Février - Mars - Avril : Nouvelles acquisitions
Aujourd'hui, nouveau post consacré à nos acquisitions avec ces trouvailles faites depuis quelques mois au gré de nos pérégrinations entre boîtes à livres, visites à Emmaüs ou dons des amis. Une fois de plus, il y a foule, regardez plutôt...
Comme d'habitude, il y en a pour tous les goûts, tous les formats aussi. C'est parti pour un passage en revue des petits nouveaux !
(littérature dite de "genre")
- Nuage de Emmanuel Jouanne. Présenté comme un space opera surréaliste, cet ouvrage me tente déjà beaucoup avec cette histoire de découverte d'un nouveau monde farfelu et utopique. Le ton a l'air décalé et ce roman est considéré comme un chef d’œuvre par nombre de nos collègues blogueurs amateurs de SF.
- La Mécanique du Centaure de M. John Harrisson. Encore du space opera avec un auteur que je vais découvrir avec ce titre et qui a une belle réputation. L'ultime survivant d'une race éteinte attise les convoitises et se voit pourchassé à travers toute la galaxie par deux factions antagonistes. Pitch très sympa pour un ouvrage tout droit issu des seventies US !
- Le Gambit des étoiles de Gérard Klein. Un aventurier du futur se trouve embarqué malgré lui dans une mission dangereuse et semée de pièges. De la SF "jeunesse" par un maître en la matière, ça promet !
- L'Étrange vie de Nobody Owens de Neil Gaiman. Variation autour de Jack L'éventreur avec cette histoire de jeune garçon dont les parents ont été victime du terrible meurtrier et qui a été depuis élevé par des fantômes. Cependant, la Mort réclame son dû et la confrontation semble inexorable avec le meurtrier... J'adore Neil Gaiman et ce pitch a l'air incroyable. Hâte de lire ça !
(Fantastique et policier mêlés pour mon plus grand bonheur !)
- Jonathan Strange et Mr Norrell de Susanna Clarke. Une belle grosse brique des familles teintée de noir sur sa tranche mêlant fantastique, aventure, féérie et romantisme. Une association de magiciens se mue en rivalité féroce dans un roman initiatique que Nelfe m'a dégoté au hasard d'un chinage. Typiquement le genre de lecture de vacances, il ne passera pas l'été !
- Les Neufs dragons de Michael Connelly. Réussir à mettre la main sur un ouvrage d'un auteur qu'on aime beaucoup et dont on a presque tout lu a toujours un parfum particulier. C'est le cas avec ce volume des enquêtes d'Harry Bosch que ma chère et tendre a trouvé par hasard dans un vide grenier. À priori, ce volume voit notre héros confronté à sa plus grande peur et son cœur de père va être mis à rude épreuve.
- La Fille cachée de Lisa Gardner. Une de mes auteures chouchou, impossible de résister à la tentation avec encore une fois un thriller qui promet de me garder éveiller tard avec une histoire de passé à déterrer et de vérité inavouable. Miam miam !
(De la variété entre Histoire et contemporain, en passant par du très bizarre !)
- La bâtarde d'Istanbul d'Elif Shafak. Un roman en immersion dans la Turquie à travers le temps, le destin de différentes générations de femmes et l’histoire de deux familles aux secrets honteux. Très réputée, je vais découvrir cette auteure turque avec ce titre qui donne vraiment très envie.
- Alice est montée sur la table de Jonathan Lethem. Une spécialiste de la physique des particules a réussi à capturer le Néant dans son laboratoire. Mais ce non-être semble avoir une personnalité ! La vie de l'héroïne va s'en voir bousculée. Pitch délirant, ton loufoque selon quelques retours de lecture que j'ai pu lire ici ou là, voila sans conteste le livre le plus barré de ces nouvelles acquisitions.
- Tibi la blanche d'Hadrien Bels. Trois gamins en attente des résultats du BAC à Dakar croquent la vie à pleines dents sous la plume d'un auteur amoureux de cette ville et des bons mots de la rue. Ce titre ne restera pas longtemps dans ma PAL !
- Savonarole d'Ivan Cloulas. Un essai historique trouvé en plein Périgord dans une boîte à livres isolée du côté d'Agonac. Cet ouvrage met en lumière un révolutionnaire avant l'heure dans l'époque moderne naissante, prédicateur austère, guide spirituel de la République restaurée à Florence, il connut un destin peu commun. Je retourne à mes études, chouette !
(La sélection de Nelfe, toujours aussi raisonnable comparée à moi !)
- Pukhtu Primo de DOA. Ah DOA ! Voilà un auteur que j'aime beaucoup sous bien des aspects. Après "Citoyens clandestins" et "Le serpent aux milles coupures", voici le 3ème volet du cycle clandestin, une briquasse hyper documentée avec pour toile de fond l’Afghanistan. Dès qu'il s'agit de DOA je suis hyper enthousiaste, me voici donc plus que ravie.
- Un été près de la mer d'Anne Philipe. Trouvaille de boîte à livres, j'ai été charmée par la 4ème de couverture : "C'est un été radieux, comme si les beaux jours ne devaient jamais cesser d'être beaux. Les grandes personnes et les enfants sont vacants, jouant ou rêvant entre la mer et les vignes, dans la chaleur heureuse. Tant de lumière, de paix, de joie présente et promise - une jeune femme attend un enfant pour bientôt - finissent étrangement par vous serrer le cœur. On se sent pris d'angoisse et on s'en veut, puisque rien ne la justifie." Entre Philippe Delerm pour l'évocation du temps qui passe et un je ne sais quoi d'angoissant, ça pourrait bien me plaire. Clairement un coup de poker !
- La Ferme africaine de Karen Blixen. Dégoté dans la même boîte à livres que le roman précédent, celui-ci est un des ouvrages préférés de Sylvain Tesson. Doit-on également vraiment rappeler la célèbre adaptation cinématographique "Out of Africa" ? Voilà 2 arguments bien lourds !
- L'Insomnie des étoiles de Marc Dugain. Encore un auteur adoré depuis la claque que m'a mise "Avenue des géants". En plus ici, il aborde le thème de la seconde guerre mondiale. M'est avis que je vais encore ressortir de cette lecture chamboulée !
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Pas de quoi s'ennuyer donc, ni être à cours de lectures vu nos PAL respectives qui grossissent toujours un peu plus. Y'a des jours où j'aimerais vraiment pouvoir uniquement lire sans contrainte de travail tant il y a de livres à découvrir, à aimer et si peu de temps pour le faire. En attendant vous retrouverez dans les semaines, mois (voire années) à venir les chroniques des présents ouvrages. À bon entendeur...
"Vernon Subutex" intégrale de Virginie Despentes
L’histoire : QUI EST VERNON SUBUTEX ?
Une légende urbaine.
Un ange déchu.
Un disparu qui ne cesse de resurgir.
Le détenteur d’un secret.
Le dernier témoin d’un monde disparu.
L’ultime visage de notre comédie inhumaine.
Notre fantôme à tous.
La critique de Mr K : Depuis 2015 et la lecture de Baise-moi, je n’avais plus remis le nez dans la bibliographie de Virginie Despentes, une auteure que j’affectionne pourtant tout particulièrement. Son écriture libre, thrash, le ton cynique, sa découpe au scalpel des travers de notre société, son engagement… autant de qualités qui m’ont manqué en sept ans. C’est Nelfe qui m’a permis de remettre le pied à l’étrier en m’offrant la trilogie Vernon Subutex cet été et quelle expérience ! La magie opère toujours autant avec de surcroît ici une dimension plus universelle, un aspect mystique poussé pour un conte urbain incandescent et sans concession qui ne peut laisser indifférent.
Dans la structure générale, on est face à un roman polyphonique où se croisent d’innombrables personnages qui nous livrent successivement leurs points de vue. Très différents les uns des autres, toujours extrêmement bien croqués, complexes (on ne compte plus les péripéties et états d’âmes qu’ils traversent) tout au long des 1200 pages qui constituent ce triptyque, on navigue dans différents milieux dans une immersion vraiment totale.
Il y a évidemment Vernon, un ancien disquaire, génie du mix qui se retrouve expulsé de son appartement et qui va squatter chez divers connaissances avant d’atterrir dans la rue. Le premier volume s’attarde beaucoup sur sa trajectoire qui s’apparente clairement à une descente en enfer même si Vernon reste flegmatique et traverse les épreuves sans vraiment réagir. Les gens l’aiment bien, on se sent bien en sa compagnie, il les impacte sans vraiment le vouloir, il est un être à part qui cristallise des sentiments divers et apporte une certaine paix. À partir du deuxième volume quelque chose se met en place auprès de lui.
Gravite autour de Vernon, une myriade de personnages plus ou moins liés donc : un producteur acharné et peu recommandable, un scénariste en panne d’inspiration, une actrice porno rangée des bagnoles, une détective privée lesbienne pas commode (déjà croisée dans Apocalypse baby de mémoire), une SDF haute en couleur, une serveuse-tatoueuse en quête de sens à sa vie, un trader cocaïnomane complètement perché (je sais c’est un euphémisme), une amie de jeunesse musicienne, des transsexuels assumés, une jeune femme musulmane pratiquante au parcours chaotique et bien d’autres que je vous laisse découvrir. Loin de noyer le propos, toutes ses âmes enrichissent une œuvre dense et profonde. Ils passent et repassent, disparaissent, renaissent à l’occasion d’un souvenir… Rien ne nous est épargné de leurs souffrances, atermoiements, doutes et espoirs, donnant vie à une comédie humaine que n’aurait pas renié un Balzac ou un Zola en leur temps. Ces ouvrages constituent une véritable toile d’araignée arrangée avec soin et dont on n’arrive pas à s’échapper. La preuve, j’ai lu les trois volumes à la suite, je n’ose pas imaginer le calvaire que ça aurait été d’attendre d’une année sur l’autre la sortie du suivant !
En soi, il ne se passe pas énormément de choses dans Vernon Subutex, chaque personnage apporte avec lui sa psyché, ses expériences, sa pierre à l’édifice de Virginie Despentes. Elle dresse le portrait de notre société abîmée, fracassée par ses tensions internes. On retrouve de grandes préoccupations despentiennes à commencer par le lien entre hommes et femmes, la sexualité, le rock, la dope. Elle élève ici le propos en livrant quelques saillies bien senties sur le capitalisme cannibale, l’exclusion des gens (le passage sur la rue est tout bonnement épatant, racontant par le menu comment cela vous transforme un homme et le rend invisible aux yeux de la société -si ce n’est comme un repoussoir pour dire aux autres, voila ce qui vous arrive si vous n’obéissez pas-), la dépendance technologique, le réchauffement climatique, le pouvoir et son aspect dévorant et avilissant... Brillant ! En fait, toutes les thématiques de notre monde moderne sont plus ou moins abordées, livrant un livre-somme, une expérience totale. Le constat est sombre, très sombre même. Je dois avouer que je m’y suis totalement retrouvé partageant nombre de ses observations et réflexions.
Virginie Despentes manie l’art de la punchline à merveille, envoyant directement au foie des coups ravageurs qui touchent justes et forts. Que j’aime son écriture, son franc parler, sa liberté de ton, son phrasé ! Au delà du langage familier qu’elle manie à merveille et qui est sa marque de fabrique, Despentes ne peut se résumer à cela. Elle est une orfèvre en terme de caractérisation de personnages qui sont bien éloignés des clichés que l’on véhicule ici ou là, les salauds sont magnifiques, les êtres innocents bien moins qu’on ne le pense, tout cela s’entrechoque dans l’esprit du lecteur et produit un effet bœuf. La construction du roman est parfaite, la dynamique générale ne se dément jamais et le tout se termine de manière apocalyptique, nous laissant sur les genoux.
Une lecture incontournable, assurément ! I still love you Virginie.
Lus et chroniqués du même auteur au Capharnaüm Éclairé :
- Les chiennes savantes
- Les jolies choses
- King Kong theorie
- Apocalypse bébé
- Bye-bye Blondie
- Baise-moi
Back to Emmaüs !
Petit post acquisitions aujourd'hui pour vous parler de nos belles prises effectuées à notre Emmaüs chéri tout début septembre. La tentation est au rendez-vous une fois de plus et nous n'avons réussi que très partiellement à être raisonnables. Jugez plutôt...
De très belles pioches, non ? Comme d'habitude, je vais vous faire le détail des nouveaux arrivants qui vont venir grossir nos PAL respectives. Comme vous allez le voir, c'est très varié une fois de plus avec des trouvailles parfois inespérées et d'autres qui s'apparentent davantage à un coup de poker. On commence avec mes craquages qui comme souvent sont bien plus conséquents que ceux de ma douce !
(Policiers, thrillers et compagnie)
- Les Mille et une vies de Billy Milligan de Daniel Keyes. Impossible de dire non à l'auteur du cultissime Des Fleurs pour Algernon et je ne connaissais pas du tout ce titre dont la quatrième de couverture est diablement attirante. Daniel Keyes s'essaie ici au thriller avec cette histoire d'un homme aux multiples personnalités dont on va explorer la vie et la psyché. Connaissant la finesse d'écriture de cet auteur et adorant les personnages torturés, je pense que je vais prendre mon pied.
- Comme un coq en plâtre de Sylvie Granotier. Amateur forcené de la série du Poulpe, j'avais découvert avec plaisir un volume consacré à sa shampooineuse chérie lors d'une lecture en septembre de l'année dernière. Je vais pouvoir récidiver avec cette histoire où l'on nous annonce qu'on va croiser un chien susceptible, un garagiste irascible, des SDF refroidis, des coiffeuses échaudées et un cyclope amoureux. Moi perso, ça me donne très envie !
- Messe noire d'Olivier Barde-Cabuçon. C'est la couverture qui m'a directement scotché, le titre aussi d'ailleurs. Un meurtre a été commis et des indices laissent à penser à une résurgence des messes noires. Détail qui a son importance, nous sommes en 1759 dans un Paris sous tension en plein règne de Louis XV le mal-aimé. Un page turner historique, voila un genre que j'affectionne particulièrement et dont ce titre parait être un bon représentant. Je vais découvrir l'auteur par la même occasion.
- Preuves d'amour de Lisa Gardner. Un livre de l'une de mes auteures chouchou dans le genre thriller. Ce titre m'avait échappé jusque là. Le hasard fait vraiment bien les choses parfois. Lisa Gardner nous plonge une nouvelle fois dans une histoire pleine de suspens avec cette femme officier de police qui abat froidement de trois balles son mari violent. Cependant les apparences pourraient être trompeuses et l'enquêtrice D.D. Warren va devoir démêler le vrai du faux. On peut compter sur le talent de l'auteure pour bien nous mener en bateau.
- Un peu plus loin sur la droite de Fred Vargas. Là encore, c'est un gros coup de pot que cette trouvaille, il s'agit du dernier ouvrage qu'il me restait à lire de l'elle dans son triptyque des évangélistes. Un petit bout d'os humain découvert par inadvertance au milieu d'excréments canins va commencer à obséder le héros de cette histoire qui part en quête d'un cadavre et d'un assassin. J'ai hâte de me replonger dans l'écriture de Fred Vargas qui n'a pas son pareil pour faire surgir l’inattendu du quotidien. Et quel plaisir de retrouver Kehlweiler et les autres !
(De la SF, en veux-tu ? En voila !)
- Les Masques du temps de Robert Silverberg. Un voyageur du futur, un simple touriste lambda, va mettre le souk dans notre époque de manière bien involontaire. J'aime beaucoup Robert Silverberg, sa plume, sa sensibilité, son sens de la dérision parfois. Je ne me pose donc pas trop de questions quand il croise ma route et comme je ne connaissais pas ce titre et que la quatrième de couverture est alléchante... je n'ai pas pu résister !
- Le Berceau du chat de Kurt Vonnegut Jr. J'avais été enthousiasmé par ma lecture du roman culte Abattoir 5, une ouvre à part, engagée et superbement écrite. L'occasion se présente donc de lire autre chose de Kurt Vonnegut Jr et franchement à la lecture du résumé au dos du livre, c'est bien barré ! Disparition mystérieuse dans le milieu des "pères" de la bombe atomique, une île perdue au milieu des Caraïbes tenue d'une main de fer par un dictateur sadique, un prophète hors-la-loi, une femme fatale qui cache son jeu, un journaliste trop curieux et les enfants du disparu qui détiennent entre leurs mains le secret de la dernière invention de leur papa, une arme effroyable... Sacré cocktail en perspective !
- Killdozer, le viol cosmique de Théodore Sturgeon. Deux longs récits de Théodore Sturgeon réunis en un seul volume avec cet ouvrage mettant en scène deux luttes titanesques avec des créatures venues d'au-delà du néant. J'aime beaucoup cet auteur et cet opus manquait à ma bibliothèque. Le tort est désormais réparé, il ne me reste plus qu'à le lire !
- Dans le torrent des siècles de Clifford D. Simak. Un récit étrange d'homme du futur venu nous prévenir de l'imminence d'un désastre, le retour sur Terre d'un astronaute parti depuis 20 ans et dont on n'a plus de nouvelles. Il reviendrait avec un livre qui faudrait absolument empêcher d'être publié... Simak ne m'a jamais déçu, le pitch est très intrigant, allez hop dans ma PAL !
(Du contemporain et apparenté...)
- La Stratégie du choc de Naomi Klein. Voila un livre qui avait fait l'effet d'une bombe à sa sortie et que je voulais absolument lire. Le temps a passé et je l'avais oublié. Heureusement, notre excursion à Emmaüs m'a permis de mettre la main dessus. Essai polémique autour de la prise de contrôle de la planète par les tenants d'un ultralibéralisme tout-puissant, Naomi Klein revient sur 60 ans d'Histoire mondiale et l'éclaire à la lumière de données que beaucoup de médias / politiques écartent de leurs analyses. Il me tarde de le lire et de me faire ma propre idée.
- Barberousse de José Lenzini. Il s'agit d'un récit biographique qui part sur les traces de Barberousse, un héros de la Méditerranée que certains considèrent comme le premier fondateur de l'unité algérienne. Pirate, puis chef de flottille imposante et roi, il eut une vie riche et tumultueuse qui m'avait fasciné lorsqu'on l'avait abordé en fac d'Histoire. L'occasion m'est donnée de creuser un peu plus le sujet. Hâte d'y être !
- Le Valet de Sade de Nikolaj Frobenius. La vie et la mort du serviteur du marquis de Sade depuis sa naissance non désirée, la rencontre qui va changer sa vie et les actes dont il va se rendre complice quand il prendra son service. Une très belle couverture, un résumé plus que séduisant et l'atmosphère de souffre et de stupre autour de la figure de Sade m'ont convaincu d'adopter cet ouvrage. Qui lira, verra !
(Et enfin, la sélection de Nelfe !)
- Sankhara de Frédérique Deghelt. Une femme, jeune mère, avec un besoin viscéral de silence et de retraite pour se retrouver loin du tumulte d'un monde qui devient fou. On est en plein dans la problématique de maternité sur laquelle j'aime me pencher depuis quelques années maintenant. Je ne doute pas que l'écriture de Frédérique Deghelt fera mouche ici.
- Plateau de Franck Bouysse. Un roman aux accents de roman du terroir, en plein plateau de Millevaches, qui m'a surtout attiré par son auteur, Franck Bouysse, au talent immense. Hâte de découvrir celui-ci dont je n'avais jamais entendu parler auparavant.
- Damnés de Chuck Palahniuk. On attend forcément de Chuck Palahniuk une œuvre qui dépote ! Nous voici entre thriller et fantastique dans le voyage en enfer (au sens propre) d'une jeune fille de 13 ans à la recherche des raisons de sa propre mort. De quoi vivre de bonnes heures de lecture "endiablée" !
Si ça ce n'est pas une sélection riche en promesses, je ne m'y connais pas. Vous pouvez évidemment compter sur nous pour en reparler ici même au fil de nos lectures dans les semaines, mois et mêmes années à venir vu l'aspect gargantuesque de nos PAL respectives. Mais que voulez-vous ? Quand on aime on ne compte pas...
"Requiem pour un joueur" d'Erwan Le Bihan
L’histoire : Un peu par hasard, Richard se met à parier sur Internet. Sur des matchs de football, un peu puis beaucoup d'argent. La spirale de l'addiction l'entraîne et le sol se dérobe sous ses pieds. Comme le capitaine Achab dans Moby Dick, il a aperçu sa baleine blanche et ira jusqu'au bout pour la retrouver.
La critique de Mr K : Une très belle lecture que cet ouvrage traitant du jeu et de l’addiction que j’ai décidé de lire toujours dans le cadre de la préparation d’un cours de Terminale BAC pro. Requiem pour un joueur d’Erwan Le Bihan est un livre qui vous happe et vous hante longtemps tant il s’avère addictif et d'un réalisme de tous les instants. Récit d’une véritable descente aux enfers, voila un ouvrage que je ne vais pas oublier de sitôt !
Richard a tout pour être heureux. Cadre dans une banque à la carrière ascendante, propriétaire, il est heureux en ménage et a des enfants. Non vraiment tout va bien pour lui, pas une ombre dans son ciel intime. Mais le démon du jeu va le gagner insidieusement. Tout commence par un banal pari sportif qui rapporte et Richard va se laisser entraîner dans une addiction terrible qui peu à peu va grignoter sa vie, détruire tout ce qu’il possède et lui faire perdre son âme.
D’une lecture très aisée, l’ouvrage colle aux basques du personnage au plus près de ce qu’il vit et ressent. Richard en lui-même n’a rien de vraiment remarquable, il est de ces personnes que l’on pourrait qualifier de passe-partout. Commun, ne faisant pas de vagues, on suit ses débuts sans réelle passion ni atome crochu. Il nous livre ses aspirations qui se limitent à un poste à l’étage au dessus, nous parle de ses copains de fac qu’il fréquente toujours mais qui n’appartiennent pas à son monde. On a aussi le droit à quelques scénettes familiales tout ce qui a de plus classique...
Et puis c’est le début de la déchéance. L’auteur frappe fort car au-delà des mensonges, des tromperies, des comptes bancaires qui fondent, des emprunts contractés en cachette, c’est l’altération psychique de Richard qui marque durablement le lecteur. On s’enfonce littéralement avec lui dans cette spirale infernale, cette addiction terrible qui l’empêche de réfléchir rationnellement et le pousse à faire vraiment n’importe quoi. Les mots, les phrases qui nous sont donnés à lire transpirent l’angoisse, le désir, les joies et déconvenues que Richard enchaînent et rien ne semble pouvoir arrêter cette mécanique infernale.
Tous les secteurs de vie auparavant réglée vont exploser les uns après les autres, phénomène classique de toute personne dont l’addiction l’emporte sur le reste de sa vie. La progression est foudroyante, tétanisante pour le lecteur qui assiste impuissant à l’avilissement du héros qui rechute régulièrement et n’arrive pas à redresser la barre. Dans une langue accessible, un style léger mais non dénué de nuances, Erwan Le Bihan nous offre une véritable expérience de lecture qu'il est impossible d’arrêter avant de l’avoir terminée.
Ce roman, adapté à tout type de lecteur qu’il soit confirmé ou novice (comme mes élèves), plaira par son ancrage dans la réalité, sa finesse de construction et l’évocation terrifiante de l’addiction au jeu. Un pur bonheur de lecture que je vous invite à découvrir à votre tour.
"La Brigade du rire" de Gérard Mordillat
L’histoire : Il y a Kowalski, dit Kol, Betty, licenciée de l imprimerie où elle travaillait. Dylan, prof d'anglais et poète. Les jumelles Dorith et Muriel, pour qui la vie est une fête permanente. L'Enfant-Loup, coureur et bagarreur. Suzana, infirmière en psychiatrie. Rousseau, beau gosse et prof d'économie. Hurel, industriel, lecteur de Marx et de Kropotkine. Ils sont chômeurs, syndiqués, certains exilés, tous ont été des travailleurs. Pas des "cocos", ni des militants. Des hommes et des femmes en colère, qui décident de régler leur compte à cette société où l’autorité du succès prime sur celle du talent. Des samouraïs, des mercenaires, une redoutable fraternité constituée en Brigade du rire.
Leur projet ubuesque et génial tient à la fois de la supercherie que de la farce grotesque : kidnapper et faire travailler Pierre Ramut, l'éditorialiste vedette de Valeurs françaises, et, dans un bunker transformé en atelier, l'installer devant une perceuse à colonne pour faire des trous dans du dularium. Forcé de travailler selon ce qu'il prescrit dans ses papiers hebdomadaires, semaine de 48h, salaire de 20% inférieur au SMIC, productivité maximum, travail le dimanche , Ramut saura désormais de quoi il parle...
La critique de Mr K : Aujourd’hui chronique d’un ouvrage de Gérard Mordillat qui traînait depuis trop longtemps dans ma PAL. J’aime beaucoup cet auteur à la verve enveloppante qui ne m’a pratiquement jamais déçu (son dernier en date était un ton en dessous) et La Brigade du rire promettait beaucoup après lecture de la quatrième de couverture. La lecture fut très addictive, gouleyante à souhait et idéalement équilibrée entre rires et larmes.
La fameuse brigade regroupe d’anciens camarades d’une équipe de handball qui a connu de sacrés beaux succès il y a plusieurs décennies. Eux plus quelques unes de leurs proches se retrouvent bien des années après et, lors d’une soirée particulièrement bien arrosée, décident de passer à l’action. La conduite du monde les désespère et ils comptent bien marquer le coup. Ils enlèvent donc le penseur / éditorialiste néo-libéral fascisant Ramut et décident de lui appliquer son propre programme économique qui pointe du doigt la pseudo fainéantise du peuple et veut accentuer le pouvoir patronal. Il ne sera pas déçu et va connaître une expérience pour le moins éprouvante...
L’ouvrage propose une galerie de personnages tous plus truculents et ciselés les uns que les autres. Que ce soit d’un bord ou de l’autre car l’on suit aussi les proches de Ramut, les personnages sont comme d’habitude très bien croqués et quasiment tous attachants sauf certains personnages appartenant à la sphère du pouvoir médiatique qui se révèlent particulièrement méprisables et méprisants. On croise donc un patron d’entreprise marxisant, un professeur d’anglais poète, un garagiste coureur de jupon, un néo-chômeur révolté, un distributeur de films, un professeur d’économie, deux sœurs particulièrement délurées, une infirmière psychiatrique, une veuve inconsolable, un second couteau de l’édition aux dents longues ou encore d’autres personnages secondaires qui prennent tous leur importance au fil du déroulement de l’intrigue. Malgré ce nombre élevé de protagonistes, on ne se perd jamais et chaque élément du puzzle s’emboîte parfaitement avec les autres pour former une trame dense et riche en rebondissements.
On se prend très vite au jeu et l’on se plaît à côtoyer cette bande de joyeux drilles à la détermination féroce. L’histoire de l’enlèvement et de la séquestration est un prétexte pour explorer ces vies cabossées, très différentes les unes des autres où les peines de cœur, côtoient les difficultés professionnelles et les aléas de la vie. C’est aussi de grands moments de partage et de communion, des discussions à bâtons rompus pour refaire le monde, de beaux moments d’amitié et des passions charnelles dévorantes et inspirantes. Le champ d’investigation social est donc très vaste, provocant de multiples émotions chez le lecteur prit en otage de ces destinées bien souvent marquantes. Tout s’entremêle joyeusement, des liens apparaissent que l’on aurait pas vu venir et l’on se délecte de cette toile d’araignée littéraire savamment construite et très maline par moments.
On retrouve bien évidemment l’aspect engagé de l’auteur qui n’y va pas avec le dos de la cuillère une fois de plus avec une peinture acérée de notre monde. Les méfaits du néo-libéralisme à tout crin ne sont plus à prouver mais ses rouages profonds, ses motivations premières sont exposées ici avec clarté et une ironie cinglante. L’argent roi, le pouvoir des médias, l’endoctrinement des masses, l’appauvrissement intellectuel qui va de pair avec la recherche de la soumission du plus grand nombre font terriblement écho avec notre époque actuelle entre les complotistes allumés et les tenants du pouvoir à l’aplomb déconcertant et cynique. C’est juste, parfois jusqu’au-boutiste comme un bon coup de pied au derrière. Ça fait du bien !
C’est donc un très bon crû que ce Mordillat aussi rafraîchissant qu’engagé en faveur du peuple, des femmes et de la quête d’égalité qui nous fait tellement défaut de nos jours. À lire absolument.
Déjà lus et chroniqués du même auteur au Capharnaüm Éclairé :
- Les vivants et les morts
- Ces femmes là
- La Tour abolie
- Des Roses noires
"Voici l'homme" de Michaël Moorcock
L’histoire : Il s'appelait Karl Glogauer.
Il avait remonté le temps, du milieu du XXe siècle jusqu'en l'an 28, pour chercher le Christ et assister à sa crucifixion. Maintenant qu'il se trouvait sur la Terre Promise, il venait de rencontrer Jean-Baptiste, le prophète, et déjà il lui parlait de celui qu'il désirait voir et dont l'image le hantait depuis toujours bien qu'il fût incroyant.
Mais Jean le Baptiste le regardait, un rien stupéfait. Comme si l'on avait à l'instant prononcé le nom de Jésus de Nazareth pour la première fois devant lui...
La critique de Mr K : Que j’aime cet auteur ! Qu’il touche à la science-fiction ou à la fantasy c’est toujours carton plein. Une imagination débordante, un style qui dépote, un ton décalé qui fait mouche et surtout aucun filtre, une dimension de son talent qui prend tout son sens ici. Dans Voici l’homme, Michaël Moorcock propose une variation autour du voyage temporel et s’attaque à la figure de Jésus-Christ ni plus ni moins. C’est brillant, source d’un grand plaisir de lecture et l’on ressort à nouveau ébloui par cet auteur décidément très talentueux.
Karl débarque en plein premier siècle de notre ère avec une idée fixe : assister à la crucifixion de Jésus. Ce psychologue de formation, à la vie mouvementée, part rencontrer Jean le Baptiste et quand il lui pose des questions sur Jésus, celui-ci lui demande de qui il peut bien parler ! Quel choc pour notre héros ! C’est le début d’un autre voyage, un voyage initiatique sur les traces du Sauveur mais aussi une quête de soi qui va mener vers un dénouement absolument génial !
Cet ouvrage livre tout d’abord un portrait très poussé de notre voyageur temporel. Via la technique répétée du flashback, Moorcock revient sur l’enfance, l’adolescence, les premières expériences, son métier de psychologue, ses rencontres. Cela occupe quasiment la moitié du livre. C’est bienvenue car ces passages mettent en perspective le récit, éclaire le lecteur sur les motivations profondes de Karl et proposent des réflexions métaphysiques. Son parcours tortueux est très parlant, on sort clairement de l’archétype de l’explorateur solide et déterminé, à l’épreuve de tout et surtout de lui-même. Perfectible, dans le doute voire dans des états seconds, Karl par son humanité relance tout un mythe et va quelque peu bouleverser les choses -sic-.
Un peu à la manière d’un Scorsese dans son film La dernière tentation du Christ (très bon film) ou encore le génial L’Agneau de Christopher Moore, cet ouvrage heurtera les fondamentalistes et les tenants de la doctrine officielle de l’Église. La nature du Christ, la personnalité de ses parents "terrestres", la crudité de certains propos tranchent et apportent une tonalité toute particulière à l’ouvrage. Cet aspect uchronique avec en plus des références à l’effet papillon brouillent les pistes, désacralisent un mythe tout en le rendant humain, plus proche de nous, plus palpable.
Le voyage dans le temps bien que présent est finalement assez secondaire, la trame se concentrant essentiellement sur le parcours du héros dont le voyage ne se passe pas vraiment comme prévu, la petite histoire rencontre la grande à bien des occasions. Chancelant très vite, se posant nombre de questions existentielles, les certitudes de Karl sont vraiment mises à mal et l’on devine au 2/3 de l’ouvrage ce qu’il va advenir de lui. C’est brillamment construit, très progressif et la fin nous laisse sur les genoux (dans le bon sens du terme).
Dès les premiers chapitres, l’auteur nous met le grappin dessus avec son sens de la mise en scène, de la caractérisation rapide. L’ouvrage ne s’embarrasse pas de longues descriptions, Moorcock va ici à l’essentiel. Il plante sa situation, présente ses protagonistes avec concision et un sens de l’économie de mots qui permet à la trame de décoller assez vite. La variation des époques, les liens entre passé / présent / futur rajoutent à l’ensemble une haute teneur et offrent un récit vraiment addictif, titillant la curiosité du lecteur qui construit ses hypothèses comme il peut (et avec délectation).
On passe donc un excellent moment avec cette lecture à la fois fraîche (malgré une parution déjà ancienne, 1977), éprouvante parfois (le parcours intime du héros) et source de nombreuses réflexions. Moorcock frappe encore et conjugue toujours écriture limpide et fabuleuse imagination. Un voyage à nul autre pareil que je vous invite fortement à entreprendre à votre tour.
Acquisitions printanières SF et fantasy
Au fil du printemps, Nelfe et moi avons récoltés quelques nouveaux livres prometteurs lors de passages à Emmaüs ou dans des boîtes à livres de la région. Tellement de titres nous ont tenté pendant cette période que je vais être obligé de rédiger deux postes différents les concernant. J'ai décidé de vous présenter aujourd'hui les ouvrages orientés SF et fantasy, des romans prometteurs et qui vont rejoindre ma PAL. Voyez plutôt.
Ils ne sont pas beaux ? Certains répondent à des attentes que je nourrissais depuis déjà pas mal d'années, d'autres sont de pures découvertes. Je suis assez compulsif comme lecteur, je lis de tout mais je dois avouer que ces genres de l'imaginaire me procurent un plaisir bien particulier et certains titres vont frapper fort je pense. La revue en détail commence maintenant !
- Les Artefacts du pouvoir de Maggie Furey. Cette tétralogie de fantasy sera une de mes lectures de l'été, période idéale pour se plonger dans un cycle de ce type. Je ne connaissais pas du tout l'auteure avant de tomber inopinément sur ce lot complet et les premiers avis que j'ai pu compulser sur le net m'ont convaincu de m'en porter acquéreur. Une jeune orpheline de père va voir sa vie bouleversée à l'annonce de pouvoirs qu'elle ne maîtrise pas encore. Elle va intégrer une académie de magie et devenir une puissante magicienne qui partira à la quête de quatre artefacts légendaires. Le pitch plutôt classique cache à priori un récit dense et enlevé. Tout ce que j'aime !
- Le Nez de Cléopâtre de Robert Silverberg. Un auteur qu'on ne présente plus et auquel je ne peux jamais résister quand je croise un ouvrage de lui que je n'ai pas lu. Six nouvelles ici font la part belle au détournement de l'Histoire, des uchronies compilées dans ce volume avec des idées de base bien tripantes : l'Empire romain qui se maintient et s'élargit face aux invasions barbares, Socrate rencontrant Pizarre dans un monde parallèle, la Peste noire de 1348 qui emporte les 3/4 de l'Europe occidentale... Avec Robert Silverberg, je suis sûr de n'être jamais déçu, hâte de lire cet ouvrage !
- La Brigade de l’œil de Guillaume Guéraud. 2037, la Loi Bradbury interdit toutes les images depuis 20 ans sur le territoire américain car elles sont considérées comme nocives et peuvent rendre fou selon la propagande qui matraque la population. Une brigade spécialisée (donnant son nom au livre) traque les terroristes opposés à cette dictature. Un résumé qui fait froid dans le dos pour un roman plébiscité par beaucoup et que je vais pouvoir enfin lire après en avoir beaucoup entendu parlé, notamment lors de diverses conférences aux Utopiales.
- Chiens de guerre d'Adrian Tchaikovsky. Rex est un bon chien. C'est un biomorphe, un animal génétiquement modifié, lourdement armé et doté d'une voix synthétique créée pour distiller la peur. Rex obéit aux ordres du maître qui lui désigne les ennemis. Mais qui sont-ils réellement ? Se pourrait-il que le maître outrepasse ses droits ? Et si le maître n'était plus là ? Ça fleure bon le récit hardboiled révélateur des dérives du pouvoir et de la disparition de toute éthique dans les recherches en biotechnologie. Typiquement le genre d'ouvrage qui propose un récit prennant et source de réflexion. Miam miam !
- L’holocauste de James Gunn. Dans une société imaginaire, les savants sont condamnés à mort car trop longtemps les peuples ont été soumis au pouvoir de la science. Ils exigent désormais leur liberté même au prix de la barbarie. Le héros était jadis un scientifique admiré, il est désormais un fugitif. Un road movie qui s'annonce sous les meilleurs hospices pour un auteur que je vais découvrir avec cet ouvrage lourd de promesses. Wait and read.
- Voici l'homme de Michael Moorcock. Là encore au auteur que j'adule et un ouvrage qui m'avait jusque là échappé. Un homme du XXème siècle remonte le temps jusqu'en l'an 28 pour chercher le Christ et assister à sa crucifixion. Il finit par rencontrer Jean-Baptiste qui semble entendre le nom de Jésus-Christ pour la première fois ! Le postulat est terrible et je pense qu'on peut compter sur Moorcock pour nous livrer un récit hors norme.
- Tous les pièges de la terre de Clifford Simak. Encore un auteur que j'affectionne pour un recueil de nouvelles alternant SF, suspens policier et contes fantastiques que je vais découvrir. Des nounous qui élèvent leurs jeunes pousses en s'appropriant leur jeunesse comme salaire, l'alcool des extraterrestres qui révèle le malheur des autres et conduit à l'ivresse, un robot piégé par la sensibilité humaine, la publicité comme tranquillisant parfait d'une guerre inter-planétaire... autant de présentations qui m'ont fait craquer pour un livre qui lui aussi promet beaucoup. Simak va encore frapper je crois.
- Thin Air de Richard Morgan. Un one-shot de l'auteur de la trilogie littéraire Altered Carbon (dont j'ai lu le premier tome qui s'est révélé enthousiasmant). Véritable machine à tuer bourrée d'implants en tout genre, Hakan Veil est un agent de sécurité haut de gamme qui se voit confier une mission, à priori anodine, de protection. Tout va basculer avec des révélations mettant à jour un nid d'intrigues et de meurtres. Action, thriller et cyberpunk sont au menu d'un roman prometteur comme jamais, vu la patte de cet écrivain, je vais passer un bon moment.
De bien belles acquisitions qui vont alourdir encore un peu plus les rayonnages de ma PAL et qui vont faire mon bonheur dans les semaines et mois à venir. RDV ici même pour les futures chroniques qui les concerneront. Haut les cœurs lecteurs !
Accueil des nouveaux venus !
Avec la pandémie, forcément on bouge moins et surtout on ne fréquente plus trop certains hauts lieux de craquages comme notre cher Emmaüs. Cependant, à l'occasion d'une promenade ou de courses, il nous arrive de tomber sur une boîte à livre ou sur un magasin de revente d'objets de seconde main. On revient souvent "brocouille" (comme on dit dans le bouchonnois) mais parfois, il arrive qu'on tombe sur une ou plusieurs pépites... Voici aujourd'hui la présentation des nouveaux venus dans nos PAL respectives, trouvailles effectuées lors des trois derniers mois de 2021.
Pas mal de titres prometteurs, non ? On retrouve comme d'habitude des auteurs qu'on apprécie et dont on a hâte de retrouver la plume. Mais il y a aussi des quatrièmes de couverture qui ont pu attirer notre regard et attiser notre curiosité. Suivez le guide avec la présentation qui suit, il y a en plus un petit bonus en fin de post.
(Premier lot pour ma PAL)
- Du domaine des murmures de Carole Martinez. C'est deux jours après que ma documentaliste en ait parlé de manière fort élogieuse que je tombai inopinément sur cet ouvrage d'une auteure qui m'avait drôlement séduit avec Le Coeur cousu lu en 2016. Carole Martinez nous plonge en plein Moyen-âge pour suivre le destin tragique d'Esclarmonde, une femme insoumise qui décide de se consacrer à Dieu en se faisant emmurée vivante ! Ça ne sent pas la joie de vivre mais j'en ai tellement entendu du bien que je pense que je vais passer un bon moment.
- Mon ami Frédéric de Hans Peter Richter. Ma Madeleine de Proust de ces acquisitions avec cet ouvrage lu en 6ème (de mémoire) et qui m'avait marqué. Deux enfants inséparables dont un de confession juive en Allemagne sous le régime nazi puis la Seconde Guerre mondiale, ces quelques mots suffisent pour donner la tonalité et les enjeux de cet ouvrage que je prendrai grand plaisir à relire avec mes yeux d'adulte. Je vais préparer mes mouchoirs, dans mes souvenirs c'était rude.
- Mémoires d'un jeune homme dérangé de Frédéric Beigbeder. Il s'agit du premier roman de l'auteur, personnage bien barré à lui tout seul et qui livre ici une fenêtre sur sa vie débridée de l'époque. Typiquement le genre de lecture que j'aime, qui détend et fait délirer à la fois. On peut faire confiance à Beigbeder pour user de sa verve sarcastique et nous emporter loin de la réalité !
- Le Déclin de l'empire Whiting de Richard Russo. C'est LE pavé de ces nouvelles acquisitions et c'est un coup de poker... J'espère que je ne me suis pas planté en l'adoptant ! Bon il s'agit tout de même du prix Pulitzer 2002, une fresque romanesque dans l'Amérique d'aujourd'hui entre petites misères et grande décadence, secrets de famille et lutte pour l'affirmation de soi. Ça sent quand-même très bon cette affaire !
(Et un deuxième lot pour ma pomme !)
- Seven dials d'Anne Perry. J'aime beaucoup cette auteure et quand l'occasion se présente j'aime ramener un de ses livres à la maison. On retrouve dans celui-ci l'enquêteur Thomas Pitt plongé en plein secret d'État avec un crime qui pourrait mettre à mal la couronne. Du policier classique comme je les aime en plein XIXème siècle, le combo qui tue !
- Riches, cruels et fardés d'Hervé Claude. Là encore une quatrième de couverture plus que convaincante et un auteur que je vais découvrir avec cette histoire se déroulant dans un hôtel quatre étoiles en Australie, coupé de tout et où les morts vont s'accumuler. Le postulat est classique mais c'est le genre de jeu de massacre littéraire que j'aime beaucoup (surtout quand ça dessoude chez les nantis). Wait and read !
- Le Langage de Pao de Jack Vance. Je ne dis jamais non à Jack Vance, un auteur prolifique, polymorphe et à la plume enivrante. Cet ouvrage a l'air bien étrange, le résumé à l'arrière est ésotérique. Il est question de modeler le comportement des humains en leur enseignant une langue nouvelle qui change de sens selon la catégorie de l'utilisateur. Bizarre, vous avez dit bizarre ? Je trouve aussi...
(Le lot de miss Nelfe ! Toujours plus raisonnable que moi, vous remarquerez...)
- La Couronne verte de Laura Kasischke. Nelfe et Laura Kasischke, c'est une belle histoire d'amour littéraire. Elle était donc aux anges quand nous avons mis la main sur ce titre qu'elle n'avait pas encore lu. Deux jeunes femmes américaines parties fêter la fin du lycée au Mexique vont visiter avec un inconnu le fameux Chichen Itza. A priori ce n'était pas une bonne idée... Plume magique et un don certain pour explorer la psychologie de chacun, ses failles et ses égarements, je pense que ma douce va passer un beau et grand moment de lecture.
- La Cage dorée de Camilla Läckberg. Encore une auteure que Nelfe adore, décidément elle en a de la chance dans nos errements de boîtes à livres à boîtes à livres. Il s'agit ici d'un one-shot (il n'appartient donc pas à la série de romans avec Erica Falck comme héroïne). Camilla Läckberg verse ici dans le noir avec un mélange de trahison, rédemption et vengeance d'une femme qui a tout sacrifié pour un mari qui va la tromper. Il faut se méfier d'une femme en colère et l'héroïne du roman va rendre coup pour coup. Clairement un ouvrage pour ma douce...
(Et un dvd bonus !)
Ben oui, c'est suffisamment rare dans une boîte à livres pour être soulignée : un DVD ! On ne court pas après mais il nous manquait le troisième élément de la trilogie de Christopher Nolan consacré à Batman (chronique lors de sa sortie ciné ici). Un ton en dessous du précédent (aaaah ! ce joker anarchiste complètement jeté !), il reste une belle pièce d'action stylisée et profonde. M'est avis que je vais le revoir très vite !
Voila voila, un beau bilan je trouve, riche en promesses d'heures de plaisir. Chroniques à venir au fil de nos lectures respectives. Vive la seconde main !
Petites acquisitions d'été
Voila... il fallait bien que ça arrive ! Nous sommes retournés à notre Emmaüs et nous avons craqué ! Cela faisait pratiquement deux ans que nous n'y avions pas mis les pieds : l'arrivée de Little K, la COVID, la Raison pour ma part sont autant d'éléments qui nous ont tenu éloignés de ce lieu de perdition toujours aussi bien achalandé en terme de livres.
Voila le butin ! De belles prises au milieu d'un océan de tentations. De mon côté, j'ai évité les bacs de littérature dite contemporaine pour me concentrer sur la SF et le policier, deux genres sous représentés dans ma PAL. Nelfe est quant à elle tombée sur des ouvrages qu'elle avait repéré au fil du temps sur les réseaux et les sites d'actualité littéraire.
Et c'est parti pour une présentation en bonne et due forme de tous les petits nouveaux.
(mes trouvailles !)
- Histoires écologiques, collectif. Un recueil de nouvelles de science-fiction consacré à l'écologie, thème majeur du genre et sujet ô combien central dans l'évolution de notre monde actuel. Il est bon de revenir vers des auteurs classiques pour nourrir sa réflexion : Poul Anderson, Brian Aldiss, Philip Jose Farmer entre autres se penchent sur les désastres mais aussi les solutions possibles dans cette anthologie qui promet beaucoup et qui appartient à une collection qui m'a toujours donné beaucoup de plaisir de lecture.
- Le Miroir de Satan de Graham Masterton. Un auteur chouchou dont je n'avais pas encore lu ce titre, variation horrifique très librement inspirée de Lewis Carroll et de son oeuvre culte. Graham Masterton avait déjà fait le coup avec le très bon Le Portrait du Mal en s'inspirant d'Oscar Wilde. Le héros acquiert un miroir ayant appartenu à un enfant-star d'Hollywood assassiné dans de mystérieuses circonstances en 1939. Il va s'avérer très vite qu'il s'agit d'une porte vers l'Enfer et que son ancien propriétaire décédé ne l'est pas tout à fait complètement... Cet ouvrage ne passera pas l'été, c'est typiquement le genre de lecture détente que j'aime pratiquer en vacances.
- Les Quatre vents du désir d'Ursula Le Guin. Un autre recueil de nouvelles avec 20 récits à la confluence des genres SF et fantastique d'une auteure atypique et géniale à la fois : Ursula Le Guin. Son écriture est accessible, précise, poétique et très addictive. Il me tarde de me plonger à nouveau dans un de ses ouvrages. Celui-ci, je voulais l'acheter depuis un certain temps, c'est donc un très bon cas de hasard heureux que cette trouvaille. Yes !
- Yeruldelgger d'Ian Manook. Belle pioche aussi avec cet ouvrage d'Ian Manook dont j'ai aimé mes deux précédentes lectures qui se déroulaient en Islande. Ce titre est le plus connu de lui et il m'avait échappé jusque là. L'action se déroule en Mongolie et met le héros éponyme aux prises avec des crimes particulièrement épouvantables. Vu les avis lus ici ou là, ça promet. Vive le chinage !
- 2084 de Boualem Sansal. Un roman dystopique qui a fait beaucoup parler de lui à sa sortie et qui a divisé ses lecteurs, beaucoup l'ayant comparé au 1984 de George Orwell soit en positif soit en négatif. N'ayant que peu lu les critiques ou alors de manière superficielle, j'aborderai cette lecture de manière neutre. Un homme va se révolter contre un système fondé sur l’amnésie et la soumission au Dieu unique où la moindre pensée personnelle est proscrite et où la surveillance est généralisée. Perso, ça me donne envie !
- Dîner de têtes de Kââ. Un ouvrage au charme particulier car écrit par mon ex professeur de philosophie de Terminale littéraire aujourd'hui disparu, l'inénarrable Kââ à la prose plus que particulière... Un serial killer de la France profonde, de jeunes femmes victimes innocentes dans un thriller bien sanglant sont promis sur la quatrième de couverture. Wait and read !
(Les trouvailles de Nelfe !)
- Kinderzimmer de Valentine Goby. En 1944, le camp de concentration de Ravensbrück compte plus de quarante mille femmes. Sur ce lieu de destruction se trouve comme une anomalie, une impossibilité : la Kinderzimmer, une pièce dévolue aux nourrissons, un point de lumière dans les ténèbres. Un ouvrage fait pour Nelfe qui est passionnée par la seconde guerre mondiale et va découvrir par la même occasion l'écriture limpide et hautement séduisante de Valentine Goby qui m'avait bien plu lors de mes trois lectures de romans jeunesse sur l'immigration.
- Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu. Autre thématique appréciée par ma douce, l'adolescence et ses affres. Ici, l'auteur nous raconte l'histoire d'Anthony 14 ans qui le temps de quatre étés va expérimenter la vie dans un monde qui se meurt avec notamment un premier amour qui se révélera douloureux comme bien souvent. Un roman qui a beaucoup plu et dont on a beaucoup parlé à sa sortie. Au tour de Nelfe de se faire son propre avis...
- My absolute darling de Gabriel Tallent. Adolescence encore et mal de vivre social au programme de ce roman noir qui bascule lors d'une rencontre qui va changer la vie de Turtle, la jeune protagoniste principale asociale de ce roman prometteur. M'est avis que je le piquerai à Nelfe si un jour j'en ai le temps ! Et puis Gallmeister hein...
De bien belles acquisitions une fois de plus et dont nous vous parlerons ici même au fil de nos lectures. Pour le coup, je trouve qu'on a été raisonnables, du moins... jusqu'à la prochaine fois !
"Limbo" de Bernard Wolfe
L’histoire : Ceci est l'histoire d'un monde pacifique. Après une guerre presque absolue, les hommes ont choisi de perdre leurs membres plutôt que de reprendre les armes.
Ils ont choisi l'IMMOB, suivant les idées qu'ils ont cru lire dans le journal intime d'un jeune chirurgien, le docteur Martine, devenu ainsi une sorte de messie. Mais les cybernétistes veillent.
Ils ont une autre solution. Des membres artificiels, plus résistants, plus fiables, capables de tout. Même de reprendre le combat, les armes.
C'est dans cet "entre-deux-guerres" du futur que réapparaît le docteur Martine, brutalement promu au rôle d'arbitre dans un conflit tragique dont il ignore les origines...
La critique de Mr K : Incursion en science-fiction aujourd’hui avec cet ouvrage qu'un ami m’a offert pour mon anniversaire, livre qu’il avait lui-même lu et adoré il y a déjà quelques temps. Je ne connaissais avant ni l’auteur ni le titre, ce qui est un grand tort. Quand on creuse un peu, on se rend vite compte que Limbo de Bernard Wolfe est considéré comme un classique du genre par les amateurs. L’erreur est désormais réparée et je confirme tout le bien que j’ai pu lire ici ou là sur cet ouvrage. C’est 768 pages de pur plaisir littéraire entre SF et essai philosophique, à la fois passionnant et immersif.
Tout débute sur une île de l’Océan Indien qu’aucune carte ne mentionne. On y fait connaissance avec le Docteur Martine, le héros de ce récit. Naufragé plus ou moins volontaire, cela fait 18 ans qu’il vit avec la peuplade du crû avec laquelle il entretient de bons liens et pratique la suite de ses travaux scientifiques sur le cerveau. On est plus ou moins plongé dans l’univers du bon sauvage cher à Rousseau, du moins la recherche de l’homme à l’état naturel sans velléité agressive ni possession terrestre. C’est l’occasion de commencer un voyage métaphysique sur la nature de l’être humain mais aussi sur ce qui s’oppose à elle : la Culture et notre propension à vouloir transformer la Nature selon notre volonté et nos désirs. Dès le départ, vous l’avez compris, on sait qu’on a affaire à une œuvre ambitieuse à l’universalité qui va aller crescendo.
Tout va se voir bouleverser avec l’arrivée d’intrus sur ce pseudo paradis terrestre. Venus de Limbo, territoire situé en Amérique du Nord (partie des États-Unis que nous connaissons), ces humains présentent la particularité d’être amputés de plusieurs membres remplacés par des prothèses aux capacités diverses (pales d’hélicoptère, scies, lance-flamme…). Le choc est forcément profond même s’il se déroule pacifiquement. Cependant cela agit comme un révélateur chez le Docteur Martine qui prend la décision de retourner chez lui pour voir ce que son monde est devenu et partir à la recherche de lui-même.
Parti en 1972, à la veille d’un conflit majeur, en 1990 (année de déroulement du présent récit), la Terre a subi une troisième guerre mondiale où les bombes atomiques ont ravagé une bonne partie du monde. Ainsi l’Europe n’a plus d’existence viable, les grandes villes du continent ont été rasées. Reste deux blocs antagonistes qui s’épient en chiens de faïence, un peu à la manière des tensions liées à la Guerre Froide dans notre propre réalité. Les deux camps ont adopté la mystérieuse idéologie de l’IMMOB au nom de la paix mondiale et de l’apaisement de l’être humain. Ils s’affrontent désormais via une nouvelle version améliorée des jeux olympiques et une paix durable semble s’être installée.
Tout en suivant Martine dans sa redécouverte de son pays et de ses racines (très beau passage dans les lieux de son enfance), on explore les contradictions de l’être humain et notamment sa volonté de poursuivre une utopie qui par essence n’est pas atteignable à partir du moment où des règles sont mises en place et dépassent l’idéal poursuivi. Par leur sacrifice ultime, celui de leurs membres représentant l’agressivité et l’idée de déplacement et donc de violence (je schématise à fond, le livre est beaucoup plus disert et rigoureux que moi), les êtres de cette civilisation nouvelle vivent dans une grande rigidité, une absence totale d’humour (au contraire du héros qui bien malgré lui a concouru à cet état de fait mais je vous laisse la surprise) et une volonté de contrôle total de soi y compris lors du moindre acte quotidien. Pour se rapprocher des machines qui ont finalement guidé le feu nucléaire, les hommes sont devenus des posthumains, alliant chair et cybernétique dans un mélange qui condamne la moindre nuance ou morale humaine élémentaire. Le manichéisme est de mise avec au final une société discriminatoire, où la liberté n’est qu’un leurre, où le sexe est dirigé, le libre-arbitre finalement absent à cause d’une propagande très bien huilée, un contrôle des foules total.
Limbo n’est pas pour autant un ouvrage très prospectif en terme de technologie pure. Il y a quelques détails sur les voitures automatiques, on y parle de cyborgs et de transhumanisme. L’intérêt est surtout dans l’aspect philosophique et psychologique qui est développé dans cette anti-utopie grinçante et finalement lorgnant vers la farce quand on apprend l’origine de la révolution à l’œuvre pour créer le mouvement IMMOB. Bien moins connu que 1984 ou encore Le Meilleur du monde, on navigue ici dans les mêmes eaux avec une partie théorique encore plus poussée qui vous rappellera avec joies quelques grands questionnements abordés en philosophie : Nature et Culture comme dit plus haut, la notion de Bien et de Mal, la Liberté, le Temps, la notion de progrès scientifique, de Bonheur... Finalement si on devait résumer les parties narratives, il ne se passe pas grand chose, par contre nombre de réflexions sont menées et apportent une densité incroyable à une histoire très prenante.
Bien que pointu par moment, le roman se lit d’une traite avec un plaisir renouvelé. Dense, complexe à l’occasion, la langue sert remarquablement la trame et les apports divers que nous propose l’auteur. Le personnage principal est un modèle de caractérisation, les révélations pleuvent sur lui mais aussi sur les personnages secondaires dont les destins prennent un tour parfois étonnant avec des rapports changeants et ambigus qui raviront les amateurs de récits à tiroir aux multiples surprises. L’auteur en plus d’être romancier fait montre d’une culture scientifique dans de multiples domaines ce qui donne à l’ensemble une gageure incroyable. J’ai beaucoup apprécié l’aspect psychanalytique de l’odyssée de Martine, ses réflexions sur l’Homme et le progrès. Il cite d’ailleurs bien souvent ses sources ce qui nourrit des idées de lectures futures fort intéressantes.
Je n’en dirai pas plus car on pourrait écrire des pages et des pages sur cet ouvrage qui s’apparente à un authentique chef d’œuvre qui va rejoindre dans ma bibliothèque les deux classiques de Huxley et Orwell suscités. Les fans de SF ne doivent absolument pas passer à côté. Quant aux autres, ils seraient bien inspirés de tenter l’aventure car au-delà d’une critique sans fard des déviances d’une utopie, il nous parle de nous et de manière fort juste. Un must read et un énorme coup de cœur.