"La Dimension fantastique" volume 3, Anthologie présentée par Barbara Sadoul
Le contenu : Pauvre diable ! Le voici qui tombe sur un os ! Le simple mortel à qui il est venu proposer son odieux marché n'a pas d'âme... Comment donc pourrait-il s'en emparer ? D'ailleurs, le sac d'âmes qu'il tente d'emporter est si lourd qu'il lui faut trouver l'aide d'un saint homme pour le soulever.
Le diable n'est pas seul à souffrir... Et les dix nouvelles ici réunies proposent bien d'autres sortilèges. Messages d'outre-tombe, statues animées, génies farceurs, masques grimaçants, voyageurs temporels ou manifestations inquiétantes des éléments déchaînés... Bienvenue dans la dimension fantastique !
La critique de Mr K : Je bascule du côté obscure aujourd’hui avec ma chronique sur le troisième volume de l’anthologie de nouvelles fantastiques initiée par Barbara Sadoul chez Librio. Les deux premiers volumes avaient été de franches réussites, j’ai laissé passé un peu de temps avant d’entamer celui-ci. On est dans la même veine et malgré des textes inégaux, on ressort content de sa lecture et les amateurs de fantastique seraient bien inspirés de se pencher sur son cas !
Barbara Sadoul nous propose à nouveau dix nouvelles du genre fantastique avec un balayage assez large en terme de nationalité et d’époque. Ainsi, se côtoient dans ce volume 3 des auteurs très classiques comme Flaubert, Hugo, Dumas et Wilde, mais aussi des plus récents comme Jodorowsky, Bradbury ou encore Brown. Les thématiques sont elles aussi assez variées avec des histoires de monstres, de Diable, d’esprit et de quotidien totalement chaviré par l’irruption d’un événement totalement imprévu. Pas de doute, on est au bon endroit si l’on aime frémir légèrement et/ou être mené par le bout du nez par des auteurs diaboliques.
Je ne reviendrai pas sur chacun des courts textes qui composent ce recueil, je vous laisse découvrir la primeur du contenu. Sachez simplement que le suspens est au rendez-vous, les situations parfois très cocasses ou totalement terrifiantes (le texte de Bradbury est énorme !). Le cahier des charges est respecté à la lettre avec tous les ingrédients qui font la force de ce genre que j’apprécie tant : une normalité exposée de manière claire, un élément déclencheur que l’on ne voit pas forcément venir, des personnages déroutés de leur trajectoire qui commencent à perdre pied et une confluence entre rêve / cauchemar / réalité qui finit par prendre à la gorge les protagonistes et même parfois le lecteur lui-même.
Certes, certains textes sont plus légers, moins percutants mais l’ensemble est cohérent, bien agencé et donne à voir de multiples facettes de ce genre si riche. De manière générale, les textes sont très accessibles (à part un ou deux à l’écriture vieillotte - ce qui ne me dérange pas d’ailleurs -) et font mouche en terme de chute finale. Décidément, cette collection vaut le coup d’œil, avis aux amateurs !
Déjà lus et chroniqués de la même série au Capharnaüm éclairé :
- La Dimension fantastique, volume 1
- La Dimension fantastique, volume 2
Back chez l'abbé !
Hier avait lieu une vente spéciale dans notre Emmaüs fétiche, notre fournisseur préféré de livres de seconde main. Déjà que tout y est bon marché mais imaginez que tous les livres soient à -50%... On se préparait donc à une orgie d'acquisitions et une invasion conséquente de nos PAL respectives par les petits nouveaux...
Bon... au final vous voyez que nous avons été plutôt raisonnables avec seulement six ouvrages de plus pour moi et deux pour Nelfe. Il faut dire qu'à force de chiner, on retombe au bout d'un moment sur les mêmes ouvrages et comme en plus nous n'y sommes allés qu'en début d'après-midi, sans doute que de belles pièces avaient déjà trouvé acquéreur. Reste une pêche bien sympathique que je vais vous présenter en compagnie de Tesfa qui sait donner de sa personne quand elle veut !
("Mouais... il a une odeur spéciale et bizarre cet ouvrage...")
- "Structura maxima" d'Olivier Paquet. On commence avec ce livre qui intrigue tellement Tesfa et qui m'a séduit pour ma part par sa quatrième de couverture alléchante. Dans une cité souterraine constituée de poutrelles et de niveaux vertigineux, un homme et son fils vont tenter de découvrir les origines de cet univers clos et parfaitement réglé au bord de l'implosion. L'éditeur promet un ouvrage-hommage au futurisme italien (j'adore ce mouvement artistique), du baroque à la Caro et Jeunet et une pointe de Miyazaki. il ne m'en fallait pas plus pour adopter l'ouvrage que je lirai sans doute durant les prochaines Utopiales qui approchent à grand pas (yes yes yes !) !
("Ceux-ci ne sentent pas meilleur, il a de drôle de goûts Mr K...")
- "Ne la quitte pas des yeux" de Linwood Barclay. Ma PAL en matière de policier/thriller est assez maigre et c'est avec plaisir que je tombai sur un ouvrage de cet auteur qui m'avait séduit avec son ouvrage "Cette nuit là". Dans celui-ci, on suit David dans sa quête pour retrouver sa femme qui a disparu lors d'un après-midi en famille dans un parc d'attraction. Au fil de ses recherches, il va se rendre compte qu'il ne la connaît pas si bien que ça et il va devenir le suspect numéro 1 aux yeux de la police. Suspens et levé de secrets de famille sont à prévoir, le genre de lecture-détente que j'affectionne !
- "Opéra macabre" de Thomas Tissier. Sur le papier, ce roman a tout pour me plaire : une panne de voiture en rase campagne, un refuge inespéré pour l'automobiliste en galère, une femme fatale, une maison labyrinthique, des personnes âgées étranges dont un ancien nazi... Vous mixez le tout et vous obtenez ce roman classé terreur qui promet tension, révélation et érotisme. Là encore, une lecture plus légère mais néanmoins attirante !
("Il est irrécupérable, ma patience a des limites...")
- "La Vierge de glace" de Hans Christian Andersen. On ne peut décemment pas dire non à un petit conte frissonnant surtout quand il est signé par un des maîtres en la matière. Je ne connais pas ce titre et pourtant j'ai pratiqué l'auteur souvent étant plus jeune. L'occasion fait le larron et je vais m'empresser de lire les aventures du jeune Rudy tentant d'échapper à cette mystérieuse reine des neiges éternelles. Il est bien bon de retomber en enfance lors de certaines lectures.
- "Mondo et autres histoires" de J.M.G. Le Clézio. À nouveau, un recueil de contes signé par Le Clézio. Je m'attends ici à des histoires universelles et intemporelles qui nous parlent de nous et de nos aspirations. J'espère y retrouver le souffle et l'écriture magique d'un auteur vraiment pas comme les autres et que j'ai délaissé depuis trop longtemps...
("Reviens Tesfa... Fais pas la tête !")
- "Victor Hugo" d'Alain Décaux. Ce livre est une brique de 1000 pages qui d'ailleurs a réussi à faire fuir Tesfa ! Effet inverse sur moi qui adore Victor Hugo depuis mes débuts de lecteur et qui m'enthousiasme à l'avance de le voir raconter par un narrateur et historien hors pair. Ce monstre sacré de la littérature française a eu une vie tellement riche en terme d'activités, de rebondissements, de combats, d'amours qu'il fallait bien un gros pavé pour nous la conter. Voila une lecture qui risque de me marquer longtemps, je m'y mettrai lors de vacances à venir en 2017.
("Ah... Enfin la sélection de Nelfe ! Pour le coup, je veux bien remontrer mon mignon minois!")
- "La Petite barbare" d'Astrid Manfredi. Voila un livre que Nelfe voulait lire lors de sa sortie l'année dernière, son souhait est exhaussé avec cette trouvaille chanceuse qui l'a réjouie. Récit d'un chaos intérieur et social, l'héroïne écrit son histoire depuis la prison où elle a atterri suite à un acte irréparable. Présenté comme un véritable bâton de dynamite littéraire et une dénonciation sans fard de la société du néant, je sens que Nelfe va respirer la joie de vivre après cette lecture !
- "L'Éducation de Stony Mayhall" de Daryl Gregory. Un livre qui a accroché l'oeil de ma chère et tendre à cause de son édition tout d'abord (Le Belial est excellente dans les domaines qu'elle balaie). Et puis, il y a cette histoire intrigante de jeune gamin insensible à la douleur qui semble cacher un lourd secret au plus profond de sa chair. Roman de genre, premier traduit en français de son auteur, il est précédé d'une réputation certaine. Verdict à venir dans les mois à venir quand Nelfe se penchera dessus...
De bien belles pioches donc avec de la variété, des auteurs à découvrir et d'autres à retrouver avec plaisir. On a limité la casse en terme de PAL même si la terrible phase consistant à faire un choix après une lecture ne va pas s'en voir simplifiée. C'est le triste quotidien du lecteur addict. Je nous plains d'avance...
"Notre Dame de Paris" de Victor Hugo, illustré par Benjamin Lacombe
L'histoire : Dans le Paris du XVe siècle, une jeune et superbe gitane appelée Esméralda danse sur le parvis de Notre Dame. Sa beauté bouleverse l’archidiacre de Notre-Dame, Claude Frollo, qui tente de l'enlever avec l'aide de son sonneur de cloches, le malformé Quasimodo. Esmeralda est sauvée par une escouade d’archers, commandée par le capitaine de la garde Phoebus de Châteaupers...
La critique Nelfesque : Mr K m'avait offert cette superbe édition de "Notre Dame de Paris" de Victor Hugo illustrée par Benjamin Lacombe à sa sortie en librairie. Autant dire que ce roman est resté longtemps dans ma PAL tant j'avais peur de m'attaquer à ce monument de la littérature. Seul le talent de Benjamin pouvait me faire passer le cap et je peux annoncer fièrement que ça y est, moi aussi, j'ai lu "Notre Dame de Paris" (et je n'ai pas fait que regarder la comédie musicale (ceci dit très fidèle à l'oeuvre originelle) !).
Tout le monde connaît les grandes lignes de ce classique. Quasimodo et Esméralda font partie de notre culture française. Tant que l'on n'a pas lu le livre, on connaît moins les tenants et les aboutissants de l'intrigue. Esméralda est une orpheline élevée par les "étrangers" pauvres et parias qui inondent les rues de Paris au XVème siècle. Belle, jeune et insouciante, elle est au centre des regards et objet de désir pour Quasimodo, sonneurs de cloches de Notre Dame, Frollo, archidiacre, et Phoebus, capitaine de la garde. Ces personnages ci sont les principaux de l'histoire mais ils sont loin d'être les seuls. Il y a le petit frère de Frollo, Jehan, un gamin décérébré que j'ai détesté tout du long, la mère d'Esméralda au destin brisé qui rajoute une couche dramatique à l'ensemble déjà bien chargé, Gringoire, homme de lettres, qui est un peu le fil rouge du roman et est présent dans bon nombre de scènes importantes. Autour d'eux, encore moults hommes importants et une profusion de nobles de l'époque avec lesquels je me suis perdue. Certains passages fastidieux à base "d'untel fils d'untel, cousin de trucmuche, grand homme du quartier machin, lequel avait été sauvé par la loyauté de bidule, fils de ... (sur 3 pages)" ont failli avoir raison de moi. J'avais l'impression de lire des passages de la Bible et j'avoue avoir sauté une brassée de lignes à ce moment là. C'est précisément cela qui me faisait peur avant ma lecture, un roman écrit en 1831 comportant forcément des passages assommants pour un lecteur du XXIème siècle.
Et oui, j'ose dire que "Notre Dame de Paris" ne m'a pas complètement séduite, au risque de me faire lyncher par des hordes de littéraires sanguinaires (bisous les copains !). Pas complètement séduite donc mais grandement tout de même. Après avoir commencé mon avis par ce qui m'a déplu, place maintenant aux louanges.
"Notre Dame de Paris" est un roman passionnant avec des personnages à la psychologie fouillée et au passé tragique. Tragédie qui va se poursuivre jusqu'à une issue fatale où les larmes ont du mal à être retenues. On a beau connaître l'histoire, la plume de Victor Hugo et la force des mots employés feraient ployer le plus bourru des lecteurs. J'ai particulièrement aimé cet aspect ci du roman qui m'en a appris beaucoup sur l'enfance de chacun et sur leurs cheminements de pensée.
Les descriptions sont nombreuses et précises. Certains diront trop et sauteront aussi ici quelques paragraphes. Des chapitres entiers sont consacrés à la description de la Cathédrale et à celle de Paris. Par le menu, vous saurez bientôt tout de la génèse de chaque quartier parisien. Pour avoir fait des études d'Architecture à Paris, ceci ne m'a pas déplu, au contraire, mais ce ne sera pas le cas de tout le monde je pense. De mon côté, j'ai trouvé ces moments de descriptions très instructifs et j'irai même jusqu'à dire qu'il contribue à la compréhension de l'ensemble. Ainsi, le lecteur appréhende mieux le Paris du XVème siècle, s'en fait une image plus claire aussi bien d'un point de vue architectural et urbanistique que d'un point de vue sociétal.
Les illustrations de Benjamin Lacombe soulignent parfaitement le texte. Par petites touches, il accompagne le lecteur et nous offre sa vision du classique de Victor Hugo. Cet illustrateur a un style qui colle parfaitement à l'histoire de "Notre Dame de Paris" et découvrir ses illustrations au fil des pages nous aide à poursuivre notre lecture dans les moments difficiles et nous laisse songeurs dans les moments douloureux. Une certaine mélancolie se dégage de son trait et du choix de ses couleurs. Ce n'est pas très joyeux mais les illustrations sont tout à fait en accord avec les mots de ce grand classique.
Vous l'aurez compris, malgré des passages un peu rudes, j'ai été happée par ce roman que j'ai lu avec beaucoup de plaisir. Une histoire forte, des personnages complexes et une fin funeste : "Notre Dame de Paris" est effectivement un roman à lire au moins une fois dans sa vie. Je vous encourage à sauter le pas si vous ne l'avez pas encore lu. Vous n'en ressortirez que grandis !
J'ai lu ce livre dans le cadre du challenge "Destockage de PAL en duo" avec ma copinaute faurelix.