Nos Utopiales 2016
Du 29 octobre au 3 novembre dernier, se tenait à Nantes, notre festival de Science-fiction préféré : les Utopiales ! C'est maintenant une habitude depuis plusieurs années, nous ne ratons aucune édition. Et cette année, petite nouveauté, nous avons décidé de ne pas nous contenter d'une seule journée mais de doubler la mise en étant présents à la Cité des Congrés de Nantes sur 2 jours. Le thème 2016 était "Machine(s)"...
C'est sur les bords de la Loire, à 15 minutes à pied du lieu du festival, que nous avons posé nos bagages. On change de quartier, face à l'Ile de Nantes, on profite d'une balade sympathique matin et soir. Ça réveille ou ça décrasse selon l'heure de la marche. L'environnement est sympa et calme et ça nous permet d'arpenter un coin de la ville que nous ne connaissions pas encore. Bref, c'est tout bénef !
Lorsque les Utos approchent et que le programme est enfin dispo sur le net, c'est la course aux réservations de logement pour dégoter THE bon plan. Tout est une question de méthode. On imprime le programme que l'on checke chacun de notre côté puis on met tout cela en commun afin de déterminer quel jour conviendra le plus à l'un ou à l'autre. Cette année, encore plus que les années précédentes (ou alors c'est l'âge qui commence à me faire perdre la boule), aucun jour ne se détachait vraiment et la frustration pointait déjà le bout de son nez. Voilà pourquoi nous avons supprimé cette année notre journée en ville avec shopping et pause thé à La Cigale pour 2 journées complètes à la Cité. Ceux qui nous suivent sur Instagram ont eu un petit aperçu en live de nos pérégrinations. Ceux qui le font sur twitter ont pu suivre quelques conf' avec moi (chanceux !).
Trève de blablas et pénétrons maintenant là où tout se joue en matière de SF pendant presque une semaine. Nous sommes samedi matin, nous arrivons à la Cité des Congrés en passant au dessus de l'Erdre. Avouez que je n'ai pas menti et que la promenade matinale est on ne peut plus agréable ! Surtout sous le soleil !
Je ne vais pas vous faire ici de comptes-rendus détaillés de chaque conférence. Tout simplement parce que je ne prends pas de notes, que je préfère profiter de l'instant et que tout simplement d'autres l'ont déjà fort bien fait. De mon côté, je vais plutôt vous donner un aperçu de tout ce que l'on a fait sur 2 jours. Pour les conférences en particulier, je vous renverrai vers des vidéos ou documents audios disponibles sur le net et que je vous conseille vivement de visionner / écouter tant les contenus sont intéressants (ben oui, on est pas maso, c'est pas pour rien que l'on aime les Utos !). N'hésitez pas à cliquer sur les liens !
♠ Côté conférences :
On commence samedi dès 11h avec "Voitures volantes, souvenir d'un rétro-futur" que nous ne suivrons pas jusqu'au bout car après une première moitié intéressante où j'ai appris que ma voiture avait existé en version volante (si si je vous jure, il y a vraiment eu une Fiat Punto lancée dans les airs...), les intervenants ont dévié du sujet... Je vous laisse juger par vous-même.
Pour "Qu'est-ce qu'une Intelligence Artificielle ?", le public est au RDV et à la guerre comme à la guerre, c'est le cul posé au sol que nous suivrons cette conférence. Pour la voir ou la revoir confortablement dans son canapé, une vidéo Youtube est disponible ici.
Dans "Le Vaisseau spatial comme personnage" nous tentons de déterminer si la machine à voyager est devenue un protagoniste récurrent et nécessaire de la science-fiction et chacun y va de son vaisseau préféré. "Le Voyage fantastique", conférence animée par des scientifiques, nous apprend que l'on peut désormais programmer des mini-pompes présentes dans nos corps pour délivrer directement des médicaments et stimuler le cerveau.
La Rencontre avec François Rouiller clôturera notre journée côté conférence. Une rencontre qui restera longtemps dans nos mémoires tant le personnage est sympathique, intéressant et jovial ! Mr K a lu et adoré son "Métaquine". Après cette rencontre, je pense vraiment lui emprunter ce roman tant l'auteur a piqué ma curiosité et m'a beaucoup amusée. François Rouiller est un véritable couteau suisse (ça tombe bien il est suisse) ! Pharmacien, il est également membre fondateur et premier président de l’association des Amis de la Maison d’Ailleurs et bien sûr un passionné de science-fiction et de bandes dessinées. Il est aussi illustrateur et écrivain. Une exposition consacrée à "Métaquine" était présentée aux Utopiales cette année (voir plus bas) et son roman était également nommé au Prix Européen des Utopiales.
Dimanche, à 11h, nous assistons à la Rencontre avec Anna Starobinets. Pour ne rien vous cacher, c'est pour elle que nous sommes ici ce jour. Mr K ayant adoré "Refuge 3/9", il voulait absolument rencontrer l'auteure et pouvoir discuter avec elle. De mon côté je ne l'ai jamais lu mais après avoir assisté à cette rencontre, je pense que je me laisserai également tenter. L'auteure est incroyable et on se demande bien où ce petit bout de femme de 38 ans qui en parait 30 va chercher tout ça ! Elle est surnommé la "Reine russe de l'horreur" et à priori, ce n'est pas pour rien... A suivre de mon côté, confirmé pour Mr K. Son roman, "Le Vivant", était également nommé cette année au Prix Européen des Utopiales et l'a d'ailleurs remporté ! Une récompense bien méritée tant il a aussi fait son effet au Capharnaüm éclairé (la chronique de Mr K qui a lu l'ouvrage depuis est à retrouver ici).
On continue de suivre Anna Starobinets dans ses conférences du jour avec "Les Machines nécrophoniques" (en plus, on retrouve Xavier Mauméjean à la modération ce qui promet une discussion passionnante). Et si la machine gardait infiniment trace de nous ? Si nous pouvions écouter les morts ? Lorsque l'on voit que les comptes FB des personnes décédées restent ouvertes après la mort de leurs propriétaires et que chacun peut aller y mettre un petit mot comme autant de témoignages ou de recueillements sur une tombe, on est en droit de se poser la question... Qui n'a jamais été confronté à la situation de voir une personne décédée apparaître dans son fil d'actualité parce qu'un "ami" a publié quelque chose sur son profil ?
Puis nous avons assisté à l'"Interro surprise sur les machines dans Ulysse 31" qui s'est plutôt transformée en un cours sur Ulysse 31. J'ai vu quelques épisodes quand j'étais gamine mais j'ai pu constater ici qu'il y a de vrais fondus de la série. Mr K les a tous revu il y a peu et Hervé de La Haye, qui a mené cette rencontre avec le public (et qui est également chercheur indépendant dans les domaines du dessin animé et de la musique pour le cinéma et la télévision), connaissait son sujet !
Après avoir assisté à la fin de la conférence dédiée à "La Machine mythologique", retour sur une conférence en présence d'Anna Starobinets pour "Les Machines sont-elles nos esclaves ou... ?". Gros coup de fatigue à ce moment là (et oui, c'est intense 2 jours d'Utos et pour l'instant je n'ai parlé que des conférences...), nous décidons de tester pour la première fois les casques de traduction simultanée. N'ayant pas de problèmes majeurs avec l'anglais, d'habitude nous ne les utilisons pas mais je dois dire qu'après en avoir fait l'expérience, je suis conquise ! Quel confort ! Confortablement installés, nous avons pu profiter pleinement des interventions et nous en sommes ressortis ravis. Sommes-nous encore capables de nous passer des machines ou bien avons-nous troqué notre autonomie pour la sécurité et le confort ? Oups... Avec nos casques récemment empruntés, on est en plein dans la problématique ! Ce fut pour nous la meilleure conférence. Grâce aux machines ? Possible...
Enfin, nous clôturons ce week-end Utopiales avec la remise du Prix Julia Verlanger qui fut attribué cette année à Karim Berrouka pour "Le Club des punk contre l’apocalypse zombie" :
D'autres conférences du festival ont été enregistrées et mises en ligne sur le site d'Actu SF. C'est par là que ça se passe et c'est du super boulot !
♠ Côté expos et animations :
Nous avons pu nous promener sur Mars grâce au projet VR2Planets issu des travaux de recherche du laboratoire de Planétologie et Géodynamique de Nantes. En s'inscrivant à l'avance, par petit groupe de 12 personnes, nous avions accès à une salle d'étude immersive dont seuls les planétologues et étudiants en géodynamiques ont accès habituellement. Une expérience inoubliable ! Un planétologue nous a équipé chacun d'une paire de lunettes spéciales et nous a fait une visite de Mars. Nous avons découvert ainsi la diversité des paysages martiens, avons observé son relief, parlé de sa géologie... De vraies données, des éléments à notre échelle, une explication à la fois simple d'accès et passionnante. Nous y étions. J'ai adoré !
Dans les allées des Utos, nous avons également croisé plusieurs fois Pepper, un robot japonais créé en 2014 et qui est disponible en France depuis cette année. Il communique par la voix, par la gestuelle, mais aussi de manière visuelle grâce à sa tablette intégrée. Il peut comprendre des mots et des phrases, permettant ainsi des interactions naturelles et intuitives avec les personnes. Il est aussi reconnu comme le premier robot humanoïde au monde à posséder la capacité de reconnaissance émotionnelle, ce qui lui permet d’adapter son comportement. Une attraction qui a attiré pas mal d'enfants à ses côtés.
Cette année, c'est Bajram qui a fait l'affiche des Utopiales et son travail était mis à l'honneur dans une grande exposition donnant à voir ses planches BD, ses esquisses, ses recherches, ses dessins... Une somme de productions qui en a mis plein les yeux aux festivaliers ! De notre côté, on aime particulièrement avoir accès aux documents de travail, voir les "brouillons", les premiers prémisses d'images raturées et déjà structurées.
L'une des meilleures expositions cette année, pour ne pas dire la meilleure, était celle consacrée à "Métaquine" de François Rouiller. "Métaquine" est un roman de SF (que Mr K a lu et adoré) autour duquel l'auteur, également pharmacien, a développé tout un univers semant ainsi le doute dans l'esprit des lecteurs et de collègues chercheurs qui ont réellement cru à son projet de médicament. Ainsi en plus de son excellente production littéraire, nous avions déjà découvert chez nous le site de son produit pharmaceutique. Aux Utopiales, nous avons pu voir ses carnets de croquis, ses dessins et peintures (non mais ce gars est bourré de talent dans tous les domaines c'est dingue !) mais également tout le travail autour du packaging de la Métaquine®, ce médicament qui transforme les cancres en écoliers modèles. Une exposition vraiment très chouette qui a elle seule valait le déplacement.
Nous sommes restés assez hermétiques à l'expo "Science Machina" que nous avons survolée, sans doute à cause du manque d'informations et parce qu'aucun intervenant n'était là lors de nos passages. Exposition mise en place par le CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives) et l'INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale), elle présentait les machines à l’origine des découvertes les plus extraordinaires de ces dernières années.
L'exposition "Prototypes du Grand Napotakeu" fut également une expérience assez déroutante avec les installations de Jérôme Lefdup (plasticien, musicien, réalisateur et artiste vidéo) entre attractions bizarroïdes et cabinet de curiosités high-tech. Il a réalisé de nombreuses expérimentations vidéo et musicales, des clips, des émissions de télévision (comme "L’Oeil du Cyclone"), des spectacles...
Celle consacrée à "La Petite Bédéthèque des Savoirs" m'a quant à elle beaucoup plus parlé. Avec notamment l'humour de Marion Montaigne et son Professeur Moustache toujours présent pour vulgariser des notions scientifiques avec humour et justesse.
Sans oublier le Pôle Ludique toujours aussi attrayant et agréable. Malheureusement, les parties de RP étant assez longues (ouais je vis avec un ancien MJ de JDR (et avec toutes ces abréviations, je viens de perdre les lecteurs non rôlistes...)), nous n'avons fait que passer cette année encore... Qui sait, peut-être qu'un jour nous nous attarderons plus longtemps à ces tables. En tout cas, ça donne envie !
♠ Côté rencontres et boissons :
Oui parce que tout ça, ça donne soif quand même ! Comme vous pouvez le voir, quand on va aux Utopiales, on est assez "studieux" mais ça ce n'est que de la façade...
D'ordinaire, nous ne sommes pas présents la première journée du festival et nous ratons systématiquement le discours inaugural et le pot qui va avec. Ce ne fut pas le cas cette année et pour avoir fortement apprécié ce moment de convivialité autour d'un verre nous permettant de discuter tranquillement avec auteurs et éditeurs avant de rentrer dans nos pénates, je pense que ce ne sera pas la dernière ! J'ai pu notamment échanger avec Vincent Gessler, venu incognito cette année, et discuter de ses futurs projets. Je l'avais déjà dit lorsque je l'avais rencontré pour la première fois en 2011 mais cet homme est une perle. Disponible, gentil et à l'écoute, c'est toujours un plaisir d'échanger avec lui. Nous avions aussi prévu de nous voir avec Nadège Augullo, éditrice de la maison du même nom, après avoir pas mal échangé par le passé. Ce moment convivial, qui fut prolongé le lendemain avec Anna Starobinets et dans les allées de la librairie, nous conforte vraiment dans ce que nous faisons au Capharnaüm éclairé. Tant de moments enrichissants ont découlé de sa création... Nous sommes chanceux et ravis !
Le Bar de Mme Spock est un incontournable aux Utos. C'est là que l'on se repose entre deux conférences, que l'on reconnaît quelques copinautes (coucou Mariejuliet et BlackWolf) et où on discute le bout de gras. Et puis il parait que son punch est délicieux. De notre côté, nous ne pouvons pas nous prononcer, la journée on reste sobre...
Mais c'est pour mieux nous lâcher quand arrive la soirée et ses happy-hour ! Ben quoi, on est dans une grande ville, il faut en profiter !
♠ Côté bouquins et dédicaces :
L'un des plus gros kiff des Utos est sans conteste sa librairie ! Chaque année c'est un plaisir pour les yeux, une torture pour nos nerfs et le sentiment d'être un enfant dans un magasin de jouets. Dorénavant nous n'achetons plus à cette occasion que les romans que nous souhaitons faire dédicacer sur place et que nous ne possédons pas déjà. Sans ça, c'est la ruine assurée et une belle scoliose avec une valise de 18kg à se trimballer toute la journée...
(avec la désormais traditionnelle photos des productions Mirobole Editions !)
Forcément avec ses 25.000 ouvrages présents et représentant toutes les maisons d'édition, si t'es amateur de SF et de littérature de l'imaginaire, t'as les yeux qui te sortent de la tête. T'inquiète, c'est normal, ça nous fait ça à nous aussi...
(coucou les compétiteurs pour le Prix Utopiale Européen, dont les excellents "Métaquine", "Futu.re" et "Le Vivant")
C'est ici qu'ont lieu les séances de dédicaces. Pas de BD de notre côté cette année mais de belles rencontres et de belles retrouvailles avec nos auteurs favoris. Ces séances sont une des choses que nous préférons aux Utos. C'est l'occasion d'échanger, parfois brièvement, parfois plus longuement, avec des auteurs qui nous ont fait vivre des émotions fortes dans leurs romans. C'est le moment où des solitaires se retrouvent sur une passion commune. L'auteur seul face à l'écriture de son oeuvre, le lecteur seul face à sa lecture. J'aime beaucoup ce moment de convergence !
Nous avions amené avec nous notre exemplaire de "Refuge 3/9" et Mr K a pu dire à Anna Starobinets tout le bien qu'il pense de ses bouquins. Nous avions commencé à suivre cette auteure chez Mirobole, nous la suivrons désormais chez Agullo. Si vous ne la connaissez pas encore, vous pouvez lire nos chroniques et vous jeter sur ses écrits. Chanceux que vous êtes !
Nous rencontrions également pour la première fois François Rouiller pour une dédicace particulière. Quand vous rencontrez un auteur, vous ne pensez pas repartir avec un dessin... L'auteur l'a signalé dès le début, il va falloir être patient pour obtenir sa signature car chaque dessin est unique et demande du temps mais quand c'est à notre tour d'être devant lui, cela laisse tout le loisir de parler de "Métaquine" avec lui. Posologie et prescription comprises !
Et puis il y a les retrouvailles. Ceux que l'on a déjà vu 1, 2, 3 fois (voir plus pour certains !) et que l'on a toujours plaisir à retrouver !
Norman Spinrad, un monument de la SF ! On le retrouve aux Utos chaque année et parfois nous sommes surpris de le voir seul face à sa table de dédicace... Non mais les gens ! On parle de Spinrad là !!! Du coup, systématiquement, on passe le voir, on échange deux ou trois mots, on est amusé de le voir former avec sa femme un petit couple haut en couleur et on repart avec du baume au coeur.
L'an dernier, nous avions assisté à l'Interro surprise de Laurent Genefort sur les extraterrestres. Du coup, cette année, nous lui avons pris son ouvrage, histoire de savoir quoi faire en cas d'invasion !
Pierre Bordage, pour Mr K, c'est une grande histoire d'amour... On a tous ses ouvrages à la maison et un jour ils seront tous dédicacés... Bordage est particulier lorsqu'on le rencontre pour la première fois. Un peu impressionné, on peut vite être déconcerté par son côté évaporé. Une mouche passe et le déconcentre, on perd son attention. Il faut savoir apprivoiser "la bête"... Cette année c'était chouette ! On a même parlé de peinture et d'art en général et il nous a même montré une de ses productions en photo sur son smartphone. C'est bon, je crois que maintenant on est quasi potes ! (GENRE !)
Et puis, il y a Xavier... Notre chouchou ! Oui, je sais, il faut pas le dire, c'est pas sympa pour les autres et le favoritisme c'est mal... N'empêche que Xavier Mauméjean, c'est l'auteur le plus chouette qu'il nous ait été donné de rencontrer. Cela fait maintenant 5 ans que nous nous croisons en festival et c'est toujours un vrai bonheur d'échanger avec lui (et le mot n'est pas choisi au hasard). Comme d'habitude, on a parlé de tout plein de choses, on s'est nourri mutuellement de références, on est reparti avec notre liste de choses à lire ou à voir. C'est toujours stimulant d'échanger avec Xavier et c'est un peu notre instant bonbon des Utos. Celui que l'on attend et que l'on savoure.
C'est sur ce moment bisounours, et encore la tête dans les nuages d'avoir pu assister à tant de belles choses encore cette année, que je vais terminer mon loooooong billet consacré à nos Utopiales 2016. Hého, y a quelqu'un !? Vous êtes tous partis !? Non, il reste encore quelques lecteurs !? A l'année prochaine les Utos ! On compte déjà les jours !
"Le Vivant" d'Anna Starobinets
L’histoire : Dans un futur lointain, les humains sont connectés via des implants à un réseau commun. Ensemble, ils forment un organisme unique, le "Vivant". La mort n’y existe pas : dès qu’un individu est "mis sur pause", son code génétique renaît dans un nouveau corps. Le nombre d’humains est constant – trois milliards.
Le Vivant vacille sur ses bases lorsque l’impensable survient : un homme naît. Il est sans code, sans patrimoine, il n’est la réincarnation de personne. On l’appelle Zéro. Placé sous étroite surveillance, il devra trouver des réponses sur son identité dans un monde réputé parfait...
La critique de Mr K : Depuis ma lecture du génial Refuge 3/9 et ma rencontre avec l’auteure, Anna Starobinets, aux Utopiales cette année (un article dédié sera bientôt en ligne), je suis sous le charme de cette petite femme à l’imagination débordante et à l’univers si décalé. C’est donc avec plaisir que j’ai appris la victoire du Vivant pour le Prix Utopiales Européen (malgré la présence dans la sélection des excellents FUTUR.ES et Métaquine) et que tout naturellement j’en entamai la lecture. Au final, une grosse claque de plus, je deviens de plus en plus russophile en terme de littérature de l’imaginaire !
Dans un futur glaçant, les humains pour régler les soucis inhérents à leur genre (crises, guerres et conflits en tout genre) sont tous inter-connectés sur une plate-forme appelée le "Vivant". Devenus immortels suite à l’établissement de règles immuables, ils vivent dans une réalité augmentée et paternaliste qui leur garantit bonheur et stabilité. Cependant, la naissance d’un être à part, non référencé dans le réseau global va mettre à mal la mécanique totalitaire bien huilée mise en place et remettre tout le système en cause.
C’est l’histoire classique du grain de sable qui fait dérailler tout un système et même si en soi le principe est relativement classique, la maestria narrative de l’auteure et sa manière d’amener les choses font passer directement ce roman au premier plan des oeuvres du genre. On pense beaucoup à Orwell dans cette lecture mais aussi au génial comic book V pour Vendetta et pourtant, Anna Starobinets s’en démarque par un style très personnel et une déstructuration du récit qui aime à perdre le lecteur par moment pour mieux le récupérer ensuite. Ne vous attendez donc pas à une trame purement chronologique mais plus à de mini allers-retours qui confinent au sublime tant ils se complètent admirablement et proposent une évolution différente de la narration. Il faut certes s’accrocher un petit peu mais ça vaut vraiment le coup de surpasser les quelques freins qui pourraient apparaître dans votre esprit en début de lecture.
Ce livre est très fort par l’univers qu’il propose. Pas loin du principe de Matrix, s’y ajoutent une critique féroce et cynique des réseaux sociaux et de la virtualisation des rapports humains. Tout rapport humain et activité s’apparente dans l’univers du Vivant à des choix binaires que l’on effectue ou non. Si le système trouve votre réponse inappropriée, il n’hésite pas à vous relancer sans cesse pour que vous décidiez finalement d’aller dans la direction qu’il souhaite vous voir prendre. Le fascisme larvé du procédé est très bien rendu avec des retranscriptions de discussions type chat, d’intervention du Socio (le réseau en question) et des rapports multiples d’activités. Gare à ceux qui transgressent les règles car ils sont voués alors à être mis en pause (passage de la vie actuelle à la suivante) et à être corrigés (oui, dans sa grande bonté le "Vivant" ne punit pas soit disant...). Tout est fait pour que rien ne vienne troubler la félicité de la population humain régulée au nombre précis de 3 000 000 000 du moins jusqu’à l’apparition de Zéro.
Ce garçon remet tout en cause car n’ayant pas été estampillé à sa naissance, il ne peut pas se connecter au réseau et il se pose très vite des questions. Malgré son envoi en maison de correction (là où l’on essaie de remettre sur le droit chemin tout ceux qui contredisent l’ordre naturel du "Vivant"), il va peu à peu s’approcher d’une vérité qui va bouleverser son existence et celle de toutes les autres composantes du "Vivant". À travers les révélations d’un hacker emprisonné, d’un ancien tueur en série emprisonné également depuis des siècles (vive la vie éternelle !) et l’amour redécouvert avec une femme ; il va provoquer nombre de changements et pénétrer dans le saint des saints, le mystérieux conseil des huit qui régit l’ensemble. Antidote ou nouveau virus, je vous laisse découvrir le rôle exact que va jouer Zéro dans cette fable accablante où Anna Starobinets dénonce la perte d’empathie du genre humain face au tout virtuel, la disparition des sentiments filiaux (institutionnalisés dans cet univers clos, la famille étant un concept à oublier selon le "Vivant") et l’isolement affectif qui peut en résulter. Il ressort une grande solitude, une froideur et une vacuité terrible des existences qui nous sont données à voir dans ce roman qui prend aux tripes, provoquant sentiments contradictoires et belles réflexions sur l’évolution récente des technologies et le rapport étroit qu’elles entretiennent avec le genre humain.
On ressort littéralement rincé d’une telle lecture où la profondeur du propos et les thématiques abordées s’alignent avec un style vraiment bluffant entre froideur informatique et envolées lyriques propres à une auteure à l’écriture magnifique, retranscrite à merveille dans cette traduction. Bien que pessimiste et très dur dans les aspects qu’il peut aborder, ce roman possède une aura magnétique, un pouvoir d’addiction fort qui oblige le lecteur à y retourner au plus vite pour savoir la suite et même à y repenser lors de pauses durant la lecture.
À fois puissant, inquiétant et bouleversant, Le Vivant est d’ores et déjà à mes yeux un classique à lire absolument quand on veut aborder la SF au regard du monde que nous connaissons aujourd’hui et qui évolue de plus en plus vite. Le Vivant est clairement une possibilité, un développement sociétal qui malheureusement pourrait se révéler plausible. Une véritable bombe littéraire à découvrir au plus vite !
Direction les Utos !
C'est l'heure ! Comme tous les ans, c'est le moment de se diriger vers Nantes pour quelques jours de folie aux Utopiales ! Le festival a choisi pour thème cette année "Machine(s)".
Il est encore temps pour vous de prendre vos billets et de vous diriger vers le Centre des Congrès. De notre côté, c'est un rendez-vous que nous ne raterions pour rien au monde et nous savons d'avance que nous allons passer un très chouette moment.
Le programme de cette année est dispo ici. Au plaisir de se croiser au détour d'une expo, pendant une dédicace, autour d'un verre au bar de Madame Spock ou de partager un moment lors d'une conférence ou d'une séance ciné ! Le Capharnaüm éclairé se met donc sur pause pour mieux revenir après le festival et vous raconter tout ça. Pour les curieux et impatients, n'oubliez pas que nous sommes sur Instagram et twitter. M'est avis qu'il y va y avoir du teaser et du live-report !
Nos Utopiales 2015
Il est temps de nous replonger dans la dernière édition du Festival Utopiales qui a eu lieu à Nantes il y a 3 semaines. Ce sera aussi l'occasion de revenir sur de bons souvenirs et en ce moment, il y en a besoin ! Alors c'est parti, en route pour la planète SF !
Cette année, le thème du Festival International de Science-Fiction était "Réalité(s)". Qu'est-ce que la réalité ? Les Réalités augmentées, les Psycho-réalités, les Réalités alternatives... Tout un programme ! Autant vous dire que le thème nous importe peu puisque cela fait maintenant plusieurs années que nous allons au festival et qu'à chaque fois nous en ressortons enchantés. Cela pourrait être "Les Licornes" ou "Le Bottin à travers les âges", nous serions tout aussi intéressés. Et oui, Les Utopiales, c'est avant tout une ambiance, un état d'esprit et une multitude de choses à voir et à faire. Il y en a pour tous les goûts et tout le monde y trouve son compte.
♠ Côté conférences :
Le programme tombe toujours assez tard, comprenez une semaine avant le lancement du festival, et chaque année, à J-7, c'est la course à l'hébergement et la mise en place de notre programme perso lorsqu'il est mis en ligne. Cette année, au vu des conférences et des auteurs présents, nous avons décidé d'y aller le vendredi. En général, nous n'y allons qu'une journée mais on a de plus en plus envie de faire le festival sur plusieurs jours et l'an prochain sera peut être (sans doute !) le passage de cap ! Comme d'habitude, il a fallu faire des choix et nous avons assisté à moins de conférences que les autres années.
A 13h00 sur la Scène Hetzel, nous étions à la conférence "Asiles psychiatriques et lieux de réclusion dans la science-fiction". De "L'Antre de la Folie" à "L'Armée des Douze Singes" en passant par "Arkham Asylum", les asiles et mondes-prisons jouent un rôle-clefs dans la science-fiction. Une conférence vraiment très intéressante à laquelle nous sommes arrivés un peu en retard suite à notre séance cinéma (dommage) et où l'on a pu noter quelques références pour de futures lectures et de futurs visionnages.
A 14h00 à l'Agora de M. Spock, nous étions à la Rencontre entre Michal Ajvaz et Xavier Mauméjean. A ce moment là nous priions très fort pour que Michal Ajvaz obtienne le Prix Utopiales Européen pour son roman "L'Autre Ville" que Mr K avait adoré (et nous avons été exhaussé ! Encore bravo Mirobole !). La discussion fut ardue, technique et poussée mais ce fut un plaisir de voir ainsi attablé deux auteurs que nous aimons beaucoup au Capharnaüm éclairé et ainsi nous amuser de leurs approches d'écriture complètement différentes l'une de l'autre.
A 17h00, nous avions rendez-vous avec Laurent Genefort pour une "Interro surprise sur... les extraterrestres !" à l'Agora de M. Spock où les festivaliers étaient invités à poser toutes les questions qui leur passaient par la tête sur les petits hommes verts. Une rencontre très sympathique à la fois drôle et intrigante.
A 20h00 sur la Scène Shayol, il était question des "Réalités-gigognes, de Philip K. Dick à Christopher Nolan !". Réalités emboîtées, factices, illusoires... au cinéma, dans la littérature et les comics / BD. Nous avons particulièrement aimé Daniel Tron à la modération. Nous l'avions déjà vu les années précédentes mais cette fois ci nous avons bien noté son nom. Avec sa bonne humeur, son humour et sa pertinence, je pense qu'il sait donner vie à n'importe quel thème. L'an prochain, je le suivrai à la trace je le sens ! Et puis avec un nom pareil, il n'aurait pas pu être ailleurs que dans la grande famille de la SF !
A 21h00, je suis restée au début de la Remise du Prix Verlanger, apprenant quelques minutes plus tôt qu'un hommage serait rendu à Ayerdhal, auteur de SF, décédé quelques jours plus tôt. Un moment d'émotion partagé avec bon nombre d'auteurs et d'amoureux de science-fiction.
♠ Côté cinéma :
Nous avons décidé cette année de tester les courts métrages et nous nous sommes rendus à une session de Courts où nous avons pu voter pour le Prix du Public. Au programme 7 courts métrages et environ 1h30 de visionnage. Rien de neuf sous le soleil, nous n'avons pas vraiment été convaincu et avons voté pour "le moins pire". Oui, je sais, c'est vache, ça demande beaucoup de boulot tout ça mais quand ça passe pas ça passe pas. Nous n'avons rien vu de novateur ou de complètement dingo et avons eu l'impression de perdre notre temps. Pas sûr qu'on retente l'expérience dans les prochaines années.
♠ Côté expos :
Manchu nous accueille dès l'entrée du festival. 25 ans de travail et d'illustrations sont ici exposés. Couvertures de romans pour Folio SF notamment, de BD chez Delcourt, travaux de recherches, croquis... Ce digne héritier de Caza nous en met plein les yeux.
Au Pôle Jeunesse, nous découvrons Yvan Duque. Dans une aventure arctique, il s'amuse de personnages maladroits, les faisant évoluer dans de riches décors qui le font rêver. Vraiment une chouette découverte ! Je vais creuser du côté de cet illustrateur et quand on aura des nains, c'est tout à fait le genre d'illustrations que nous pourrions mettre dans leurs chambres. Vraiment top !
(désolée pour les reflets, j'ai fait au mieux)
(là tu peux laisser tes nains si tu as envie de t'en débarasser le temps d'une journée sans qu'ils soient traumatisés)
Pour les 20 ans de Série B, le festival a vu les choses en grand et nous fait entrer dans les coursives d'un vaisseau ! Fondé au début des années 90 par Fred Blanchard et Olivier Vatine, le label Série B est essentiellement né du désir de redéfinir la bande dessinée de genre, au moment où émergeait la "Nouvelle Bande Dessinée". Ici, ce sont de nombreuses BD, de nombreuses planches et quelques tables de travail qui nous sont données à voir. Très bonne idée !
L'exposition "Wika" est celle qui nous a le moins plu. Olivier Ledroit, papa des "Chroniques de la Lune Noire", et Thomas Day s'associent et revisitent l'univers des fées. C'est très coloré et les filles sont très poumonnées. C'est sans doute mon côté féministe qui ressort (et celui de Mr K avec) mais la quasi omniprésence des gros nichons dans la BD me sort par les trous de nez...
(il y avait tout de même de chouettes croquis, pour le reste je vous laisse faire la recherche parce que de notre côté, ça ne nous a pas convaincu...)
"Le Passage errant" de Sarah Scaniglia est un travail intéressant de photomontages mêlant détails architecturaux nantais et univers SF.
"Galactik bricks" proposait au public pendant toute la durée du festival de créer une flotte galactique d’environ 800 vaisseaux en briques LEGO®. Un projet éphémère, original et unique au monde ! Nous étions là au début mais la flotte après 5 jours de festival fut impressionnante !
♠ Côté rencontres :
Nous avons passé pas mal de temps au bar de Mme Spock à discuter bouquins avec une éditrice chère à notre coeur. C'est aussi ça les Utopiales, des rencontres, des mots échangés, des bières éclusées... Nous avons aussi fait la connaissance IRL, très rapidement mais avec plaisir, de Mariejuliet et Ptite Trolle. Un tweet posté, une curiosité assouvie. La suite lors de prochaines éditions !
♠ Côté bouquins et dédicaces :
Bienvenue dans le supermarché de la défonce des amateurs de lecture et de SF en particulier. Ici, t'as les yeux qui te sortent de la tête, t'as envie de tout acheter et tu fais de la muscu pour les 10 prochaines années de ta vie à trimballer tes sacs de bouquins ! Ici, c'est Nantes messieurs dames, c'est la plus grande librairie SF du monde !
(ne sont-ils pas beaux tous ces petits Mirobole Editions ensemble !?)
(et ces petits Folio SF !?)
Alors là tu respires bien fort hein, tu penses à ton banquier et tu te munis de ton plus beau stylo pour noircir les pages de ton carnet de plein de nouvelles idées de lecture ! Comment ça, t'en as pas besoin ? T'as déjà une PAL à faire peur ? Arrête, on n'en a jamais assez !
(coucou les compétiteurs pour le Prix Utopiale Européen)
(côté achats, voyez comme nous avons fait soft !)
C'est ici qu'ont lieu les séances de dédicaces. Pas de BD de notre côté cette année mais de belles rencontres et de belles retrouvailles avec nos auteurs favoris.
Laurent Genefort, que nous avions rencontré l'an dernier, a conseillé Mr K pour la suite de sa découverte des Portes de Vangk, un Troll a rajouté un gag à notre exemplaire de "L'Instinct du Troll", Francis Berthelot a signé l'exemplaire d'"Hadès Palace" de Mr K lu et chroniqué au tout début du blog (que les articles étaient courts à l'époque ! (plus courts que l'article que vous êtes en train de lire !!! (hum !))) et on a pu donner notre avis sur la fin du film "Le Prestige" de Nolan à Christopher Priest (joke de l'an dernier où il avait présenté la séance de l'adaptation de son roman du même nom).
Michal Ajvaz était tout seul à sa table ! Scandale ! Son roman "L'Autre ville" est tellement incroyable ! Lors d'autres séances, nous avons pu constater que ce n'était plus le cas. Ah quand même ! Jean-Claude Dunyach fut LA rencontre de cette année. Nous l'avions seulement croisé les années passées et suite à la lecture de son roman et quelques échanges sur Facebook, nous ne pouvions pas le louper. Jean-Claude est un amour ! Encore une belle rencontre grâce aux Utos ! Pierre Bordage bien sûr, le local de l'étape, celui que l'on est sûr de voir à chaque édition des Utopiales. Bientôt, je crois que tous les livres de Bordage présents dans la bibliothèque de Mr K (autant dire tous les romans de Bordage) seront dédicacés. C'est ça quand on aime... Et Mr K l'aime ! Et puis Xavier Mauméjean, notre chouchou, nous a donné une nouvelle liste de livres à lire avant l'an prochain. C'est maintenant une tradition et ses conseils sont toujours avisés. On repart avec une bonne dose d'amour pour l'année ! Merci !
Hey Ho !? Y'a quelqu'un !? Vous êtes toujours là !? Oui je sais, c'est un gros pavé que je vous ai écrit aujourd'hui (je vous dis combien j'ai mis d'heures à sélectionner les photos, les retoucher, les uploader et rédiger ce billet ? Non il ne vaut mieux pas, c'est indécent et je saigne des doigts (des yeux aussi remarquez !)). Merci à vous d'avoir lu mon blabla jusqu'au bout. N'hésitez pas à nous laisser un petit mot en commentaires histoire de me rassurer en me disant que vous êtes toujours en vie !
Vivement l'an prochain ! A bientôt les Utos !
"L'Autre ville" de Michal Ajvaz
L'histoire : Dans une librairie de Prague, un homme trouve un livre écrit dans un alphabet inconnu et l’emporte chez lui ; bientôt l’ouvrage lui ouvre les portes d’un univers magique et dangereux. À mesure qu’il s’enfonce dans les méandres de cette autre ville, il découvre des cérémonies baroques, des coutumes étranges et des créatures fascinantes; derrière la paisible Prague des touristes, des cafés se muent en jungles, des passages secrets s’ouvrent sous les pieds et des vagues viennent s’échouer sur les draps…
La critique de Mr K : Voilà un livre qui restera dans les annales pour moi… Définitivement inclassable. Si vous êtes amateur de clarté et de chemins tout tracés passez votre chemin! Michal Advaz est un auteur reconnu dans sa Tchéquie natale, grand poète, essayiste à ses heures, il propose dans L'Autre ville un voyage totalement surréaliste qui ne laissera personne indifférent. Pour ma part, cette lecture m'a paru être avant tout une expérience différente, une autre approche de la lecture en elle-même, un contenu plus proche parfois de l'écriture automatique ou du trip sous influence que d'une histoire construite à vocation narrative. Difficile dans ces conditions d'en faire une critique classique… je m'en excuse d'avance !
En effet, on ne peut pas se raccrocher à grand-chose de tangible et d'intelligible pendant les 210 pages que compte ce livre. Peut-être aux deux premières pages en fait quand le narrateur rentre dans une vieille librairie de Prague et qu'il met la main sur un étrange volume composé dans un alphabet inconnu. L'ouvrage se révèle être une espèce de porte vers l'Autre ville, un univers déviant que l'on pourrait comparer ou presque au pays des merveilles de Lewis Caroll. Et encore, on en est loin tant les explorations successives nous mettent aux prises avec d'étranges faits et personnages. Ainsi on explore une jungle bibliothèque, un étrange tramway vert rode et emporte avec lui des personnes que l'on ne revoit jamais, on peut visiter une partie de Prague en tire-fesse, des statues-aquariums parsèment les rues, des personnages ont le don d'ubiquité et changent de métier et de caractère, on peut combattre des requins sacrés au sommet de clochers enneigés, des naufrages ont lieu au cœur de draps s'étendant sur des kilomètres, d'obscures cérémonies se tiennent dans les églises… Je vous en passe des vertes et des pas mûres !
Les frontières de la réalité sont franchies sans ambages et l'imagination débridée de l'auteur fait merveille. Il faut en fait accepter de se laisser emporter par le flot des mots et des idées, accepter aussi de ne pas tout comprendre, de ne pas avoir toutes les clefs et de se laisser perdre par un auteur à l'écriture immersive et délirante. Accumulation d'images visionnaires et alambiquées, on nage dans le non sens et l'absurde. Le voyage est donc déboussolant mais jamais décevant au final tant on est face à une œuvre unique et vraiment marquante. Je vous avouerais aussi que c'est éprouvant et que je ne lirai pas de tels volumes tous les jours, mais il est bon parfois de se faire bousculer, de dépasser ses certitudes et de se faire embarquer vers des ailleurs complètement hors norme. A ce propos, il y a d'ailleurs un très beau passage dans ce livre concernant notre appétence pour le commun et l'habituel.
"Est-il possible qu'il existe, tout près de nous, un monde qui déborde d'une vie étrange, un monde qui était là avant notre ville et dont nous ignorons tout ? Plus j'y réfléchissais, plus je devais admettre que c'était tout à fait possible, et que l'hypothèse était même renforcée par notre style de vie, par cette manière que nous avons d'évoluer à l'intérieur de cercles clairement définis que nous avons peur de quitter. La musique ténébreuse qui nous parvient de l'autre bord et qui ronge notre ordre nous inquiète, nous sommes effrayés par ce qui émerge de la pénombre des recoins; nous ne savons pas si nous avons affaire à des formes issues de notre monde, mais brisées, en décomposition, ou bien des embryons d'une faune nouvelle et destinée à faire un jour de notre ville son terrain de chasse, à l'avant-garde d'une armée de monstres qui envahit progressivement nos appartements, l'oeil aux aguets. C'est pourquoi nous préférons ne pas voir les formes nées de l'autre côté de la frontière, ne pas entendre les sons qui résonnent la nuit derrière les murs; seul existe pour nous ce qui s'enracine dans notre monde..." Pages 76-77.
Ce livre au-delà de fournir des images novatrices est source de réflexion sur l'humain et ses croyances, sur le réel, le ressenti et le surréel. Bien que n'ayant pas tout compris (il faudrait pour cela deux ou trois lectures minimum, un bon entretien avec l'auteur sur ses intentions et peut être un autre cerveau aussi !), je suis ressorti béat de cette lecture qui procure aussi de belles sensations au contact d'une langue poétique et imagée enchaînant les histoires à tiroir, sans queue ni tête de prime abord mais qui en fait se répondent les unes les autres pour construire une autre ville baroque et désarmante. Difficile dans ces conditions d'en donner un avis ferme et définitif.
Expérience unique, plaisir de lecture certain mais quête de sens difficile rendent cet ouvrage hermétique et fascinant à la fois. À chacun d'y aller ou non, et d'y trouver ce qu'il recherche… ou non! Vous voila prévenus !
Nos Utopiales édition 2014 - Nantes
Comme tous les ans maintenant, ce week-end, nous nous sommes dirigés vers Nantes pour les Utopiales, Festival International de Science-Fiction, qui se tient cette année du 29 octobre au 3 novembre. Pour cette édition 2014, le thème est "Intelligence(s)", la plus lointaine, la plus exaltante et la plus centrale de toutes les aventures. Il y a plusieurs formes d'intelligences (terriennes, artificielles, extraterrestres et le cerveau humain). Vaste programme qui au détour de conférences, expositions, rencontres, projections... va plonger le festivalier dans un monde de savoir et de questionnement.
Les Utopiales, on aime y aller pour la diversité de ce qui nous est proposé. Nous y étions cette fois ci uniquement sur la journée du samedi. On apprend des choses en s'amusant, la SF est présente sous toutes ses formes et chacun à de quoi trouver son bonheur ! Parce que les Utopiales, c'est quoi ?
♠ Des conférences :
Un coup d'oeil au programme nous a permis de déterminer en amont à quelles conférences nous souhaitions assister. Nous avons commencé à 10h avec "La fabuleuse épopée des inadaptés en science-fiction" avec Catherine Dufour, Olivier Paquet, Philippe Curval et Jo Walton. Plutôt intéressante dans le fond, nous n'avons pourtant pas véritablement accroché puisqu'on était plus là dans l'énumération de romans aux héros ou personnages secondaires attardés ou idiots alors que nous attendions ici plus qu'une bibliographie. De plus, la modération ne nous a pas vraiment aidé puisque nous avons assisté à beaucoup mieux au cours de cette journée.
Du coup on jette un nouveau coup d'oeil sur son programme, on ne suit pas vraiment ... Mais on ne se décourage pas !
En début d'après-midi, place est prise pour la "Rencontre avec François Bourgeon", auteur de BD que l'on ne présente plus tant ses cycles sont cultes, notamment "Les Passagers du vent". Un des plus grands talents de la bande dessinée française mais aussi un homme à l'écoute et très gentil. Cette rencontre est passionnante.
Nous passons jeter un rapide coup d'oeil et d'oreille à la "Rencontre avec Claudio Maccone, l'homme de SETI" mais celle ci étant trop pointue d'un point de vue scientifique à notre goût, nous passons notre chemin. Claudio Maccone est un astronome italien qui n'a jamais cessé de se battre pour stimuler la recherche radio d'une intelligence extraterrestre dans le cadre du programme SETI. Sa venue à Nantes, dans un festival de science-fiction, est un évènement.
♠ Du cinéma :
Nous nous sommes rendus à la projection du film de Christopher Nolan, "Le Prestige", adapté du roman du même nom de Christopher Priest. Ce film n'est pas récent (2006) et faisait partie d'un cycle rétrospective. Avant la projection, nous avons eu la chance d'avoir une présentation de l'oeuvre par Christopher Priest himself ! Le papa du "Prestige" nous donne alors sa vision du film, nous parle de sa création ... Une belle entrée en matière qui met l'eau à la bouche et nous permet de profiter du film pleinement. On vous en reparle tout bientôt dans un prochain billet dédié. On a adoré !
♠ Des expos :
Celle de Chris Foss, dont l'affiche de l'édition de cette année est une de ses oeuvres, est la grande vedette de ce festival. Déjà présent l'an dernier à Nantes pour parler de son travail graphique sur le film "Dune" de Jodorowski, il revient pour une exposition retraçant sa carrière d'illustrateur de science-fiction et de designer.
"Les Enfants de Foss" présente le travail de plusieurs dessinateurs influencés par les oeuvres de ce dernier. Denis Bajram, Manchu, Serge Pellé, Aleksi Briclot, Hubert de Lartigue, NOXX, Fred Blanchard, Patrice Garcia, Sparth, Pascal Blanché, Philippe Buchet et Benjamin Carré sont autant d'artistes exposés ici. Et oui, ça en fait du monde !
"François Bougeon", décidément à l'honneur, tient une place importante dans l'espace expo. Ce sont ici des planches BD qui sont données à voir aux visiteurs. Egalement des maquettes de sa création et des croquis d'étude. Tout un matériel de travail et des planches originales de "La Source et la sonde" dont il vient de terminer la saga. Une création de plus de vingt ans et une masse de travail considérable.
"La Recherche de l'Art" est une expo photo. Depuis 2011, un partenariat signé entre l'Inserm et l'Ecole nationale supérieure de la photographie d'Arles permet de jeter des ponts entre deux mondes : le scientifique et l'artistique. Ici, il s'agit de travaux d'étudiants en 2ème année.
"Les Super Brikabraks" était présente à l'espace jeunesse et les grands enfants que nous sommes ont adoré ! Je crois que c'est la plus fun expo que j'ai pu voir jusqu'à ce jour. Il s'agit là de sérigraphies et sculptures de robots aux supers pouvoirs, réalisées à partir d'objets du quotidien. Ce sont les sérigraphies qui m'ont le plus plu. Nous rions tous les deux comme des gosses à la découverte de leurs caractéristiques farfelues. Durée de vie, pouvoirs, autonomie, attaque, défense et vitesse de Voltard et autres Atomic Planchapin sont vraiment très drôles.
♠ Des expériences sensorielles :
"Sons d'encre" nous appâte avec son flyer nous promettant amplification d'univers, ondulation des temps, bruits du futur et résonances sauvages... Dans une pièce plongée dans le noir sont installés des transats et des coussins géants permettant à chacun, chanceux à trouver une place, de pouvoir se coucher et profiter de créations sonores, histoires déclamées par des auteurs et/ou OST de films de science-fiction. Un chouette espace pour souffler un peu.
♠ Des espaces ludiques :
Ici, les JDR et jeux de plateaux sont rois ! Je pense que si on restait plus d'une journée, on se laisserait tenter (surtout Mr K qui masterisait dans ses plus jeunes années). On aime bien néanmoins faire un tour dans cet espace pour se tenir informés des derniers jeux. Sympa pour lier de nouvelles connaissances pour de futurs jeux. Dommage que nous ne soyons pas sur Nantes, ici, on n'a plus vraiment d'amis rôlistes...
♠ Des bouquins, des dédicaces, des rencontres :
Les Librairies Complices de Nantes présentent le Salon du Livre et de la BD avec plus de 25 000 ouvrages représentant toutes les maisons d'édition. Le Salon devient ainsi, le temps des Utopiales, la plus grande librairie de science-fiction au monde et disons le tout net le supermarché de la défonce ! Là, il faut être très fort psychologiquement pour ne pas s'endetter sur 5 générations et succomber à la tentation qui est PARTOUT !
Au Capharnaüm éclairé, on a maintenant une règle que l'on s'efforce de suivre. On ne craque plus que pour les ouvrages d'auteurs présents afin de pouvoir aller les voir, discuter un petit peu, avoir une dédicace et repartir avec un beau souvenir d'échange. Pour les autres tentations, on respire un grand coup, on dégaine notre carnet et notre stylo et on note les références. Ainsi, on échelonne dans l'année les craquages possibles. Je vous l'accorde, au bout du compte, ça revient au même mais ça nous évite un coup de fil du banquier !
Cette année, nous avons rencontré Laurent Genefort dont Mr K a lu "Les Opéras de l'espace" il y a peu. Comme il n'a pas de tête (hum hum), il a oublié son exemplaire à la maison et a donc dû acheter un autre roman (oh non ! trop dur !). Ce fut une belle rencontre et la promesse de longues heures de lecture quand on voit l'étendu de sa bibliographie.
Xavier Mauméjean ! Ah, notre Xavier ! Lui, on l'aime d'amour depuis notre rencontre de l'an dernier. Si il ne fallait rencontrer qu'un seul auteur en dédicace c'est lui ! Souriant, attentif, il parle vraiment avec vous, ne regarde pas à droite et à gauche à l'affût de la moindre mouche quand vous lui faites un compliment. Il est vraiment content de vous parler et c'est réciproque. Même problématique que pour Laurent Genefort, Mr K a oublié à la maison son exemplaire de "American Gothic" (là, je crois qu'il le fait exprès...) qu'il avait pourtant adoré. Ensemble on discute de ce dernier, de celui qu'il nous dédicace et comme ça commence à devenir une habitude maintenant quand on parle avec lui, on digresse vers d'autres auteurs, d'autres univers, on parle polar et thriller... on sort un bout de papier et il nous note nos devoirs pour l'année à venir. On repart avec un grand sourire et une liste d'ouvrages à découvrir. Pour mieux revenir ... Oui, on a été le voir 2 fois cette année tellement on aime passer du temps avec lui ! A l'année prochaine Xavier !
Plus tôt dans l'après-midi, Christopher Priest avait indiqué lors de la présentation de la projection du film de Nolan qu'il n'aimait pas la fin du film et qu'elle était radicalement différente dans son roman "Le Prestige". Bon, ben, je crois qu'on n'a pas trop le choix là, il faut qu'on découvre sa fin ! On échange quelques mots in english please sur le film et sur son oeuvre. Christopher Priest est un homme charmant et ses yeux pétillent. Une belle rencontre.
J'ai également été discuter avec Jo Walton dont j'ai écorché le nom sur twitter et sur facebook hier. Elle n'avait qu'à pas me dire que j'avais le même prénom qu'une chanteuse québécoise célèbre aussi ! Non mais ! Sur les conseils de Xavier Mauméjean, qui a vu son roman inscrit sur ma wish-list du jour, j'ai acheté son roman "Morwenna" et lui ai fait dédicacé. Je n'ai pas de photo de cette rencontre, Mr K étant un goujat, il n'y a pas pensé pendant que je discutais avec elle. Si "Morwenna" ne me plaît pas, il faudra que j'aille me plaindre auprès de Xavier m'a-t-elle dit. Très gentille et rigolote, elle est speed et il faut suivre mais ça restera un chouette souvenir. Même si je n'aime pas spécialement Céline Dion...
♠ Des craquages :
Et on termine donc ce long billet avec les acquisitions et les dédicaces du jour. On a été raisonnables ! Je suis fière de nous ! Seule une BD faisant partie de la compétition pour le Prix du Meilleur Album de SF 2014 (mais qui ne l'a pas obtenu hier soir) vient constituer l'exception qui confirme la règle de notre bonne résolution.
Ont donc rejoint nos PAL :
- "Memoria" de Laurent Genefort
- "Le Prestige" de Christopher Priest
- "Neonomicon" d'Allan Moore et Jacen Burrows
- "Ganesha" de Xavier Mauméjean
- "Morwenna" de Jo Walton
On a aussi acheté le badge du festival et quelques affiches pour notre déco perso mais ça ça compte pas vraiment !? Si !? Ah ben oui un peu quand même...
Avec déjà très hâte de revenir l'an prochain, nous avons quitté la Cité des Congrés hier soir et avons retrouvé le chemin de notre chez nous où Tesfa nous attendait sagement. Intelligence artificielle ou extraterrestre la concernant ? Je ne sais pas très bien !
Ces journées passent décidément trop vite ! Vivement 2015 !
"Imaginaerum" de Stobe Harju
L'histoire: Tom, un compositeur âgé et sénile, imagine un monde dans lequel il est toujours un jeune garçon. Alors qu'il est endormi, il voyage dans son passé où ses anciens rêves se mélangent au monde imaginaire fantastique et musical du jeune garçon. Gem, la fille du compositeur, tente de recréer les liens qui l'unissaient auparavant à son père en bonne santé, mais ses tentatives sont compromises par la santé déclinante de son père.
La critique Nelfesque: Lors de notre passage aux Utopiales cette année, nous avions noté sur le programme la projection d'"Imaginaerum". C'était une première ciné au festival pour nous puisque lors de notre première édition en 2011, nous n'avions pas eu le temps de nous pencher sur cette facette ci du festival.
Malheureusement pour vous, autant vous le dire tout de suite, nous risquons de vous donner envie avec nos critiques pour ce film qui hélas ne sortira pas en salle en France... Et oui, c'est ainsi, il faudra vous pencher sur les DTV (direct to video) qui loin de proposer des bouses à tous les coups renferment parfois quelques pépites jamais achetées par les distributeurs pour être passées en salle. C'était donc l'occasion de voir l'unique projection française en salle d'"Imaginaerum". Nous n'allions pas bouder notre plaisir!
Visuellement, ce film est vraiment très beau. Nous sommes ici entre rêve et réalité, dans un monde fantasmé à la fois hypnotique et inquiétant. Loin des univers colorés, l'ensemble du long métrage se déroule dans une obscurité permanente qui entraine le spectateur dans une aventure entre trip sous substances et peurs enfantines. La scène où le jeune Tom voyage sur le dos du bonhomme de neige est tout bonnement superbe. Visuellement 20/20. Rien à redire.
J'ai retrouvé ici quelques aspects des grands films de contes initiatiques cultes, comme l'inégalable "L'Histoire sans fin" (THE film de mon enfance). Tout est ici réuni: un enfant, un monde inconnu, une bonne dose de fantastique, la peur de rester à jamais coincer dans ce monde... Rien de nouveau sous le soleil dans le fond sauf la dimension "perchée" de certaines scènes, telles que celle avec les soldats de plomb par exemple ou le concert de Nightwish dans un Magic Mirror d'un autre monde.
Le film est court (1h20) et j'avoue avoir eu du mal à rentrer totalement dans l'histoire. Il m'a manqué un je ne sais quoi qui fait que je ne sais pas vraiment si j'ai aimé ce film ou non. Je l'ai trouvé sympa mais il me manque quelque chose, un approfondissement des choses, des scènes plus marquantes supplémentaires... Une sensation d'avoir touché du doigt un moment éblouissant mais de n'en avoir effleuré que le contours...
A la fin de la projection, nous avions la possibilité de noter ce film qui faisait partie de la sélection Utopiales pour la compétition internationale. A ce titre, d'ailleurs, nous étions comme deux gosses en constatant que MONSIEUR Jan Kounen ("Dobermann", "Blueberry", "99 francs" quand même !) avait pris place quelques rangées derrière nous, étant membre du jury du Prix. Au moment du vote, je ne savais pas vraiment quoi dire... Visuel top, musique métal (bon Nightwish, ce n'est pas forcément ce que je préfère dans ce genre mais tout de même, c'est notable), bon jeu d'acteurs mais histoire à laquelle il manque un petit quelques chose pour moi et finalement assez classique si ce n'est dans sa forme au moins dans son fond.
Quand les lumières de la salle se sont rallumées, j'ai retrouvé un Mr K complètement conquis pour sa part. Comme quoi, on n'a pas forcément toujours les mêmes avis. Je lui laisse maintenant la parole...
La critique de Mr K: 6/6. Nous avons passé une très belle journée au festival des Utopiales de Nantes et ce film a grandement contribué à la réussite de cette incursion en terre SF. Nelfe m'avait montré la bande annonce quelques jours auparavant et j'avais été frappé par les images fournies entre rêve et réalité d'un univers qui semblait complètement onirique et loin des sentiers battus. Puis mon coeur métalleux se réjouissait de voir porter à l'écran l'imagination débridée des membres du groupe Nighwish qui, même s'il n'est pas vraiment ma tasse de thé (trop mièvre en concert), est tout de même composé de musiciens de talents et puis la chanteuse est trop... mais je m'égare!
Un vieux musicien - Bill - est à l'article de la mort et il va traverser les différents âges de son existence passée, se remémorer des souvenirs que son esprit améliore ou détériore au hasard des rencontres qu'il y fait. Freudien à souhait, ce métrage met en image le conflit père-fils, le manque d'amour parents/enfants qui a des conséquences sur les générations qui suivent. Ainsi, Gem la fille de Bill, se désintéresse dans un premier temps de la mort imminente de son géniteur. Peu à peu, la carapace va se briser et elle va essayer de découvrir tout ce que son père a essayé de lui dire sans les mots, tant il était avare en terme de marques d'affection. Attention, sortez les mouchoirs, j'ai chialé comme une madeleine en fin de métrage... Pfff, rien qu'en y pensant une douce mélancolie m'envahit tant j'ai trouvé cette histoire à la fois universelle, merveilleusement traitée et d'une beauté mortifère.
Difficile de résumer l'intrigue tant elle est complexe et non linéaire, attendez-vous simplement à un film hors-norme, complètement barré et peuplé de visions dantesques: le bonhomme de neige qui vient chercher le jeune Bill pour le mener à son destin au comportement aussi étrange qu'inquiétant, des montagnes russes suspendues dans le ciel où se déroule une course poursuite faramineuse, des soldats napoléoniens parlant anglais avec un accent bien de chez nous, un cirque peuplé de clowns très inquiétants, une pièce où plafond et sol s'intervertissent, autant de délires visuels qui baladent le spectateur à travers des visions dignes parfois de The Wall d'Alan Parker. La technique est parfaite d'ailleurs et met en valeur les personnages et l'histoire. La musique de Nightwish se fait ici mélancolique, douce et très plaisante à l'oreille. N'ayez donc pas peur si vous n'êtes pas amateurs de métal!
J'ai clairement pris une claque en allant voir ce film. Le sujet me touche particulièrement et me renvoie sans doute à des questionnements intérieurs qui me turlupinent encore aujourd'hui. Le fond est donc d'une finesse et d'une richesse extrême, le tout servi dans un écrin de toute beauté. Véritable petit bijou, sachez que vous avez très peu de chance de le voir dans les salles françaises car il n'a trouvé aucun distributeur pour sa diffusion chez nous. Inclassable, pas vraiment pour les enfants, et alambiqué dans son déroulé, personne ne s'est risqué à tenter le coup. Dommage car leur manque de courage et sans doute de sensibilité vont priver le grand public d'un film hors norme et marquant. Gageons qu'il ait un succès certain quand il sortira en DTV (Direct to video).
Un petit chef d'œuvre du nord que je vous recommande chaudement.
Les Utopiales - Edition 2013
Les Utopiales, Festival International de Science-Fiction, ont eu lieu du 30 octobre au 4 novembre à Nantes. Rendez-vous incontournable pour les amateurs de SF, c'était aussi l'occasion pour nous de remettre le couvert après une édition 2011 forte appréciée. Nous nous sommes donc réservés le même hôtel que la première fois et nous sommes rendus sur place pour un petit week-end qui vous le verrez dans un prochain article n'a pas été placé que sous le signe de la SF.
Le vendredi, c'est férié et la météo n'est pas au beau fixe. Qu'à cela ne tienne, après 2 heures de route, nous voici dans le saint des saints de la planète SF. Le thème de cette année est "Autre(s) Monde(s)". Tout un programme!

En parlant de programme, le notre n'est pas vraiment fixé. Nous avons quelques "impératifs" comme des horaires de dédicaces à respecter, la projection de "Imaginaerum" à aller voir au cinéma (et dont nous ferons la chronique prochainement), des tables-rondes qui nous intéressent mais nous nous sommes laissés le champs relativement libre.
On déambule dans l'enceinte du festival, à la découverte des expositions présentes cette année, et on commence dès l'entrée avec celle de Vincent Callebaut, architecte qui a aussi réalisé l'affiche du festival. L'ancienne étudiante en architecture que je suis ne peut qu'apprécier ces propositions d'habitats du futur sans pour autant être émerveillée comme n'importe quel autre visiteur néophyte. Force est tout de même de constater que "Les Cités fertiles" sont remarquables dans leurs propositions et que l'une d'elle est même en cours de réalisation à Dubaï. Habiter demain commence aujourd'hui!

"Souvenirs de l'empire de l'atome" revisite sur différents supports l'histoire de Paul, écrivain de SF des années 50 qui communique par télépathie avec le héros d'une épopée galactique située dans le futur.


Tout au fond du Centre des Congrès, on retrouve une exposition consacrée à Raymond Poïvet, pionnier de la BD SF. Il faut aimer le style daté de ces bandes dessinées mais la notion de travail prend tout son sens quand on voit les planches originales retouchées maintes fois à la main avant publication.



"Futuro Technos" est l'occasion de voir de près et même de tester des programmes de recherches. Souvent cantonnés aux laboratoires, ils sont ici présentés au public et vulgarisés. Nous avons pu ainsi avoir le privilège de tester un bras exosquelette conçu pour repousser les frontières du possible, pour améliorer le quotidien de personnes handicapées retrouvant ainsi leur motricité, pour soigner et rééduquer dans des programmes de kinésithérapie, pour réparer dans l'espace mais aussi pour augmenter les capacités humaines. Bluffant!
Dans le cadre de cette exposition, Nao est de retour. Nous l'avions râté l'an dernier, il est revenu pour nous! Célèbre robot humanoïde autonome conçu et fabriqué en France, il est aujourd'hui principalement utilisé au sein de laboratoires de recherche et pour l'enseignement. Plus de 400 établissements l'utilise tant pour explorer ses capacités d'intéraction (comme avec des enfants autistes ou des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer...) que comme plateforme pédagogique. Encore sous forme de prototype, ce petit robot peut être programmé pour être un parfait robot de compagnie, partenaire de jeu, garde-malade, objet communicant... Petit clin d'oeil au passage pour l'excellente série "Real humans"!

Côté conférences et tables rondes, cette année, nous avons fait soft. Nous avons capté de loin certaines bribes de débats mais n'avons véritablement assisté qu'à l'une d'entre elles: "Parcs d'attractions, malls et mondes factices". Avec Xavier Mauméjean (auteur de "Lilliputia" que Mr K a adoré et qu'il faut absolument que je lise) et Marc Caro (réalisateur que l'on ne présente plus! "Delicatessen" et "La Cité des enfants perdus" quand même!) on pouvait s'attendre à un chouette moment. Et ce fut le cas! Débat autour des faux-semblants et des lieux factices qui nous entourent. Où est la réalité, où commence la fiction, sommes-nous de simples marionnettes au bout de fils?

Enfin, côté dédicaces nous n'avons pas été déçus (ou presque). La plus grande librairie de SF d'Europe nous a tendu ses petits bras et nous n'avons pas pu résister à la tentation...

Nous avons rencontré Pierre Bordage et Mr K a cette fois ci réussi à lui aligner plus de 3 mots! Miracle! La prochaine fois, on l'embarque manger un morceau! Toujours sympa et disponible, on a discuté un bon moment avec lui et Alain Grousset. Grand moment pour Mr K. Héhé!
Je voulais absolument revoir Vincent Gessler à qui j'avais fait dédicacer "Cygnis" en 2011 et qui m'avait laissé un excellent souvenir. Je suis repartie cette fois ci avec "Mimosa" et le sourire jusqu'aux oreilles tant cet homme là est la gentillesse incarnée!
Et en parlant de gentillesse, nous n'avons pas été en reste avec Xavier Mauméjean qui je crois restera LA belle rencontre de ce festival. Homme passionnant et passionné, très attentif et prévenant, il a conseillé et fait tout une liste d'oeuvres sur un thème bien précis à Mr K. Une vraie mine d'informations donnée sans prétention et un sourire sincère. Xavier t'es notre chouchou!
Et on termine ce long billet par les traditionnelles photos de romans et la liste des acquisitions:

Portrait de famille "les dédicacés":
- "Guide de survie en territoire zombie" de Max Brooks (je n'en ai pas parlé... C'est normal!)
- "Word War Z" de Max Brooks (où comment dédicacer un roman plus vite que l'éclair)
- "Les Fables de l'Humpur" de Pierre Bordage
- "Abzalon" de Pierre Bordage
- "Lilliputia" de Xavier Mauméjean
- "Mimosa" de Vincent Gessler
Portrait de famille "les petits nouveaux de nos PAL":
- "Ad Noctum" de Ludovic Lamarque et Pierre Portrait
- "Mimosa" de Vincent Gessler
- "American Gothic" de Xavier Mauméjean
- "Moi, Lucifer" de Glen Duncan

On remet ça l'an prochain avec peut être une meilleure organisation pour réussir à croiser les copains de la blogosphère ;)
Nos Utopiales 2011
Ce week-end, nous avons pris la direction de Nantes pour les Utopiales, festival international de science-fiction qui nous fait de l'oeil chaque année depuis un certain temps et où nous n'étions encore jamais allés!
Nous avons jeté notre dévolu sur la journée du samedi 12 novembre et nous en avons profité pour passer un petit week-end sur Nantes. Après une journée flânerie dans la ville, restau et soirée billard, nous étions dans la Cité des congrès de Nantes à 10h pétante le samedi matin. Nous commençons par inspecter les lieux, découvrir les espaces dédiés aux jeux de rôles, repérer les différents lieux de tables rondes et le bar de Mme Spock (ben oui quand même, c'est important!) et sans plus attendre nous nous rendons à l'étage pour voir l'exposition dédiée à "La très extraordinaire expérience du Dr. Grordbort".
C'est là que nous découvrons le travail de Greg Broadmore, que j'aurai la chance de rencontrer lors d'une séance de dédicace plus tard dans la journée, et où, il faut bien l'avouer, nous prenons une belle claque devant des oeuvres aussi "amazing" par leur finesse qu'humoristiques dans les explications données.
L'univers du Dr. Grordbort dépeint un rétro-futur où les technologies mécaniques, éthéréennes et atomiques côtoient le casque colonial, le pantalon bouffant et la moustache à l'ancienne. Tenue largement utilisée par bon nombre de participants aux jeux de rôle streampunk grandeur nature présents au festival. Du petit lait pour les yeux!
Toujours dans les expositions, nous avons pu voir quelques unes des planches originales de l'album "Au pays de la mémoire blanche" de Stéphane Poulin qu'il faut que je me procure au plus vite (on a déjà pas mal fait chauffer nos cartes bleues...) et une expo consacrée à "V pour Vendeta" dont 45 planches originales de l'album sont ici présentées au public. "Le jeu d'échecs" de Paul Corbineau inspiré par "Nantes, Jules Verne, la science-fiction et l'autre monde" nous laisse voir des pièces magnifiques à l'effigie de Jules Vernes, de Nemo, des machines de l'île, de mère nature ou encore d'extra-terrestres. La rencontre avec le sculpteur, en toute modestie et très simplement, fut un moment agréable du festival. Cet homme est la preuve vivante que l'argent n'achète pas tout et ça fait du bien!
Nous avons également assisté à deux rencontres et tables rondes littéraires et BD. L'une ayant pour thème "L'auteur de SF est-il un historien du futur?" en présence de Jeanne A. Debats, Ugo Bellagamba et Sylvie Allouche et l'autre, "Uchronie : tentative révisionniste" en présence de Norman Spinrad, Mr Fab, Fabien Clavel, Guess et Roland C. Wagner.
Enfin place au gros craquage de slip au salon du livre... Comment résister à ce temple de la tentation rassemblant plus de 25.000 ouvrages et constituant pendant 4 jours la plus grande librairie de SF du monde? Réponse: on ne peut pas! C'est là que Mr K a vécu l'un des plus grands moments de sa vie (oui encore plus grand que le jour de notre rencontre): parler avec Pierre Bordage! Très sympathique et disponible, ce grand nom de la SF, nous a dédicacé "Les Guerriers du silence" et "Le Feu de Dieu". Mr K est content, Mr K est empli de bonheur, Mr K n'en peut plus!
Oui mais c'est aussi sans compter avec la présence de David Lloyd qui nous signe "V pour Vendeta". On échange quelques mots, on est surpris par la gentillesse et la jovialité de ce grand dessinateur de comics qui nous sert spontanément la main à la fin de notre rencontre. Depuis, je ne me suis pas lavée...
Les dessinateurs prennent le temps de nous offrir de magnifiques dédicaces. C'est ainsi que je suis restée à discuter pendant plus de 20 minutes avec Arnaud Boutle et Mathieu Bablet, bavant devant les superbes dessins qu'ils me laisseront respectivement dans "Entre les ombres" et "La belle mort".
Mr K a aussi fébrilement fait dédicacer "Rêve de fer" à Norman Spinrad. Quant à moi j'ai rencontré un Vincent Gessler vraiment très sympathique et amical pour une dédicace de "Cygnis" (Prix Utopiales 2010).
La journée touche à sa fin avec, tout d'abord, la Cérémonie de remise des prix où à la maison nous nous réjouissons d'avoir vu Roland C. Wagner remporter le Prix Utopiales littéraire. Mélange de Patrick Eudeline et du père Guy Gilbert, Mr Wagner est un auteur à part que l'on a eu plaisir à écouter disserter plus tôt dans la journée.
Enfin, nous terminons nos Utopiales 2011 avec "Le cabaret mystique" d'Alejandro Jodorowsky. J'avoue que j'appréhendais un peu cette soirée, ne sachant pas vraiment à quoi m'attendre puisque Jodorowsky est un réalisateur complètement barré avec une filmographie qui perso me fait l'effet d'un bon Lexomyl (Mr K par contre adore, altruiste, je lui ai même offert un coffret DVD il y a quelques temps). Niveau scénariste BD par contre, j'aime beaucoup ce qu'il fait (rhaaaaa, "L'incal"!). Au final, ce fut indolore et vraiment très plaisant. Jodorowsky (82 ans, vraiment? c'est possible d'être ainsi à cet âge?!), nous conte pendant 1h30 des histoires du monde entier, des légendes et des mythes, nous décryptant leurs morales et messages cachés. C'est très "love is everywhere", limite gourou, plein de bon sens surtout, mais le temps passe à une vitesse folle et tout le monde ressort de cette soirée le sourire aux lèvres. Quand même, c'est Jodorowsky!
Ces Utopiales ont aussi été pour moi l'occasion de rejouer à "Another World" sur lequel j'ai passé de nombreuses heures en son temps sur mon Amiga 500+ (effectivement, ça date... ne soyez pas discourtois!). En revanche pas de projections cinéma pour nous. Trop court, trop de choses à voir et à faire! Nous espérons pouvoir réparer cela lors de l'édition 2012! Parce que OUI on va y retourner! Forcément!
Allez, je termine ce post par notre craquage de slip... Nostra maxima culpa...
Ont donc rejoint nos PAL et bibliothèques:
- "Entre les ombres" d'Arnaud Boutle (dédicacé)
- "La Belle mort" de Mathieu Bablet (dédicacé)
- "V pour Vendeta" d'Alan Moore et David Lloyd (dédicacé)
- "genetiks [I]" de Marazano /// Ponzio
- "Cygnis" de Vincent Gessler (dédicacé)
- "Stalker" d'Arkadi et Boris Strougatski
- "Rêve de fer" de Norman Spinrad (dédicacé)
- "L'Univers en folie" de Fredric Brown
- "Le Déchronologue" de Stéphane Beauverger
- "Les Seigneurs de l'Instrumentalité" - Intégrale de Cordwainer Smith
De bons moment en perspective non!?