vendredi 28 janvier 2022

"Les Temps ultramodernes" de Laurent Genefort

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L’histoire : En 1895, d'énormes gisements de cavorite, un métal capable d'annuler la gravité, sont découverts. C'est le début d'une conquête massive des airs et de l'espace. Des paquebots volants relient les capitales ou voguent jusqu'à une Mars colonisée. Mais vingt-cinq ans plus tard, les réserves s'amenuisent et les empires occidentaux luttent pour récupérer les dernières miettes du précieux métal.

La critique de Mr K : Laurent Genefort frappe fort en ce début d’année 2022 avec sa dernière œuvre Les Temps ultramodernes. Cette uchronie se lit d’une traite et avec un plaisir de lire intense. Davantage engagé je trouve que les œuvres précédentes que j’ai pu lire de lui, on passe un excellent moment entre aventure, enquête et réflexion, l’uchronie n’étant finalement qu’un prétexte pour explorer les maux de l’humanité. Tout rapprochement avec notre époque ou un passé proche n’est évidemment pas fortuit...

L’œuvre débute sous la forme d’un roman chorale. On croise différents personnages que rien ne semble relier entre eux car ils ne se connaissent pas et évoluent dans des milieux totalement différents. Il y a Renée, une jeune institutrice montée sur la capitale pour obtenir une place et qui va faire une rencontre qui va changer sa vie : un martien en fuite ! Elle décide de s’en occuper malgré les risques qu’elle encoure. George est un jeune artiste à la vie bohème qui va s’acoquiner avec un groupe anarchiste sur le point de mener une opération cruciale pour la Cause. Maurice est un flic proche de la retraite qui enquête sur un mystérieux trafic dont les ramifications vont se révéler nombreuses et dangereuses. Marthe l’accompagne, c’est une scientifique-journaliste spécialiste de la cavorite qui va essayer de mettre à jour les tenants et aboutissants d’un projet aussi secret que délétère. Et puis, il y a René, médecin de formation qui a commis des atrocités par le passé et à qui on fait appel pour une tâche obscure sur la planète Mars...

L’auteur prend le temps de poser son intrigue et d’éclairer la nature et la personnalité de ses personnages. Les chapitres courts s’enchaînent tout seuls et les trames s’épaississent, les personnalités se dévoilent et des croisements s’opèrent. Les avancées des uns et des autres remuent des vérités parfois inavouables, des combines et des systèmes qui les dépassent et vont bientôt les menacer directement. Certains n’en sortiront pas indemnes, d’autres vont devoir jouer leur va-tout en prenant tous les risques. Le suspens devient assez vite insoutenable et l’on n'est pas déçu par le développement de la trame.

Dans ce monde des années 20, une découverte scientifique a bouleversé la donne. Ce métal aux propriétés extraordinaire a fait basculer la ligne temporelle classique (spéciale dédicace au docteur Emmett Brown -sic-). Voitures, trams et paquebots volent, les voyages interplanétaires sont possibles, Mars a été colonisée et certains événements n’ont pas eu lieu ou ont été modifiés. C’est jubilatoire de se laisser porter par l’auteur qui s’amuse énormément à transformer l’Histoire, la manipuler et en même temps rendre l’ensemble crédible. Il en faut du talent pour réaliser une bonne uchronie et Genefort fait partie de ces auteurs qui maîtrisent à a la fois la matière de base et propose un récit à suspens cousu de finesse et d’une imagination folle.

Et puis, cet ouvrage est aussi un livre profondément engagé qui assène des vérités et des réalités universelles et malheureusement encore pour certaines contemporaines. Œuvre féministe à sa manière, les deux héroïnes doivent se battre contre les préjugés et les interdits liés à leur sexe (prédominance du mari, déconsidération de leur travail...), elles sont les véritables héroïnes de ce roman et s’avèrent justement croquées sans tomber dans le cliché ou la surenchère. Marthe et Renée, chacune à leur manière portent un message, une espérance, un combat. À travers le personnage d’Ogloor (le martien blessé de la quatrième de couverture), c’est la dénonciation de la colonisation, de ses abus qu’aborde un Genefort inspiré et là encore efficace sans en faire trop. Mars, c’est l’Algérie française ou la conquête de l’ouest par les immigrants européens en Amérique. Cela réserve des pages parfois très rudes à lire mais qui font écho à l’inhumanité dont nous sommes encore parfois témoins. En fond, on devine aussi très vite une machination basée sur l’avidité, la quête de pouvoir et de domination qui mêlent des personnes influentes qui se croient tout permis et n’hésitent pas à aller loin dans les mesures qu’ils prennent pour asseoir leur volonté.

On passe donc par tous les états durant cette lecture au gré d’une écriture limpide et puissante. L’addiction est immédiate, l’auteur nous mène par le bout du nez et propose au final un ouvrage assez génial dans son genre qui ravira les amateurs et mêmes les autres, tant cette uchronie se révèle accessible et parlante. A ne pas rater !


lundi 27 septembre 2021

"Les Peaux-épaisses" de Laurent Genefort

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L’histoire : Lark et Roko : deux mercenaires parmi les plus doués et les plus chers.

Le premier est un ancien peau-épaisse, un humain modifié pour résister aux conditions de travail dans l'espace. Après trente ans de métier, il décide de raccrocher et de rejoindre les siens.

Le second, formé par Lark, déteste les Peaux-Épaisses. Depuis une affaire qui a mal tourné, il les chasse pour revendre leurs peaux, véritables combinaisons spatiales vivantes. Quand on l'engage pour éliminer le clan de Lark, son chemin va à nouveau croiser celui de son ancien mentor.

Lark parviendra-t-il à retrouver et sauver son clan ?

Et Roko assouvira-t-il enfin sa vengeance ?

Une seule certitude : il y a des comptes à solder... d'un côté comme de l'autre.

La critique de Mr K : Chronique d’un ouvrage prêté par l’ami Franck aujourd’hui avec un Laurent Genefort que je n’avais pas encore lu, un auteur de science-fiction français que j’affectionne beaucoup. Dans Les Peaux-épaisses, on le retrouve dans son genre de prédilection, le space opéra avec une bonne grosse dose d’action le tout donnant une petite bombe de série B SF à la portée parfois insoupçonnée. Chronique d’un pur bonheur de lecture !

Par delà les galaxies et les mondes via les portes de Vangk (étranges artefacts permettant de voyager à travers l’espace de manière quasi instantanée), deux mercenaires, un maître et son ancien apprenti vont s’affronter. L’un doit remplir une mission d’extermination d’un clan de Peaux-épaisses (Roko), l’autre fait partie justement des cibles désignées et va défendre le groupe qui l’a pourtant chassé des leurs quand il était encore tout jeune (Lark). Entre ces deux là, toute entente est désormais impossible, le jeune loup a en effet un compte à régler avec les Peaux-épaisses, quant à Lark, il suit sa voie emprunte de sagesse mais aussi de résignation. Après une première partie d’ouvrage consacrée à l’observation des forces en présence, on passe par la suite à la chasse et au duel qui les opposera.

Pas le temps de s’ennuyer avec ce roman qui est mené tambour battant durant les 272 pages qui le composent. Les chapitres et points de vue s’enchaînent sans qu’on s’en rende compte avec un Laurent Genefort comme toujours très adroit pour mener une intrigue et installer son lecteur dans un confort de lecture de tous les instants avec sa langue si accessible et exigeante à la fois. Cet ouvrage ne réserve pas vraiment de surprise en terme de déroulé narratif, on est dans du classique pur et dur avec son lot de personnages antagonistes, retournements de situation attendus mais néanmoins bien réussis. On se laisse guider tranquille et même si on est en terres connues, on savoure ce récit à la fois rythmé et profond, flashbacks et présent de narration se succèdent à un rythme effréné.

L’intérêt de cette lecture réside beaucoup à mes yeux dans le background évoqué à de multiples reprises avec notamment des références à l’univers crée de toute pièce par l’auteur au centre duquel on retrouve les portes de Vangk et certains mondes déjà évoqués dans des ouvrages que j’ai lu antérieurement (voir les chroniques en fin de post). On visite nombre de systèmes, de planètes, de stations spatiales avec en quelques phrases un décor planté avec finesse et au passage quelques descriptions géopolitiques qui ne manqueront pas de nous faire penser à notre propre monde actuel, sous entendant bien souvent des questionnement philosophiques et moraux : la notion d’Intelligence Artificielle et la frontière avec l’esprit humain, la ségrégation sociale voire familiale, les notions de puissances et de pouvoir à contrebalancer avec la notion de bien pour tous, certaines questions écologiques avec des mondes parfois en pleine déliquescence suite à l’expansion humaine. Ces petites touches descriptives invitant à la réflexion donnent une valeur ajoutée non négligeable à ce roman d’action SF bien tourné et passionnant de bout en bout.

Pas forcément considéré comme un roman majeur de l’auteur, Les Peaux-épaisses mérite cependant d’être lu par tous les amateurs du genre et ceux qui sont à la recherche de sensations fortes teintées de réflexion. D’une lecture aisée, voila un ouvrage addictif qui fait passer un excellent moment.

Déjà lus et chroniqués du même auteur au Capharnaüm Éclairé :
Mémoria
Les Opéras de l'espace
- Une Porte sur l'éther
- Points chauds
- Omale (Intégrale volume 1)

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mardi 30 juillet 2019

"Omale" de Laurent Genefort - Intégrale volume 1

Omale

L’histoire : Omale...
Imaginez une sphère de matière ultra-dense, englobant un soleil. À l'intérieur de cette coquille de dizaines de millions de fois la surface terrestre : de l'air et de la vie ; des espèces intelligentes, aussi. Là, sous un soleil à jamais immobile, les Humains, arrivés par une éphémère porte de Vangk, ont dû repartir de zéro. Au fur et à mesure des âges, alors que l'univers extérieur se muait en simple mythe, ils ont dû tisser une histoire avec leurs voisins extraterrestres : les Chiles, grands et puissants, et les sages Hodgqins. Une histoire faite de commerce et de guerre, d'exploration des Confins, mais où les grands mystères demeurent : quels êtres aux pouvoirs semi-divins ont édifié Omale, et pourquoi y ont-ils piégé toutes les espèces de la galaxie ?

La critique de Mr K : C’est un sacré pavé de 1043 pages que je vous présente aujourd’hui. Je peux désormais en parler après quinze jours de lecture intensive début juillet. Le cycle Omale de Laurent Genefort est considéré comme sa grande œuvre. Dans ce premier volume sont réunis le roman éponyme Omale et Les Conquérants d’Omale qui bien que divergents en terme de périodes décrites ont beaucoup de points communs et se complètent l’un l’autre pour le plus grand plaisir du lecteur.

Appartenant au sous-genre de Science-Fiction du Space Opera, cette saga est d’une richesse épatante, à commencer par l’univers original créé de toutes pièces par un auteur à l’imagination foisonnante. Omale est un monde plat enfermé dans une sphère de matière, Heliale son Soleil s’occupe d’entretenir la vie. Plantes, animaux mais aussi trois espèces dominantes se partagent son sol entre entente cordiale et parfois conflit armé pluriséculaire. Placé dans l’univers des Portes de Vangk, ces mystérieux passages qui permettent de passer d’un univers à un autre, sur Omale le passage a disparu et l’humanité a dû relancer son évolution en recommençant presque de zéro. Mais ils ne sont pas seuls, comme dit précédemment, ils doivent composer avec les Chiles et les Hodqins. Pour nous en parler, Genefort va tour à tour nous décrire deux voyages initiatiques qui posent des questions essentielles sur les origines d’Omale et vont nous éclairer sur ce monde étrange et parfois dangereux.

Dans Omale, on suit la destinée de trois personnages à qui des inconnus ont confié des bris de coquille vide. Chacun semble guidé par un fatum implacable qui va les faire se rencontrer dans une nef en partance pour le bout du monde. D’origines raciales et d’extractions sociales différentes, ils vont apprendre à se connaître pour mieux découvrir les raisons profondes de leur périple à l’objectif pour le moins nébuleux au départ. Ce premier roman constitue une excellente mise en bouche à l’univers d’Omale. Avec ses personnages attachants et charismatiques, on se plaît à accompagner les six protagonistes vers une révélation finale d’importance. L’aventure n’est pas de tout repos avec entre autre une scène de piraterie d’une grande efficacité mettant aux prises des vaisseaux gigantesques qui nous démontre une fois de plus le talent immense de Genefort pour nous immerger dans des mondes imaginaires et relater de beaux morceaux de bravoure. Chaque personnage se confie aussi lors de flashback aussi instructifs qu’intenses. Au cœur de l’intrigue, vous l’avez deviné : le mystère des origines du monde d’Omale. Quelle est la véritable nature de ce monde ? D’où viennent exactement les peuples qui y résident ? Qu’est-ce qui a pu bien se passer ? Des réponses sont données en toute fin d’aventure et ouvrent la voie à de multiples possibilités pour les romans ultérieurs... Passionnant !

Les Conquérants d’Omale se déroule 500 ans avant le précédent roman, les trois races dominantes d’Omale ne s’entendent pas et une guerre sans merci courant sur 25 000 km de front oppose Humains et Chiles. Malgré les moyens déployés, le conflit s’enlise... Dans ce contexte difficile, nous suivons quelques humains dans une mission quasi-suicidaire qui pourrait bien faire pencher la balance dans un sens comme dans l’autre selon la réussite ou l’échec. En parallèle, nous suivons les préparatifs d’une rencontre diplomatique avec en apothéose l’envol de représentant d’Omale au cœur d’un Aethir, créatures spatiales mythiques aussi monumentales que mystérieuses dans leurs intentions. Enfin, on accompagne aussi une expédition de cartographes chargés de répertorier des terra Incognita dans le grand atlas d’Omale. Ces trois points de vue s’interposent et se complètent eux aussi et vont finir par livrer des vérités bien dérangeantes. Le ton est différent ici, même si l’on retrouve un peu l’aspect initiatique, c’est un Genefort plus engagé qui se livre à nous avec une histoires aux accents antimilitaristes d’une rare force et sagacité. Horreur du conflit, destructions, annihilation, oubli et résurgences sont au cœur d’un récit enlevé qui laisse peu de place à l’espoir. Plus dispersé dans sa construction même, il faut s’accrocher lors de sa lecture, faire davantage de liens que dans le roman précédent de la série mais au final le plaisir de lire est le même et l’on aime toujours autant se plonger dans l’univers d’Omale.

Très belle lecture donc que ce premier volume d’intégrale. L’aventure et le dépaysement sont au rendez-vous au centre d’un monde très riche qui regorge de détails. C’est bien simple, vous saurez tout sur tout sur Omale et son fonctionnement. Loin de tomber dans un encyclopédisme barbant, Genefort par petites touches successives nous offre un tableau dantesque livrant un monde cohérent et complexe. Forces en présence, arcanes du pouvoir, luttes d’influence, organisation sociale, ethnologie extra-terrestre, foi et religion, philosophie en cours, faune et flore, lois physiques et beaucoup d’autres aspects sont abordés dans ces romans où le monde d’Omale se livre peu à peu. On en redemande presque ! Ce qui me rassure, c’est que le tome 2 m’attend bien au chaud dans ma PAL.

On retrouve le talent de conteur de Genefort qui n’est plus à prouver. Sans conteste, il est un des meilleurs auteurs de SF française en activité proposant réflexion et plaisir instantané de lecture. Malgré l’épaisseur du volume, les pages se tournent toutes seules avec un plaisir de lecture renouvelé qui ne se dément jamais. À lire absolument pour tous les amateurs de SF à la sauce space-opera. Pour ma part, j’y retournerai très prochainement !

Déjà lus et chroniqués du même auteur au Capharnaüm Éclairé :
Mémoria
Les Opéras de l'espace
- Une Porte sur l'éther
- Points chauds

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samedi 3 décembre 2016

"Points chauds" de Laurent Genefort

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L’histoire : Depuis le mois de septembre 2019 et l’ouverture des premières Bouches, ces passages spatio-temporels par lesquels des myriades d’aliens se sont engouffrés sur terre, rien n’est plus pareil.

Effervescence, exultation, panique… À présent nous ne sommes plus seuls.

Face à ces extraterrestres d’origines, de mœurs et d’aptitudes diverses, il faut faire face, s’adapter.

Oui, mais comment ?

La critique de Mr K : Première chronique d'un ouvrage acquis aux Utopiales cette année. C’est à Laurent Genefort et son Points chauds d’entamer cette série avec un ouvrage qui en fait en contient deux. Tout d’abord, il s’agit d’une réédition "augmentée" de la nouvelle Rempart primée à plusieurs reprises (Grand prix de l’imaginaire 2011 et prix Bob Morane 2011). A été rajouté à ce texte, Le Guide de survie en situation de contact alien qui comme son nom l’indique doit permettre au lecteur d’appréhender au mieux le nouvel ordre mondial découlant de ces migrations célestes et des rencontres du troisième type qu’elles peuvent engendrer.

Dans la première partie s’étalant sur une période de 17 ans (2019 à 2036), l’auteur nous convie à observer l’arrivée massive d’extraterrestres via des passages qui apparaissent au gré du hasard selon les humains. Ces bouches venues d’ailleurs viennent toujours par deux, une pour l’entrée une pour la sortie. Les aliens qui en surgissent n’ont pour la plupart comme but que de passer par notre monde pour ensuite poursuivre leur migration vers un monde meilleur. Ces événements ont forcément des conséquences que Laurent Genefort se plaît à nous raconter via différents points de vue de spectateurs ou acteurs du récit, mais aussi des articles de presse ou des retransmissions télévisées.

Tour à tour, on suit les différentes missions qui incombent à un membre de la force Rempart qui est sensée protéger les aliens lors de leur migration entre une bouche d’entrée et une bouche de sortie. C’est l’occasion de scènes d’actions bien réussies et de réflexions diverses sur l’usage de la force et le ressenti des populations humaines face à ce déferlement venu d’autres mondes. On suit aussi une jeune médecin officiant dans l’humanitaire qui voyage à travers le monde pour venir au secours de réfugiés de tout bord (humains comme extraterrestres). Elle va être confrontée à la realpolitik et au chaos régnant dans les zones de guerre. On suit aussi un groupe d’humains qui va escorter de leur propre chef une colonie d’aliens jusqu’à bon port malgré les obstacles naturels et humains qui vont se dresser entre eux et leur objectif. Par petites touches supplémentaires, on croise aussi un entrepreneur en sécurité, une jeune fille d’origine allemande qui va franchir le rubicond des bouches pour explorer l’espace intersidéral et aux travers d’articles et d’émissions télévisées, nous pouvons entr'apercevoir l’évolution des lois et règlements en vigueur sur Terre concernant les visiteurs de l’espace.

Le récit en lui-même est de facture assez classique, on retrouve des archétypes vus et lus ici ou là avec le personnage qui peu à peu évolue au fil de ses rencontres avec les extraterrestre, l’utopiste qui va aller au bout de sa mission au nom de l’entente entre les peuples, le grand patron avide de pouvoir et d’argent que les barrières morales ne freinent pas, la foule haineuse emportée par la peur de la différence, les cortèges de réfugiés livrés à eux même et confrontés aux réticences des sédentaires bien installés et aux tendances nationalistes exacerbées par la situation. Cependant, on suit avec plaisir les bonds dans le temps qui nous sont proposés et même si la surprise est rarement au RDV, on passe un très bon moment. Surtout que plus qu’un livre d’invasion d’êtres venus de l’espace, Points chauds est aussi une remarquable étude de la nature humaine, de l’organisation de nos sociétés et leur tendance à sur-réagir et tomber dans la paranoïa. La tonalité du livre est donc globalement sombre et ne donne une fois de plus pas beaucoup de place à l’optimisme même si par moment, une petit victoire humaniste émaille un background plus rude et parfois éprouvant. Les parallèles sont en effet aisés à faire avec l’actualité récente dont en premier lieu le traitement médiatique et politique de la crise des migrants.

La deuxième partie du livre consacrée à un guide de survie en cas d’invasion extraterrestre est beaucoup plus légère bien que sérieuse dans son traitement. En vrac, l’auteur nous donne des pistes pour lier un premier contact avec les aliens, vivre en bon voisinage avec eux (voir plus !), voyager en dehors des mondes connus avec tout un tas de conseil sur les compétences à posséder et le sac de voyage à préparer avant de sauter dans une bouche. C’est drôle, illustré de façon maligne et on se plaît à suivre cette étude à la fois sociologique, historique et psychologique calquant les guides de voyage bien connus des routards et autres explorateurs des temps modernes. On finit la lecture du volume avec un petit sourire aux lèvres ce qui n’était pas forcément gagné vu la teneur de la nouvelle entamant le livre.

Comme toujours avec Genefort, la forme est délicate et développée à souhait. L’écriture est un bonheur de tous les instants présentant un savant mélange de descriptions courtes mais denses et de scènes d’action immersives au possible. On ne voit pas le temps passer, les pages se tournent toutes seules et c’est tout surpris qu’on se retrouve déjà en fin de lecture. Belle réussite que ce double ouvrage qui offre une vision novatrice d’une présence étrangère sur notre planète, pas forcément la plus positive pour l’homme (qui se retrouve ici plus prédateur que proie des aliens) mais nous éclaire aussi sur le temps présent. Une belle expérience que je vous encourage à entreprendre au plus vite.

Déjà lus et chroniqués du même auteur au Capharnaüm Éclairé :
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Les Opéras de l'espace
- Une Porte sur l'éther

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jeudi 1 décembre 2016

Nos Utopiales 2016

Du 29 octobre au 3 novembre dernier, se tenait à Nantes, notre festival de Science-fiction préféré : les Utopiales ! C'est maintenant une habitude depuis plusieurs années, nous ne ratons aucune édition. Et cette année, petite nouveauté, nous avons décidé de ne pas nous contenter d'une seule journée mais de doubler la mise en étant présents à la Cité des Congrés de Nantes sur 2 jours. Le thème 2016 était "Machine(s)"...

Affiche

C'est sur les bords de la Loire, à 15 minutes à pied du lieu du festival, que nous avons posé nos bagages. On change de quartier, face à l'Ile de Nantes, on profite d'une balade sympathique matin et soir. Ça réveille ou ça décrasse selon l'heure de la marche. L'environnement est sympa et calme et ça nous permet d'arpenter un coin de la ville que nous ne connaissions pas encore. Bref, c'est tout bénef !

Bords de Loire

Lorsque les Utos approchent et que le programme est enfin dispo sur le net, c'est la course aux réservations de logement pour dégoter THE bon plan. Tout est une question de méthode. On imprime le programme que l'on checke chacun de notre côté puis on met tout cela en commun afin de déterminer quel jour conviendra le plus à l'un ou à l'autre. Cette année, encore plus que les années précédentes (ou alors c'est l'âge qui commence à me faire perdre la boule), aucun jour ne se détachait vraiment et la frustration pointait déjà le bout de son nez. Voilà pourquoi nous avons supprimé cette année notre journée en ville avec shopping et pause thé à La Cigale pour 2 journées complètes à la Cité. Ceux qui nous suivent sur Instagram ont eu un petit aperçu en live de nos pérégrinations. Ceux qui le font sur twitter ont pu suivre quelques conf' avec moi (chanceux !).

Check programme

Trève de blablas et pénétrons maintenant là où tout se joue en matière de SF pendant presque une semaine. Nous sommes samedi matin, nous arrivons à la Cité des Congrés en passant au dessus de l'Erdre. Avouez que je n'ai pas menti et que la promenade matinale est on ne peut plus agréable ! Surtout sous le soleil !

Erdre

Je ne vais pas vous faire ici de comptes-rendus détaillés de chaque conférence. Tout simplement parce que je ne prends pas de notes, que je préfère profiter de l'instant et que tout simplement d'autres l'ont déjà fort bien fait. De mon côté, je vais plutôt vous donner un aperçu de tout ce que l'on a fait sur 2 jours. Pour les conférences en particulier, je vous renverrai vers des vidéos ou documents audios disponibles sur le net et que je vous conseille vivement de visionner / écouter tant les contenus sont intéressants (ben oui, on est pas maso, c'est pas pour rien que l'on aime les Utos !). N'hésitez pas à cliquer sur les liens !

Arrivee Utos

♠ Côté conférences :

On commence samedi dès 11h avec "Voitures volantes, souvenir d'un rétro-futur" que nous ne suivrons pas jusqu'au bout car après une première moitié intéressante où j'ai appris que ma voiture avait existé en version volante (si si je vous jure, il y a vraiment eu une Fiat Punto lancée dans les airs...), les intervenants ont dévié du sujet... Je vous laisse juger par vous-même.

Conf vue de haut

Pour "Qu'est-ce qu'une Intelligence Artificielle ?", le public est au RDV et à la guerre comme à la guerre, c'est le cul posé au sol que nous suivrons cette conférence. Pour la voir ou la revoir confortablement dans son canapé, une vidéo Youtube est disponible ici.

Conf AI

Dans "Le Vaisseau spatial comme personnage" nous tentons de déterminer si la machine à voyager est devenue un protagoniste récurrent et nécessaire de la science-fiction et chacun y va de son vaisseau préféré. "Le Voyage fantastique", conférence animée par des scientifiques, nous apprend que l'on peut désormais programmer des mini-pompes présentes dans nos corps pour délivrer directement des médicaments et stimuler le cerveau.

Conf Vaisseau spatial

La Rencontre avec François Rouiller clôturera notre journée côté conférence. Une rencontre qui restera longtemps dans nos mémoires tant le personnage est sympathique, intéressant et jovial ! Mr K a lu et adoré son "Métaquine". Après cette rencontre, je pense vraiment lui emprunter ce roman tant l'auteur a piqué ma curiosité et m'a beaucoup amusée. François Rouiller est un véritable couteau suisse (ça tombe bien il est suisse) ! Pharmacien, il est également membre fondateur et premier président de l’association des Amis de la Maison d’Ailleurs et bien sûr un passionné de science-fiction et de bandes dessinées. Il est aussi illustrateur et écrivain. Une exposition consacrée à "Métaquine" était présentée aux Utopiales cette année (voir plus bas) et son roman était également nommé au Prix Européen des Utopiales.

Rencontre Rouiller

Dimanche, à 11h, nous assistons à la Rencontre avec Anna Starobinets. Pour ne rien vous cacher, c'est pour elle que nous sommes ici ce jour. Mr K ayant adoré "Refuge 3/9", il voulait absolument rencontrer l'auteure et pouvoir discuter avec elle. De mon côté je ne l'ai jamais lu mais après avoir assisté à cette rencontre, je pense que je me laisserai également tenter. L'auteure est incroyable et on se demande bien où ce petit bout de femme de 38 ans qui en parait 30 va chercher tout ça ! Elle est surnommé la "Reine russe de l'horreur" et à priori, ce n'est pas pour rien... A suivre de mon côté, confirmé pour Mr K. Son roman, "Le Vivant", était également nommé cette année au Prix Européen des Utopiales et l'a d'ailleurs remporté ! Une récompense bien méritée tant il a aussi fait son effet au Capharnaüm éclairé (la chronique de Mr K qui a lu l'ouvrage depuis est à retrouver ici).

Rencontre Starobinets 1

Rencontre Starobinets 2

On continue de suivre Anna Starobinets dans ses conférences du jour avec "Les Machines nécrophoniques" (en plus, on retrouve Xavier Mauméjean à la modération ce qui promet une discussion passionnante). Et si la machine gardait infiniment trace de nous ? Si nous pouvions écouter les morts ? Lorsque l'on voit que les comptes FB des personnes décédées restent ouvertes après la mort de leurs propriétaires et que chacun peut aller y mettre un petit mot comme autant de témoignages ou de recueillements sur une tombe, on est en droit de se poser la question... Qui n'a jamais été confronté à la situation de voir une personne décédée apparaître dans son fil d'actualité parce qu'un "ami" a publié quelque chose sur son profil ? 

Conf Machines nécrophoniques

Puis nous avons assisté à l'"Interro surprise sur les machines dans Ulysse 31" qui s'est plutôt transformée en un cours sur Ulysse 31. J'ai vu quelques épisodes quand j'étais gamine mais j'ai pu constater ici qu'il y a de vrais fondus de la série. Mr K les a tous revu il y a peu et Hervé de La Haye, qui a mené cette rencontre avec le public (et qui est également chercheur indépendant dans les domaines du dessin animé et de la musique pour le cinéma et la télévision), connaissait son sujet !

Interro surprise Ulysse 31

Après avoir assisté à la fin de la conférence dédiée à "La Machine mythologique", retour sur une conférence en présence d'Anna Starobinets pour "Les Machines sont-elles nos esclaves ou... ?". Gros coup de fatigue à ce moment là (et oui, c'est intense 2 jours d'Utos et pour l'instant je n'ai parlé que des conférences...), nous décidons de tester pour la première fois les casques de traduction simultanée. N'ayant pas de problèmes majeurs avec l'anglais, d'habitude nous ne les utilisons pas mais je dois dire qu'après en avoir fait l'expérience, je suis conquise ! Quel confort ! Confortablement installés, nous avons pu profiter pleinement des interventions et nous en sommes ressortis ravis. Sommes-nous encore capables de nous passer des machines ou bien avons-nous troqué notre  autonomie pour la sécurité et le confort ? Oups... Avec nos casques récemment empruntés, on est en plein dans la problématique ! Ce fut pour nous la meilleure conférence. Grâce aux machines ? Possible...

Traducteurs

Conf Machines esclaves

Enfin, nous clôturons ce week-end Utopiales avec la remise du Prix Julia Verlanger qui fut attribué cette année à Karim Berrouka pour "Le Club des punk contre l’apocalypse zombie" :

Remise du Prix Julia Verlanger

D'autres conférences du festival ont été enregistrées et mises en ligne sur le site d'Actu SF. C'est par là que ça se passe et c'est du super boulot !

Conf public

♠ Côté expos et animations :

Nous avons pu nous promener sur Mars grâce au projet VR2Planets issu des travaux de recherche du laboratoire de Planétologie et Géodynamique de Nantes. En s'inscrivant à l'avance, par petit groupe de 12 personnes, nous avions accès à une salle d'étude immersive dont seuls les planétologues et étudiants en géodynamiques ont accès habituellement. Une expérience inoubliable ! Un planétologue nous a équipé chacun d'une paire de lunettes spéciales et nous a fait une visite de Mars. Nous avons découvert ainsi la diversité des paysages martiens, avons observé son relief, parlé de sa géologie... De vraies données, des éléments à notre échelle, une explication à la fois simple d'accès et passionnante. Nous y étions. J'ai adoré !

Dans les allées des Utos, nous avons également croisé plusieurs fois Pepper, un robot japonais créé en 2014 et qui est disponible en France depuis cette année. Il communique par la voix, par la gestuelle, mais aussi de manière visuelle grâce à sa tablette intégrée. Il peut comprendre des mots et des phrases, permettant ainsi des interactions naturelles et intuitives avec les personnes. Il est aussi reconnu comme le premier robot humanoïde au monde à posséder la capacité de reconnaissance émotionnelle, ce qui lui permet d’adapter son comportement. Une attraction qui a attiré pas mal d'enfants à ses côtés.

Rencontre avec Pepper

Cette année, c'est Bajram qui a fait l'affiche des Utopiales et son travail était mis à l'honneur dans une grande exposition donnant à voir ses planches BD, ses esquisses, ses recherches, ses dessins... Une somme de productions qui en a mis plein les yeux aux festivaliers ! De notre côté, on aime particulièrement avoir accès aux documents de travail, voir les "brouillons", les premiers prémisses d'images raturées et déjà structurées.

collage Bajram

L'une des meilleures expositions cette année, pour ne pas dire la meilleure, était celle consacrée à "Métaquine" de François Rouiller. "Métaquine" est un roman de SF (que Mr K a lu et adoré) autour duquel l'auteur, également pharmacien, a développé tout un univers semant ainsi le doute dans l'esprit des lecteurs et de collègues chercheurs qui ont réellement cru à son projet de médicament. Ainsi en plus de son excellente production littéraire, nous avions déjà découvert chez nous le site de son produit pharmaceutique. Aux Utopiales, nous avons pu voir ses carnets de croquis, ses dessins et peintures (non mais ce gars est bourré de talent dans tous les domaines c'est dingue !) mais également tout le travail autour du packaging de la Métaquine®, ce médicament qui transforme les cancres en écoliers modèles. Une exposition vraiment très chouette qui a elle seule valait le déplacement.

Expo Metaquine 3

Expo Metaquine 2

Expo Metaquine 1

Expo Metaquine 4

Nous sommes restés assez hermétiques à l'expo "Science Machina" que nous avons survolée, sans doute à cause du manque d'informations et parce qu'aucun intervenant n'était là lors de nos passages. Exposition mise en place par le CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives) et l'INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale), elle présentait les machines à l’origine des découvertes les plus extraordinaires de ces dernières années.

Expo Science Machina

Site

L'exposition "Prototypes du Grand Napotakeu" fut également une expérience assez déroutante avec les installations de Jérôme Lefdup (plasticien, musicien, réalisateur et artiste vidéo) entre attractions bizarroïdes et cabinet de curiosités high-tech. Il a réalisé de nombreuses expérimentations vidéo et musicales, des clips, des émissions de télévision (comme "L’Oeil du Cyclone"), des spectacles...

Expo Jérôme Lefdup

Celle consacrée à "La Petite Bédéthèque des Savoirs" m'a quant à elle beaucoup plus parlé. Avec notamment l'humour de Marion Montaigne et son Professeur Moustache toujours présent pour vulgariser des notions scientifiques avec humour et justesse.

Expo La Petite BDtheque des savoirs

Sans oublier le Pôle Ludique toujours aussi attrayant et agréable. Malheureusement, les parties de RP étant assez longues (ouais je vis avec un ancien MJ de JDR (et avec toutes ces abréviations, je viens de perdre les lecteurs non rôlistes...)), nous n'avons fait que passer cette année encore... Qui sait, peut-être qu'un jour nous nous attarderons plus longtemps à ces tables. En tout cas, ça donne envie !

Pole ludique 1

Pole ludique 2

♠ Côté rencontres et boissons :

Oui parce que tout ça, ça donne soif quand même ! Comme vous pouvez le voir, quand on va aux Utopiales, on est assez "studieux" mais ça ce n'est que de la façade...

D'ordinaire, nous ne sommes pas présents la première journée du festival et nous ratons systématiquement le discours inaugural et le pot qui va avec. Ce ne fut pas le cas cette année et pour avoir fortement apprécié ce moment de convivialité autour d'un verre nous permettant de discuter tranquillement avec auteurs et éditeurs avant de rentrer dans nos pénates, je pense que ce ne sera pas la dernière ! J'ai pu notamment échanger avec Vincent Gessler, venu incognito cette année, et discuter de ses futurs projets. Je l'avais déjà dit lorsque je l'avais rencontré pour la première fois en 2011 mais cet homme est une perle. Disponible, gentil et à l'écoute, c'est toujours un plaisir d'échanger avec lui. Nous avions aussi prévu de nous voir avec Nadège Augullo, éditrice de la maison du même nom, après avoir pas mal échangé par le passé. Ce moment convivial, qui fut prolongé le lendemain avec Anna Starobinets et dans les allées de la librairie, nous conforte vraiment dans ce que nous faisons au Capharnaüm éclairé. Tant de moments enrichissants ont découlé de sa création... Nous sommes chanceux et ravis !

Inauguration

Le Bar de Mme Spock est un incontournable aux Utos. C'est là que l'on se repose entre deux conférences, que l'on reconnaît quelques copinautes (coucou Mariejuliet et BlackWolf) et où on discute le bout de gras. Et puis il parait que son punch est délicieux. De notre côté, nous ne pouvons pas nous prononcer, la journée on reste sobre...

Bar Spock

Mais c'est pour mieux nous lâcher quand arrive la soirée et ses happy-hour ! Ben quoi, on est dans une grande ville, il faut en profiter !

Cocktail Nantes

♠ Côté bouquins et dédicaces :

Librairie 3

L'un des plus gros kiff des Utos est sans conteste sa librairie ! Chaque année c'est un plaisir pour les yeux, une torture pour nos nerfs et le sentiment d'être un enfant dans un magasin de jouets. Dorénavant nous n'achetons plus à cette occasion que les romans que nous souhaitons faire dédicacer sur place et que nous ne possédons pas déjà. Sans ça, c'est la ruine assurée et une belle scoliose avec une valise de 18kg à se trimballer toute la journée...

Librairie 1
(avec la désormais traditionnelle photos des productions Mirobole Editions !)

Forcément avec ses 25.000 ouvrages présents et représentant toutes les maisons d'édition, si t'es amateur de SF et de littérature de l'imaginaire, t'as les yeux qui te sortent de la tête. T'inquiète, c'est normal, ça nous fait ça à nous aussi...

Librairie 2
(coucou les compétiteurs pour le Prix Utopiale Européen, dont les excellents "Métaquine", "Futu.re" et "Le Vivant")

C'est ici qu'ont lieu les séances de dédicaces. Pas de BD de notre côté cette année mais de belles rencontres et de belles retrouvailles avec nos auteurs favoris. Ces séances sont une des choses que nous préférons aux Utos. C'est l'occasion d'échanger, parfois brièvement, parfois plus longuement, avec des auteurs qui nous ont fait vivre des émotions fortes dans leurs romans. C'est le moment où des solitaires se retrouvent sur une passion commune. L'auteur seul face à l'écriture de son oeuvre, le lecteur seul face à sa lecture. J'aime beaucoup ce moment de convergence !

collage Starobinets

Nous avions amené avec nous notre exemplaire de "Refuge 3/9" et Mr K a pu dire à Anna Starobinets tout le bien qu'il pense de ses bouquins. Nous avions commencé à suivre cette auteure chez Mirobole, nous la suivrons désormais chez Agullo. Si vous ne la connaissez pas encore, vous pouvez lire nos chroniques et vous jeter sur ses écrits. Chanceux que vous êtes !

collage Rouiller

Nous rencontrions également pour la première fois François Rouiller pour une dédicace particulière. Quand vous rencontrez un auteur, vous ne pensez pas repartir avec un dessin... L'auteur l'a signalé dès le début, il va falloir être patient pour obtenir sa signature car chaque dessin est unique et demande du temps mais quand c'est à notre tour d'être devant lui, cela laisse tout le loisir de parler de "Métaquine" avec lui. Posologie et prescription comprises !

Et puis il y a les retrouvailles. Ceux que l'on a déjà vu 1, 2, 3 fois (voir plus pour certains !) et que l'on a toujours plaisir à retrouver !

collage Spinrad

Norman Spinrad, un monument de la SF ! On le retrouve aux Utos chaque année et parfois nous sommes surpris de le voir seul face à sa table de dédicace... Non mais les gens ! On parle de Spinrad là !!! Du coup, systématiquement, on passe le voir, on échange deux ou trois mots, on est amusé de le voir former avec sa femme un petit couple haut en couleur et on repart avec du baume au coeur.

collage Genefort

L'an dernier, nous avions assisté à l'Interro surprise de Laurent Genefort sur les extraterrestres. Du coup, cette année, nous lui avons pris son ouvrage, histoire de savoir quoi faire en cas d'invasion !

collage Bordage

Pierre Bordage, pour Mr K, c'est une grande histoire d'amour... On a tous ses ouvrages à la maison et un jour ils seront tous dédicacés... Bordage est particulier lorsqu'on le rencontre pour la première fois. Un peu impressionné, on peut vite être déconcerté par son côté évaporé. Une mouche passe et le déconcentre, on perd son attention. Il faut savoir apprivoiser "la bête"... Cette année c'était chouette ! On a même parlé de peinture et d'art en général et il nous a même montré une de ses productions en photo sur son smartphone. C'est bon, je crois que maintenant on est quasi potes ! (GENRE !)

collage Xavier

Et puis, il y a Xavier... Notre chouchou ! Oui, je sais, il faut pas le dire, c'est pas sympa pour les autres et le favoritisme c'est mal... N'empêche que Xavier Mauméjean, c'est l'auteur le plus chouette qu'il nous ait été donné de rencontrer. Cela fait maintenant 5 ans que nous nous croisons en festival et c'est toujours un vrai bonheur d'échanger avec lui (et le mot n'est pas choisi au hasard). Comme d'habitude, on a parlé de tout plein de choses, on s'est nourri mutuellement de références, on est reparti avec notre liste de choses à lire ou à voir. C'est toujours stimulant d'échanger avec Xavier et c'est un peu notre instant bonbon des Utos. Celui que l'on attend et que l'on savoure.

Lights

C'est sur ce moment bisounours, et encore la tête dans les nuages d'avoir pu assister à tant de belles choses encore cette année, que je vais terminer mon loooooong billet consacré à nos Utopiales 2016. Hého, y a quelqu'un !? Vous êtes tous partis !? Non, il reste encore quelques lecteurs !? A l'année prochaine les Utos ! On compte déjà les jours !


mercredi 16 décembre 2015

"T'ien Keou" de Laurent Genefort et Jean-Michel Ponzio

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L'histoire : Un futur très lointain, où la Terre n'est plus qu'un souvenir... Dans le Guo, un astéroïde habité et taillé en un cube parfait, une colonie chinoise prospère depuis des siècles. Po Yung est un garçon de 16 ans qui rêve d'entrer dans le clan le plus puissant du Guo. Pour cela, il doit accomplir une épreuve: aller dans le territoire qui sépare le Guo du Palais des Immortels, le centre tabou de l'astéroïde. Mais Po Yung a acquis une arme redoutable. Avec elle, il pourra peut-être réaliser son désir de puissance: défier les Immortels eux-mêmes et leurs fabuleux dragons mortels, pour revenir en conquérant. A condition de leur survivre...

La critique de Mr K : Ne vous fiez pas à l'hideuse couverture proposée par les éditions Soleil pour ce one shot de haute voltige, peu ou pas de gore mais plutôt ici une réflexion futuriste doublée d'un récit initiatique.

Bien loin de la Terre (qui apparemment n'existe plus), sur l'astéroïde Guo où vit tant bien que mal une communauté asiatique, la lutte des classes bat son plein. Pendant qu'une minorité privilégiée vit dans le luxe et le plaisir, les basses classes tentent de survivre dans des conditions épouvantables. Un jeune homme (Po Yung) va tenter de rejoindre ce paradis inaccessible en tentant l'épreuve ultime qui permet à une poignée de paria de rejoindre l'autre côté. Il n'est pas au bout de ses surprises!

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On retrouve nombre de figures classiques dans cette BD. Le jeune héros tout d'abord en quête de lui-même qui a travers l'épreuve qu'il va devoir traverser va avant tout chercher ses limites et tenter d'améliorer son existence. La liberté a un prix et dans l'ultime vignette de l'ouvrage, il l'apprendra à ses dépens! Durant, toute son aventure, il va être confronté à des choix parfois difficiles, relevant parfois de la morale, mettant à mal ses certitudes et tout ce qu'il considérait comme acquis. Rien de neuf me direz-vous, je vous le concède, mais ça produit son petit effet et il a fonctionné sur moi. A ces côtés, on retrouve un ami proche et sa petite amie, leur rôle n'est que secondaire jusqu'au moment où ils seront justement au centre des choix qui seront proposés à Po Yung. J'ai aussi apprécié la figure du maître à penser qui oriente et conseille le héros, il est le reflet futuriste du vieux maître asiatique tel qu'on se l'imagine. Étrange transposition version SF qui fait elle aussi mouche même si on se doute qu'il n'est pas tout à fait innocent dans le drame qui est en train de se jouer.

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Là où l'ouvrage frappe vraiment fort, c'est au niveau de la caractérisation des lieux et de l'époque. En quelques cases et commentaires de l'auteur (Il s'agit de Laurent Genefort tout de même), on se représente très bien ce monde en vase clos, à la dérive inégalitaire voir totalitaire. Décors cyclopéens, puits sans fond anti-gravité, jardins hydroponiques cachés dans les hauteurs, mystérieux dragons gardiens de l'ordre et de l'autorité, technologie de pointe… tous ces éléments constituent un background assez dense malgré la brièveté de ce one-shot d'une soixantaine de pages. La SF se fait ici sombre et sournoise, l'ultime revirement bien qu'attendu est un choc qui renvoie directement à la nature profonde de l'être humain… Rien de vraiment reluisant, vous pouvez me croire!

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Je suis plus partagé sur l'esthétique pure et dure de cette BD. Ponzio nous sert des dessins entre images de synthèse, manga et dessin plus traditionnel. Ce mélange original dépote notamment dans les scènes d'action ou les cases d'exposition des décors, je le trouve moins efficace dans les parties plus intimistes. J'ai trouvé même certains passages laids (2 à 3 dans tout l'ouvrage seulement mais ça compte!). Malgré cette réserve et le manque d'originalité du déroulé, on passe un bon moment d'évasion et parfois de réflexion. Cette BD est donc à découvrir pour son côté fun et court. Avis aux amateurs!

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jeudi 26 novembre 2015

"Une Porte sur l'éther" de Laurent Genefort

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L'histoire: Favor et Dunaskite. Deux planètes reliées par un gigantesque tube de diamant de cent mille kilomètres : l'Axis. C'est par cet artefact extraordinaire, héritage d'une civilisation extraterrestre disparue, que transitent les spores de l'ambrozia, la plante la plus précieuse de l'univers connu. Outre sa fonction de régulateur végétal, c'est aussi une voie de communication prioritaire ; source de richesse autant que foyer de révoltes, l'Axis suscite ainsi la convoitise de dizaines de mondes mais inspire une peur sacrée. Aujourd'hui, la haine que se vouent les habitants des deux planètes menace gravement ce fragile équilibre. La rumeur de guerre gronde, et seul un homme peut empêcher l'irrémédiable...

La critique de Mr K: Retour dans l'univers si foisonnant de Laurent Genefort avec ce roman terminé la veille des Utopiales 2015 et que j'ai du coup fait dédicacer par son auteur. Il faut dire que cette Porte sur l'éther réunit toutes les qualités qu'on connaît au bonhomme: une imagination débridée pour décrire des univers futuristes, un soin méticuleux dans le traitement des personnages et un sens du récit et du suspens qui n'est plus à prouver.

Jarid est un diplomate un peu particulier, son rôle de médiateur est essentiel dans le règlement pacifique de crises intergalactiques. Il est appelé pour une mission autour d'un système planétaire étrange: Favor et Dunaskite sont deux planètes quasi jumelles reliées par un tube de diamant. La crise couve autour de questions économiques (entre autres le commerce et le transport de la fameuse Ambrozia) mais aussi politiques avec notamment au centre du jeu, des peuplades exilées des deux mondes qui se sont réfugiées dans le fameux Axis. Jarid aura fort affaire entre terrorisme, piraterie, raison d'État et génocide larvé.

Ce qu'il y a de fabuleux chez Genefort, c'est sa propension à fournir dans chacun de ses romans un monde foisonnant de détails allant du fonctionnement d'un système astronomique aux us et coutumes d'une peuplade reculée au fin fond d'un artefact extra-terrestre. On est gâté ici avec la mise en exergue d'une lutte de pouvoir pour avoir la main mise sur une denrée et un réseau de transport. On n'est pas loin de Dune dans les thématiques et le rendu est génial. On passe tour à tour des arcanes du pouvoir avec leurs manœuvres en sous main et leurs décisions iniques qui peuvent entraîner des massacres perpétrés au nom de l'intérêt supérieur de l'État. Cette valse diplomatique mortifère met à mal les principes d'un héros qui est loin de se douter des tenants et aboutissants des opérations en cours.

Il finira par rencontrer les habitants de l'Axis dans la deuxième partie du roman. Le lecteur est plus chanceux car il fait la connaissance dès le début de l'ouvrage avec la jeune Hutsuri qui vient de passer son rite de passage à l'âge adulte avec brio. C’est l'occasion de découvrir les origines et les traditions de ces peuples dépossédés de leur biens qui ont du s'installer dans le fameux tube diamanté. Vie rude et simple, ils se sont adaptés. D'autres ont littéralement continué leur évolution vers l'étape des post-humains à l'apparence bien différente de la notre. Alternativement, nous passons de Hatsuri à Jarid d'un chapitre sur l'autre, la rencontre aura bel et bien lieu et provoquera un certain nombre de conséquences importantes qui changeront à jamais la face de l'Axis et des deux planètes qui y sont reliées.

Texte de contrastes, Une Porte sur l'éther est une belle réussite aussi au niveau de la caractérisation des personnages qui bien que classiques dans leurs parcours se révèlent creusés à l'extrême et aussi très attachants. On se plaît à suivre les destins parallèles et pourtant si éloignés de Jarid et Hutsuri, la tension monte crescendo et franchement on tremble pour eux par moment. Il faut dire que les opposants sont aussi très bien croqués et rien ne semble pouvoir leur résister. Le space-opéra est ici jubilatoire, sans lourdeur et d'une belle portée emphatique (reproche parfois formulé envers ce sous-genre SF). L'écriture de Genefort reste toujours aussi accessible et concise, évocatrice à souhait et porteuse d'un message humaniste. On traverse cette lecture avec bonheur, le plaisir est renouvelé de visiter l'univers des Portes de Vangk (univers créé par l'auteur et développé en filigrane dans l'essentiel de ses romans SF). De beaux moments d'évasion. À lire pour tous les amateurs du genre!

Déjà lus et chroniqués du même auteur au Capharnaüm Éclairé :
- Mémoria
- Les Opéras de l'espace

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vendredi 20 novembre 2015

Nos Utopiales 2015

Il est temps de nous replonger dans la dernière édition du Festival Utopiales qui a eu lieu à Nantes il y a 3 semaines. Ce sera aussi l'occasion de revenir sur de bons souvenirs et en ce moment, il y en a besoin ! Alors c'est parti, en route pour la planète SF !

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Cette année, le thème du Festival International de Science-Fiction était "Réalité(s)". Qu'est-ce que la réalité ? Les Réalités augmentées, les Psycho-réalités, les Réalités alternatives... Tout un programme ! Autant vous dire que le thème nous importe peu puisque cela fait maintenant plusieurs années que nous allons au festival et qu'à chaque fois nous en ressortons enchantés. Cela pourrait être "Les Licornes" ou "Le Bottin à travers les âges", nous serions tout aussi intéressés. Et oui, Les Utopiales, c'est avant tout une ambiance, un état d'esprit et une multitude de choses à voir et à faire. Il y en a pour tous les goûts et tout le monde y trouve son compte.

♠ Côté conférences :

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Le programme tombe toujours assez tard, comprenez une semaine avant le lancement du festival, et chaque année, à J-7, c'est la course à l'hébergement et la mise en place de notre programme perso lorsqu'il est mis en ligne. Cette année, au vu des conférences et des auteurs présents, nous avons décidé d'y aller le vendredi. En général, nous n'y allons qu'une journée mais on a de plus en plus envie de faire le festival sur plusieurs jours et l'an prochain sera peut être (sans doute !) le passage de cap ! Comme d'habitude, il a fallu faire des choix et nous avons assisté à moins de conférences que les autres années.

A 13h00 sur la Scène Hetzel, nous étions à la conférence "Asiles psychiatriques et lieux de réclusion dans la science-fiction". De "L'Antre de la Folie" à "L'Armée des Douze Singes" en passant par "Arkham Asylum", les asiles et mondes-prisons jouent un rôle-clefs dans la science-fiction. Une conférence vraiment très intéressante à laquelle nous sommes arrivés un peu en retard suite à notre séance cinéma (dommage) et où l'on a pu noter quelques références pour de futures lectures et de futurs visionnages.

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A 14h00 à l'Agora de M. Spock, nous étions à la Rencontre entre Michal Ajvaz et Xavier Mauméjean. A ce moment là nous priions très fort pour que Michal Ajvaz obtienne le Prix Utopiales Européen pour son roman "L'Autre Ville" que Mr K avait adoré (et nous avons été exhaussé ! Encore bravo Mirobole !). La discussion fut ardue, technique et poussée mais ce fut un plaisir de voir ainsi attablé deux auteurs que nous aimons beaucoup au Capharnaüm éclairé et ainsi nous amuser de leurs approches d'écriture complètement différentes l'une de l'autre.

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A 17h00, nous avions rendez-vous avec Laurent Genefort pour une "Interro surprise sur... les extraterrestres !" à l'Agora de M. Spock où les festivaliers étaient invités à poser toutes les questions qui leur passaient par la tête sur les petits hommes verts. Une rencontre très sympathique à la fois drôle et intrigante.

A 20h00 sur la Scène Shayol, il était question des "Réalités-gigognes, de Philip K. Dick à Christopher Nolan !". Réalités emboîtées, factices, illusoires... au cinéma, dans la littérature et les comics / BD. Nous avons particulièrement aimé Daniel Tron à la modération. Nous l'avions déjà vu les années précédentes mais cette fois ci nous avons bien noté son nom. Avec sa bonne humeur, son humour et sa pertinence, je pense qu'il sait donner vie à n'importe quel thème. L'an prochain, je le suivrai à la trace je le sens ! Et puis avec un nom pareil, il n'aurait pas pu être ailleurs que dans la grande famille de la SF !

A 21h00, je suis restée au début de la Remise du Prix Verlanger, apprenant quelques minutes plus tôt qu'un hommage serait rendu à Ayerdhal, auteur de SF, décédé quelques jours plus tôt. Un moment d'émotion partagé avec bon nombre d'auteurs et d'amoureux de science-fiction.

♠ Côté cinéma :

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Nous avons décidé cette année de tester les courts métrages et nous nous sommes rendus à une session de Courts où nous avons pu voter pour le Prix du Public. Au programme 7 courts métrages et environ 1h30 de visionnage. Rien de neuf sous le soleil, nous n'avons pas vraiment été convaincu et avons voté pour "le moins pire". Oui, je sais, c'est vache, ça demande beaucoup de boulot tout ça mais quand ça passe pas ça passe pas. Nous n'avons rien vu de novateur ou de complètement dingo et avons eu l'impression de perdre notre temps. Pas sûr qu'on retente l'expérience dans les prochaines années.

♠ Côté expos :

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Manchu nous accueille dès l'entrée du festival. 25 ans de travail et d'illustrations sont ici exposés. Couvertures de romans pour Folio SF notamment, de BD chez Delcourt, travaux de recherches, croquis... Ce digne héritier de Caza nous en met plein les yeux.

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Au Pôle Jeunesse, nous découvrons Yvan Duque. Dans une aventure arctique, il s'amuse de personnages maladroits, les faisant évoluer dans de riches décors qui le font rêver. Vraiment une chouette découverte ! Je vais creuser du côté de cet illustrateur et quand on aura des nains, c'est tout à fait le genre d'illustrations que nous pourrions mettre dans leurs chambres. Vraiment top !

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(désolée pour les reflets, j'ai fait au mieux)

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(là tu peux laisser tes nains si tu as envie de t'en débarasser le temps d'une journée sans qu'ils soient traumatisés)

Pour les 20 ans de Série B, le festival a vu les choses en grand et nous fait entrer dans les coursives d'un vaisseau ! Fondé au début des années 90 par Fred Blanchard et Olivier Vatine, le label Série B est essentiellement né du désir de redéfinir la bande dessinée de genre, au moment où émergeait la "Nouvelle Bande Dessinée". Ici, ce sont de nombreuses BD, de nombreuses planches et quelques tables de travail qui nous sont données à voir. Très bonne idée !

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L'exposition "Wika" est celle qui nous a le moins plu. Olivier Ledroit, papa des "Chroniques de la Lune Noire", et Thomas Day s'associent et revisitent l'univers des fées. C'est très coloré et les filles sont très poumonnées. C'est sans doute mon côté féministe qui ressort (et celui de Mr K avec) mais la quasi omniprésence des gros nichons dans la BD me sort par les trous de nez...

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(il y avait tout de même de chouettes croquis, pour le reste je vous laisse faire la recherche parce que de notre côté, ça ne nous a pas convaincu...)

"Le Passage errant" de Sarah Scaniglia est un travail intéressant de photomontages mêlant détails architecturaux nantais et univers SF.

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"Galactik bricks" proposait au public pendant toute la durée du festival de créer une flotte galactique d’environ 800 vaisseaux en briques LEGO®. Un projet éphémère, original et unique au monde ! Nous étions là au début mais la flotte après 5 jours de festival fut impressionnante !

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♠ Côté rencontres :

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Nous avons passé pas mal de temps au bar de Mme Spock à discuter bouquins avec une éditrice chère à notre coeur. C'est aussi ça les Utopiales, des rencontres, des mots échangés, des bières éclusées... Nous avons aussi fait la connaissance IRL, très rapidement mais avec plaisir, de Mariejuliet et Ptite Trolle. Un tweet posté, une curiosité assouvie. La suite lors de prochaines éditions !

♠ Côté bouquins et dédicaces :

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Bienvenue dans le supermarché de la défonce des amateurs de lecture et de SF en particulier. Ici, t'as les yeux qui te sortent de la tête, t'as envie de tout acheter et tu fais de la muscu pour les 10 prochaines années de ta vie à trimballer tes sacs de bouquins ! Ici, c'est Nantes messieurs dames, c'est la plus grande librairie SF du monde !

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(ne sont-ils pas beaux tous ces petits Mirobole Editions ensemble !?)

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(et ces petits Folio SF !?)

Alors là tu respires bien fort hein, tu penses à ton banquier et tu te munis de ton plus beau stylo pour noircir les pages de ton carnet de plein de nouvelles idées de lecture ! Comment ça, t'en as pas besoin ? T'as déjà une PAL à faire peur ? Arrête, on n'en a jamais assez !

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(coucou les compétiteurs pour le Prix Utopiale Européen)

Achats Uto
(côté achats, voyez comme nous avons fait soft !)

C'est ici qu'ont lieu les séances de dédicaces. Pas de BD de notre côté cette année mais de belles rencontres et de belles retrouvailles avec nos auteurs favoris.

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Laurent Genefort, que nous avions rencontré l'an dernier, a conseillé Mr K pour la suite de sa découverte des Portes de Vangk, un Troll a rajouté un gag à notre exemplaire de "L'Instinct du Troll", Francis Berthelot a signé l'exemplaire d'"Hadès Palace" de Mr K lu et chroniqué au tout début du blog (que les articles étaient courts à l'époque ! (plus courts que l'article que vous êtes en train de lire !!! (hum !))) et on a pu donner notre avis sur la fin du film "Le Prestige" de Nolan à Christopher Priest (joke de l'an dernier où il avait présenté la séance de l'adaptation de son roman du même nom).

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Michal Ajvaz était tout seul à sa table ! Scandale ! Son roman "L'Autre ville" est tellement incroyable ! Lors d'autres séances, nous avons pu constater que ce n'était plus le cas. Ah quand même ! Jean-Claude Dunyach fut LA rencontre de cette année. Nous l'avions seulement croisé les années passées et suite à la lecture de son roman et quelques échanges sur Facebook, nous ne pouvions pas le louper. Jean-Claude est un amour ! Encore une belle rencontre grâce aux Utos ! Pierre Bordage bien sûr, le local de l'étape, celui que l'on est sûr de voir à chaque édition des Utopiales. Bientôt, je crois que tous les livres de Bordage présents dans la bibliothèque de Mr K (autant dire tous les romans de Bordage) seront dédicacés. C'est ça quand on aime... Et Mr K l'aime ! Et puis Xavier Mauméjean, notre chouchou, nous a donné une nouvelle liste de livres à lire avant l'an prochain. C'est maintenant une tradition et ses conseils sont toujours avisés. On repart avec une bonne dose d'amour pour l'année ! Merci !

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Hey Ho !? Y'a quelqu'un !? Vous êtes toujours là !? Oui je sais, c'est un gros pavé que je vous ai écrit aujourd'hui (je vous dis combien j'ai mis d'heures à sélectionner les photos, les retoucher, les uploader et rédiger ce billet ? Non il ne vaut mieux pas, c'est indécent et je saigne des doigts (des yeux aussi remarquez !)). Merci à vous d'avoir lu mon blabla jusqu'au bout. N'hésitez pas à nous laisser un petit mot en commentaires histoire de me rassurer en me disant que vous êtes toujours en vie ! 

Vivement l'an prochain ! A bientôt les Utos !

dimanche 3 mai 2015

Récidive quand tu nous tiens !

Non! Emaüs n'a pas encore frappé! J'y suis persona non grata jusqu'à au moins juillet pour éviter les craquages intempestifs... Malheureusement, mauvais temps oblige, nous nous sommes retrouvé à errer Nelfe et moi du côté de la zone commerciale du coin ce samedi et patatra! Troc.com est mon bourreau du jour avec un rayon livre très bien achalandé et qui m'a fait craquer... C'est ma faute, ma très grande faute! C'est terrible d'avoir aussi peu de volonté, je ne suis pas pour autant ruiné, n'ayant déboursé que la modeste somme de 12 euros pour cet ensemble. Il y a des passions bien plus onéreuses! 

Roulement de tambour, voici les nouvelles pièces adoptées!

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 - Pandora d'Anne Rice. Vampire et Rome antique avec cet ouvrage de l'auteur d'Entretien avec un vampire que j'avais adoré lors de ma lecture. Il était temps de replonger dans cette écriture virevoltante et évocatrice à souhait. Bien bien hâte de m'y remettre!

- La Dormeuse en rouge d'Andrea H. Japp. La quatrième de couverture m'a de suite attiré avec cette histoire de tyran domestique faisant vivre un enfer à ses proches et qui risque d'avoir des surprises! L'auteur a très bonne réputation, je vais donc tenter l'aventure!

- Vortex de Clive Cussler. Là, je suis obligé de balancer! C'est Nelfe qui me l'a mis entre les mains, je l'avais zappé dans le rayonnage et elle me l'a montré me confiant qu'il pourrait me plaire. Un aventurier, une antique île engloutie et des navires qui disparaissent... Pas de doute, c'était pour moi! Destinés, on était tous les deux destinés...

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- L'Utopie de Thomas More. Déjà lu dans le cadre de mes études d'Histoire, je ne l'avais pas dans notre bibliothèque. C'est l'occasion de le relire cette fois-ci pour le plaisir et avec mes 16 ans de plus. Je pense que je vais encore plus l'apprécier (et du coup déprimer quand à la conduite de notre monde actuel -sic-).

- Jusqu'à l'aube d'Albrecht Goes. Pendant la Seconde Guerre mondiale, pour sa dernière nuit, un déserteur allemand condamné à mort va parler avec un pasteur de la vie, de l'amour et de la mort. Je m'attends à un roman profond et puissant, il va être mis dans la colonne des ouvrages prioritaires!

Journal d'un corps de Daniel Pennac. J'adore cet auteur et j'ai eu la chance de tomber sur ce livre de 2012 en édition brochée de chez Gallimard! Il s'agit ici d'un journal intime basé sur le corps de celui qui le tient. Les quelques passages que j'ai pu lire m'ont fait grand effet, pas de possibilité donc de résister!

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- Le Chateau cannibale de Laurent Genefort. J'aime beaucoup les deux livres que j'ai pu lire de cet auteur qui s'était révélé charmant lors de notre rencontre lors des Utopiales 2014. Il est ici question d'aventure et de fantasy arabesque qui sentent bon la bonne vieille série B littéraire. Un bon divertissement en perspective! 

- Simulacres de Philip K. Dick. Un livre de mon auteur de SF favori que je n'ai pas encore lu! Je n'hésitai pas une seconde pour acquérir cette histoire de monde futuriste en pleine décadence où la réalité et l'illusion se mêlent sans distinction possible. On peut compter sur la logique paranoïaque de K. Dick pour nous livrer un grand moment de littérature! Bien hâte de lire celui-ci aussi!

- Le Pistolero de Stephen King. On peut dire que j'ai écumé le King étant ado et je m'en suis lassé. Bizarrement, je suis toujours passé à côté de son oeuvre plus fantasy. Il était temps de régler ce problème et ce premier volume de la saga mettant en scène Roland Pistolero me tendait ses petites pages... Verdict dans les mois à venir!

- En remorquant Jehovah de James Morrow. Coup de poker de ma sélection, l'histoire est complètement barrée comme je les aime. Dieu est mort et ses anges chargent un capitaine de navire de remorquer son corps de 3 km de long jusqu'en Arctique pour qu'il repose dans un tombeau construit à sa mesure. Mais voila, écologistes, féministes et même le Vatican ne voient pas les choses de la même manière... Étrange, vous avez dit étrange? Wait and see...

- Le Futur a déjà commencé, anthologie. Ce livre est une émanation du festival Étonnant voyageur de Saint Malo (que l'on loupe cette année par manque de préparation! Grrr!), on y retrouve de grands noms de la SF dont Norman Spinrad et Ayerdhal notamment qui à travers des nouvelles de SF qui parlent de nous, du monde autour de nous qui change et qui nous change. Tout un programme!

occaz sf

- T'ien keou de Genfort et Ponzio. Et de deux pour Genefort dans ma sélection avec cette BD de SF aux dessins bien léchés dont l'action se déroule dans un futur lointain où l'homme a débuté son exploration de l'espace. Je ne suis pas forcément fan des éditions Soleil mais la présence de cet auteur de talent au scénario m'a fait franchir le rubicon. Gageons que je ne me sois pas trompé! 

- Wolff et Byrd, avocats du macabre de Batton Lash. Pour les habitués du blog, vous savez que je suis un grand fan de BD d'horreur type 60' et 70' comme les anthologies Creepy, le dessinateur Richard Corben ou encore récemment le recueil consacré à Lovecraft par Horacio lalia. On retrouve dans cette BD le même style de dessin et un postulat plutôt fun: un cabinet d'avocats se spécialise dans la défense de monstres et d'entitées, le ton navigue entre humour et effets macabres. Ca promet!

occaz bd

Voila, voila! Y'a plus qu'à! Ma PAL qui avait quelque peu baissé retrouve son niveau d'il y a un mois. La tentation était trop forte... Reste beaucoup d'heures de plaisir multiforme en perspective qui me font saliver d'avance! Quant à Nelfe, elle est la Raison incarnée puisqu'elle n'a pas craqué du tout cette fois ci. Bravo!

vendredi 9 janvier 2015

"Memoria" de Laurent Genefort

genefort

L'histoire: Il travaille pour le compte des multimondiales qui se partagent l'univers. Il erre de planète en planète au gré de ses contrats. Il est le tueur à gages le plus redouté des mondes humains. Le plus cher, aussi. Nul ne sait qui il est véritablement. Pas même lui. Tel est le prix de son immortalité, qu'il doit à un artefact extraterrestre unique et qui ne le quitte jamais. Tout comme les "crises de souvenirs" qui le terrassent de plus en plus souvent. Des souvenirs dont il ne sait même pas s'ils sont les siens. Des crises qui masquent une terreur secrète, tapie au fond de lui sous la forme d'un cauchemar qui, inexorablement, se rapproche et menace de l'engloutir.
Le compte à rebours est engagé...

La critique de Mr K: Du même auteur, j'avais adoré Les Opéras de l'espace, une lecture enthousiasmante procurant une évasion totale et un bonheur de tous les instants. Je savais que Laurent Genefort serait présent aux Utopiales 2014 et il me tardait de le rencontrer et de lui dire tout le bien que je pensais de son œuvre. Patatra, j'oubliai le livre à la maison! Ne voulant pas passer à côté d'une belle rencontre, je décidai d'acheter un autre livre et de le lui faire dédicacer. Bel échange et une promesse à la clef: même univers mais un style plus polar. Il ne m'aura pas fallu longtemps pour céder à la curiosité...

On rentre directement dans le vif du sujet avec la confrontation entre le héros et une de ses cibles. En un chapitre, l'auteur nous résume la vie de son personnage principal: il se déplace de corps en corps en transposant à chaque fois sa mémoire et ses souvenirs dans un nouveau réceptacle, mêlant ses souvenirs et expériences avec ceux de sa victime grâce à une technologie inconnue et incomprise. Tueur à gages expérimenté, recherché mais aussi craint, peu à peu sa routine devient inquiétante par l'apparition de cauchemars de plus en plus prégnants. Qui est-il vraiment? D'où vient-il? Au fil des missions ici relatées (trois exactement), le voile va se lever sur ce personnage de plus en plus torturé par ses origines et lassé de son immortalité. L'auteur m'avait bien prévenu, on change radicalement de genre de SF avec ce volume.

On retrouve parsemé des éléments contextuels qui rappelle l'univers des Portes de Vangk (gigantesques artefacts permettant de se déplacer instantanément d'un point à un autre de l'univers) avec quelques descriptions soignées dont l'auteur a le secret. J'ai retenu tout particulièrement les éléments de végétations environnants du spatioport de Koh-Pat ou encore celle fort saisissante d'un météorite aménagé pour la vie humaine. Au gré des pérégrinations, on voyage donc beaucoup et l'on rencontre nombre de sociétés humaines aux mœurs et coutumes divergentes. Mais finalement, ce n'est pas cet aspect purement SF que l'on retient le plus dans Memoria.

En effet, ce roman est avant tout une sorte de quête intérieure. Non désirée au départ, elle s'insinue dans l'esprit du héros sans nom (il change d'identité toutes les centaines de pages) sous forme de visions cauchemardesque se déclenchant au départ lors des transferts mémoriels puis surgissant à l'improviste même dans des situations critiques où il pourrait se faire repérer. La tension va donc crescendo mettant le personnage aux prises avec des souvenirs surgissant du néant et se mêlant à d'autres fragments mémoriels étrangers. Il s'y perd et s'interroge beaucoup. Qu'est-ce qui est vrai? Qu'est-ce qui est faux? Peut-il se fier à ce qu'il voit? Ce qu'il ressent? Totalement embrouillé, il doit cependant penser à mener à bien ses contrats tout en essayant de faire le jour sur sa véritable identité. Cette tension permanente est remarquablement décrite par l'auteur qui nous plonge admirablement bien dans cette psyché torturée par ses déphasages mémoriels. On retrouve une ambiance semblable à celle ressentie à la lecture de certaines nouvelles de la grande époque de K. Dick: crise de paranoïa, danger omniprésent et invisible. La révélation vient nous cueillir aux deux tiers de l'ouvrage ne laissant finalement au héros qu'un seul choix logique à défaut d'être flamboyant. Ce n'est vraiment pas plus mal et cela rend le récit crédible et profondément humain.

On retrouve dans cet ouvrage tous les talents de conteurs de Genefort avec ici un style plus direct et économe en mots. On alterne réflexions intérieures et scènes d'action bien menées sans tape à l'œil inutile. Le background est très bien rendu et sert à merveille une histoire plus dense qu'il n'y paraît de prime à bord.

Au final, ce fut donc une lecture rapide et enthousiasmante. Ça devient une habitude avec cet auteur! Alors? Tentés?

Posté par Mr K à 19:10 - - Commentaires [4] - Permalien [#]
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