lundi 3 octobre 2022

Back to Emmaüs !

Petit post acquisitions aujourd'hui pour vous parler de nos belles prises effectuées à notre Emmaüs chéri tout début septembre. La tentation est au rendez-vous une fois de plus et nous n'avons réussi que très partiellement à être raisonnables. Jugez plutôt...

Acquisition sept 2022

De très belles pioches, non ? Comme d'habitude, je vais vous faire le détail des nouveaux arrivants qui vont venir grossir nos PAL respectives. Comme vous allez le voir, c'est très varié une fois de plus avec des trouvailles parfois inespérées et d'autres qui s'apparentent davantage à un coup de poker. On commence avec mes craquages qui comme souvent sont bien plus conséquents que ceux de ma douce !

Acquisitions sept 2022 3
(Policiers, thrillers et compagnie)

- Les Mille et une vies de Billy Milligan de Daniel Keyes. Impossible de dire non à l'auteur du cultissime Des Fleurs pour Algernon et je ne connaissais pas du tout ce titre dont la quatrième de couverture est diablement attirante. Daniel Keyes s'essaie ici au thriller avec cette histoire d'un homme aux multiples personnalités dont on va explorer la vie et la psyché. Connaissant la finesse d'écriture de cet auteur et adorant les personnages torturés, je pense que je vais prendre mon pied. 

- Comme un coq en plâtre de Sylvie Granotier. Amateur forcené de la série du Poulpe, j'avais découvert avec plaisir un volume consacré à sa shampooineuse chérie lors d'une lecture en septembre de l'année dernière. Je vais pouvoir récidiver avec cette histoire où l'on nous annonce qu'on va croiser un chien susceptible, un garagiste irascible, des SDF refroidis, des coiffeuses échaudées et un cyclope amoureux. Moi perso, ça me donne très envie !

- Messe noire d'Olivier Barde-Cabuçon. C'est la couverture qui m'a directement scotché, le titre aussi d'ailleurs. Un meurtre a été commis et des indices laissent à penser à une résurgence des messes noires. Détail qui a son importance, nous sommes en 1759 dans un Paris sous tension en plein règne de Louis XV le mal-aimé. Un page turner historique, voila un genre que j'affectionne particulièrement et dont ce titre parait être un bon représentant. Je vais découvrir l'auteur par la même occasion.

- Preuves d'amour de Lisa Gardner. Un livre de l'une de mes auteures chouchou dans le genre thriller. Ce titre m'avait échappé jusque là. Le hasard fait vraiment bien les choses parfois. Lisa Gardner nous plonge une nouvelle fois dans une histoire pleine de suspens avec cette femme officier de police qui abat froidement de trois balles son mari violent. Cependant les apparences pourraient être trompeuses et l'enquêtrice D.D. Warren va devoir démêler le vrai du faux. On peut compter sur le talent de l'auteure pour bien nous mener en bateau.

- Un peu plus loin sur la droite de Fred Vargas. Là encore, c'est un gros coup de pot que cette trouvaille, il s'agit du dernier ouvrage qu'il me restait à lire de l'elle dans son triptyque des évangélistes. Un petit bout d'os humain découvert par inadvertance au milieu d'excréments canins va commencer à obséder le héros de cette histoire qui part en quête d'un cadavre et d'un assassin. J'ai hâte de me replonger dans l'écriture de Fred Vargas qui n'a pas son pareil pour faire surgir l’inattendu du quotidien. Et quel plaisir de retrouver Kehlweiler et les autres !

Acquisitions sept 2022 4
(De la SF, en veux-tu ? En voila !)

- Les Masques du temps de Robert Silverberg. Un voyageur du futur, un simple touriste lambda, va mettre le souk dans notre époque de manière bien involontaire. J'aime beaucoup Robert Silverberg, sa plume, sa sensibilité, son sens de la dérision parfois. Je ne me pose donc pas trop de questions quand il croise ma route et comme je ne connaissais pas ce titre et que la quatrième de couverture est alléchante... je n'ai pas pu résister !

- Le Berceau du chat de Kurt Vonnegut Jr. J'avais été enthousiasmé par ma lecture du roman culte Abattoir 5, une ouvre à part, engagée et superbement écrite. L'occasion se présente donc de lire autre chose de Kurt Vonnegut Jr et franchement à la lecture du résumé au dos du livre, c'est bien barré ! Disparition mystérieuse dans le milieu des "pères" de la bombe atomique, une île perdue au milieu des Caraïbes tenue d'une main de fer par un dictateur sadique, un prophète hors-la-loi, une femme fatale qui cache son jeu, un journaliste trop curieux et les enfants du disparu qui détiennent entre leurs mains le secret de la dernière invention de leur papa, une arme effroyable... Sacré cocktail en perspective !

- Killdozer, le viol cosmique de Théodore Sturgeon. Deux longs récits de Théodore Sturgeon réunis en un seul volume avec cet ouvrage mettant en scène deux luttes titanesques avec des créatures venues d'au-delà du néant. J'aime beaucoup cet auteur et cet opus manquait à ma bibliothèque. Le tort est désormais réparé, il ne me reste plus qu'à le lire !

- Dans le torrent des siècles de Clifford D. Simak. Un récit étrange d'homme du futur venu nous prévenir de l'imminence d'un désastre, le retour sur Terre d'un astronaute parti depuis 20 ans et dont on n'a plus de nouvelles. Il reviendrait avec un livre qui faudrait absolument empêcher d'être publié... Simak ne m'a jamais déçu, le pitch est très intrigant, allez hop dans ma PAL !

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(Du contemporain et apparenté...)

- La Stratégie du choc de Naomi Klein. Voila un livre qui avait fait l'effet d'une bombe à sa sortie et que je voulais absolument lire. Le temps a passé et je l'avais oublié. Heureusement, notre excursion à Emmaüs m'a permis de mettre la main dessus. Essai polémique autour de la prise de contrôle de la planète par les tenants d'un ultralibéralisme tout-puissant, Naomi Klein revient sur 60 ans d'Histoire mondiale et l'éclaire à la lumière de données que beaucoup de médias / politiques écartent de leurs analyses. Il me tarde de le lire et de me faire ma propre idée.

- Barberousse de José Lenzini. Il s'agit d'un récit biographique qui part sur les traces de Barberousse, un héros de la Méditerranée que certains considèrent comme le premier fondateur de l'unité algérienne. Pirate, puis chef de flottille imposante et roi, il eut une vie riche et tumultueuse qui m'avait fasciné lorsqu'on l'avait abordé en fac d'Histoire. L'occasion m'est donnée de creuser un peu plus le sujet. Hâte d'y être !

- Le Valet de Sade de Nikolaj Frobenius. La vie et la mort du serviteur du marquis de Sade depuis sa naissance non désirée, la rencontre qui va changer sa vie et les actes dont il va se rendre complice quand il prendra son service. Une très belle couverture, un résumé plus que séduisant et l'atmosphère de souffre et de stupre autour de la figure de Sade m'ont convaincu d'adopter cet ouvrage. Qui lira, verra !

Acquisitions sept 2022 1
(Et enfin, la sélection de Nelfe !)

- Sankhara de Frédérique Deghelt. Une femme, jeune mère, avec un besoin viscéral de silence et de retraite pour se retrouver loin du tumulte d'un monde qui devient fou. On est en plein dans la problématique de maternité sur laquelle j'aime me pencher depuis quelques années maintenant. Je ne doute pas que l'écriture de Frédérique Deghelt fera mouche ici.

- Plateau de Franck Bouysse. Un roman aux accents de roman du terroir, en plein plateau de Millevaches, qui m'a surtout attiré par son auteur, Franck Bouysse, au talent immense. Hâte de découvrir celui-ci dont je n'avais jamais entendu parler auparavant.

- Damnés de Chuck Palahniuk. On attend forcément de Chuck Palahniuk une œuvre qui dépote ! Nous voici entre thriller et fantastique dans le voyage en enfer (au sens propre) d'une jeune fille de 13 ans à la recherche des raisons de sa propre mort. De quoi vivre de bonnes heures de lecture "endiablée" !

Si ça ce n'est pas une sélection riche en promesses, je ne m'y connais pas. Vous pouvez évidemment compter sur nous pour en reparler ici même au fil de nos lectures dans les semaines, mois et mêmes années à venir vu l'aspect gargantuesque de nos PAL respectives. Mais que voulez-vous ? Quand on aime on ne compte pas...


vendredi 30 septembre 2022

"Les Artefacts du pouvoir" de Maggie Furey

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L’histoire : À neuf ans, Aurian vit seule avec sa mère. L'arrivée inopinée de Forral, un vieil ami de son père, va bouleverser leur quotidien tranquille et déclencher une série d'événements qui conduiront la jeune fille à intégrer l'académie magique de Nexis, où elle devra apprendre à maîtriser les pouvoirs qu'elle ne possède encore qu'à l'état brut.

Quelques années plus tard, Aurian est devenue une Mage accomplie, mais son audace lui attire le courroux de l'Archimage Miathan. Pour lui échapper, elle doit redécouvrir l'histoire des Artefacts, ces quatre armes légendaires dont seuls quelques élus connaissaient jadis le secret. Débute alors pour Aurian un formidable périple, où elle ne pourra compter que sur elle-même et sur Forral, le protecteur de toujours...

La critique de Mr K : Un très bon cycle de fantasy aujourd'hui, une acquisition faite à notre cher Emmaüs il y a déjà quelques mois et que je m’étais réservé pour cet été, période propice par excellence pour la lecture de bons gros pavés emplis d’aventures ! La tétralogie des Artefacts du pouvoir de Maggie Furey est donc un très bon crû proposant une trame haletante, des personnages attachants, le tout dans un univers bien caractérisé, avec une once d’humour bienvenue et une plume aiguisée et maligne.

Les débuts sont classiques avec une jeune orpheline de père qui vit isolée dans la forêt avec sa mage de mère qui depuis la disparition de son aimé s’est repliée sur elle-même et se consacre entièrement à ses recherches magiques. La jeune Aurian au caractère bien trempé s’occupe comme elle peut et s’exerce à des rudiments de magie sans filet et clairement ne progresse pas (c’est le moins que l’on puisse dire). Un jour, un vieil ami de la famille, le combattant d’élite Forral débarque à l’improviste et de fil en aiguille va convaincre la mère d’Aurian de la placer à l’académie magique de Nexis pour qu’elle apprenne à maîtriser son potentiel qui semble très important.

Une ellipse temporelle plus tard, on la retrouve jeune adulte, mage en devenir et escrimeuse hors pair. Préférant la compagnie des mortels à celle des mages dont elle est pourtant issue, elle s’attire vite la désapprobation puis la disgrâce de certains membres éminents du conseil des sages. Tout va déraper un soir où un mystérieux artefact découvert par Miathan l’archimage va déchaîner les enfers sur Nexis et forcer Aurian à fuir avec certains compagnons qu’elle s’est faite entre temps. C’est le début d’une fuite éperdue, le commencement d’une quête de trois artefacts qui pourraient retourner la situation et empêcher Miathan d’arriver à ses fins que vous imaginez funestes à raison.

Avec plus de 2500 pages en tout, cette saga se pose là et pourtant on ne sent pas le temps passer et l’on ne compte pas les pages tant on est pris dans le flot narratif que nous livre une auteure douée pour planter des décors et avancer ses pions avec minutie. Comme souvent, on retrouve la figure de l’exilé qui va devoir faire ses preuves en traversant moult épreuves et voyageant énormément entre mers déchaînées, déserts arides, montagnes enneigées impénétrables et fausses campagnes riantes. C’est classique, presque balisé mais on joue le jeu avec un plaisir non dissimulé avec des scènes particulièrement bien écrites, des descriptions incroyables et des scènes d’action parfois épiques.

La compagnie s’élargit au fil des volumes et l’on s’attache beaucoup à ces personnages en rupture de bans, venus d’horizons très divers mais qui vont apprendre à se connaître, à vivre ensemble et à assembler leurs forces dans un but commun. Attention cependant à ne pas tomber dans la routine, certains s’avéreront retors et certaines surprises font vraiment mal au cœur et m’ont diablement surpris. Un point en plus pour cette saga qui réserve donc de nombreux méandres scénaristiques ce qui est toujours une gageure de qualité dans un genre trop souvent codifié. À noter, la présence régulière d’humour, de réflexions décalées qui empêchent de se coltiner des personnages ampoulés et sans âmes. On partage vraiment le quotidien et ses tracasseries tout en menant une quête épique. Top !

Bastons endiablées, magie ésotérique en action, créatures étranges, des méchants absolument démoniaques, destins contrariés, romance cucul et massacres innommables, scènes d’auberge hautes en couleurs (un incontournable !), phases initiatiques tripantes, spiritualité et mythologie évocatrice... bref, le dépaysement est garanti et l’amateur de fantasy est vraiment servi. De plus, je découvrais cette auteure et je peux vous dire qu’elle n’a rien à envier à des écrivains majeurs du genre en terme de langue, de rythme et de cohérence. C’est foisonnant, dense et terriblement addictif avec en supplément d’âme la gente féminine mise à l’honneur et aux premières places en terme de protagonistes, ce qui est suffisamment rare pour être mentionné.

Vous l’avez compris voila un cycle de fantasy totalement réussi au charme envoûtant et au rythme qui ne se dément jamais. À lire absolument si on est amateur du genre !

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dimanche 22 mai 2022

Acquisitions printanières SF et fantasy

Au fil du printemps, Nelfe et moi avons récoltés quelques nouveaux livres prometteurs lors de passages à Emmaüs ou dans des boîtes à livres de la région. Tellement de titres nous ont tenté pendant cette période que je vais être obligé de rédiger deux postes différents les concernant. J'ai décidé de vous présenter aujourd'hui les ouvrages orientés SF et fantasy, des romans prometteurs et qui vont rejoindre ma PAL. Voyez plutôt.

Acquisitions mai 2022

Ils ne sont pas beaux ? Certains répondent à des attentes que je nourrissais depuis déjà pas mal d'années, d'autres sont de pures découvertes. Je suis assez compulsif comme lecteur, je lis de tout mais je dois avouer que ces genres de l'imaginaire me procurent un plaisir bien particulier et certains titres vont frapper fort je pense. La revue en détail commence maintenant !

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- Les Artefacts du pouvoir de Maggie Furey. Cette tétralogie de fantasy sera une de mes lectures de l'été, période idéale pour se plonger dans un cycle de ce type. Je ne connaissais pas du tout l'auteure avant de tomber inopinément sur ce lot complet et les premiers avis que j'ai pu compulser sur le net m'ont convaincu de m'en porter acquéreur. Une jeune orpheline de père va voir sa vie bouleversée à l'annonce de pouvoirs qu'elle ne maîtrise pas encore. Elle va intégrer une académie de magie et devenir une puissante magicienne qui partira à la quête de quatre artefacts légendaires. Le pitch plutôt classique cache à priori un récit dense et enlevé. Tout ce que j'aime !

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- Le Nez de Cléopâtre de Robert Silverberg. Un auteur qu'on ne présente plus et auquel je ne peux jamais résister quand je croise un ouvrage de lui que je n'ai pas lu. Six nouvelles ici font la part belle au détournement de l'Histoire, des uchronies compilées dans ce volume avec des idées de base bien tripantes : l'Empire romain qui se maintient et s'élargit face aux invasions barbares, Socrate rencontrant Pizarre dans un monde parallèle, la Peste noire de 1348 qui emporte les 3/4 de l'Europe occidentale... Avec Robert Silverberg, je suis sûr de n'être jamais déçu, hâte de lire cet ouvrage !

- La Brigade de l’œil de Guillaume Guéraud. 2037, la Loi Bradbury interdit toutes les images depuis 20 ans sur le territoire américain car elles sont considérées comme nocives et peuvent rendre fou selon la propagande qui matraque la population. Une brigade spécialisée (donnant son nom au livre) traque les terroristes opposés à cette dictature. Un résumé qui fait froid dans le dos pour un roman plébiscité par beaucoup et que je vais pouvoir enfin lire après en avoir beaucoup entendu parlé, notamment lors de diverses conférences aux Utopiales.

- Chiens de guerre d'Adrian Tchaikovsky. Rex est un bon chien. C'est un biomorphe, un animal génétiquement modifié, lourdement armé et doté d'une voix synthétique créée pour distiller la peur. Rex obéit aux ordres du maître qui lui désigne les ennemis. Mais qui sont-ils réellement ? Se pourrait-il que le maître outrepasse ses droits ? Et si le maître n'était plus là ? Ça fleure bon le récit hardboiled révélateur des dérives du pouvoir et de la disparition de toute éthique dans les recherches en biotechnologie. Typiquement le genre d'ouvrage qui propose un récit prennant et source de réflexion. Miam miam !

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- L’holocauste de James Gunn. Dans une société imaginaire, les savants sont condamnés à mort car trop longtemps les peuples ont été soumis au pouvoir de la science. Ils exigent désormais leur liberté même au prix de la barbarie. Le héros était jadis un scientifique admiré, il est désormais un fugitif. Un road movie qui s'annonce sous les meilleurs hospices pour un auteur que je vais découvrir avec cet ouvrage lourd de promesses. Wait and read.

- Voici l'homme de Michael Moorcock. Là encore au auteur que j'adule et un ouvrage qui m'avait jusque là échappé. Un homme du XXème siècle remonte le temps jusqu'en l'an 28 pour chercher le Christ et assister à sa crucifixion. Il finit par rencontrer Jean-Baptiste qui semble entendre le nom de Jésus-Christ pour la première fois ! Le postulat est terrible et je pense qu'on peut compter sur Moorcock pour nous livrer un récit hors norme.

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- Tous les pièges de la terre de Clifford Simak. Encore un auteur que j'affectionne pour un recueil de nouvelles alternant SF, suspens policier et contes fantastiques que je vais découvrir. Des nounous qui élèvent leurs jeunes pousses en s'appropriant leur jeunesse comme salaire, l'alcool des extraterrestres qui révèle le malheur des autres et conduit à l'ivresse, un robot piégé par la sensibilité humaine, la publicité comme tranquillisant parfait d'une guerre inter-planétaire... autant de présentations qui m'ont fait craquer pour un livre qui lui aussi promet beaucoup. Simak va encore frapper je crois.

- Thin Air de Richard Morgan. Un one-shot de l'auteur de la trilogie littéraire Altered Carbon (dont j'ai lu le premier tome qui s'est révélé enthousiasmant). Véritable machine à tuer bourrée d'implants en tout genre, Hakan Veil est un agent de sécurité haut de gamme qui se voit confier une mission, à priori anodine, de protection. Tout va basculer avec des révélations mettant à jour un nid d'intrigues et de meurtres. Action, thriller et cyberpunk sont au menu d'un roman prometteur comme jamais, vu la patte de cet écrivain, je vais passer un bon moment.

De bien belles acquisitions qui vont alourdir encore un peu plus les rayonnages de ma PAL et qui vont faire mon bonheur dans les semaines et mois à venir. RDV ici même pour les futures chroniques qui les concerneront. Haut les cœurs lecteurs !

lundi 16 mai 2022

"La Guerre éternelle" de Joe Haldeman

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L’histoire : Imaginez une guerre si vaste que l'écho des batailles peut permettre plusieurs siècles à parvenir aux oreilles de ceux qui les ont ordonnées... enfin, de leurs descendants, en tout cas. Pour le soldat Mandella, membre de l'une des unités d'élite chargées de combattre les Taurans, le problème est inverse : lorsqu'il revient sur Terre après plusieurs mois de campagne, des décennies se sont écoulées. Comment continuer à vivre, quand tout ce pour quoi on s'est battu n'existe plus ?

La critique de Mr K : Encore un beau prêt de l’ami Franck avec ce roman de SF qui dépote entre action et dénonciation, un peu à la manière de Etoiles, garde à vous! de Robert Heinlein (adapté au cinéma sous le nom de Starship Troopers) mais en bien meilleur. Dans La Guerre éternelle, Joe Haldeman offre donc un récit de guerre engagé, intimiste et d’une portée incroyable. J’ai littéralement dévoré ce livre qui m’a procuré un plaisir de lecture de tous les instants.

Le roman s’attache donc à suivre le parcours du soldat William Mandella à travers quatre actes, quatre parties qui composent son existence : Soldat, Sergent-chef, Lieutenant, Commandant. On débute par son entraînement intensif après son acceptation dans une unité spéciale de combattants de l’espace. C’est le temps de la formation, des premières désillusions aussi. Dans le genre rudes, ces premières classes se posent là avec la possibilités pour certains de périr avant même d’avoir affronté son premier ennemi. Il faut s’habituer aux conditions extrêmes de l’espace, à la manipulation des équipements et armes, savoir cohabiter avec les autres, obéir sans réfléchir aux ordres donnés et accepter son rôle et sa fonction.

Puis vient le temps des combats réels avec la découverte d’une race extraterrestre (les taurans) qui semblent s’en prendre aux vaisseaux colonies des humains et que l’on doit affronter sur de multiples fronts. De batailles en batailles, de sauts temporels en sauts temporels liés au voyage spatial (effets de la relativité, le temps s’écoule plus vite sans que les voyageurs ne vieillissent physiquement) le héros évolue et ne veut qu’une chose : rentrer sur terre, à la maison et fonder une famille. Mais la surprise est de taille quand il découvre ce que le berceau de l’humanité est devenu. Il finira par repartir au combat non sans avoir un pincement au cœur et une idée derrière la tête qui aboutira dans les toutes dernières pages.

Cette lecture est mon premier contact avec cet auteur qui possède une sacrée belle plume. Lui-même gravement blessé au Vietnam, il porte sur la guerre un regard sombre. Il n’aime pas la guerre mais pour autant, il ne déteste pas l’armée et surtout pas ses composantes humaines (hommes et femmes profondément égaux dans ce roman, un axe égalitaire et féministe à sa manière très intéressant d’ailleurs). C’est pourquoi, il porte un regard très humain sur les protagonistes qui sont présents dans ce texte. Ils sont sympathiques, très charismatiques pour beaucoup mais victimes du système, de la hiérarchie et des logiques en cours dans un conflit qui dure et déforme le temps et les perceptions.

On a un bel aperçu de cette réalité hypothétique à travers le parcours de William, un jeune homme au départ plutôt naïf, idéaliste, une forme d’innocence qui embarque directement le lecteur. Le temps et l’expérience vont lui endurcir le cuir même si sa nature profonde restera la même et guidera ses actes. Il tient le coup malgré les vents contraires, les aléas du sort par sa capacité à l’empathie, à la tendresse et même à l’amour avec une relation privilégiée avec une de ses congénères, une relation douce et puissante à la fois qui emporte l’adhésion. En parallèle, les voyages spatiaux provoquent des bouleversements temporels qui éloignent le personnage de chez lui, du monde qu’il a pu connaître et même de lui-même au final. La mise en abyme est parfois terrifiante et révélatrice de bien des choses notamment en terme de nature humaine.

Pour un ouvrage de SF, on est ici dans un réalisme assez bluffant. Tout est crédible, puissamment emmené et l’ouvrage n’a pas pris une ride malgré son âge désormais avancé (il a été écrit en 1974). Au delà d’une critique de la guerre et une approche sans tabou de l’armée (il est beaucoup question du libre-arbitre des combattants notamment, des moyens de propagandes et d’embrigadements), ce livre brûlot aborde beaucoup de thèmes connexes qui trouvent échos dans le monde actuel : l’évolution de la Terre et des sociétés humaines, l’égalité des sexes, le droit des minorités sexuelles avec une inversion des valeurs assez savoureuse à un moment du récit. Non vraiment cet ouvrage a gardé toute sa force de frappe et laisse le lecteur sonné par tant d’intelligence déployé tout en ne sacrifiant jamais le rythme, l’aventure et le parcours intime de ses personnages.

La langue est percutante et embarque immédiatement le lecteur. Facile d’accès, La Guerre éternelle se lit tout seul dans un style abordable mais exigeant dans le fond, un rythme qui ne se dément jamais et un plaisir de lire assez hors norme. Un belle expérience que je vous invite à faire à votre tour et qui ne vous décevra pas.

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mercredi 23 décembre 2020

"Mission M'Other" de Pierre Bordage et Melanym

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L’histoire : Lia, 15 ans, seule survivante de la Mission M’Other, revient sur Terre dans une capsule de détresse. Elle se rend vite compte que toute la population a disparu, laissant derrière elle les vestiges de notre civilisation. Elle va donc entamer un périple à travers la France pour retrouver les hommes, comprendre ce qui s’est passé, étudiant sur sa route les moindres indices qu’elle pourra glaner : messages, photos, plans, carte d’accès... Lui permettront-ils de découvrir à temps le rôle qu’elle a à jouer ? Et vous, saurez vous découvrir ce qui est arrivé à l’humanité ?

La critique de Mr K : Je ne pouvais pas décemment passer l’année 2020 sans avoir lu un Pierre Bordage, un de mes auteurs chouchous. Déjà que cette année n’est pas reluisante, je n’allais pas en rajouter ! J’ai donc passé il y a quelque temps une commande spéciale littérature SF et j’ai invité le Pierrot à la maison avec notamment ce volume (j’en ai pris un deuxième histoire d’avoir de l’avance). Mission M’Other s’adresse clairement à un public de néophytes, les vieux briscards comme moi ne seront pas surpris par le déroulé scénaristique ni le style mais on passe un très bon moment, une douce récréation dont Bordage a le secret mêlant anticipation bien sentie et humanisme distillé par savante petites touches.

Lia est retombée sur Terre au sens propre ! Vivant dans l’espace depuis douze ans, suite à un accident, elle a perdu tous ses proches et s’est vue propulsée dans une capsule de détresse qui la dépose sur notre bonne vieille planète. Comme elle va pouvoir le constater très vite, celle-ci a bien changé. Tout n’est plus que désolation, ruine et dans un premier temps elle erre un peu sans but et sans rencontrer âmes qui vive. Que s’est-il passé ? Entre souvenirs parcellaires, rencontres fortuites puis relation plus poussée, le voile va se lever très progressivement pour aboutir à une vérité finale qui laissera des traces sur l’héroïne et le lecteur lui-même !

Dans le genre post-apocalyptique, ce roman s’avère très sympathique. On connaît le talent de conteur de Bordage, cela se vérifie une fois de plus ici avec un récit rudement bien mené et visant clairement un public plus jeune (à partir de la pré-adolescence). Dans une langue simple et évocatrice en diable, on redécouvre notre planète après la disparition étrange d’une majeure partie des habitants et un retour à la sauvagerie incarnée par un groupuscule mystique constitué de fanatiques sanguinaires persuadés d’être les élus du tout puissant. La nature a repris ses droits sur la civilisation à bien des endroits et le premier tiers du livre voit la jeune fille déboussolée se raccrocher à une idée fixe : rejoindre un lieu surgit de son passé où elle retrouvera peut-être une amie perdue depuis longtemps. Le froid, la faim et la peur sont à tenir à distance dans une nouvelle existence pleine de dangers et d’inconnu.

Tenu comme un journal intime à destination de cette amie disparue, le roman crée une empathie immédiate du lecteur envers la jeune héroïne. Entre ellipses et accélération, on suit Lia dans la redécouverte de la gravité mais aussi de sa condition de mortelle. Livrée à elle-même, loin du vaisseau M’Other et de son équipage qui subvenaient à ses besoins, la voila forcée de se confronter à une réalité redoutable et effrayante. Elle n’est pas au bout de ses surprises avec notamment la découverte d’un curieux phénomène astronomique et des révélations surprenantes sur la nature profonde de l’expédition dont elle faisait partie. Loin d’être épargnée, Lia va grandir durant ce périple pour le moins initiatique, elle n'en sera d’ailleurs plus jamais la même lors de la conclusion haute en couleur de cet ouvrage.

On passe un très agréable moment pendant cette lecture qui propose une anticipation réaliste, un discours humaniste saisissant (comme souvent avec cet auteur) et une aventure qui tient en haleine malgré un côté parfois attendu que pourraient lui reprocher les vieux de la vieille. Un très bon roman pour découvrir l’auteur, un ouvrage à conseiller donc de manière prioritaire aux jeunes lecteurs ou aux fanas du maître dont je fais partie.

Autres ouvrages de Bordage chroniqués au Capharnaüm éclairé :
- InKARMAtion
- Le Jour où la guerre s'arrêta
- Le Feu de Dieu
Atlantis : les fils du rayon d'or

Hier je vous donnerai de mes nouvelles
Chroniques des ombres
Les Dames blanches
Graine d'immortels
Nouvelle vie et autres récits
Dernières nouvelles de la Terre
Griots célestes
L'Evangile du Serpent
Porteurs d'âmes
Ceux qui sauront
Les derniers hommes
Orcheron
Abzalon
Wang


samedi 21 novembre 2020

Acquisitions sous confinement

L'envie m'a pris de passer commande de quelques ouvrages d'occasion en ce début du mois auprès d'une librairie parisienne spécialisée dans les livres de seconde main. Nelfe m'avait dit qu'elle avait lu sur le net que ce haut lieu de la tentation que je fréquentais assidûment lorsque j'habitais en région parisienne rencontrait des difficultés... alors si je peux à la fois les aider en apportant ma pierre à l'édifice et succomber par la même occasion à une tentation qui me démangeait depuis quelques temps (NOUVEAUUUUUX LIIIIIIIIIIIIIIIIVRES !), je n'allais pas me gêner ! Ma PAL est déjà fournie mais pas de culpabilité pour autant, côté SF c'est tout de même réduit, il était donc temps de l'achalander à nouveau.

Acquisitions nov 2020

C'est donc un très beau butin que je vous présente aujourd'hui avec trois auteurs que j'aime tout particulièrement. D'ailleurs, si vous nous lisez depuis un certain temps, vous les avez sans doute déjà croisés plusieurs fois et souvent avec une chronique plus que positive voire dithyrambique. Entre Dan Simmons auteur US surdoué, le pape de la SF française Pierre Bordage et les récits de haute volée entre aventure et SF de Jack Vance, je pense que je vais me régaler. Voici une brève présentation de mes nouvelles acquisitions qui s'annoncent plus que prometteuses !

- Le Styx coule à l'envers de Dan Simmons. On commence avec ce recueil de douze nouvelles qui se propose de nous faire voyager jusqu'au bout de l'Enfer entre SF et fantastique. Je n'ai jusqu'à maintenant jamais lu cet auteur dans le format nouvelles. J'en ai entendu le plus grand bien et avec la quatrième de couverture bien barrée présentant des textes au contenu délirant (un parc d'attraction pour se rejouer la guerre du Vietnam, une nouvelle technologie qui a permis de vaincre la mort, la reconstitution de l'Enfer de Dante...), voila un recueil qui fait saliver.

- L'Abominable de Dan Simmons. Même auteur mais en version roman cette fois-ci avec ce titre qui me fait de l’œil depuis que j'ai lu des avis enthousiastes publiés sur IG, notamment celui de ma copinaute blogueuse Walpurgis. On se lance ici sur les traces du Yéti ni plus ni moins dans un thriller fantastique à priori très documenté et haletant. L'ambiance décrite entre folie humaine et expédition vouée à l'échec m'ont directement fait penser au très bon Terreur du même auteur et que j'avais dévoré. M'est avis que celui-ci ne fera pas long feu dans ma PAL !

- Résonances de Pierre Bordage. Cela faisait trop longtemps que je n'avais pas lu de roman de cet auteur que j'adore. Dans ce roman, Bordage revient au space opera, un sous-genre de la SF qu'il maîtrise sur le bout des doigts. Amour et aventure promettent d'être au RDV avec cette histoire de deux êtres que tout sépare et qui vont devoir s'associer. Trame classique chez l'auteur avec sans doute pour moi un grand plaisir de lecture entre voyage spatial, complot, capacités spéciales et religion. J'en m'en délecte d'avance.

- Mission M'Other de Pierre Bordage et Melanÿn. Même auteur mais en association cette fois-ci avec un scénariste bien connu du monde de la BD. Une jeune femme suite à une avarie sur son vaisseau spatial va se retrouver sur Terre, une planète désormais en ruine où personne ne semble avoir subsisté. Elle commence un terrible périple afin de retrouver d'éventuels survivants... J'imagine que les auteurs vont nous livrer un récit initiatique mitonné à la sauce post-apocalyptique. Avec le talent de conteur des deux hommes, ça promet !

- La Mémoire des étoiles de Jack Vance. À l'heure où j'écris ces lignes, j'ai terminé l'intégrale des Chroniques de Durdane du même auteur (chronique à venir). Je me suis tellement régalé une fois de plus que j'ai commandé celui-ci pour avoir toujours un Jack Vance d'avance -sic-. Lors d'une expédition ethnologique, un couple sauve un garçonnet de six ans d'une mort certaine et l'adoptent. Mais qui est ce petit garçon qui régulièrement semble habité par des visions et qui reçoit des messages télépathiques ? Un long voyage plein de révélations débute. Cet ouvrage est excellemment noté par mes collègues blogueurs, je n'ai donc pas hésité une seconde pour l'acquérir.

Beau programme, n'est-ce pas ? J'ai hâte de les découvrir, ce sera pour la fin du mois avec pour le moment deux titres qui se battent en duel pour avoir la primauté de la lecture. Et vous, par lequel me conseilleriez-vous de débuter ? Il n'y a rien à gagner si ce n'est la mention de votre nom dans la future chronique de l'ouvrage concerné. Hé hé !

jeudi 13 août 2020

"Debout les morts" de Fred Vargas

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L’histoire : Un matin, la cantatrice Sophia Siméonidis découvre, dans son jardin, un arbre qu'elle ne connaît pas. Un hêtre. Qui l'a planté là ? Pourquoi ? Pierre, son mari, n'en a que faire. Mais la cantatrice, elle, s'inquiète, en perd le sommeil, finit par demander à ses voisins, trois jeunes types un peu déjantés, de creuser sous l'arbre, pour voir si... Quelques semaines plus tard, Sophia disparaît tandis qu'on découvre un cadavre calciné. Est-ce le sien ? La police enquête. Les voisins aussi. Sophia, ils l'aimaient bien. L'étrange apparition du hêtre n'en devient que plus énigmatique.

La critique de Mr K : C’est toujours un plaisir bien particulier que de se retrouver à lire un ouvrage de Fred Vargas. C’est l’assurance d’une lecture détente à haute teneur littéraire. Debout les morts ne déroge pas à la règle, il s’agit du premier tome paru de la série des Évangélistes dont j’avais déjà lu Sans feu ni lieu. Pas de commissaire Adamsberg donc dans cet ouvrage, mais quatre hommes cohabitant dans la même bicoque qui vont se mêler à une enquête bien tortueuse comme sait si bien le proposer cette auteure décidément plus que douée.

Marc le médiéviste, Matthias le préhistorien et Lucien le contemporaniste spécialiste de la Première Guerre mondiale sont comme ils disent "dans la merde". À la dèche, sans boulot et sans femmes dans leurs vies respectives, le destin les réunit via Marc qui propose aux autres de devenir colocataires dans une vieille maison décrépite qui n’attendait qu’eux. Se joint à eux, le parrain de Marc, un ex flic débarqué suite à un scandale retentissant au sein des forces de l’ordre. Chacun se voit attribuer un étage dans l’ordre chronologique de la spécialité de chacun - sic -, sauf le parrain qui se retrouve sous les combles. Commence alors le rafistolage, la rénovation de la maison avec son lot d’imprévus, de discussions voire de disputes. Les débats entre ces quatre là peuvent s’avérer hauts en couleur.

Tout commence vraiment quand la voisine, une ex cantatrice, vient les trouver car un mystérieux arbre (d’âge adulte) est apparu dans son jardin au cours de la nuit ! Quelque chose d’insaisissable lui fait peur et les quatre hommes offrent leur aide, mais ils ne trouvent rien sous le mystérieux arbre. Puis, c’est la voisine qui disparaît et un corps carbonisé est retrouvé avec à ses côtés la pierre semi précieuse dont ne se séparait jamais la disparue... L’arrivée de la nièce de la voisine avec son jeune fils, l’autre voisine qui semble désespérée face aux événements, un mari qui a l’air de s’en foutre royalement... voila toute une série d’éléments qui ne peuvent qu’attiser la curiosité des trois historiens et du vieux flic. Ils ne sont pas au bout de leurs surprises avec de nombreuses fausses pistes et révélations qui jalonnent ce roman au suspens qui ne se dément jamais.

On retrouve le ton si particulier de Fred Vargas, à commencer par des personnages décalés au verbe haut. On ne peut que tomber sous le charme de cette équipe de pieds nickelés dont les échanges sont savoureux et l'on passe joyeusement de l’extrême érudition aux palabres les plus familières. Cela donne un charme de fou à ses trois historiens branques entre le préhistorien taiseux adepte de naturisme, le médiéviste romantique tourmenté et Lucien qui vit littéralement à l’heure de la Grande Guerre et se révèle être un gueulard de première ! Malgré leurs nombreuses prises de bec, ces trois là se complètent idéalement. Et puis, il y a le parrain qui dirige tout cela en sous-main et qui sait mieux que personne mettre en valeur et utiliser les capacités de chacun.

L’enquête débute doucement, pas vraiment de quoi fouetter un chat. Pas d’indices, des présomptions tout au plus. Ils se donnent à fond en tout cas pour essayer de résoudre cette disparition au détriment même parfois de la légalité, aidant et se faisant aider par la police grâce aux anciennes relations du parrain. À partir de la moitié de l’ouvrage, on ne sait plus vraiment où l’on va, chose que j’apprécie lors d’une bonne lecture policière. Cependant, au fil des chapitres, on commence à entrevoir des liens, des étrangetés qui s’amoncellent pèle mêle, sans ordre apparent. Une idée folle a germé dans mon esprit, je pensais vraiment avoir trouvé la clef de l’énigme mais je me suis bien fait avoir une fois de plus. Bien malin, celle ou celui qui trouvera l’explication finale. Tout se tient parfaitement mais un élément permet de tout renverser... D’ailleurs des personnages de la fine équipe n’en reviennent pas eux-mêmes !

Debout les morts se lit donc quasiment d’une traite avec un plaisir renouvelé grâce au style inimitable de Fred Vargas et de ses personnages si attachants. Un très bon moment de lecture à côté duquel il ne faut pas passer quand on est fan de roman policier.

Déjà lus, appréciés et chroniqués du même auteur au Capharnaüm éclairé :
L'Homme à l'envers 
Sous les vents de Neptune
Dans les bois éternels
Un lieu incertain
L'homme aux cercles bleus
Coule la Seine
Sans feu ni lieu
Ceux qui vont mourir te saluent
- L'Armée furieuse
- Temps glaciaires
- Pars vite et reviens tard

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vendredi 17 avril 2020

"Les Voisins d'à côté" de Linwood Barclay

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L’histoire : La petite ville de Promise Falls est sous le choc : les Langley viennent d'être sauvagement assassinés.

Qui pouvait en vouloir à cette famille en apparence tranquille ? Oui a bien pu commettre cet acte aussi barbare que gratuit ? Les rues de cette banlieue réputée paisible sont-elles encore sûres ? Seul témoin du drame : Derek Cutter, dix-sept ans, qui n'aurait jamais dû se trouver là. Alors que tous les regards se tournent vers cet ado déjà connu pour quelques méfaits, Jim Cutter, bien décidé à prouver l'innocence de son fils, va mener sa propre enquête et découvrir que 'certains sont prêt à aller très loin pour préserver les apparences...

La critique de Mr K : C’est en tout début d’année lors d’un chinage de plus que je suis tombé sur Les Voisins d’à côté de Linwood Barclay, un auteur de thriller que j’affectionne tout particulièrement. Même s’il n’a pas inventé l’eau chaude en la matière, il possède une science du récit assez épatante et propose toujours des histoires bien ficelées, qui rendent addict de manière définitive et proposent des heures de plaisir de lecture intense. Ce n’est pas cet ouvrage qui me fera mentir !

Des coups de feu claquent dans la nuit, une famille est exécutée de sang froid dans une banlieue américaine typique. Les Langsley étaient pourtant des gens sans histoires et ce crime épouvantable frappe de plein fouet le voisinage et plus particulièrement leurs voisins immédiats qui habitent dans la même allée. Le fils, Derek était sur place la nuit du crime, caché dans le sous-sol en attendant que les proprios partent pour y faire venir sa petite amie pour une semaine à venir sentant bon la transgression. L’enquête débute, elle piétine même jusqu’au jour où la police découvre que Derek était présent le soir du meurtre, il n’en faut pas moins pour qu’il soit accusé du triple homicide qui a été commis. Jim, le père de Derek ne peut y croire, en parallèle il mène sa propre enquête. Il va tomber de Charybde en Scylla au fur et à mesure qu’il va lever des secrets jusqu’ici bien gardés...

On retrouve tout le talent de Linwood Barclay pour nous immerger dans un quotidien qui bascule dans l’horreur. Au fil des premiers chapitres (après un prélude assez éprouvant où se noue le crime en lui-même), il installe tranquillement ses personnages à force de flashback bien sentis qui posent les bases. Un héros dépassé par les événements mais qui garde son sang froid malgré les fêlures du passé, une épouse qui boit un peut trop et semble cacher des choses, un président d‘université autocentré et désagréable au possible, un flic faussement débonnaire, un maire populiste et très ambitieux et toute une foule de personnages secondaires qui au départ ne sortent pas du lot peuplent ces pages. On n’a finalement en face de nous que des quidams lisses, sans réelle consistance qui mènent leur barque sans faire de vague.

Très vite le vernis des apparences commence à se fissurer. Des découvertes étranges et des révélations vont libérer la parole, précipiter les événements et la réaction en chaîne peut débuter. Prenant de l’ampleur, n’épargnant pas grand monde du casting du livre, les certitudes s’ébranlent sérieusement. Chacun a quelque chose à cacher et contribue à l’édification d’un sac de nœuds difficile à dénouer pour le héros, la police mais aussi le lecteur qui bien des fois voit ses hypothèses réduites à néant au gré d’une phrase bien placée ou d‘une fin de paragraphe qui vient le cueillir sans qu'il s'en aperçoive de prime abord. C’est diaboliquement bien construit et même si on ne tombe pas dans la surenchère d'hémoglobine ou de révélations extraordinaires (les personnages sont tous des gens du commun), ce thriller fait son petit effet, on ne se doute vraiment pas de la résolution de l’énigme et les phases de suspens sont vraiment haletantes.

Très bien écrit dans une langue simple, vive et qui cerne à merveille les enjeux, les personnages et leur psychologie, c’est un régal de se faire balader durant 520 pages. C’est bien simple, on ne les sent pas passer et on en redemande. En période de confinement, c’était plus qu’il n’en faut pour passer un excellent moment. Avis aux amateurs !

Déjà lus et chroniqués du même auteur au Capharnaüm éclairé:
- Cette nuit-là
- Crains le pire

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dimanche 15 mars 2020

Acquisitions virales...

2020 a bien commencé pour nous avec notre Little K qui grandit petit à petit. Mais elle n'est pas la seule ! Avant sa naissance, nous avions succombé une fois de plus au virus de l'acquisition d'ouvrages de seconde main. Il était plus que temps de vous faire une petite présentation des nouveaux venus dans nos PAL respectives... en fait dans la mienne, car Nelfe pour le coup n'a rien trouvé à son goût !

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Ces trouvailles viennent d'horizons bien différents entre désherbage du CDI de mon établissement avant une remise à neuf complète, une ou deux boîtes à livres croisées lors de sortie en voiture ou encore des occasions dégotées dans des magasins de brocantes comme il en apparaît de plus en plus depuis quelques temps. Le butin est varié et fait surtout la part belle à des auteurs que j'aime tout particulièrement !

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- Celui qui survit et Fog de James Herbert. Deux titres du même auteur dégotés en même temps et au même endroit ! Coup double donc pour deux ouvrages prometteurs avec une histoire de brouillard maléfique qui rend les gens fous et dans l'autre volume un homme unique survivant d'une catastrophe aérienne confronté au paranormal. Des histoires à priori classiques mais vu le talent de conteur de l'auteur de la très bonne trilogie des rats, je pense que James Herbert va encore me faire passer un bon moment.

- Debout les morts de Fred Vargas. Un des derniers titres de l'auteure que je n'ai jamais eu l'occasion de lire. Pas d'Adamsberg dans celui-ci par contre, avec une étrange histoire d'arbre qui apparait sans prévenir dans le jardin d'une cantatrice qui va finir par disparaître. Bizarre, vous avez dit bizarre ? C'est souvent le cas avec les trames que nous propose Fred Vargas et en général, c'est pour le meilleur. Hâte d'en savoir plus.

- Les Voisins d'à côté de Linwood Barclay. Je suis bien content d'être tombé sur cette histoire de voisinage qui va faire trembler dans les chaumières ! Jusqu'à quel point connaît-on ses voisins ? C'est un peu le principe de base de cette histoire d'assassinat qui va remuer une petite communauté bien sous tout rapport... du moins en apparence ! Linwood Barclay excelle pour faire basculer des quotidiens banals dans le doute et les affres de l'angoisse. Il ne fera pas long feu dans ma PAL !

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- La Planète de Shakespeare de Clifford D. Simak. Impossible pour moi de résister à cet auteur quand je croise un de ses ouvrages en rayonnage d'occasion et puis cette collection de SF est mythique ! Dur de résumer la quatrième de couverture complètement folle de ce bouquin où un homme se réveille d'un sommeil cryogénique sur une drôle de planète où aurait vécu un certain Shakespeare. Même si je m'attends à tout et n'importe quoi avec un tel pitch, je ne me fais aucun souci, avec Simak je me régale à chaque fois !

- Bizarre ! Bizarre ! de Roald Dahl. Après ma lecture plus qu'enthousiaste de Matilda, il n'y a pas si longtemps, je vais remettre le couvert avec ce maître conteur qui propose ici une série de quinze histoires fantastiques entre drame et humour avec j'imagine le style si particulier et prenant d'un auteur qui a bercé mes jeunes années de lecteur. Typiquement le genre de lecture détente qui fait du bien et dont on a besoin en ces temps troublés.

- Le Roi Arthur : les légendes de la table ronde de Molly Perham. Un très beau livre pour finir le tour d'horizon du jour avec un ouvrage traitant d'un de mes héros préférés et tous les mythes qui l'entourent. J'ai rendez-vous avec Merlin, Arthur, Lancelot, Mordred et consorts avec des histoires éternelles, illustrées de fort belle manière. Que du plaisir en perspective !

Belle brochette d'ouvrages à mon actif encore une fois, la PAL remonte un peu mais rien de vraiment irrémédiable. Qu'il est bon de penser à tous ces mondes imaginaires qui m'attendent et procureront une évasion immédiate au milieu d'une actualité anxiogène au possible. Vous retrouverez comme d'habitude les chroniques de ces ouvrages sur le blog à plus ou moins longue échéance au fil de mes lectures. Portez-vous tous bien en tout cas en attendant. Et que la lecture soit avec vous !

dimanche 29 décembre 2019

"Abattoir 5" de Kurt Vonnegut

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L’histoire : Abattoir 5 retrace l’histoire de Billy Pélerin, né à Ilium en 1922. Appelé sous les drapeaux pendant la seconde guerre mondiale, il est capturé par les allemands et fait prisonnier dans un camp à Dresde. Démobilisé en 1945, il devient opticien, passe une petite dépression nerveuse dans un hôpital militaire, puis se marie, a bientôt deux enfants et fait fortune. De retour d’un congrès d’opticien il est victime d’un accident d’avion, tous les passagers périssent sauf lui. Pendant qu’il est à la clinique, sa femme meurt. Il ne reprend pas son activité en sortant de l’hôpital mais va tout droit à New York. Là, il participe à une émission de radio où il révèle avoir été enlevé par une soucoupe volante en 1967 et amené de force sur la planète Tralfamadore. Objet de spectacle, montré nu dans un zoo, les trafalmadoriens le feront s’accoupler avec une terrienne, ancienne actrice de cinéma, elle-même kidnapée, avant de le relâcher. De retour sur terre, il comprend que les années qu’il a passé sur Trafalmadore n’ont été chez lui que quelques secondes. Bien sûr, Billy ayant atteint l’âge de quatre-vingt six ans, tout le monde est persuadé qu’il a définitivement perdu le sens des réalités et que la sénilité avance à grands pas. Mais Billy insiste pour remonter dans le passé et raconter son histoire, notamment sa vie de soldat et, ce faisant, il ne va plus cesser alors d’effectuer des sauts dans le temps, évoluant et vieillissant, ou régressant vers son enfance.

La critique de Mr K : Cela faisait un petit bout de temps qu’Abattoir 5 de Kurt Vonnegut prenait son mal en patience dans ma PAL. Trouvé par hasard lors d’une expédition chinage de plus, j’avais été ravi de le dégoter en seconde main car ce livre a une aura particulière chez de nombreux amis internautes. Il est même considéré comme un classique bien que quasiment inclassable dans son contenu, l’ouvrage se situant à la confluence du récit de guerre et de la SF. C’est lors de ma réorganisation de PAL de cet été que ce dernier s’est rappelé à moi et j’ai franchi le pas quelques semaines plus tard. À la fois désarçonnant et touchant, je n’ai vraiment pas été déçu !

À travers une narration destructurée, l’auteur nous invite à suivre la vie plus que mouvementée de Billy Pélerin, son double fictif. En effet, ce dernier a de nombreux points communs avec l’auteur à commencer par un emprisonnement durant la seconde guerre mondiale et l'expérience traumatisante qui l’accompagne : la captivité puis la destruction injustifiable de la ville de Dresde par les alliés. Survivant de cet événement tragique, devenu simple opticien, enlevé par des extra-terrestres, rescapé d’un crash aérien, il est capable de voyager dans le temps. Le futur de Billy fait déjà partie de son passé et il lui reste à vivre des événements dont il garde déjà le souvenir...

Le lecteur navigue à vue avec d’abord un choix de narration original qui fait mouche. Il ne faut pas longtemps pour se mettre au diapason je vous rassure et l’on passe allégrement par toutes les époques qu’a pu ou va vivre Billy. Les études avortées par l’envoi au front, la captivité, le retour à la vie normale, l’expérience du rapt intersidéral ou encore ses témoignages radiophoniques sont autant de tranches de vies qui ont été comme mixées et réorganisées à la manière du Pulp Fiction de Quentin Tarantino. Il faut cependant un petit temps pour que le stratagème employé prenne tout son sens mais la révélation est vraiment éclatante et la curiosité ne se dément pas tout au long de la lecture pour savoir où tel ou tel paragraphe va nous mener. Très didactique, jamais obscur, l’ouvrage propose vraiment une autre façon de lire sans jamais provoquer l’ennui ou le désintéressement.

Abattoir 5 est aussi pour moi un grand cri contre la connerie humaine et plus particulièrement la guerre et les crimes qui l’accompagnent. Les souvenirs liés à la captivité composent bien la moitié de l’ouvrage et proposent une plongée sans concession sur l’atmosphère et les conditions de vie des prisonniers. C’est très réaliste, volontiers ironique à l’occasion, très intimiste parfois avec des passages d’une puissance évocatrice qui prend à la gorge. Cet amoncellement de souvenirs a été calqué sur les témoignages des survivants qui se révélaient bien souvent parcellaires et discontinus. L’effet est vraiment saisissant et propose un voyage aux confins de l’absurdité pour une guerre sans véritables héros, des sociétés perdues et au final un constat implacable sur l’Homme.

En terme d’écriture, on ne fait pas ici dans la fioriture. Chaque mot et phrase est pesé, sans atermoiements inutiles, on va à l’essentiel et cette apparente naïveté stylistique ne fait que renforcer la force de ce pamphlet antimilitariste à la fois juste et mesuré. Un roman culte qui mérite amplement ce qualificatif, une expérience de lecture différente et vraiment indispensable. À bon entendeur...

Posté par Mr K à 17:54 - - Commentaires [4] - Permalien [#]
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