une chouette petite confiserie !
Egalement lus et chroniqués du même auteur au Capharnaüm éclairé :
- Le Portrait du mal
- Magie des neiges
- Apparition
- La Cinquième sorcière
- Le Jour J du jugement
- Le Trône de Satan
- Le Djinn
"Le Djinn" de Graham Masterton
L’histoire : Un collectionneur d'antiquités de Moyen-Orient meurt dans des conditions aussi étranges que soudaines. Sa veuve parle d'une obsession fanatique que lui aurait inspirée une poterie très ancienne, une jarre mystérieuse qui, semblerait-il, contiendrait un esprit maléfique... un djinn. Et voici que ce djinn redoutable, terrifiant, cherche bel et bien à se matérialiser et que, pour y parvenir, il déploie les pires abominations...
La critique de Mr K : Petit plaisir coupable aujourd’hui avec un Graham Masterton sorti de ma PAL lors de mes dernières congés. J’adore cet auteur qui livre bien souvent des romans d’épouvante efficaces, bien saisis en terme de gore et avec un sens du rythme soutenu et addictif. Avec Le Djinn, il s’attaque à sa manière au mythe de la lampe merveilleuse et propose une course contre la montre haletante qui se lit en un après-midi !
Suite à la mort de son parrain, le héros, un extra-lucide arnaqueur en petite forme, se rend compte que le disparu ne tournait plus rond depuis un certain temps. Ce passionné de sciences et de cultures orientales a ramené lors d’un de ses voyages une mystérieuse jarre qui semble avoir une emprise diabolique sur celui qui la possède. Selon la légende, elle renfermerait un djinn, une créature / démon des airs qui terrifie les enfants dans les contes. Sauf qu’ici elle est bien réelle et ne demande qu’une chose : qu’on la libère ! Les événements et morts suspectes commencent à s’enchaîner et la menace se fait de plus en plus insidieuse. Mais comment peut-on combattre une entité plurimillénaire qui semble invincible ? Surtout quand personne ne vous croit et que seul une poignée de personnes est prête à vous emboîter le pas...
Ce roman est de facture très classique, n’attendez pas la moindre surprise lors de sa lecture. Cette petite déception dite, le reste est très bon et surtout efficace. On frissonne pas mal et franchement on en redemande. Difficile en effet de relâcher ce livre avant la fin tant on est pris par l’histoire, les rebondissements et finalement la possibilité de livrer le monde à un djinn pas très engageant. C’est mon côté sadique qui s’exprime, on aimerait bien parfois que les forces obscures gagnent. Une fois de plus la menace sera battue mais à quel prix ! Cruel avec ses personnages (comme souvent avec lui), Masterton leur réserve un destin peu enviable.
À ce niveau, je dois avouer que j’ai largement préféré les seconds rôles que j’ai trouvé remarquablement croqués avec concision et efficacité. La marraine possédée, sa dame de compagnie étrange, un docteur émérite courageux et branque, une jeune femme spécialisée dans la rétrocession d’Antiquités à leur pays d’origine sont autant d’âmes qui vont révéler bien des secrets à la lueur du danger qui les guette. Le héros par contre m’a laissé froid, pas très crédible, faussement cynique, volontiers misogyne par moment (ne vous inquiétez pas il mange ses dents à plusieurs reprises), on en viendrait à souhaiter que la mort le frappe tant il peut se révéler agaçant. Un coup dans l’eau à ce niveau là.
Les codes du fantastique sont parfaitement respectés avec notamment un basculement dans le surnaturel qui se déroule petit à petit avec des allers retours entre passé et présent, l’irruption de phénomènes inquiétants qui font monter la pression comme il faut et cette fois-ci, une certaine économie au niveau des détails sordides. Plus soft mais du coup plus évocateur, laissant libre court à l’imagination, le lecteur est vraiment pris au piège. Quelques références culturelles et historiques complètent l’opus à l’occasion, donnant une vision assez effrayante de quelques histoires populaires que l’on a pu nous raconter étant petit (Aladin et la lampe merveilleuse, Ali Baba et les 40 voleurs notamment).
Bien écrit, allant à l’essentiel, on passe un bon moment avec Le Djinn même si je dois avouer que ce n’est pas mon préféré de l’auteur. Une bonne distraction en tout cas qui conviendra à tous les amateurs de récits d’épouvante pas prise de tête.
Egalement lus et chroniqués de Masterton au Capharnaüm éclairé :
- Le Portrait du mal
- Magie des neiges
- Apparition
- La Cinquième sorcière
- Le Jour J du jugement
- Le Trône de Satan
Premiers craquages de 2019 !
Et oui ! 2019 a débuté depuis peu et nous avons déjà craqué en matière d'ouvrages d'occasion. Bon en fait, surtout moi, mais cela ne vous surprendra pas, Nelfe a toujours su être plus raisonnable que moi en la matière. Mais bon, on ne se refait pas et comme je ne crois pas aux résolutions de début d'année, je n'avais rien promis... Vous retrouverez dans ce post des articles dégotés à prix vraiment très bas dans notre recyclerie locale et dans notre très achalandé Emmaüs, deux hauts lieux de chinage qui décidément nous déçoivent rarement ! Regardez-moi ça !
De belles prises, non ? Pour éviter de définitivement plomber ma PAL qui dépasse allégrement les 200 ouvrages dormants, j'essaie désormais d'aller vers des auteurs et des ouvrages que je souhaite absolument lire. Ça réduit un peu le degré de tentation même si ça ne permet pas d'éviter tous les écueils. Le butin est en tout cas bien alléchant et je m'en vais vous le présenter en détail !
(Ouvrages contemporains en pagaille)
- Les Vivants et les morts et La Brigade du rire de Gérard Mordillat. Un auteur que j'adore et sur lequel je fais coup double ! Je suis justement en train de lire son dernier (Ces femmes-là) qui dépote. J'aime la langue simple et truculente de l'auteur, son engagement à gauche et sa façon d'aborder les problèmes sans fioriture. Typiquement le genre de littérature qui me parle, fait réfléchir et donne du baume au coeur dans un monde devenu fou à mes yeux. Ils ne resteront pas longtemps dans ma PAL même si je vais essayer d'espacer mes lectures pour éviter l'overdose.
- Dans l'or du temps de Claudie Gallay. Une autre auteure que j'affectionne tout particulièrement. Depuis ma lecture enthousiaste des Déferlantes, dès que je vois un Claudie Gallay trainer dans un bac, je ne peux pas résister ! Elle nous raconte ici la rencontre improbable entre un homme père de famille et une vieille dame singulière qui va finir par se confier sur sa vie passée haute en couleur. On peut compter sur l'auteure pour nous dévoiler des personnages attachants et profonds, raconter les fêlures intimes voir l'indicible au détour d'un récit enlevé. Hâte d'y être !
- Hors d'atteinte d'Emmanuel Carrère. Encore un auteur que je pratique régulièrement et qui ne m'a jusque là jamais déçu. Il nous propose dans ce roman de suivre Frédérique, une prof de collège qui va tomber dans l'addiction au jeu et remettre sa vie au main du hasard par pur défi. On peut compter sur Emmanuel Carrère pour nous proposer un récit vertigineux à partir d'un point de départ basique. Je pense que ce sera encore une lecture plaisante.
- Comment j'ai raté mes vacances de Geoff Nicholson. Voici ma prochaine lecture, j'ai enfin réussi à trouver un ouvrage fun et décalé. J'enchaine les lectures sombres et pessimistes, il est bon aussi de bien rigoler parfois un livre à la main ! Croisement entre Tom Sharpe et les Marx Brother, l'auteur nous invite à passer des vacances en compagnie d'Éric et sa famille. À priori, rien ne se passe comme prévu et l'on croise un nombre impressionnant de personnages plus branques les uns que les autres. M'est avis que ça devrait me plaire ! Je vous en reparle très bientôt sur IG!
(Pour quelques livres de genre en plus...)
- L'Oeuf du dragon de George R. R. Martin. En attendant que le maître incontesté de la lenteur d'écriture nous offre ENFIN la conclusion de sa saga, je suis tombé sur ce petit volume se déroulant avant Le Trône de fer. Ça me fera patienter et je suis impatient de passer quelques temps en compagnie du chevalier sans terre et surtout de son écuyer, un certain Aegon Targaryen ! Conspiration, baston et voyages en terres lointaines sont au programme. Ce volume ne restera certainement pas bien longtemps dans ma PAL, Westeros me manque trop !
- Druide d'Oliver Peru. Voici un volume qui m'avait fait de l'oeil plusieurs fois lors de nos séjours successifs aux Utopiales. Le hasard fait donc bien les choses, j'ai hâte là aussi de me plonger dans la lecture de cet ouvrage de fantasy mettant en lumières le culte druidique, protecteur du monde. Un crime va remettre tout en cause provoquant le chaos et le désordre. Précédé d'une excellente réputation, cet ouvrage promet beaucoup. Qui lira, verra!
- L'Univers en folie de Fredric Brown. Petit détour par la science fiction avec un auteur qui n'est plus à présenter et qu'il fait bon fréquenter régulièrement quand on est fan du genre. Suite à un accident lors d'un lancement de fusée, un journaliste renait dans un monde parallèle où il va devoir se confronter puis conjuguer avec son double. L'expérience promet d'être fascinante et complètement décalée.
- Le Djinn de Graham Masterton. Un petit ouvrage de terreur enfin avec un Graham Masterton auquel je ne peux pas résister non plus ! Un objet ancien venu de l'autre bout du monde, un esprit malveillant qui ne demande qu'à être libéré, une obsession dangereuse, un auteur aimant la démesure et à l'écriture addictive... Ce sont les ingrédients idéaux pour fournir un bon récit fantastique et gore. Le genre de lecture-récréation qui ne se refuse pas !
(LA trouvaille de Nelfe !)
- Les Morsures de l'ombre de Karine Giébel. Une auteure que ma douce a découvert sur le tard mais qu'elle a beaucoup apprécié sur sa première lecturede Toutes blessent la dernière tue (chronique à venir quand elle le voudra bien...). Nelfe est une grande amatrice de thriller devant l'éternel, nul doute que cette histoire d'homme mis en cage suite à un RDV amoureux va lui plaire. On nous parle en quatrième de couverture de frontières floues entre bourreaux et victimes, de hasard inexistant et de psychologie torturée... Purée ça promet !
Au final, on n'est pas peu fiers de nos achats. Malgré une grille de sélection plus resserrée, on a vraiment de très bons dealers de livres de seconde main dans notre secteur et cela promet encore de très bonnes heures de lecture. La PAL ne s'en porte pas mieux mais que voulez-vous, quand on aime, on ne compte plus! Suite au prochain numéro, lors des chroniques à venir dans les jours, semaines, mois et années à venir !
"Le Trône de Satan" de Graham Masterton
L’histoire : Rick Delatolla se flattait d'avoir le don pour flairer les bonnes affaires. Et le fauteuil en acajou richement sculpté de serpents et de corps humains entrelacés paraissait bien être l'occasion du siècle.
Jusqu'à ce que des choses étranges commencent à arriver à Rick et sa famille : arbres du jardin dépérissant en quelques heures, journées entières s'écoulant en un clin d'œil, chien dévoré de l'intérieur par un monstrueux insecte.
Rick savait qu'il n'avait pas le choix : il fallait qu'il détruise le fauteuil avant que le fauteuil ne détruise tout ce qui comptait pour lui.
Mais le trône de Satan l'avait pris en affection et tenait absolument à lui accorder ses bienfaits...
La critique de Mr K : Petit séjour sympathique dans la planète terreur aujourd’hui avec cet ouvrage de Graham Masterton, un orfèvre anglais en la matière qui ne m’a jamais déçu. Une fois de plus, c’est par hasard que je tombai sur Le Trône de Satan, sombre histoire d’objet démoniaque qui va bouleverser le quotidien d’une famille. Cette lecture, à défaut d’être d’une grande originalité, a le mérite d’être redoutablement efficace et d’être menée de main de maître.
Rick est un brocanteur à qui la vie sourit : son couple est à son zénith, ils ont un enfant adorable et ses affaires marchent très bien. Plutôt aisé, il croque la vie à pleines dents et ne se préoccupe pas vraiment du lendemain. Mais voila qu’un jour, un étrange personnage lui propose un fauteuil à la valeur présumée très intéressante. Au final, Rick en devient acquéreur un peu contre son gré et va s’en mordre les doigts. Il semblerait bien que le meuble soit maudit et doué d’une raison propre. Les événements étranges, surnaturels et bientôt macabres s’accumulent autour de la petite famille. Très vite, ils vont se rendre compte qu’il est très difficile de se défaire de la marque du Seigneur des mouches dont l’ombre semble planer sur les pages de ce roman au rythme vif et haletant.
On retrouve dans ce récit des thèmes classiques du fantastique à commencer par l’objet hanté qui semble très attaché à son nouveau propriétaire. Apparaissant et disparaissant à l’envie, mu par une volonté et une vie propre, il étend son influence sur ses familiers mais aussi leurs proches. Déjà flippant par son apparence, le bois acajou cédant la place sur certaines faces à des sculptures d’un goût douteux, il finira par s’adresser directement à Rick entre menaces et mystérieuses requêtes. C’est en faisant des recherches à son sujet, que le héros découvrira toute la vérité sur cet objet pluri-séculaire qui sème le chaos et la mort sur son passage. D’ailleurs la petite famille ne va pas échapper à la malédiction avec des intersignes très inquiétants, le chien de la maison périssant d’une mort affreuse et un enfant de plus en plus en danger. Non, décidément, on ne rigole pas avec le Seigneur des Ténèbres.
Face à lui, les personnages tentent de s’en sortir comme ils peuvent. Bien qu’il ne soit pas des plus originaux, j’ai aimé suivre Rick dans ses aventures notamment parce que tout cela se déroule autour de l’histoire de l’art et de la brocante, des thèmes intéressants et ici très bien exploités. Histoire, fantastique et mysticisme font très bon ménage une fois de plus, apportant profondeur et questionnement durant les 223 pages de cet ouvrage. Certes, on devine une bonne moitié des ressorts de l’intrigue (surtout si on n’est pas à sa première lecture du genre) mais on prend plaisir à suivre les manifestations démoniaques et leur possible résolution. À noter, la présence d’un personnage ambigu de bon aloi (David) qui brouille un peu les pistes et dont on ne sait pas vraiment quoi penser tout au long du livre tant il ménage la chèvre et le chou, vouant une fascination malsaine pour le fauteuil et éprouvant pour autant beaucoup d’empathie pour les malheurs de Rick et sa famille.
Plutôt avare ici en scènes purement gores (un peu sa spécialité à la base) malgré des passages bien salés en la matière, Masterton se concentre beaucoup sur ses personnages et leurs réactions / sentiments. L’appréhension et la peur se font ici insidieux, rampants et au final très communicatifs. L’action débute dès les premières pages et clairement, le rythme reste soutenu jusqu’à l’ultime chapitre, à la manière d’un bon page-turner. Rajoutez là-dessus les qualités littéraires de cet écrivain qui en font un des meilleurs dans le genre qui compte tout de même pas mal de tâcherons et vous obtenez une série B littéraire addictive à souhait et rudement menée. Les amateurs apprécieront grandement !
Egalement lus et chroniqués de Masterton au Capharnaüm éclairé :
- Le Portrait du mal
- Magie des neiges
- Apparition
- La Cinquième sorcière
- Le Jour J du jugement
"Le Jour J du jugement" de Graham Masterton
L’histoire : Les treize chars avaient débarqué en Normandie le 13 septembre 1944. L'un d'entre eux, un Sherman, était resté, abandonné là depuis la fin de la guerre sur le bas-côté de la route.
Les gens évitaient de s'en approcher. Ils disaient que, par les nuits les plus sombres, on pouvait entendre les morts, l'équipage, parler entre eux à l'intérieur du char.
Dan McCook voulut en avoir le cœur net. C'était déjà une erreur : Mais, surtout, jamais il n'aura dû desceller le crucifix qui fermait la tourelle.
La critique de Mr K : J’éprouve toujours un grand plaisir à retourner dans les griffes de Graham Masterton. Bon écrivain dans le style, il procure à coup sûr des frissons bien placés et une évasion immédiate et efficace. Dans le genre épouvante / horreur, il fait partie des meilleurs à mes yeux. La quatrième de couverture m’a drôlement interloqué quand je tombai par hasard dessus lors d’une énième visite chez l’abbé, il ne m’en fallait pas plus pour embarquer le volume et en débuter la lecture quelques jours après cette acquisition.
Dan est cartographe et séjourne en Normandie pour réaliser des métrés pour illustrer un futur ouvrage de référence sur le débarquement. Par la même occasion, il goûte au doux charme de la région entre gastronomie, jolis paysages et ambiance de terroir. Au hasard d’une rencontre de fortune, on lui raconte une bien étrange histoire de tank hanté datant de la Seconde Guerre mondiale, un véhicule mystérieusement oublié. Sa curiosité piqué, il va commettre l’irréparable en brisant un sceau condamnant à jamais l’ouverture du tank, il ne sait pas encore qu’il a commis l’irréparable et que des forces obscures vont se déchaîner.
On retrouve toutes les qualités de l’auteur dans sa manière de gérer son intrigue. Non avare de détails, il va tout de même à l’essentiel en proposant avec Le Jour J du jugement un récit vif, aux multiples rebondissement sans laisser de réel temps mort au lecteur pris en otage. La preuve en est que je l’ai lu quasiment d’une seule traite seulement gêné dans mon avancement par un repas et quelques menus travaux de jardinage. Il s’en passe des vertes et des pas mûres dans ce roman mêlant références historiques, démonologie ancienne et choc des cultures entre l’américain et la population du crû. Certes on n’échappe pas à certains clichés, ainsi le héros a comme voiture de location une 2CV, il croise des gars portant le béret et la baguette est omniprésente sur toutes les tables. Personnellement, j’ai trouvé cela plutôt rigolo.
On flippe bien à certains moments avec des scènes peut-être moins gores que d’habitude (et encore certains passages sont bien salés dans ce domaine), l’auteur jouant plutôt sur la peur ancestrale du noir, de l’ombre cachée derrière la porte, des voies étranges que l’on croit entendre (le passage avec le magnétophone est un modèle du genre) et celle terrible de la possession de son âme et de son corps par des êtres pervers et démoniaques. Mission réussie dans le domaine avec des passages totalement barrés, une tension qui monte crescendo sans jamais baisser en intensité. Un regret cependant, une fin trop rapide, un peu téléphonée et finalement plutôt convenue. Pas de quoi regretter la lecture des 190 pages de l’ouvrage car la fin est logique mais j’aurais aimé davantage d’originalité voir un dénouement bien plus thrash. C’est mon côté sadique qui s’exprime !
On passe quand même un super moment avec un personnage principal bien planté dont les positions évoluent grandement au fil du récit, j’ai aussi beaucoup aimé le prêtre Aubry sorte de grand-père bienveillant qui va apporter nombre de réponses au jeune américain en pleine crise de foi. Mention spéciale aussi au démon libéré qui m’a bien plu par son côté joueur sanguinaire qu’aucune barrière morale humaine ne parvient à dévier de son but. On frissonne face à ses actes, on se prend parfois à sourire de ses mots si bien trouvés, le maître des tentateurs semble veiller sur les lignes qui courent devant les yeux enfiévrés du lecteur. Les autres personnages ont tous leur intérêt malgré parfois quelques passages un peu caricaturaux, attendus, un peu comme quand on regarde régulièrement des films d’horreur (c’est notre cas à Nelfe et à moi) et que finalement, même si on apprécie le spectacle, on trouve qu’il se répète et fait penser à des choses déjà lues / vues. Reste aussi de très belles évocations de la campagne normande entre atmosphère glauque à la tombée de la nuit, grisaille pénétrante et villages reculés aux pierres anciennes. L’ambiance est remarquable durant tout l’ouvrage et contribue vraiment à distiller un certain malaise au lecteur. Encore un bon point !
On retrouve ici le talent d’écriture de Graham Masterton qui est loin d’être un tâcheron en la matière. Cet ouvrage n’est certainement pas son meilleur mais il tient la route et remplit son office en matière de divertissement horrifique. Un petit plaisir coupable que je vous invite à entreprendre si le cœur vous en dit et que vous êtes amateur d’horreur en littérature.
Egalement lus et chroniqués de Masterton au Capharnaüm éclairé :
- Le Portrait du mal
- Magie des neiges
- Apparition
- La Cinquième sorcière
"La Cinquième sorcière" de Graham Masterton
L'histoire : Los Angeles est plongé dans une vague de terreur. Une alliance de criminels s'est emparée de la ville. Tous ceux qui s'y opposent connaissent un destin épouvantable dont les causes ne sont pas humaines : accidents étranges, maladies soudaines, morts inexplicables et horribles... Dans ces conditions, nul ne tient tête aux barons du crime, qu'accompagnent quatre femmes mystérieuses, des figures fantomatiques aux pouvoirs démentiels. Seul à s'opposer au cartel maudit, le détective Dan Fisher a rendez-vous, au cœur du cauchemar, avec la cinquième sorcière!
La critique de Mr K : Retour vers un auteur que j'affectionne beaucoup dans le genre récit horrifique: Graham Masterton. Je vous l'accorde c'est rarement de la grande littérature, ça flirte souvent avec le grand guignol mais ça a l'avantage de se lire vite, de procurer un plaisir coupable immédiat et durable et finalement ça remplit pleinement son office en matière de frisson et d'évasion. Cette Cinquième sorcière n'échappe pas à la règle, je l'ai lu en deux jours sans réellement avoir eu envie de relâcher l'ouvrage avant d'avoir eu le fin mot de l'histoire.
Dan Fisher est détective à la criminelle de Los Angeles. Endeuillé par la mort accidentelle de Gayle, sa douce fiancée dont la responsabilité du trépas lui incombe pleinement, il noie son chagrin dans le boulot. Et il va en avoir, les trois principaux caïd de la ville se sont adjoints les services de quatre sorcières aux pouvoirs démentiels. Ils sèment la mort et la désolation dans les rangs de la police et les autorités ne savent plus quoi faire si ce n'est céder aux caprices des nouveaux maîtres de la ville. C'est plus que ne peut en supporter notre fringant héros, qui avec l'aide de son fidèle coéquipier Ernie et de sa charmante voisine adepte d'ésotérisme, va partir en croisade pour remettre de l'ordre dans tout ce chaos ambiant. Problème: il est seul contre tous et ne peut même plus se fier à ses sens. Ça promet d'être coton!
Disons-le tout de go, le récit se lit d'une traite et sans réelle difficulté. La trame est fléchée du début à la fin, d'ailleurs aucune réelle grande surprise ne vient émailler les faits décrits, surtout si vous êtes un vieux briscard du genre. Les méchants sont ici très très méchants (et même plus encore!) et les preux le sont aussi vraiment. Manichéisme quand tu nous tiens! En même temps, je vous avais prévenu dès le début, on est dans de la pure série B des familles. Certes, on ne nage pas dans l'originalité mais l'ensemble est efficace et assez dense en terme de contenu. Il s'en passe des vertes et des pas mûres et croyez-moi, il faut avoir le cœur bien accroché par moment tant les passages gores pullulent et sont très réussis.
Les sorcières sont ici bien éloignées des guérisseuses montrées du doigt dans notre bon vieux Moyen-âge obscurantiste. Les diablesses communiquent avec les Démons, Lucifer lui-même et aiment par dessus tout le pouvoir. Elles ne lésinent donc pas sur les moyens pour asseoir leur domination en compagnie de leurs compagnons malfrats. Vous assisterez à de furieuses scènes de massacre (la Police de Los Angelès recrute si ça vous intéresse!), à l'extraction d'animaux parasites de personnes totalement hagardes (crapauds, asticots, mouches i tutti quanti), la convocation de démons furieux se livrant à des orgies de sacrifices, au contrôle des esprits et des corps… le tout dans une furia de cruauté et de violence dont Masterton a le secret. On flirte souvent avec la limite du crédible mais personnellement j'adhère comme quand je regarde un bon film sanguinolent à la Peter Jackson ou le Sam Raimi des débuts.
Les personnages se débrouillent comme ils peuvent et pendant les 2/3 du livre, on se demande bien comment ils vont s'en sortir face à une adversité implacable qui ne semble posséder aucune faiblesse réelle. Une éclaircie se fera jour cependant et dans un dénouement assez rapide (trop, diront les mauvaises langues), le monde finira pas être sauvé… mais de quelle manière! Malgré le côté caricatural qui ressort du trio de forces positives, il se dégage une belle énergie (celle du désespoir) de ces personnages vifs qui tentent bon gré mal gré de renverser la vapeur. J'ai tout particulièrement apprécié Annie et son chat, voisins étranges d'un Dan Fisher profondément rationnaliste qui par la force des choses va devoir remettre en question ce en quoi il croit depuis toujours. Le récit avance sereinement vers une fin attendue mais cependant salutaire. J'ai refermé le livre le sourire aux lèvres avec la sensation d'avoir passé un bon moment, sans prise de tête et en total décrochage avec la réalité. C'est déjà pas mal, non?
Egalement lus et chroniqués de Masterton au Capharnaüm éclairé :
- Le Portrait du mal
- Magie des neiges
- Apparition
"Apparition" de Graham Masterton
L'histoire: Chargé de restaurer une vieille demeure victorienne, David Williams y est confronté à d'étranges phénomènes: bruits mystérieux, lueurs inexplicables et surtout la présence de Brown Jenkin, un rat d'une taille monstrueuse qui rôde dans le grenier.
Il apprend bientôt que la maison était au siècle dernier un orphelinat et que tous les enfants y sont morts en l'espace de deux semaines. Épidémie? Ou bien les petits pensionnaires ont-ils été enlevés et tués au cours d'un rituel abominable?
Explorant le grenier, il découvre que celui-ci est en fait une porte sur le temps, qui permet de revenir en 1886, date à laquelle les Grands Anciens firent une première tentative pour reprendre le contrôle de notre planète.
Une seconde offensive se prépare...
La critique de Mr K: Lors de ma dernière lecture d'un Masterton (Magie des neiges), j'avais été grandement déçu. J'étais donc parti pour éviter d'en relire malgré un goût prononcé pour le genre épouvante-horreur que je trouve idéal pour se détendre entre deux lectures dites plus conventionnelles... Oui, oui, on est un peu bizarre au Capharnaüm Éclairé. Mais voilà, l'abbé a encore frappé et lors d'un passage innocent sur les lieux du crime pour trouver des éléments de décoration pour notre mariage, je tombai sur le présent volume que me tendit, la bouche en cœur, mon adorée. Crotte, flûte et mort au rat! Les Grands Anciens sont mentionnés et je ne peux que penser au maître du genre, HP Lovecraft qui m'a converti il y a déjà bien 20 ans au genre! Je décidai donc d'adopter ce livre afin de donner une dernière chance à cet auteur. Bien m'en a pris! Même si ce n'est pas un chef d'œuvre, il a rempli son office malgré un démarrage un peu mou du genou.
Sacré David! Dans le genre loser dans la vie il se pose là et ça ne va aller en s'améliorant. Sans le sou depuis son divorce compliqué, avec son fils Danny sur les bras, il se retrouve à devoir rénover une vieille demeure victorienne au passé des plus inquiétants. Grattement, frottement, lumière irréelle, cimetière d'enfants dans le jardin, la panoplie complète de la maison hantée et plus encore! Très vite, on sent bien qu'il se trame quelque chose et croyez moi, on n'est pas au bout de nos surprises!
Il faut bien avouer que les débuts sont tout de même laborieux. D'une extrême lenteur, le récit peine à s'installer d'autant que les personnages s'apparentent à des clichés ambulants notamment les personnages secondaires, au premier rang desquels celui de Liz, une jeune fille charmante comme tombée du ciel et dont la psychologie n'a pas plus d'épaisseur qu'un OCB bleu expert. L'écriture est sympathique mais sans plus et ça manque cruellement de suspens et de concret.
Heureusement l'auteur semble se donner un bon coup de pied au derrière à partir de 150 pages et l'on tombe alors dans une œuvre débridée à souhait où le gore et le mysticisme sombre ont la part belle. Fantômes du passé, voyages dans le temps, créatures innommables lovecraftiennes, cruauté gratuite et thriller psychologique se conjuguent à merveille et l'on comprend que l'auteur en avait gardé sous le coude. Ce mélange de SF, d'horreur et de drame intime forme une belle œuvre qui certes tarde à monter en pression mais se termine dans une pyrotechnie littéraire des plus flamboyantes et rarement descriptions m'auront autant marqué que celle du dernier acte. On tend vraiment vers Lovecraft par moment et j'ai adoré certains passages!
Les talents d'écrivains de Masterton ne sont plus à prouver et j'ai retrouvé l'enthousiasme qui m'accompagnait lors de mes premières lectures de cet écrivain. Mâtiné de références cultes (Poe, Lovecraft, un peu du King par moment), cet ouvrage est une excellent détente neurone, horrifique à souhait et à la chute assez surprenante. Avis aux amateurs!
Egalement lus et chroniqués au Capharnaüm éclairé:
- Le Portrait du mal
- Magie des neiges