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- Derniers adieux
- À même la peau
- Retrouve-moi
- N'avoue jamais
"Au premier regard" de Lisa Gardner
L’histoire : L'agent du FBI Kimberly Quincy, le commandant D. D. Warren et Flora Dane, les trois héroïnes de Lisa Gardner de nouveau réunies.
Macabre découverte dans un petite ville de Géorgie. Les restes d'un corps humain, puis bientôt un charnier, révélés au grand jour... Est-ce le testament de Jacob Ness, le tueur en série qui a défrayé la chronique pendant des années avant d'être abattu ? Ou l’œuvre d'un complice ?
Aux côtés de la courageuse Flora Dane, survivante de Jacob Ness devenue justicière, les enquêtrices vont unir leurs forces dans une affaire sans précédent, dont une jeune fille, témoin impuissante de l'horreur, détient la vérité. Mais comment la protéger ?
La critique de Mr K : Qui dit mois de janvier dit sortie d’un nouveau thriller de Lisa Gardner, une auteure que j’adore et qui ne me déçoit jamais dans le domaine du suspense bien dosé et du page-turner addictif. Au Premier regard ne déroge pas à cela, c’est un très bon cru avec les trois enquêtrices de choc de l’auteure qui pour l’occasion les réunit autour d’une enquête qui révélera les pires vicissitudes humaines.
Un couple de randonneurs tombe nez à nez avec des ossements humains dans un trou paumé, une localité touristique de Géorgie dans une vallée forestière. Très vite, on retrouve une partie du squelette et une enquête du FBI conduite par Kimberly Quincy est dépêchée sur place. Comme on y trouve certaines similitudes avec les meurtres commis par le terrible Jacob Ness (voir les volumes précédents), D.D. Warren est aussi de la partie ainsi que Flora ex-victime de Ness devenue chasseuse de prédateurs. L’enquête va très vite s’emballer avec la découverte d’autres corps datant de plusieurs décennies, des cadavres plus frais vont aussi venir s’accumuler avec un déchaînement de violence qui va réveiller les vieux démons de cette ville à priori sans histoire.
Une fois de plus, je me suis fait embarqué dès les premiers chapitres. Lisa Gardner a le don de décrire avec concision ses personnages et situations, de distiller un intérêt à chaque scène qu’elle écrit et de créer l’attente. Le roman débute sur un chapitre écrit en italique où une petite latino nous raconte le meurtre atroce de sa mère tuée par un mystérieux méchant comme elle l'appelle. Lors de l’exécution, la balle la touche à la tempe la rendant muette et infirme. Qui est-elle ? Quel rôle joue-t-elle dans la trame générale ? C’est le fil rouge de la première partie du roman qui, une fois coupé, va libérer le récit et le rendre encore plus débridé avec des événements qui vont se précipiter et laisser le lecteur KO.
S’entremêlent à cette ligne directrice des chapitres mettant en scène les trois autres grandes protagonistes citées plus haut et c’est un vrai plaisir de les retrouver. C’est comme une espèce de réunion de famille où l’on retrouve des personnes que l’on n’a pas vu depuis trop longtemps. On prend des nouvelles, on en apprend de belles sur l’évolution de chacune notamment leur vie familiale, les affres qui l’accompagne et pour Flora la toujours difficile reconstruction. Clairement, il y a quelques longueurs, des redites qui sont là essentiellement pour les lectrices et lecteurs qui prendraient le chemin en route mais rien de rédhibitoire pour le fan que je suis. Ces trois là sont vraiment charismatiques avec pour ma part une préférence pour D.D. au caractère tempétueux à souhait mais qui s’est assagie après sa maternité. L’aspect féministe est ici indéniable, sans en faire trop, des clins d’œil réguliers sont faits envers les souffrances et épreuves que peuvent endurer nombre de femmes. Certaines d’entre elles sont aussi d’ailleurs peu recommandables dans le roman, notamment une que je n’ai pas vu venir et qui s’avère être un véritable monstre.
L’enquête en elle-même est bien menée, Lisa Gardner aime nous amener sur des chemins inconnus. Les hypothèses varient beaucoup au fil de la lecture, certaines fausse pistes par contre n’ont pas fonctionné avec moi et j’ai deviné assez vite la nature réelle des terribles événements qui se déroulent là-bas. Cela n’enlève rien à l’accroche durable du roman, sa qualité de page-turner implacable, chaque chapitre conduisant à une dernière phrase qui provoque l’excitation (et il faut attendre deux / trois chapitres pour savoir ce qu’il en est). Le procédé est classique mais d’une efficacité redoutable. Bon, on a affaire à un Lisa Gardner et dans ce domaine, elle assure toujours. Le microcosme des lieux, la paranoïa ambiante qui s’installe, les personnage du crû tantôt rassurants tantôt inquiétants, les esprits qui s’échauffent, les morts inattendues, les punchlines de la mort qui tue... Franchement, on ne s’ennuie jamais, niveau thriller c’est du haut niveau et la machinerie est bien huilée.
Ce fut donc un grand plaisir de lecture une fois de plus, le genre de roman qu'on ne relâche qu'à sa toute fin, le sourire aux lèvres. C’est efficace, très plaisant à lire et on en redemande. Vivement janvier 2024 !
"N'avoue jamais" de Lisa Gardner
L’histoire : Un homme est abattu de trois coups de feu à son domicile. Lorsque la police arrive sur place, elle trouve sa femme, Evie, enceinte de cinq mois, l'arme à la main.
Celle-ci n'est pas une inconnue pour l'enquêtrice D.D. Warren. Accusée d'avoir tué son propre père d'un coup de fusil alors qu'elle était âgée de seize ans, elle a finalement été innocentée, la justice ayant conclu à un accident.
Simple coïncidence ? Evie est-elle coupable ou victime de son passé ?
La critique de Mr K : C’est toujours avec grand plaisir que je retrouve Lisa Gardner pour un nouvelle lecture entre policier et thriller. La dame est douée et me fait penser à Mary Higgins Clark que j’ai adoré lire dans mes jeunes années. N’avoue jamais est donc le dernier né de cette auteure diabolique qui une fois de plus fait montre d’un grand talent pour nous mener par le bout du nez et provoquer chez nous une addiction durable et délectable.
Comme vous avez pu le lire dans le résumé au dessus, Evie a tout de la coupable idéale. Un passé douloureux, l’arme du crime à la main, tout indique qu’elle a supprimé son mari alors qu’elle est enceinte de cinq bons mois ! L’action démarre de suite et il n’y aura aucun temps mort jusqu’à l’ultime chapitre, dans un récit haletant fournissant comme d’habitude avec l’auteure son lot de fausses pistes, de révélations et de contre-vérités dont un certain nombre qu’on ne voit pas du tout venir.
Au cœur de l’intrigue trois femmes dont on suit le regard au fil des chapitres qui s’égrainent. Il y a Evie tout d’abord, coupable désignée mais aussi victime d’un passé qui ne cesse de la hanter entre culpabilité, incompréhension et une mère pour le moins envahissante. Professeur de math engagée dans le public, la chance qui semblait lui sourire s’écroule du jour au lendemain. Par le jeu des flashback, des rencontres et échanges qu’elle peut avoir, on va lever le voile sur sa nature profonde mais aussi sur certaines vérités bien dérangeantes.
On retrouve aussi D.D. Warren, une enquêtrice grande gueule, très perspicace et aux punchlines qui détonent. Récemment maman, cette folle de boulot a un rôle légèrement plus en recul dans cet ouvrage même si ses investigations vont se révéler très importantes pour résoudre le mystère. C’est surtout Flora qui prend beaucoup d’importance, ce personnage d’indicateur de D.D., ex victime d’un violeur en série, qui mène sa vie comme elle peut. Nous l’avions déjà croisé à deux occasions dans les ouvrages précédents, ici on plonge encore davantage dans sa psyché torturée. Des choses restent à régler sur la personnalité de son ravisseur, la reconstruction de la jeune femme et peut-être la quête de la rédemption. Flora est plus qu’attachante, c’est un porte étendard, une figure de la femme blessée, bafouée qui tente de s’en sortir malgré les obstacles. Fin et juste, son personnage hante ces pages et clairement porte le roman à lui tout seul.
Les seconds couteaux ne sont pas mal non plus entre les collègues policiers qu’on aime recroiser, la mère d’Evie qu’on adore détester mais qui dévoilera pas mal de nuances, l’avocat de la famille très paternel, un amateur de fait divers charmant et mystérieux... On se plaît très vite à échafauder toutes sortes d’hypothèses, on est dans un vrai Who’s done it qui se révèle bien tortueux et les orientations prises par notre esprit sont très souvent fausses. Et pourtant ! Je pratique Lisa Gardner depuis un certain temps mais elle est décidément une spécialiste du suspens et de la surprise.
L’ouvrage se lit donc très vite et très bien avec un intérêt constant, le récit et les révélations sont dosés avec finesse, les personnages sont charismatiques et notre curiosité est piquée du début à la fin avec une trame complexe qui se tient de bout en bout. Un bon crû une fois de plus, les amateurs ne doivent pas passer à côté.
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- Retrouve-moi
"Retrouve-moi" de Lisa Gardner
L’histoire : Découverte macabre à Boston : quatre membres d’une même famille sont retrouvés sauvagement assassinés chez eux. La mère, deux de ses enfants et son compagnon. Seule une personne semble avoir échappé au massacre : Roxanna, 16 ans, la fille aînée. Des témoins affirment l’avoir vue sortir promener les chiens avant les coups de feu. Heureux hasard ou aveu de culpabilité ?
En plongeant dans le passé de Juanita Baez, la mère des enfants, l’enquêtrice D. D. Warren découvre une histoire tourmentée, entre alcool, violences et familles d’accueil, qui pourrait laisser croire à une vengeance. Pourtant, plus elle avance dans l’enquête, plus la voix de Roxanna, victime ou suspecte, semble la supplier en silence : "Retrouve-moi"…
La critique de Mr K : J'ai terminé l’année 2020 en beauté avec la lecture de Retrouve-moi, le tout dernier Lisa Gardner qui sort en librairie aujourd'hui. Je suis un gros amateur de cette maîtresse du suspens qui n’est pas sans me rappeler Mary Higgins Clark, un amour de jeunesse de lecteur déjà accro aux thrillers bien menés. On retrouve dans cet ouvrage l’enquêtrice D. D. Warren ainsi qu’un personnage déjà croisé dans un ouvrage précédent. Par leurs regards et actes croisés, nous allons suivre une enquête pour le moins tortueuse suite à un crime infâme. Il m’a été vraiment impossible de relâcher cet ouvrage avant le mot fin tellement la magie Gardner a encore opéré !
D.D. Warren est appelée par ses collègues au petit matin. C’est un code rouge. Une famille a été retrouvée massacrée chez elle, seule l’aînée n’est pas dans les victimes et elle a totalement disparu. C’est le début d’un contre la montre qui va durer deux jours. On suit pas à pas l’enquête des services des police avec notre enquêtrice préférée et ses collègues qu’on a depuis le temps appris à connaître mais aussi via Flora, une ex victime d’un kidnapping, une "survivante" comme elle dit, qui compte bien s’incruster dans l’enquête ce qui ne va pas sans provoquer des heurts avec les forces de l’ordre. Cheminements croisés entre routine policière et actes plus borderlines et révélations en cascade sont au menu d’un thriller éminemment efficace.
Très vite, les deux enquêtrices vont s’intéresser de près à cette famille qui au premier abord semble idéale. Mais en creusant, le passé va livrer des vérités enfouies profondément qui ouvrent des pistes mais multiplient aussi les incidences dans le déroulé des investigations et l’évolution des hypothèses émises. Comme à chaque fois, derrière le glacis, Lisa Gardner frappe là où ça fait mal avec ici des enfants enlevés à leur mère alcoolique, placés dans un foyer qui n’en a que le nom. On rentre dans la psyché torturé d’enfants au mal-être terrible, aux réactions parfois violentes mais causées bien souvent par des adultes soit irresponsables, soit carrément pervers. La descente aux enfers est redoutable pour le lecteur qui se retrouve comme une souris entre les pattes d’un chat qui a soif de jouer avec nous. Lisa Gardner est véritablement diabolique et bien malin celui qui découvrira l’identité du coupable avant les derniers chapitres.
C’est un vrai plaisir de retrouver D.D.Warren, toujours aussi fort en gueule et finaude dans ses raisonnement même si ici elle devra bien malgré elle au début conjuguer avec Flora, une jeune femme qu’elle a sauvé d’une mort certaine dans le volume précédent. Devenue mère de famille, récemment remise d’une grave blessure au bras, plus sensible aussi avec son statut de mère (sans pour autant tomber dans la mièvrerie, faut pas abuser non plus !), D.D. Warren s’étoffe encore un peu plus dans ce volume qui au détour des rebondissements éclaire sa personnalité encore davantage, ouvre une fenêtre sur ses nouvelles priorités. Elle en devient un peu plus humaine même si elle continue à vivre pour son métier, sacerdoce essentiel de son existence.
Le personnage de Flora m’a un peu moins séduit. La survivante a créé un groupe de discussion et d'entre-aide pour les victimes mais je l’ai trouvé un peu stéréotypée ce qui la fait perdre parfois en crédibilité. Reste un personnage à vif, avide d’apporter son aide et quelque part à la recherche d’un sens à redonner à sa vie. La trajectoire bien que prévisible est tout de même bien gérée et l’on finit par y adhérer. Son personnage ne vous laissera sans doute pas indifférent en tout cas. Les autres protagonistes avec en premier plan les adolescents dont il est question sont remarquablement croqués, leurs relations complexes et ambiguës vous emmèneront vers des océans de perplexité parfois et s’amuseront à brouiller les pistes. On se fait quand même globalement bien avoir et la touche finale émeut au plus profond par sa conclusion finalement logique et tragique à la fois. Magistral.
Voilà donc plus de 450 pages qui se sont donc envolées à une vitesse folle, sans vraiment que je m’en rende compte. Cela devient une habitude avec une auteure qui n’a pas son pareil pour distiller le suspens et provoquer l’addiction. Dans le domaine du thriller psychologique, on est dans du haut de gamme et les amateurs s’en réjouiront. Vivement le prochain !
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"À même la peau" de Lisa Gardner
L'histoire : Fille d’un tueur en série et sœur d’une meurtrière à 14 ans, Adeline est devenue médecin, comme son père adoptif. Sa spécialité : la douleur, qu’une anomalie génétique l’empêche pourtant de ressentir. C’est dans son cabinet qu’elle rencontre l’inspectrice DD Warren, blessée à l’épaule sur une scène de crime. Elle a été poussée dans l’escalier mais n’a aucun souvenir de ce qui s’est passé. Alors qu’elle se laisse doucement séduire par les méthodes de sa thérapeute, DD Warren découvre que les meurtres sur lesquels elle enquête, des jeunes femmes écorchées, ressemblent étrangement à ceux commis par le père d’Adeline il y a plus de vingt ans...
La critique de Mr K : Chronique d'une lecture éclair aujourd'hui avec À même la peau, le dernier titre traduit en France de Lisa Gardner, tout juste sorti chez Albin Michel. Étant un fan quasi inconditionnel de la Dame, j'attendais avec impatience le nouvel opus des enquêtes de DD Warren, inspectrice forte en gueule entièrement dévouée à son travail. Pas de doute, dès le début, on est dans un Lisa Gardner, la mayonnaise prend immédiatement et il est impossible de se dépêtrer de ces pages tant on est pris par son sens unique du récit et du suspens.
On retrouve donc l'enquêtrice fétiche de l'auteure en bien fâcheuse posture. En revenant sur les lieux d'un crime, elle y croise le tueur en fuite qui la pousse et la propulse au bas des escaliers. En découle une grave blessure qui lui immobilise le bras et innerve son corps de douleurs insupportables. Quand on connaît le caractère retors du personnage, vous imaginez l'état de frustration dans lequel elle se trouve. Mis au placard pour cause de convalescence, elle n'en finit pas de pester sur son état et son incapacité temporaire de pouvoir aller bosser. Nombreuses sont les pages la mettant aux prises avec ses souffrances, distillant le doute chez un personnage pour le coup en état de faiblesse, situation peu commune pour DD Warren. Elle devra tout au long du roman se remettre en question et accepter la douleur pour pouvoir la dépasser. Long et rude est son retour à la normale et dans le domaine la description qu'en fait Gardner est une pure réussite.
En parallèle, on suit l'enquête menée par son équipe et son mari (prof à l'école de police), consultant pour l'occasion. Des jeunes femmes sont tuées selon un rituel effroyable : endormies puis tuées sans douleur, elles sont ensuite écorchées... Bon appétit ! Assez vite, les forces de l'ordre font le rapprochement avec des meurtres datant de quarante ans, même profil de victimes, même rituel sanglant. Le meurtrier d'alors étant six pieds sous terre depuis longtemps (Harry Day), difficile de pouvoir l'incriminer ! A qui a-t-on affaire ? Un Copycat ? Un fan cinglé ? Ou ne serait-ce pas l’œuvre d'une de ses deux filles survivantes ? Difficile d'éclaircir ce mystère entre un tueur insaisissable qui ne laisse que très peu d'indices derrière lui et des personnalités complexes qui se livrent peu... De fil en aiguille, le jour se fait peu à peu sur les ramifications d'une histoire qui n'épargnera personne et en premier lieu le concept de famille américaine tant vanté dans les productions US.
Au delà du personnage de DD Warren que j'ai trouvé particulièrement bien traité, j'ai adoré le traitement réservé aux deux sœurs par l'auteure. Elles sont très différentes l'une de l'autre : Shana est en prison pour perpétuité après de multiples meurtres et Adeline est devenue une psychiatre de renom spécialisée dans le domaine de la douleur (elle même est atteinte d'une affection rare qui l'empêche de ressentir la moindre douleur - comme un personnage de la première trilogie Millénium dixit Nelfe -). Chapitre après chapitre (alternance entre le point de vue de DD Warren et celui d'Adeline), la relation spéciale qui lie ces deux personnages est explorée en profondeur, faite d'attirance et de répulsion, d'amour et de ressentiment. On rentre dans la complexité de l'esprit humain, sa métamorphose au gré des expériences et sa capacité d'abstraction. Les visites en prison se succèdent, les discussions aussi et lèvent le voile sur des vérités enfouies profondément et sur la nature réelle des sentiments qui relient les deux sœurs. J'ai été vraiment conquis par ces deux personnages et la fin de l'ouvrage m'a laissé pantois les concernant, sentiment plutôt rare pour moi quand je lis des thrillers ou en général, on est rarement touché au plus profond de soi et de ses convictions.
On retrouve le don de l'auteure pour livrer une trame aux apparences classiques mais qui va dérouler des péripéties inattendues et des révélations surprenantes. Comme à chaque fois avec elle, on s'amuse à deviner qui a fait le coup, que cachent les masques exposés et je dois avouer que je me suis fait berner une bonne partie de l'ouvrage. Le sempiternel jeu du chat et de la souris fonctionne à plein, les menaces s'accumulent et les fausses pistes aussi. C'est ce qu'on en attend en premier avec ce genre de lecture et l'on n'est pas déçu ici avec en plus, ce talent hors pair que déploie l'auteure dans le tissage de sa toile et son style toujours aussi incisif et efficace. Un bon thriller qui fera plaisir aux amateurs du genre et comblera une fois de plus les fans de Gardner. Vivement le prochain pour ma part !
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"Derniers adieux" de Lisa Gardner
L'histoire : Est-ce parce qu'elle attend un enfant que Kimberly Quincy, agent du FBI, se sent particulièrement concernée par le récit incroyable et terrifiant d'une prostituée enceinte ? Depuis quelque temps, elles sont plusieurs à avoir disparu d'Atlanta sans explication, comme évaporées, et Kimberly est bien la seule à s'en préoccuper. Un serial killer s'attaquerait-il à ces filles vulnérables ? Aurait-il trouvé la clé du meurtre parfait ou s'agit-il de crimes imaginaires ? Sans le savoir, la jeune femme s'enfonce dans le piège tendu par un psychopathe. Comme pour sa mère et sa sœur, victimes autrefois d'un tueur en série, le temps des derniers adieux est peut-être arrivé pour Kimberly...
La critique de Mr K : Un Lisa Gardner, ça ne se refuse pas ! Elle est mon pêché mignon en terme de thriller et chaque lecture d'elle me procure toujours plus de plaisir. Derniers adieux n'échappe pas à cet adage, ce fut une fois de plus une expérience intense et haletante, typiquement le genre de livre qui vous emporte et ne vous laisse aucune chance de vous échapper ! À travers trois / quatre points de vue différents que l'auteure alterne de chapitre en chapitre, nous suivons une bien nébuleuse affaire qui nous plonge au cœur du Mal, de la déchéance humaine et de la souffrance.
Kimberly est enceinte et continue malgré tout à mener de front sa grossesse (elle en est à six mois) et son travail d'agente au FBI. Elle va se retrouver mêler à une affaire hors-norme via une prostituée enceinte qui lui fait des révélations inquiétantes. De nombreuses filles de joie disparaissent sans laisser de traces (sans que les autorités compétentes ne s'en alertent jusque là) mais tout laisse à penser qu'un certain nombre de ces cas seraient le fait d'un insaisissable serial-killer, amateur fétichiste des araignées. Au fil de l'enquête, l'étau semble se resserrer autant sur le tueur que sur l'enquêtrice, les menaces insidieuses s'accumulant notamment autour de Kimberley qui a de plus de plus de mal à gérer sa vie personnelle, son enquête et à faire la part des choses entre mensonge, vérité et manipulation. En parallèle, nous suivons le parcours chaotique de deux mômes livrés en pâture à des bêtes inhumaines et le point de vue du serial killer lui-même, ce qui densifie encore plus la trame principale du roman. Tout finit pourtant par faire écho dans un dernier acte tétanisant où la vérité éclate, n'épargnant personne !
Il n'y a pas à dire mais Lisa Gardner s'y entend comme personne pour mener ses lecteurs à la baguette et livrer un ouvrage au suspens intenable. Chaque court chapitre apporte un élément de réflexion, une révélation qui met à mal les hypothèses que l'on a pu échafauder précédemment. Pas le temps d'ailleurs de se remettre de ses émotions que le récit rebondit déjà sur un nouvel angle d'attaque, mêlant et démêlant l'écheveau de destins brisés et épouvantables. La tension monte insidieusement, les tenants et les aboutissants se révèlent très vite d'une grande complexité, faux semblants et façades s'écroulent et livrent au final une intrigue d'un rare machiavélisme qui fait froid dans le dos.
On ne s'ennuie pas une seconde et on est littéralement happé par la noirceur du récit. Rien ne nous est épargné ici, on côtoie vraiment les abysses de l'âme humaine avec notamment un bad guy dérangé à souhait, très bien caractérisé dans son attirance pour le Mal mais aussi ses fêlures intimes que l'on apprend à connaître et le font voir sous un jour nouveau. De manière générale, avec une once de caricature (on est dans un thriller tout de même), les protagonistes de ce roman sont fouillés et les interactions entre eux fonctionnent très bien, rendent l'histoire crédible et efficace. Impossible dans ces conditions de lâcher un ouvrage au charme vénéneux où enlèvement d'enfants, pédophilie et pédopornographie côtoient le sentiment de solitude, des rancœurs exacerbées et de la jalousie. Le cocktail est explosif, jamais voyeuriste. En effet, on ne tombe pas dans le gratuit ou l'exhibitionnisme malsain, l'auteure sait y faire et veut surtout proposer un récit trépidant. Et puis, comme dit précédemment, l'étude psychologique des personnages est d'une grande profondeur et lève le voile sur les capacités du cerveau humain à se protéger ou au contraire à se désinhiber. C'est violent, impressionnant et à sa manière éclairant.
Au final, malgré des thématiques rudes, on passe un très bon moment si on est amateur de thrillers froids et réalistes. L'écriture simple et efficace de Lisa Gardner fait merveille et l'addiction prend vite racine. Petit bémol sur la fin que j'ai trouvé un peu précipitée (même si le sous-texte final est lourd de sens et passionnant) mais il faut savoir clôturer une lecture. Tout est expliqué mais je crois que j'en aurais bien lu encore quelques pages... Une lecture très agréable en tout cas et que tous les amateurs du genre peuvent entreprendre sans risque !
Egalement lus et chroniqués du même auteur au Capharnaüm éclairé :
- Disparue
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- Les Morsures du passé
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Noël avant l'heure...
Dernier post d'acquisitions de l'année au Capharnaüm éclairé avec un énième séjour fructueux à notre centre Emmaüs préféré. Nous n'avons plus trop le moral depuis la disparition de notre très chère Tesfa, on essaie donc de se consoler comme on peut et quoi de mieux qu'un gros craquage pour oublier un temps la peine qui nous étreint le coeur. Comme vous allez pouvoir le constater, nous n'y sommes pas allés avec le dos de cuillère, y compris ma Nelfe adorée !
(Oui, oui tout cela ! On assume !)
17 petits nouveaux pour exploser nos PAL pourtant déjà bien portantes ! IRRÉCUPÉRABLES ? Pas seulement... Je pense qu'on est désormais dans le cas d'une pathologie grave et malheureusement incurable. Mais je vous connais... Ça vous plaît bien de nous voir nous enfoncer dans ce mal pernicieux du matérialisme littéraire à outrance ! Je vous pardonne bien volontiers et vous convie à me suivre pour la présentation des ouvrages nouvellement acquis.
(Actes Sud et compagnie, je vous aime !)
- "La Double vie d'Anna Song" de Minh Tran Huy. En tant que fervent adepte de littérature asiatique et de la maison d'édition Actes Sud, je n'ai pas résisté longtemps face à ce titre qui me tendait les bras. Suite à la disparition de la pianiste célèbre qui donne son nom à l'ouvrage, un scandale éclate sur la réalité de son travail artistique. Jeu de miroirs fascinant faisant à priori la part belle à la trahison et l'imposture, ce livre ne garnira sans doute pas très longtemps les étagères de ma PAL.
- "L'Accompagnatrice" de Nina Berberova. On reste dans le milieu musical avec les relations tortueuses entre une soprano issue de la haute société et sa jeune accompagnatrice bâtarde et pauvre relatées par une auteure russe que je vais découvrir avec ce roman. Antagonisme sournois des classes sociales et envoûtement de la musique sont au programme. Ca n'a pas l'air mal du tout !
- "Photo de groupe au bord du fleuve" d'Emmanuel Dongala. Ce roman raconte la révolte de casseuses de cailloux dans un pays de l'Afrique contemporaine contre la pauvreté, la guerre, l'oppression au travail, les violences sexuelles et domestiques. Un jour, elles décident de vendre le sac de gravier plus cher. La journée et les suivantes pourraient bien bouleverser leur existence à toutes, à défaut de changer le monde. Féminisme, portrait réaliste d'une Afrique loin d'être exotique et humour de bon aloi ont permis à l'auteur d'obtenir de nombreux prix pour ce titre, hâte de voir ce que cela donne !
- "Le Moine" de Matthew G. Lewis. Un des premiers romans gothiques qui fit scandale lors de sa sortie (1796 !) et qui fut interdit un moment car soit-disant licencieux. Un moine vertueux entre tous et apprécié de la bonne société de son époque va devoir confronter sa foi à ses désirs les plus sombres. On nous promet beaucoup dans le domaine des vicissitudes et une écriture à tomber par terre. Il n'en fallait pas moins pour que je me laisse tenter !
(Quand l'Histoire rencontre les histoires...)
- "Journal" d'Anne Frank. Un classique qu'on ne présente plus et dont j'ai utilisé des extraits il y a peu avec mes élèves de 3ème PEP lors d'une incursion dans la seconde guerre mondiale. Désirant le relire (ma lecture remonte au collège, c'est dire !), je me suis rappelé que je l'avais alors emprunté au CDI et que je n'en avais jamais fait l'acquisition (la honte, je sais !). L'occasion faisant le larron, c'est tout naturellement qu'il s'est présenté à moi lors de notre dernier passage chez l'abbé. Un futur re-reading entre Devoir de mémoire et émotion que j'entreprendrai très bientôt entre deux SP de janvier.
- "À l'ouest rien de nouveau" de Erich-Maria Remarque. La Guerre 14-18 entre à nouveau dans ma PAL, c'est une de mes marottes régulières en littérature historique avec ici le témoignage d'un soldat allemand sur le conflit pour un roman pacifique et réaliste dont j'ai beaucoup entendu parlé. Gros succès mondial lors de sa parution en 1929, je ne doute pas un instant que la lecture de ce roman sera bouleversante.
- "Le Café de l'Excelsior" de Philippe Claudel. J'aime les histoires tendres et souvent pleines d'émotions de Philippe Claudel, c'est donc tout naturellement que j'acquiers automatiquement tous les ouvrages d'occasion qui me tombent entre les mains. Ici un petit garçon ayant perdu ses parents va habiter avec son grand-père qui tient un bar, lieu d'oubli et assommoir pour les êtres qui le fréquentent mais aussi un petit paradis vu à travers les yeux d'un enfant. Très prometteur !
- "Ce que le jour doit à la nuit" de Yasmina Khadra. Typiquement le genre d'acquisition pulsionnelle et maso que je pratique régulièrement, avec ce choix un auteur adoré pour un sujet difficile : la guerre d'Algérie. Je suis sûr d'avance que je vais adorer cet ouvrage malgré les horreurs qu'il va me décrire car Yasmina Khadra n'a pas son pareil pour décrire les splendeurs et décadences de notre espèce. Une lecture redoutée donc...
(Du thriller en veux-tu ? En voila !)
- "Cadres noirs" de Pierre Lemaitre. Dans cette course à la sélection, un cadre de 57 ans au chômage depuis quatre ans ne reculera devant rien pour être choisi. Cependant, quelle réaction pourrait-il bien avoir s'il se rendait compte que les dés étaient pipés depuis le départ ? On peut compter sur Pierre Le Maître (un auteur que j'aime par dessus tout) pour explorer les abysses de l'esprit humain et lâcher les chevaux. M'est avis que celui-ci aussi ne restera pas bien longtemps dans ma PAL !
- "Derniers adieux" de Lisa Gardner. Une agent du FBI enceinte travaille sur les disparitions mystérieuses de plusieurs prostituées. Peu à peu émerge l'idée d'un serial-killer qui frapperait déjà depuis de nombreuses années, un piège invisible semble alors se refermer inexorablement autour de l'héroïne. Je n'ai pas réfléchi plus de deux minutes, j'adore Lisa Gardner et une lecture d'un de ses ouvrages promet forcément un suspens haletant et un plaisir de lecture durable. Hâte d'y être !
- "Seul à savoir" de Patrick Bauwen. Facebook comme révélateur d'un passé qu'on ne veut pas oublier pour l'héroïne, Patrick Bauwen explore avec ce roman les arcanes de la recherche médicale de pointe, le circuit de l'argent sale et les nouvelles technologies. Ayant déjà pratiqué avec bonheur cet auteur, je me suis laissé tenté. Wait and read !
(Non, vous ne rêvez pas, Nelfe tient ici son record de craquage même si elle ne me dépasse pas... faut pas rêver non plus !)
- "Puzzle" de Franck Thilliez. Amatrice forcenée (et il faut bien l'avouer sadique, elle me fait peur parfois) de thriller, Nelfe était toute contente de tomber sur cette pièce de choix de Franck Thilliez, un auteur qu'elle apprécie beaucoup. Deux spécialistes des chasses au trésor vont participer au jeu ultime Paranoïa qu'ils souhaitaient intégrer depuis longtemps. À priori, ils ne seront pas déçus...
- "Am Stram Gram" de M. J. Arlidge. Là encore une heureuse trouvaille pour une Nelfe qui avait inscrit cet ouvarge dans sa wish list. Des paires de victimes sont enlevées, emprisonnées et confrontées à un terrible choix : tuer ou être tué. Gasp... le genre de choix impossible que l'auteur va prendre un malin plaisir à exposer à ses lecteurs. De la bonne perversité au programme, tout pour plaire à ma douce et tendre. Je commence à grave flipper moi là...
- "Amelia" de Kimberly McCreight. Une mère d'adolescente apprend que sa fille a sauté du toit de son établissement scolaire. Ce suicide était totalement imprévisible à ses yeux et un mystérieux message anonyme envoyé plus tard semble sous entendre qu'il s'agirait d'un meurtre... Aie aie aie, ça va chauffé dur et les appétits de Nelfe en matière de récits tortueux vont être sans doute mis à rude épreuve. Purée, il faut que je prenne mes précautions et que je retouche mon testament moi...
- "Dans le silence du vent" de Louise Erdrich. À la fin des années 80, une femme amérindienne est agressée, battue et violée. La vie de son fils de treize ans s'en voit bouleversée et devant la lenteur de la police à tenter de résoudre ce crime, il va mener l'enquête avec ses potes. Un roman qui promet d'être déchirant avec un ado confronté à la violence et à l'injustice. sans doute un ouvarge que je repiquerai à Nelfe après sa lecture.
- "Rendez-vous à Crawfish Creek" de Nickolas Butler. Dix nouvelles, dix balades le long des routes du midwest. Un choix logique et sans doute imparable quand on sait que Nelfe et moi sommes fans de la collection Terres d'Amérique de chez Albin Michel. Ici les destins se croisent entre réalisme et poésie pour nous livrer des portraits sans fards d'âmes du Wisconsin. Aaaarg, je le lui piquerais bien aussi !
- "À moi pour toujours" de Laura Kasischke. Une professeur d'université reçoit un billet doux d'un mystérieux admirateur. Ce qui s'annonce tout d'abord comme une lumière brillante dans une vie morne va en fait totalement désorganiser sa vie et la faire chavirer. Au Capharnaüm éclairé, on adore Laura Kasischke, impossible donc de résister à la tentation que représente un livre de cette poétesse des temps modernes qui n'a pas son pareil pour dépeindre les femmes, leurs tentations et leurs désirs.
Au final, une sacrée bonne sélection qui va intégrer les anciens volumes de nos PAL respectives. Dur dur de résister face à des auteurs adorés ou des quatrièmes de couverture attrayantes. Reste maintenir à lire tout cela et à en juger la qualité à travers les chroniques à venir dans les semaines, mois et années à venir. Y'a du boulot !
"Le Saut de l'ange" de Lisa Gardner
L'histoire : Nuit noire et pluvieuse sur le New Hampshire : au détour d'une route, une voiture fait une violente embardée. Au volant, Nicole ne se souvient de rien, sauf d'une chose : sa fille, qui était avec elle, a disparu. Si les recherches de la police confirment la présence d'une autre personne lors de l'accident, le mari de Nicole prétend que l'enfant n'a jamais existé... Qui croire ? Que s'est-il réellement passé cette nuit-là ?
La critique de Mr K : Le tout nouveau Lisa Gardner vient de sortir et c'est encore une belle réussite. Il faut dire que cette auteure fait partie de mes préférées et qu'elle ne m'a que très rarement déçu. La reine du thriller est donc de retour aujourd'hui avec une histoire bien trouble, un suspens dosé avec maestria et un récit haletant qui m'a rendu addict pendant deux jours de lecture en terres pétrocoriennes.
Nicole survit à une terrible sortie de route un soir de pluie dans l'Amérique profonde. A la stupeur et le choc s'ensuit la panique : sa fille qui l'accompagnait a disparu. La police se lance de suite à la recherche de la petite Vero qui semble ne pas avoir laissé de traces. Très vite, un problème de taille s'impose aux deux policiers chargés de l'affaire : le mari de Nicole prétend qu'ils n'ont jamais eu d'enfant et que sa femme a subi récemment deux traumatismes crâniens consécutifs qui ont endommagé sa mémoire et ses souvenirs. Bien difficile dans ce cas là de démêler le vrai du faux et pourtant... l'étau semble se resserrer sur la jeune femme qui au fil de sa quête de vérité va passer de Charybde et Scylla.
Dans un procédé désormais classique en narration, Lisa Gardner partage ses chapitres à travers les différents points de vue de ses personnages. Ainsi, une fois sur deux, nous pénétrons dans l'esprit embrumé de Nicole qui chavire carrément dans la folie et le trouble de la personnalité. Femme très complexe, elle semble abriter plus d'une identité en elle, navigant à vue avec une foule de souvenirs morcelés sans réels rapports les uns avec les autres. Traumatisée par des événements passés, dépendante à l'alcool, en ménage mais pas vraiment heureuse, la soupape de sécurité semble avoir lâché juste avant le fameux accident. La boîte de Pandore est ouverte et le lecteur ne sait à quel saint se vouer, tant l'auteure s'amuse à disperser les pistes et les axes d'interprétation. Surtout que le personnage de Thomas (le mari) rajoute au mystère entre sur-protection et ombre parfois menaçante... Difficile de jauger ce protagoniste ambigu à l'aune de la perception parcellaire de sa femme et l'avis des limiers chargés de l'enquête.
Dans Le Saut de l'ange, on est bien content de retrouver le duo de choc et de charme formé par Wyatt Foster et Tessa Leoni, l'un est flic de terrain, l'autre est devenue agente de sécurité pour une boîte privée et lutte contre un passé criminel entr'aperçu lors d'une lecture précédente. Leur côté parfois très terre à terre et profondément humain contrebalance le drame qui se joue avec l'accident de Nicole. Peu à peu, le simple accident de la route se révèle être bien autre chose... Mais dieu qu'il est difficile de faire le lien entre cet événement, des éléments de dossier nébuleux sur le passif de ce couple à la bougeotte facile et les fragments d'interrogatoires cohérents qu'ils arrivent à arracher à Nicole. Un témoin borderline, les limites de la loi qu'il faut parfois transgresser pour pouvoir progresser dans son enquête, les éléments contradictoires qu'il faut pourtant rassembler pour approcher de l'ultime révélation, les problèmes personnels qui s'en mêlent... Il ne faut pas moins de 470 pages pour découvrir tous les méandres d'une histoire partant pourtant d'un postulat plutôt simple.
A la manière des meilleurs page-turner, on enchaîne les pages avec bonheur et délectation. Les révélations s'égrènent par petites touches et mettent à mal toutes les déductions que l'on peut faire. Quel plaisir de se faire balader et de devoir réviser son jugement sur les suites de l'histoire et même sur les personnages qui se révèlent bien souvent très différents dans leurs intentions profondes que ce qui nous est donné à voir de prime abord. Ce titre est ultra-efficace dans le domaine et c'est continuellement pris à la gorge par un suspens parfois insoutenable (la fin est un modèle du genre) que l'on poursuit sa lecture, quitte à passer parfois pour un asocial (pardon à ma belle famille -sic-). L'écriture reste fidèle à ce que l'on a déjà côtoyé quand on lit du Gardner : simple, efficace et parfois complètement barrée lorsque l'on rentre dans l'esprit d'un personnage dérangé. Je me souviendrai pour ma part très longtemps de Nicole et de sa trajectoire de vie.
Une très bonne lecture donc qui se range direct dans la catégorie des très bons thrillers psychologiques : histoire tordue à souhait, personnages charismatiques qui emportent l'adhésion du lecteur immédiatement et une écriture qui sert remarquablement l'histoire et le suspens. Un bon titre pour une auteure qui confirme une fois de plus tout le bien que je pense d'elle.
Egalement lus et chroniqués du même auteur au Capharnaüm éclairé :
- Disparue
- Sauver sa peau
- La maison d'à côté
- Tu ne m'échapperas pas
- Arrêtez-moi
- Les Morsures du passé
Acquisitions estivales
À la faveur d'un séjour au sein de ma belle-famille du Périgord (Ouais, je sais... j'ai carrément de la chance !), j'ai de nouveau craqué... Nelfe nettement moins, mais vous connaissez bien désormais son côté raisonnable. Comme à chaque fois que nous séjournons à Périgueux, il y a des étapes incontournables par lesquelles nous devons passer. D'abord, la Démothèque de Bernard, caverne d'Ali Baba pour tous les amoureux de musique. J'ai pour ma part adopté le fabuleux CD Pet Sounds des Beach Boys (enfin surtout l'oeuvre de Brian Wilson, voir le très beau film Love and mercy qui nous a scotché récemment). Et puis, place à une brocante bien fournie en livres en général et parfois en titres de qualité... Voyez le résultat !
11 livres de poche et une BD pour moi, et un livre pour Nelfe. Bonne pioche, non ? J'ai eu la joie de pouvoir trouver des titres d'auteurs hautement appréciés et compléter des séries en cours mais il y a aussi dans ces trouvailles de belles promesses de lecture avec des coups de coeur et des coups de poker. Suivez le guide pour la traditionnelle présentation des nouveaux adoptés !
- L'Ombre du tueur et Exit music de Ian Rankin. Oh joie ! Deux Ian Rankin que je n'ai pas encore lus ! Mes précieux ! J'adore son héros John Rebus dont j'ai d'ailleurs lu une des enquêtes durant ce séjour dans le sud-ouest (chronique à venir dans les prochaines semaines). C'est la promesse de retrouver l'Écosse crépusculaire, la ville d'Edimbourg et des personnages aimés, appréciés à qui il arrive toujours un nombre incroyable de choses. Il ne doit plus me manquer beaucoup de titres de la série.
- Histoires à mourir debout, collectif d'auteurs de la Série noire de Gallimard. Belle initiative que ce recueil de nouvelles noires datant déjà de 1989... Peu importe, ce sera l'occasion de retrouver certains auteurs déjà lus et appréciés et découvrir de nouvelles plumes. Je suis adepte à mes heures perdues de nouvelles sanglantes et implacables. Je crois que je ne serai pas déçu !
- Jusqu'à ce que la mort nous sépare de Lisa Gardner. Là encore, la chance m'a souri en mettant sur ma route ce titre de Lisa Gardner que je n'ai pas lu. Encore une auteure que j'aime tout particulièrement et qui ici va mettre à mal l'institution du mariage avec un mari en apparence sans défauts qui va se révéler être légèrement dérangé... Suspens et page-turner en vue !
- Kraken de China Miéville. C'est tout d'abord la couverture qui m'a attiré l'oeil, car oui, j'aime les tentacules ! Et puis, à la lecture de la quatrième de couverture, on nous promet un Londres interlope, des personnages totalement allumés et un auteur à l'imagination débordante dans la lignée d'un American Gods de Gaïman. Tout part de la disparition improbable d'un calmar géant de huit mètres du muséum d'histoire naturelle de Londres... Pas besoin de m'en dire plus pour me convaincre, j'ai hâte de m'y mettre !
- L'Enfant des cimetières de Sire Cédric. Je vais tenter d'appréhender le "phénomène" par ce premier titre. Entr'aperçu au Hellfest il y a quelques années derrière la horde de jeunes filles en fleur prenant d'assaut son stand pour obtenir une dedicace, l'auteur jouit d'une certaine réputation et je m'étais dit à plusieurs occasions que j'essaierai bien de le lire. L'occasion fait le larron et L'enfant des cimetières promet beaucoup entre vague de meurtres sordides et de suicides et une enquête aux confins du réel. Wait and read !
- La Maison interdite de Dean R. Koontz. Un homme se réveille tous les matins dans un lieu différent, couvert de sang et de dollars, totalement amnésique. Pourquoi et comment ? C'est à la découverte de ces vérités que Koontz nous convie avec pour ma part ma première lecture de cet auteur qui bizarrement n'a jamais retenu mon attention malgré une propension à susciter la peur selon divers avis d'amis. Il est plus que temps que je rattrape le temps perdu avec ce titre qui me donnera envie ou non de poursuivre l'exploration de l'oeuvre de cet auteur.
- Le Ventre de l'Atlantique de Fatou Diome. Une lecture d'actualité avec cette histoire centrée sur les destins d'immigrés aux fortunes diverses et qui naviguent constamment entre espoirs et déceptions. Le sujet m'intéresse et je pense qu'on sera à 10000 lieues des clichés et réactions nationalistes dont on nous abreuve à longueur de temps jusqu'à la nausée. De plus l'auteur m'a été fortement recommandée par des collègues qui s'en servent régulièrement pour parler avec les jeunes dont ils ont la charge. Je crois que je peux plus reculer là... Sans doute, une de mes prochaines lectures.
- Les Nuits blanches et Le Sous-sol de Fiodor Dostoïevski. Que de plaisir partagé avec les lectures de cet immortel de la littérature russe, j'ai notamment adoré L'Idiot (un livre culte à mon avis !) et Crime et châtiment (même chose !) qui m'ont laissé un souvenir incroyable entre reflet sans concession de l'âme humaine et écriture incroyable. Ici, il s'agit de deux courts récits réunis en un seul volume avec une histoire d'amour qui finit mal et un maniaco-dépressif en proie à ses démons. Tout un programme !
- Bord de mer de Véronique Olmi. J'avais apprécié de la même auteur Un autre que moi sorti en début d'année. Le hasard me propose de revenir à Véronique Olmi par le biais de cette histoire âprement simple d'une femme qui emmène ses deux petits garçons en vacances pour la première fois et ceci en pleine nuit, sous la pluie et en dehors des périodes scolaires. Les petits sont inquiets, personnellement moi aussi ! Les éditeurs parlent d'un cri dérangeant, terrifiant et déchirant rien que ça ! Je suis bien curieux de lire ce qu'il en retourne !
- Pauline d'Alexandre Dumas. Impossible de dire non à cet ogre de la littérature qui m'a toujours enthousiasmé par son sens du récit et son érudition contagieuse. On flirte ici avec l'aventure, l'amour et le roman noir à l'anglaise avec la jeune Pauline mariée à un homme diabolique. Je sens que ça va valser sous la couette. Chouette !
- Le Caillou rouge et autres contes de Bazzoli et Caza. Pour tout vous avouer, je n'ai même pas regardé l'intérieur avant de l'acheter, je ne savais pas à quoi ça ressemblait et ce que ça racontait. Mais que voulez-vous, on est fan de Caza ou on ne l'est pas. Les oeuvres du maître restent onéreuses avec le temps et quand une occasion comme celle-ci se présente, on ne passe pas son tour. On se précipite et on défend son acquisition corps et âme. Vous vous dîtes que j'exagère ? Vous vous trompez, je suis bien pire que cela !
- Nulle et grande gueule de Joyce Carol Oates. Et voila, la seule et unique acquisition de Miss Nelfe qui pour l'occasion s'est laissée tentée par une de ses auteurs fétiches qui à priori est très douée pour explorer la noirceur de l'âme humaine. Ce roman est placé sous le sceau du soupçon et de la rumeur dans une société en butte au conformisme et à l'hypocrisie. Le genre d'histoire qui ravira j'en suis sûr Nelfe.
Bon ben voila, l'étendue des dégâts ! Et encore, sous les injonctions insistantes (et fondées) de ma chère et tendre, j'ai relâché deux / trois ouvrages qui me faisaient de l'oeil. Les PAL ne s'en voient pas trop augmentées malgré une stagnation inquiétante avant la Rentrée Littéraire qui s'annonce pour très bientôt. Aaaaah, la vie est dure parfois...
"Les Morsures du passé" de Lisa Gardner
L'histoire : Dans la pièce, cinq corps. Ceux des membres d'une même famille. Une balle dans la tête, le père respire encore faiblement. De toute évidence, cet homme couvert de dettes a décidé d'assassiner les siens avant de se donner la mort. Appelée sur les lieux, l'enquêtrice D. D. Warren comprend immédiatement que l'affaire est plus compliquée qu'il n'y paraît : sur la table du dîner, six couverts avaient été dressés...
La critique de Mr K : Lisa Gardner et moi, c'est une grande histoire d'amour avec ses hauts et ses bas. Je suis sévère, en fait je n'ai été déçu qu'une fois. J'aime beaucoup son écriture, sa science du suspens et le côté tordu des personnages en présence. Et puis, au fil de mes lectures, je me suis attaché à D.D. Warren, son enquêtrice de choc et de charme qui n'a pas sa langue dans sa poche. L’occasion s'est présentée lors d'un chinage de lire un nouvel opus de la diabolique écrivaine et pas n'importe quel titre : Les Morsures du passé est considéré par beaucoup comme son meilleur ouvrage ni plus ni moins... La pression était forte et c'est avec de grandes attentes que j'entamai ma lecture.
Le postulat de départ ressemble furieusement à l'affaire Xavier Dupont de Ligonnès à Nantes il y a quelques années. Les cadavres de toute une famille sont retrouvés dans une maison, tout laisse penser que le père a supprimé tous ses proches et qu'il a tenté par la suite de mettre fin à ses jours. Mais il y a un hic, un couvert de trop sur la table du salon qui titille D.D.Warren ! Très vite, elle va être confrontée à d'étranges personnalités, à de nouveaux meurtres et à une multiplication de pistes ne menant nulle part... On navigue constamment dans une atmosphère trouble, faite de faux-semblants et de révélations qui s’enchaînent.
C'est avec trois points de vue différents que Lisa Gardner choisit de nous relater un récit terrifiant et glaçant. Il y a tout d'abord son inspectrice, éternelle célibataire, vouée corps et âme à son travail qui tente de trouver chaussure à son pied. Son emploi du temps de ministre et son caractère peu amène ne lui facilite pas les choses. On retrouve son côté tête brûlée et buté qui divise beaucoup les lecteurs, j'ai finalement adopté cette boule d'énergie qui ici laissera quelques plumes au passage. On la suit avec son équipe et un nouveau venu, ersatz de George Clooney, prof à l'école de police qui va seconder D.D. sur cette enquête peu commune. Il y a Victoria, mère célibataire qui tente de s'en sortir avec Evan, son fils de huit ans atteint d'une grave maladie mentale et qui commence à lui faire carrément peur par ces saillies cruelles et cyniques et des actes de violences qui montent crescendo. Et puis, on retrouve un chapitre sur trois Danielle une infirmière en pédopsychiatrie au passé nébuleux que l'on sent prégnant et mortifère. Elle ne s'en est jamais remise et on la sent sur la corde raide tout au long du récit surtout que dans son unité de soin, elle est confrontée à l'abomination au quotidien, des gamins complètement branques qu'on tente de soigner sans médicaments ni contraintes. Tout un programme !
L'action démarre dare-dare et pas question de souffler une seule minutes durant les 600 pages du livre. C'est la patte Gardner, cette capacité à maintenir intact sur le long terme le lecteur accroché par une descente aux enfers aussi inexorable que fascinante. Dans Les Morsures du passé, il est question du poids de notre vécu avec les souffrances qu'il peut enfanter. Croyez-moi, on passe de Charybde en Sylla, Lisa Gardner faisant preuve d'une imagination débordante dans le sordide et l'exploration des esprits malades. La majeure partie de l'histoire se déroulant dans une unité psy pour enfants, les thématiques sont renforcées et l'empathie totale envers ces petits êtres pas si innocents que cela et des adultes en roue libre. Loin de se contenter d'ajouter l'horreur à l'horreur, elle construit tranquillement sa toile, la trame prenant une dimension supplémentaire jour après jour (division des chapitres d'un jeudi au lundi qui suit), menant vers un final haletant qui en surprendra plus d'un.
La science de l'écriture de Lisa Gardner n'est plus à prouver. On est dans du page-turner efficace, simple d'accès mais terriblement addictif et profond. Personnages attachants, souci du détail, histoire qui se tient de bout en bout, ce titre est un des meilleurs de Gardner, à ranger près de La Maison d'à côté qui reste pour moi le best of the best. Mais franchement, celui-ci est très bon, ce serait dommage de s'en priver si on est amateur de frisson et de suspense. À bon entendeur !
Egalement lus et chroniqués du même auteur au Capharnaüm éclairé :
- Disparue
- Sauver sa peau
- La maison d'à côté
- Tu ne m'échapperas pas
- Arrêtez-moi
"Arrêtez-moi" de Lisa Gardner
L'histoire: Que feriez-vous si vous connaissiez le jour et l'heure exacts de votre mort? Pour Charlie Grant, ce sera le 21 janvier à 8 heures précises, dans quatre jours. Comme ses deux meilleures amies.
Et elle souhaite que ce soit l'inspectrice D.D. Warren de la police de Boston qui se charge de l'enquête. Prise par la traque d'un tueur de pédophiles, D.D. Accepte à contrecœur. Mais dès qu'elle plonge dans le passé de la jeune femme, son instinct lui souffle que celle-ci ne lui a pas tout dit...
Un coupable peut en cacher un autre: avec Lisa Gardner, il faut toujours se méfier des apparences!
La critique de Mr K: Je dois avouer que ma dernière incursion chez Lisa Gardner m'avait quelques peu refroidi. Passé le bonheur de lecture procuré par deux / trois romans, j'avais trouvé Tu ne m'échapperas pas surfait et finalement anecdotique. L'adage populaire dit que l'occasion fait le larron et elle s'est présentée pour lire sa dernière production. Bien m'en a pris car à défaut d'inventer l'eau chaude, Lisa Gardner nous sert un page-turner efficace et rondement mené.
Alternativement, chapitre après chapitre, nous côtoyons une jeune fille (Charlie) persuadée qu'elle va être assassinée dans trois jours à la même date que ses deux meilleures amies aux deux années précédentes. Obsessionnelle, préparée à cette échéance (combat rapproché, tir, musculation), elle contacte D.D. Warren, l'enquêtrice de choc et de charme récurrente dans l'œuvre de Gardner. Cette dernière ne prête au premier abord qu'une oreille discrète aux élucubrations de cette jeune femme en détresse et visiblement borderline. En effet, elle a une enquête autrement plus importante à ses yeux à mener sur une série de meurtres où les victimes sont toutes des pédophiles repentis ou non. Maman depuis quatre semaines, Warren passe des nuits agitées et doit cependant se consacrer entièrement à cette enquête qui l'émeut profondément. Dernier point de vue développé, celui d'un gamin de huit ans (Jesse) qui fréquente un site de jeu en ligne pour enfants... malheureusement pour lui, on peut y faire de très mauvaises rencontres. De ces trois personnages, trois intrigues vont bien évidemment converger vers un final haletant dont Lisa Gardner a le secret. Belle petite claque que ce Arrêtez-moi.
Cette fois-ci Lisa Gardner ne se fourvoie pas dans la caricature et nous offre des personnages ciselés et évolutifs. J'ai particulièrement apprécié les personnages de Charlie et de Jesse. La jeune femme est une ancienne victime d'abus et de violences dans sa prime jeunesse, sa mère était folle à lier (atteinte du syndrome de Munchhausen). Elle en a gardé des fêlures et une tendance à se renfermer sur elle-même. Pas de vie sentimentale, pas vraiment de vie sociale, elle ne vit pas vraiment, elle s'adapte continuellement. La menace invisible qui pèse sur elle la mine et l'amène à explorer les zones d'ombre de sa mémoire. Gare aux révélations! Très bien menée, cette progression intime se fait naturellement avec une tension sous-jacente palpable et dérangeante. Où est la vérité? Où est le mensonge? Au lecteur de se dépatouiller entre fausses pistes et éclairs révélateurs. Bien que moins présent, Jesse est aussi touchant de naïveté et surtout, nous montre bien le côté influençable des enfants et leur fascination pour les amitiés virtuelles. Je ne suis pas encore père de famille, mais j'ai vraiment tremblé et stressé tant il paraît facile de pouvoir perdre son enfant face à de tels prédateurs connectés. Là encore, Gardner se montre virtuose pour poser une situation et la faire dégénérer. À glacer le sang littéralement!
Avec ce roman, j'appréhendais surtout de retrouver D.D. Warren qui m'a insupporté durant ma précédente lecture. Il faut croire que son statut de jeune mère l'a apaisée. Je l'ai trouvé beaucoup plus humaine et plus attachante dans cet opus. Comme toujours, elle fait quelques erreurs de jugement mais elle gagne en densité et se prend à réfléchir à ses défauts allant même jusqu'à se remettre en question. Grande nouveauté! 41 ans, l'âge de la maturité pour elle? Seul bémol, son obsession sur son enfant (il paraît que c'est courant...) et sa tendance à aborder le sujet avec tout le monde... y compris des inconnus! Étrange et peu crédible à mes yeux mais passons, cela ne gâche pas le plaisir pour autant. De manière générale, les personnages secondaires sont bien traités et apportent chacun une petite pierre à l'édifice final sans exagération ni superficialité.
Le suspens ne perd jamais en intensité et Lisa Gardner vous convie vraiment à un parcours digne de montagnes russes. On ne compte plus les fausses pistes, les masques qui tombent et les retournements de situation. La surprise n'est pas forcément au rendez-vous et j'ai deviné l'identité du meurtrier à la moitié du récit. Pour autant, c'est avec un grand plaisir qu'on se fait balader par l'auteur qui semble y prendre un malin plaisir. Rien à redire sur le style qui même s'il n'est pas de la grande littérature est efficace et rend compte sans cliché des méandres d'une enquête âpre. La lecture fut donc addictive à souhait et très rapide car il s'est révélé quasiment impossible de relâcher le volume avant la fin.
Belle lecture pour conclure, qui conviendra aux amoureux de suspens bien ficelé au rythme prenant et à l'histoire immersive. Gardner is back et franchement, ça fait du bien!
Egalement lus et chroniqués du même auteur au Capharnaüm éclairé:
- Disparue
- Sauver sa peau
- La maison d'à côté
- Tu ne m'échapperas pas