"Retour à Rédemption" de Patrick Graham
L'histoire : Vingt ans après avoir purgé sa peine à Rédemption, camp de redressement pour mineurs, Peter Shepard renoue avec son passé comme on reçoit un coup de couteau en plein coeur. Le brillant avocat d'affaires de San Francisco pensait avoir tiré un trait définitif sur ce sinistre établissement où régnaient brimades, humiliations et sévices. Le meurtre de sa famille lui fait douloureusement retrouver la mémoire. Quelqu'un cherche à lui faire goûter une nouvelle fois à l'enfer de Rédemption...
La critique Nelfesque : "Retour à Rédemption" est un roman étonnant. Percutant, sensible et violent à la fois. Un mélange de roman noir et de thriller qui touche en plein coeur et n'est pas sans rappeler des oeuvres comme "Mystic River", "Sleepers" et plus récemment "Coldwater" de Vincent Grashaw côté cinéma et "Retour à Little Wing" de Nickolas Butler en littérature pour les liens qui unissent les personnages entre eux.
Dès les premières pages, le lecteur est happé par l'écriture de Patrick Graham qui entre sans détours dans le vif du sujet. La femme et les filles de son héros, Peter Shapard, vont être enlevées en pleine Vallée de la Mort par un homme qui, se faisant passer pour un agent de police, va les entraîner loin de la route principale. Lors de cette agression, Peter est au téléphone avec sa femme et va assister avec horreur à l'exécution de celle-ci. S'en suit une course contre la montre pour retrouver la voiture et ses jumelles en bas âge qui se trouvent dans le véhicule sous un soleil de plomb. Un moment de lecture haletant et horrifique.
Le ton est donné, "Retour à Rédemption" est violent... Très violent. Violent par les actes mais aussi par les idées qui seront véhiculées sur plus de 400 pages. Une violence qui n'est pas à mettre entre toutes les mains et qui pourra choquer certains lecteurs mais une violence qui est loin d'être gratuite.
Par flashback, l'auteur nous entraîne dans l'enfance de Peter et dans un moment charnière de sa vie, celui de son incarcération au camp de Rédemption. C'est là qu'adolescent, il fera la connaissance d'un groupe de jeunes qui deviendront des personnes essentielles dans sa vie et avec qui il va affronter les pires cauchemars. Un groupe d'amis, qui bien que n'étant pas des anges au départ, vont devoir faire face à la folie des adultes, à la cruauté de leurs semblables et à une machination qui va au delà de l'entendement.
C'est mon avis que vous venez chercher en lisant cette chronique. Le voici : "Retour à Rédemption" est une bombe ! L'histoire est effroyable et passionnante, l'auteur a une écriture fluide et accrocheuse et surtout les personnages sont saisissants de réalisme et provoquent une empathie chez le lecteur qui ne se départit jamais. J'ai été bouleversée de bout en bout par cette lecture et encore aujourd'hui, en rédigeant ce billet, je retrouve des sensations de colère et d'émotion.
Car oui, comme je l'ai dit précédemment, "Retour à Rédemption" est un roman dur et violent mais c'est aussi un formidable récit d'amitié, un élan d'espoir et une galerie de personnages en souffrance et aux destins brisés. Gamins, ils se sont fait une promesse, adultes, ils vont devoir la respecter. Et ce, quel qu'en soit le prix. Petit clin d'oeil à "Ça" de Stephen King au passage et le même désarroi lorsqu'au bout du fil une voix ressurgit du passé et rappelle à tous leur serment.
Là est la force de ce roman. Les personnages prennent aux tripes, l'auteur a travaillé à l'extrême la psychologie de chacun d'entre eux et leur a donné des destinées singulières et liées les unes aux autres. L'un est devenu avocat, a construit une famille et semble avoir su se séparer de son passé douloureux, l'autre a une situation semblable mais dépourvue d'amour, l'un est resté "coincé" dans la roue judiciaire, un autre encore s'est coupé du monde... Autant de personnages attachants, et ce depuis la plus tendre enfance, et pour lesquels le lecteur voit son coeur bondir au détour de chaque page.
Avec "Retour à Rédemption", on passe du rire aux larmes, de l'amusement à l'effroi, de l'attendrissement à la colère. Avec un dosage parfait, Patrick Graham signe ici un superbe roman qui restera longtemps dans mon coeur. Thriller, roman noir, enfance brisée, amitié... si ce cocktail vous séduit d'ordinaire, n'hésitez plus un instant et jetez-vous sur ce roman. Vous ne le regretterez pas !
Mr K récidive !
Back dans les bacs contact! Non, NTM ne m'a pas poussé à craquer, c'est venu naturellement au détour d'un après-midi shopping avec ma chère et tendre. Innocemment (et je vous prie de me croire!), nous avons pénétré dans une enseigne de seconde main connue dans notre secteur et... catastrophe!
Voila le résultat! OK, je suis un indécrottable addict aux livres. Je ne peux résister à des titres qui me tendent leurs petites pages implorantes... Je les entends encore pénétrer dans mon esprit me glissant des suppliques du genre: Adopte-nous, adopte-nous, Mr K! Comme tout toxico en effet, j'entends des voix qui m'intiment de réaliser des achats compulsifs mus par un besoin irrépressible de possession et de défonce. Ben oui, chacun sa came! Moi je me nourris de mots et d'histoires. Pas mal comme paradis artificiels, non? C'est en plus, peu coûteux et enrichissant. Je suis pardonné?
On commence doucement avec deux ouvrages appartenant à la sphère policier / polar / roman noir de ma PAL:
- Les Sept églises de Milos Urban. Un roman tout droit venu de Tchéquie où il est question d'un passé longtemps enfoui qui ressurgit. Le jeune héros est amateur d'Histoire médiévale, ça m'a de suite parlé. Wait and see!
- Retour de bâton de A. B. Guthrie Jr. Avec l'âge, mon goût pour la Série noire Gallimard ne fait que grandir, et cette histoire de victime expiatoire (à la Gabriel Garcia Marquez) que tout le monde veut supprimer m'a l'air bien sombre et bien glauque. Et hop! Il va rejoindre ses petits frères dans ma PAL!
Poursuivons avec la partie SF / fantasy / fantastique qui cette fois-ci s'enrichit d'une tétralogie (pour les vacances d'hiver?) et deux titres one-shot!
- Cycle de Pendragon de Stephen Lawhead (4 volumes donc!). Impossible de dire non aux légendes arthuriennes, j'en suis un fan inconditionnel depuis que je sais lire. À priori ici, on s'éloigne des versions traditionnelles avec une vision fantasy pas piquée des vers avec notamment un lien avec le mythe de l'Atlantide! WTF?! Je fonce, je plonge! On verra bien en remontant!
- La Geste du sixième royaume d'Adrien Tomas. Un livre marquant en terme de fantasy selon des critiques littéraires établis et des amis de la blogosphère. Je tente le coup surtout que l'histoire lorgne vers du Fetjaine et du G. R. R. Martin. À moi les luttes pour le pouvoir, la baston et la protection de la Nature! Tout pour plaire quoi!
- La Cinquième sorcière de Graham Masterton. Les éditions Bragelonne ont toujours aussi mauvais goût en terme d'esthétique de leurs couvertures mais je vais passer outre avec cet ouvrage de Masterton, un de mes auteurs préférés dans le domaine de l'épouvante-horreur (simple, efficace et détente neurone assuré!). Sous fond d'apocalypse, un homme mène une enquête ardue qui le confrontera à une sorcière retorse... Ouh la la, ça promet!
Voila, le gros morceau qui va rejoindre la partie littérature généraliste entre contemporain et classique (en gros c'est un bazar sans nom!).
- Scènes de la vie carcérale de Aïssa Lacheb. Sans doute pas un ouvrage qui respire la joie de vivre mais à priori un livre bouleversant et tragique sur l'univers de la prison. Sans doute bien loin des lieux communs qu'on nous ressert régulièrement dans la boîte à connerie (comprendre la télé) et les fictions US. Il fera partie de mes prochaines lectures!
- Quiz Show de Kim Young-Ha. Tout droit venu de Corée, ce livre explore le monde implacable et fascinant des mondes virtuels dans lesquels s'enferment certaines âmes esseulées. Je m'attends à un bouleversement des frontières entre le réel et le virtuel chez le héros et une belle évocation de la solitude moderne qui nous habite de plus en plus en parallèle au développement des réseaux sociaux en tout genre. Bien hâte de tâter de ce roman!
- jPod de Douglas Coupland. Présenté comme une plongée impitoyable dans le monde des geeks loin des clichés sympathiques qui circulent sur cette tribu en plein essor (ce qui rapporte gros d'ailleurs...), le livre se distingue par une forme étonnante par moment. J'en reparlerai plus en détail en 2016!
- Blog de Jean-Philippe Blondel. Ouvrage jeunesse traitant des rapports parents / enfants, de la filiation et de l'écriture intime, rien que le titre m'a attiré. Ben oui, je suis blogueur après tout! Ce titre a bonne presse, je me devais de vérifier cela... On se trouve les excuses que l'on peut!
- Grâce et dénuement d'Alice Ferney. Plongée dans le monde des gitans avec cette histoire d'une passionnée de lecture qui va tenter de partager sa passion avec les enfants de ce peuple voyageur. Première approche, méfiance, découverte et une réelle humanité semblent se dégager d'une histoire classique qui je l'espère m'ouvrira les portes d'une communauté méconnue en dehors des faits divers nourrissant la haine et les propos réactionnaires. Ras le bol des clichés!
- Nouvelles histoires extraordinaires d'Alain Decaux. C'est l'historien vulgarisateur qui m'a fait aimer l'Histoire et m'a guidé dans ma prime jeunesse à travers des ouvrages pédagogiques et distrayants. J'avais bien envie de replonger dans le passé, une sorte de bain de jouvence, une Madeleine de Proust... Hâte d'y être!
- La Malédiction d'Edgar de Marc Dugain. J'avais adoré La Chambre des officiers notamment pour le style épuré et suintant d'émotion de l'auteur. Désormais, quand l'occasion se présente, je ne passe plus à côté d'un ouvrage de Dugain et puis le mystère Hoover est diablement fascinant! Qui lira, verra!
- Un Hiver chez les Tchouktches d'Adolf Erik Nordenskjöld, Japon interdit de Théodore Duret, Dans les sables de Taklamakan de Sven Hedin et Les Naufragés de l'aventure de Guillaume Lesquin. Il s'agit de quatre courts récits d'exploration dans des contrées lointaines auprès de peuplades oubliées et reculées. Grand amateur de ce type d'ouvrage, l'occasion fait le larron. Nous verrons bien ce que cela donne!
Et ultime touche de ce craquage éhonté, une BD!
- Violent Cases de Neil Gaiman et Dave McKean. Je ne connais rien à l'histoire ni aux thématiques abordées mais quel bel ouvrage! Les dessins sont magnifiques et avec Gaiman au scénario, je ne pense pas que je serai déçu. À vérifier au plus vite!
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Voila... Tout est dit. Ma PAL est en perdition, les espérances de la baisser évanouies pour longtemps mais en contre-partie un beau choix s'offre à moi pour mes futures lectures. Ne reste plus qu'à les prioriser, les effectuer et vous transmettre mes impressions sur ces futurs voyages en terres oniriques et littéraires. Décidément cette addiction a du bon!
"Ossements" de Sheri S. Tepper
L'histoire : Mahlia, une jeune Tahitienne, croyait avoir trouvé la maison idéale pour élever ses enfants. Mais bientôt, les travaux de rénovation lui font découvrir dans une mare des ossements et un bracelet, puis dans une chambre murée, à l'intérieur même de la vieille demeure, une plaque de bois gravée de signes étranges. Un archéologue veut l'aider à éclaircir le mystère : il est retrouvé mort dans la forêt voisine, écorché vif. Peu à peu, l'inquiétant passé du village refait surface : à chaque génération, des enfants disparaissent sans laisser de traces... eux de Mahlia ne risquent-ils pas d'être les prochaines victimes?
La critique de Mr K : Petit plaisir régressif aujourd'hui avec un livre s'apparentant à de la bonne série B mêlant ésotérisme et horreur. Malgré la couverture plutôt hideuse, je ne refrénais pas mon envie de lire la quatrième de couverture. J'adhérais au pitch et je repartais avec Ossements, ouvrage acquis une fois de plus à un prix défiant toute concurrence!
Jeune mariée et jeune maman (il y en a comme ça qui aiment combiner les statuts), Mahlia se voit confier par son courant d'air de mari la lourde mission de trouver LA bonne maison qui leur permettra d'accéder au bonheur. Bien évidemment, la pioche va se révéler plus que mauvaise entre découvertes macabres, disparitions, meurtres sanglants et un passé des plus douteux. Comme celui de Mahlia d'ailleurs... Pourquoi a-t-elle tous ces maux de tête? Quelles sont ces mystérieuses visions qui l'assaillent de plus en plus? Il va lui falloir tout son courage et l'aide d'anciennes amies retrouvées pour lever le voile sur la menace qui plane sur elle et ses enfants.
On rentre très vite dans le nœuds du problème car dès les trente premières pages, on sent déjà que tout ne tourne pas rond autour de cette maison. Une mare à bestiaux fangeuse qui contient un bras coupé, une étrange pièce dont semble provenir un froid glacial, le fils aîné qui parle avec des personnes disparues que seul lui semble voir, des locaux pas des plus hospitaliers ou d'autres au charme venimeux… Personnellement, je me serai barré au plus vite mais comme il n'y aurait pas eu d'histoire, l'héroïne persiste. Elle navigue alors entre phénomènes inquiétants, phases de recherche sur le passé des lieux et révélations fracassantes qui vont mettre à mal l'équilibre qu'elle recherche pour sa petite famille. Pêle-mêle, il est question de revenants, de magie vaudoue, de références à la période esclavagiste du sud des États-Unis et de sorcellerie au sens général. Le programme est réjouissant et se tient de bout en bout.
En même temps que les tenants et les aboutissants de l'histoire, le voile se lève sur cette héroïne qui semblait si lisse de prime abord. Au début, il est constamment fait référence à des événements du passé avec lesquels elle essaie de rompre. Seulement, la solution réside dans ses capacités, ses savoirs qu'elle essaie d'enfouir au plus profond d'elle-même pour plaire à son mari. Ce dernier est d'ailleurs quasi inexistant, étant sans cesse par monts et par vaux, sans pouvoir rassurer sa femme qui traverse une phase critique. Le Salut de Mahlia passera par la reconnaissance et l'affirmation de soi. Elle peut compter pour cela sur de vieilles amies et sur l'amour de ses enfants. Cela contraste beaucoup avec l'ambiance mortifère qui pèse sur ce roman et fait ressortir la personnage principale qui pour le coup n'est ni une nunuche ni une Lara Croft en puissance, c'est seulement quelqu'un qui se débat avec sa vie. En cela le livre est une réussite.
Cet ouvrage se lit rapidement et avec un certain plaisir. Le style n'est pas révolutionnaire, on est dans du classique du genre avec des passages bien ragoûtants et des moment plus intimistes qui font mouches. On n'est pas face à un incontournable du genre pour autant, les grandes lignes de l'histoire sont saisies assez vite et sans réelle surprise, la fin m'a semblé un peu abrupte et quelques passages sentaient le remplissage. Au final, on ressort plutôt content malgré un aspect tout à fait superficiel par moment. Une lecture détente et vide neurone que je vous conseille de tenter si le cœur vous en dit.
11 Novembre : lectures pour se souvenir
En ce jour de célébration de l'Armistice de 1918, il me semblait bon de vous administrer une petite piqûre de rappel bienveillante concernant des ouvrages que je trouve incontournables sur le sujet. Cette guerre a été la toute première où la mort de masse a fait son apparition, où le bourrage de crâne devient réfléchi et institutionnalisé dans le but d'embrigader la population entière et où les graines des conflits à venir sont plantés (Révolution russe de 1917, l'humiliation des allemands en 1919 à Versailles notamment). C'est une période qui m'a toujours fasciné et que j'explore régulièrement à travers mes lectures.
Pour vous permettre de l'appréhender sereinement entre plaisir de lecture et exigence historique, je vous propose de revenir sur trois livres et deux BD essentielles que j'ai pu chroniquer. N'hésitez pas à cliquer sur les titres évoqués pour être renvoyé vers l'article correspondant et une chronique plus détaillée.
Romans :
- Un classique tout d'abord avec Les Croix de bois de Roland Dorgelès paru en 1919. Un petit bijou de modernité d'écriture et d'immersion totale dans le quotidien des Poilus. Magnifique plaidoyer pour la paix et l'entente entre les hommes, il n'a pas perdu une ride et semble avoir été écrit hier.
- Plus récent mais tout aussi réussi La Chambre des officiers de Marc Dugain. L'auteur nous convie à explorer l'envers du décor en nous invitant à suivre le destin d'Adrien, blessé de guerre qui va passer quasiment tout le conflit dans un château à la campagne accueillant les Gueules cassées, mutilés de la Grande Guerre. Ce livre propose une très belle réflexion sur l'absurdité de la guerre et aussi une belle évocation de la nécessaire reconstruction du héros et son deuxième éveil à la vie.
- Enfin, le Goncourt 2013 Au revoir là-haut de Pierre Lemaître, un habitué du polar qui nous livre ici une fresque splendide sur l'après 14-18 ou le destin de deux camarades de combat qui vont tenter de se refaire après leur retour de guerre. Le récit est palpitant et saisissant de réalisme, impossible de relâcher ce volume avant la fin. Un must!
BD :
- La référence dans le domaine est sans aucun doute l'ouvrage de Tardi "C'était les tranchées". Tiré des mémoires de son grand-père et d'autres témoignages, il nous livre des planches terribles dans un noir et blanc sublime soulignant à merveille la boucherie qu'a été cette guerre et la connerie humaine qui l'accompagne (notamment les ordres idiots des supérieurs, régulièrement épinglés dans les lettres de Poilus).
- Autre très bel ouvrage, celui du collectif d'auteurs de Vies tranchées qui revient sur le sort peu enviable réservé aux soldats devenus fous pendant le conflit. À travers une petite vingtaine de cas véridiques, vous croiserez traumatisés et mutilés, côtoierez espoir et rédemption mais aussi souffrance et folie. Le souvenir est encore vif dans mon esprit, preuve s'il en est de la qualité de cette BD.
Ces modestes conseils littéraires vous permettront - je l'espère - de découvrir ou redécouvrir un conflit certes lointain mais révélateur de la nature humaine et de ses motivations. En espérant que ce billet vous procure envie et idées, je vous souhaite de très bonnes lectures à venir.
Acquisitions automnales Nelfesques
Il y a 2 semaines, Mr K vous parlait de son craquage d'automne. Vous vous imaginez bien que moi non plus je n'ai pas su résister. J'ai été plus sage que lui mais je rajoute tout de même + 14 à ma PAL... Ben oui, c'est ça quand on tombe sur des romans forts intéressants à tout petit prix et que l'on a très envie de lire. Perso, j'ai du mal à résister ! Voyez plutôt :
- "Une Place à prendre" de J. K. Rowling qui a fait beaucoup parlé de lui à sa sortie. Après Harry Potter, J. K. Rowling laisse de côté l'univers jeunesse et propose une comédie de moeurs teintée d'humour noir. J'ai eu envie d'essayer ! Espérons que j'accroche à ce roman de presque 700 pages...
- "Frankenstein" de Mary Shelley parce que c'est un classique que je n'ai pas encore lu.
- "Empereurs des ténèbres" de Ignacio Del Valle où il est question de seconde guerre mondiale à la mode thriller sur le front russe.
- "Complètement cramé" de Gilles Legardiner pour une lecture fun après un premier opus, "Demain j'arrête", que j'avais trouvé détente neurones.
- "Urkas !" de Nicolaï Lilin, le coup de poker du jour. Je ne connais ni l'ouvrage, ni l'auteur, mais la quatrième de couverture m'a fait frétiller les antennes ! Une plongée dans l'univers ultra-violent de la mafia sibérienne de Transnistrie, un récit de vie en forme de puzzle, un roman noir.
- "Bonjour chez vous !" de Nadine Monfils parce que "Les Vacances d'un serial killer" avait su me charmer.
- "Pike" de Benjamin Witmer, un roman noir comme je les aime et qui devrait bien me plaire. A suivre...
- "Fantasia chez les ploucs" de Charles Williams, un roman policier qui m'a l'air bien déjanté. Rien que le titre et la couv' posent l'ambiance !
- "Prenez soin du chien" de J. M. Erre qui était depuis longtemps dans ma wishlist. J'ai bien envie de faire rapidement connaissance avec ce microcosme ! "Entre l'érotomane scato du dessus, l'évaporé zoophile d'à côté et l'exhibitionniste d'en face, je commençais à me faire du soucis." Pas moi ! J'ai hâte !
Petit tour dans le bac à partitions et je repars avec la Sonate n°27 de Beethoven et l'Intermezzi Opus 117 de Brahms. Pour ceux qui l'ignorent, je fais du piano depuis l'âge de 8 ans. J'ai toujours un oeil sur les partitions quand on va chez Emmaüs. Malheureusement, ils n'en ont pas souvent et après mon passage, les pianistes qui me suivent n'ont généralement plus rien à se mettre sous la dent.
Petit bonus du jour : Nous sommes allés faire innocemment un petit tour dans un magasin de seconde main et je suis revenue avec ENCORE des bouquins... Je suis incorrigible, je sais.
- "Chroniques de l'asphalte" de Samuel Benchetrit, volumes 1, 2 et 3 : J'ai littéralement sauté au plafond en les trouvant ! Nous sommes allés voir hier soir au cinéma "Asphalte" de Benchetrit, librement adapté de deux nouvelles présentes dans ces chroniques. On a A-DO-RE ! On vous en reparle dans les prochains jours. De mon côté, je suis RAVIE de les avoir trouvées à 2.50€ pièce en broché (et Mr K est jaloux de ne pas les avoir trouvées avant moi mais faut pas le dire (la jalousie c'est mal... je ne sais pas si je vais les lui prêter...))
- "Spirales" et "Moka" de Tatiana de Rosnay, deux courts romans d'une auteure que j'aime beaucoup et qui a beaucoup de classe (oui je sais ça ça se voit pas dans ses pages mais dieu que c'est une belle femme !)
Tesfa a l'air de bien apprécier Benchetrit elle aussi (elle a décidément fort bon goût) et donne sa bénédiction à l'entrée de ces petits nouveaux dans ma PAL. Me voilà rassurée !
N'hésitez pas à me donner votre avis sur tel ou tel titre dans les commentaires si vous les avez lu. Pour l'heure, j'ai envie de tous les lire en même temps mais comme ça me parait difficile, cela me permettra de choisir par lequel commencer !
Acquisitions automnales de Mr K
Il a bien fallu que ça arrive... J'avais pourtant réussi à rester sage quelques mois, ma PAL avait bien diminué et j'étais dans la bonne dynamique pour la réduire de manière conséquente. Interdit d'Emaüs depuis maintenant presque 4 mois, je résistais tant bien que mal à la tentation. Et puis ce matin, après une nuit difficile suite à une angine persistante dûe à mon troupeau de gamins renaclants (merci les gars!), Nelfe la perfide m'a proposé de son air candide qui lui sied si bien d'aller faire un tour chez l'abbé. Mon esprit affaibli n'a pu résister à ce chant des sirènes et c'est le coeur emballé que nous montions en voiture, direction ce lieu de perdition qui régulièrement fait le bonheur de nos PAL respectives.
Vous voyez le résultat?! Et encore, il ne s'agit ici que de mes acquisitions décrochées pour la modique somme de 32 euros. Celles de Nelfe suivront dans un post à venir car elle aussi a craqué largement cette fois-ci. Mais ceci est une autre histoire, en attendant (et avec l'aide de Tesfa!), je vais vous présenter mes nouveaux bébés dont vous découvrirez les chroniques dans les jours, mois et années à venir. Ca commence à se bousculer sérieusement au portillon là!
Une fois n'est pas coutume, mes acquisitions SF ne sont pas très nombreuses mais la qualité est au rendez-vous et riche de promesses en devenir!
- L'île des morts de Roger Zelazny. Voila un livre que j'ai croisé nombre de fois dans des bacs d'occaz divers et variés et à travers toute la France. Précédé d'une réputation flatteuse, c'est l'occasion pour moi de plonger dans une histoire bien perchée et de découvrir un auteur reconnu dans le milieu.
- Cité de la mort lente de Daniel Walther. Ici une dystopie des plus sombres est au menu dans cette nouvelle faisant partie d'une collection que j'ai découvert à travers un ouvrage de Xavier Mauméjean (un de mes chouchous!) qui m'avait bien plu. Réfléchir au présent à travers des récits d'anticipation bien sentis et courts, telle est la mission que ce sont données les éditions du Rocher avec cette collection Novella SF. Nous verrons ce que cela donne avec cet ouvrage!
- L'Homme qui a perdu la mer de Théodore Sturgeon. Véritable trouvaille que ce roman de cet auteur au talent incroyable dont le poétique et prophétique Cristal qui songe m'a marqué au fer rouge lors de sa lecture. J'ai bien hâte de le retrouver dans cette étrange histoire de jeune garçon jouant près du rivage rencontrant un homme venu d'aillleurs...
- Gandahar de Jean-Pierre Andrevon. Un auteur que j'aime pour un dessin animé que j'ai regardé bien des fois et qui lui aussi m'a construit et ouvert l'esprit. Je suis bien curieux de découvrir le récit originel, j'espère y retrouver l'humanisme et l'onirisme du long métrage de René Laloux.
Par contre, cette fois-ci, je me suis plus lâché sur la littérature plus contemporaine et classique. Il faut dire que la Providence était avec moi, abbé oblige...
- Les Années cerises de Claudie Gallay. La lecture des Déferlantes au printemps m'avait ravi, c'est donc avec une joie non dissimulée que je mettais la main sur ce petit roman faisant la part belle à la mélancolie sous forme de chronique familiale. Il fera partie de mes toutes prochaines lectures! Avant de rejoindre la PAL de Nelfe (copieuse!)...
- Après le tremblement de terre et Le Passage de la nuit d'Haruki Murakami. A chaque fois que je vais chez l'abbé, il me propose toujours de nouveaux livres d'Haruki Murakami que je n'ai toujours pas lu. Peu importe la trame, le genre, je suis preneur! Jamais déçu par le maître orfèvre de l'écriture, il explore ici les traumatismes post-séïsme et la vie de deux soeurs. Bien hâte d'y être là encore!
- Le Zéro et l'infini d'Arthur Koestler. Un livre culte que je n'ai toujours pas lu, honte à moi! L'occasion était trop belle d'explorer les rouages du totalitarisme à travers ce procès fictif inspiré des fameux procès de Moscou sous Staline. Je m'attends à une grande claque!
- Le Cas de Sneijder de Jean-Paul Dubois. Voici un autre auteur auquel je ne sais pas dire non. Il a toujours été synonyme de plaisir littéraire quelque soit le genre qu'il aborde. Il est question dans ce roman de deuil et de la manière d'essayer de le surmonter. Pas la grand joie donc mais la promesse d'une oeuvre intimiste et touchante.
- Les Autres d'Alice Ferney. Un pitch assez fou avec ce roman qui nous conte une soirée d'anniversaire peu commune où un jeune homme se voit offrir un jeu de société qui va semer la zizanie. Décalé, étrange sont les qualificatifs qui me sont venus à l'esprit lors de ma lecture de la quatrième de couverture. Inutile de vous dire qu'il me presse de tirer cela au clair!
- Les Agneaux du seigneur de Yasmina Khadra. Là encore un auteur phare dans ma bibliothèque que je respecte énormément par son engagement et ses talents d'écrivain. Ce roman nous plonge dans une Algérie partagée entre modernité et tradition. On peut compter sur l'auteur pour nous éprouver une fois de plus à la lueur des fanatismes sommeillant en chacun de nous. Grosse expérience littéraire à venir certainement!
- Dans la nuit Mozambique de Laurent Gaudé. Recueil réunissant quatre nouvelles qui explorent la culpabilité, la violence et les souvenirs; en arrière plan, une ombre, une idée: l'Afrique. Tout un programme! Et quand on a Gaudé en maître d'orchestre, ce serait un crime de passer à côté!
- L'Écoulement de la Baliverna de Dino Buzzati. Un auteur que j'affectionne beaucoup depuis mon ébahissement devant Le Désert des Tartares, lu pendant mon adolescence. Il s'agit ici d'un recueil de contes pour adultes qui procure plaisir et angoisse selon certains. Tout pour plaire donc et une lecture à venir bien tentante!
- Des Amis de Baek Nam-Ryong. Petite immersion en Corée du nord avec cet ouvrage sur lequel souffle le vent de l'interdit et de la censure. Cette enquête autour de la vie d'un couple bizarrement assorti (une cantatrice et un ouvrier) est surtout prétexte à la découverte d'un pays fermé et très secret. Il s'agit ici d'un achat "coup de poker", nous verrons bien si c'est une réussite ou non.
- Une ordure d'Irvine Welsh. J'aime les histoires mettant en scène des antihéros particulièrement retors. Je crois que je vais être servi avec ce brigadier écossais amateur de cul et de stupéfiant. Je ne pense pas que je serai déçu par l'auteur notamment du cultissime Trainspotting.
Aaaah! Enfin! Tesfa vient à la rescousse! Mais bon, je ne sais pas vraiment si elle va être d'un grand secours... Voici mes acquisitions dans le domaine policier au sens large.
- Revanche de Dan Simmons. À priori le copain de Tesfa et, même si je préfère Simmons en auteur de SF, son style efficace et bien hardboil a toujours été source de plaisir de lecteur. Nous verrons si cette histoire de vengeance et de destruction massive (la quatrième de couverture est très éloquante sur le sujet!) remplira son office.
- Vomito Negro de Jean-Gérard Imbar. Extrême droite et vendetta semblent être au programme de cet ouvrage bien noir. Perso, je ne loupe pas une occasion de taper sur du facho en matière littéraire. Un bon plaisir en perspective!
- L'Ange et le réservoir de liquide de frein d'Alix de Saint-André. Anges et serial-killer se croisent dans une trame bien hallucinée où meurtre et religion semblent faire bon ménage. Belle promesse de lecture en tout cas! Noir c'est noir...
- Causes mortelles de Ian Rankin. Un des seuls Rebus qu'il me manquait à ma collection et le voila à portée de main! Impossible de résister là encore à ce Rankin! Il est ici question de règlements de comptes dans les milieux nationalistes avec en toile de fond un festival théâtral dans cette bonne vieille Edimbourg. Hâte hâte, hâte!
- La Baleine scandaleuse de John Trinian. Un tueur en cavale, une baleine échouée, un flic à cheval... c'est tout ce que je sais de cet ouvrage qui semble promettre une trame bien noire et sans fioriture. Là encore, c'est le hasard qui a décidé et qui procurera plaisir ou déception. Wait and see!
Pour finir, ma sélection étiquetée fantastique / terreur avec quatre ouvrages qui m'ont aimantés et me procureront (je l'espère) frissons et angoisses quand la nuit tombera!
- Carmilla de Sheridan Le Fanu. Pionnier du roman de mystère anglais, contemporain de Bram Stocker, Le Fanu nous conte dans ce court roman une histoire d'amour entre passion et interdit. Étant fan du genre, je ne pouvais décemment passer à côté!
- Ossements de Sheri S. Tepper. Un petit plaisir coupable que ce roman d'épouvante où il est question de maison possédée et d'une mère célibataire qui va devoir sauver sa petite famille. Rien de bien original mais à priori c'est gore et il y a une pièce cachée dans la dite maison... Alors franchement, il fallait bien que je le prenne... non?
- Gare au garou! anthologie présentée par Barbara Sadoul. J'ai adoré les deux premiers volumes de l'anthologie de Barbara Sadoul consacrée à la nouvelle fantastique (le troisième me reste à lire). Elle s'attaque aux loulous bien poilus dans cet unique recueil qui fera la part belle je l'espère à la sauvagerie et aux instincts primaux.
- Récits de terreur Weird Tales de Robert Bloch. Maître de l'horreur, entre 1935 et 1945, Rober Bloch a beaucoup publié dans la revue Weird Tales. Ce recueil nous présente 9 nouvelles qui font la part belle à l'étrange et l'horreur la plus pure. Ca s'annonce très bien cette affaire!
Au final, deux conclusions s'imposent:
- Tesfa est tout de même une belle glandeuse, mono-maniaque de Dan Simmons et adepte forcenée du farniente sur la terrasse! On ne peut vraiment pas compter sur elle notamment en terme de lecture. Quelle béotienne!
- Ma PAL explose littéralement et mes efforts déployés depuis juin se sont avérés vains. Mon côté optimiste me fait dire qu'elle n'a pas pour autant augmenté par rapport au mois de mai... On se console comme on peut!
"Le Cycle d'Elric" de Michael Moorcock
L'histoire: Un temps vint où il y eut de grandes transformations sur la face de la Terre et dans les Cieux, où la destinée de l'Homme et des Dieux fut martelée dans la forge de la Fatalité, où des guerres monstrueuses et des actions d'éclat se préparèrent dans l'ombre. Et en ce temps-là des héros se dressèrent. Le plus grand de ces héros était un aventurier au funeste destin, armé d'une épée runique gémissante qu'il haïssait. Son nom était Elric de Melniboné, Prince des Ruines, seigneur d'une race éparpillée sur un monde qu'elle avait jadis dominé. Elric, sorcier et homme d'épée, homme de guerre et de magie, souillé du sang de sa race, destructeur de sa patrie, albinos au blanc visage et dernier de sa lignée.
La critique de Mr K: Suite à une première lecture enthousiasmante de l'intégrale Hawkmoon du même auteur, j'avais annoncé en fin de post que j'essaierais de me dégoter Le Cycle d'Elric considéré comme son chef d'oeuvre. Un vide-grenier assez récent m'a permis de réaliser la transaction et je décidai de lire tout le cycle durant notre séjour auvergnat. 7 volumes à mon actif donc, 2 de moins que la version ultime récemment ressortie mais tout de même une sacrée expérience littéraire et des moments d'évasion rares.
Ce coffret Presse Pocket comprend les titres suivants:
- Elric des dragons
- La Forteresse de la perle
- Le Navigateur sur les mers du destin
- Elric le nécromancien
- La Sorcière dormante
- L'Epée noire
- Stormbringer
Ce cycle se constitue en fait de longues nouvelles mises bout à bout pour former une vaste saga mettant en scène Elric de Melniboné, prince souffreteux de son peuple, qui a besoin de la magie pour maintenir sa santé. Albinos de naissance, il a fort à faire au départ avec son cousin ambitieux qui souhaite plus que tout l'évincer du trône. Au fil des histoires, notre héros partira en exil et mènera maintes quêtes et guerres à travers un monde imaginaire vaste et dangereux. Grand fan du genre Sword and sorcery, Moorcock s'éloigne donc du type d'univers proposé par Martin ou Tolkien, on se rapproche plus ici de Sapowski ou encore Howard (l'auteur de la saga des Conan le Cimmérien). Pour autant, il y a ce petit truc en plus, cette grande finesse qui fait que l'on passe de la bonne expérience à celle dont on se souviendra longtemps.
Malgré un univers dominé par l'Ordre et le Chaos, on ne tombe jamais ici dans le manichéisme simpliste. En témoigne, un héros torturé au charisme impressionnant. Bien que serviteur de Dieux dits mauvais, sa conscience le différencie de ses congénères et nous porte à croire qu'il suit une certaine forme de chemin de rédemption. Au moment où l'on pense que c'est en bonne voie, l'auteur se plaît à redistribuer les cartes de façon inopinée et cruelle. Elric est vraiment un personnage à part dans le domaine de la fantasy, un être qui se joue des codes et des attentes qu'il suscite. J'ai été surpris plus d'une fois par ce personnage auquel je me suis attaché dès le premier volume et qui se débat avec un destin omnipotent et un monde au bord du gouffre.
Il faut dire qu'il n'est pas aidé! Son albinisme l'affaiblit beaucoup ce qui est plus que préoccupant dans un monde où prévaut la force et l'aptitude au commandement. Il devient vite maître de la lame du chaos Stormbringer (super jeu de rôle papier auquel j'ai joué au début des années 90'!) qui non content de tailler en pièce ses adversaires, absorbe leur âme et transfert l'énergie vitale du défunt à son propriétaire! Bien pratique me direz-vous, mais attention, tout a un prix et l'on sent bien qu'il sera élevé! Heureusement, il peut compter sur des amitiés et des relations pour l'aider face à l'adversité. Et même s'il ne fait pas bon être l'ami d'Elric (leurs rangs ont tendance à diminuer au fil des lectures!), il peut compter notamment sur un mystérieux archer rouge, Tristelune un guerrier fidèle qui s’avérera devenir son seul et unique ami et quelques conquêtes féminines qui lui permettront d'essayer de changer de vie et de s'éloigner d'un destin mortifère. Du moins le croit-il!
On voyage beaucoup tout au long de ces sept volumes: forêts impénétrables peuplées de créatures ragoûtantes, déserts arides où se cachent de mystérieux édifices, cités portuaires animées, océans sans fin et sans limite de dimension, montagnes reculées, rêves aussi réels que la réalité et bien d'autres lieux que je vous laisserai découvrir. On croise rois et empereurs, sorciers et manants, armées en déroute et moultes créatures fantastiques. Moments intimistes, batailles rangées, invocations d'élémentaires et de divinités, magie de bas étage, Elric c'est un peu tout ça à la fois. Un savant mélange qui procure une évasion totale. Le background sans être pesant est complet et peu à peu donne une dimension grandiose à l'ensemble de la saga. Bien que porté vers l'action, Moorcock ne lésine pas sur les descriptions qui sont immersives à souhait et provoquent un plaisir de lecture immédiat.
Au fil de ces aventures, Elric va changer ainsi que le monde qui l'abrite. Le personnage évolue sans que l'on puisse vraiment deviner à l'avance ce qui va lui arriver et même au début de l'ultime volume, on ne sait pas le sort qui lui est vraiment réservé. Mes attentes ont été comblé sans longueurs ni passages inutiles. Du plaisir pur du début à la fin! L'écriture est encore plus subtile que dans la saga Hawkmoon et je confirme qu'Elric lui est supérieur car moins stéréotypé et une attirance non feinte pour les ténèbres de l'auteur fait que la fantasy se fait ici sombre et sans espoir. Un must dans le genre qui vous transportera vers des sphères inconnues au plaisir des lectures envoûtantes et exceptionnelles.
Satané vide-grenier !
Le week-end dernier, Nelfe et moi nous sommes rendus au vide-grenier de notre quartier comme chaque année. Galettes-saucisses (miam miam!) et grillades côtoient des personnes venues céder à des prix imbattables tout ce qu'ils ne veulent plus chez eux. C'est l'occasion d'observer la grande capacité des êtres humains à conserver un nombre incroyable de bibelots ringards et autres objets farfelus! On est tous pareils et ça m'a rassuré quand je pense aux caisses qui encombrent encore le grenier depuis notre aménagement, il y a plus de deux ans!
Là où la problématique se corse c'est que ses personnes vendent aussi des livres... Vous connaissez ma faible propension à résister à la tentation en matière d'occaz livresque! En plus, cette année une dame vendait un grand nombre des livres de SF de son fils parti habiter en Amérique. Gasp! C'était un combat perdu d'avance... Jugez-plutôt!
- Le Cycle d'Elric de Michael Moorcock. J'avais adoré l'intégrale Hawkmoon et je recherchais depuis un certain temps cette intégrale qui m'a tendu ses petits bras et surtout ses sept volumes impeccablement conservés. Wahou! Ca c'est de l'occaz! Je prends et je pense lire le tout pendant notre séjour à la montagne cet été.
- Les Solariens de Norman Spinrad. Un des papes de la SF avec en plus ce roman qui s'avère être son tout premier, le récit d'une guerre future de l'humanité disséminée dans l'espace devant faire face à une menace terrifiante venue d'ailleurs. Je suis bien curieux de lire cela! Là encore, un livre qui ne traînera pas dans ma PAL.
- Intrusion de Richard Matheson. Il s'agit du volume 2 de l'intégrale de ses nouvelles rééditées chez Flammarion en 1999. On ne peut pas dire non à cet auteur surtout en matière de nouvelles de SF. J'en connais déjà certaines mais d'autres vont me permettre de poursuivre mon exploration de l'univers de ce grand auteur, classique des classiques en matière d'anticipation.
- Le Chat passe-muraille de Robert A. Heinlein. Rencontre improbable entre la SF et un multivers farfelu constellé de personnages délirants, j'attends beaucoup de ce livre qui semble sortir des sentiers balisés de ce grand nom de la SF. Wait and see!
- L'Âge des étoiles de Robert A. Heinlein. Livre cadeau de la vendeuse (ben oui, on inspire la gentillesse, nous!), il est question de voyage interstellaire et d'une drôle de créature tour à tour séduisante et inquiétante. Une drôle d'histoire que j'attends de découvrir avec impatience.
- Contes de la rose pourpre de Michel Faber. Il s'agit de l'auteur de Under the skin, livre que je n'ai toujours pas lu et qui est dans ma PAL depuis trop longtemps. J'avais adoré le film qui en avait été tiré, un de mes gros coups de coeur cinéma de 2014. La réputation de cet auteur est flatteuse et ce portrait de l'Angleterre victorienne a tout pour me séduire vu les avis lus sur la blogosphère. Je le lirai après le sus-cité que je pratiquerai durant l'été.
- Chiens sales de François Barcelo. Coup de poker que cette acquisition où il est question de ripoux et de bavures au Québec. J'aime beaucoup la collection Série Noire de Gallimard. Nous verrons ce que cela donne.
- 35 kg d'espoir d'Anna Gavalda. Il s'agit de la seule acquisition de Nelfe cette fois ci et encore c'est parce qu'elle l'a vu avant moi! Je le lirai aussi, un extrait de ce roman parlant du passage à l'adolescence a été utilisé il y a quelques années pour l'épreuve de français du DNB professionnel et ce sujet m'avait beaucoup plu. Ce sera sans doute une lecture plaisante et rapide.
Le craquage fut tout de même limité comme vous pouvez le constater. Ma PAL a pris un petit coup cette fois ci, heureusement que mon rythme de lecture est assez soutenu.
Il ne reste plus qu'à lire tout cela, chroniques à suivre dans les mois à venir.
"Le Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire" de Jonas Jonasson - ADD-ON de Mr K
Nelfe a déjà lu et chroniqué ce roman le 29/07/11. Je viens de le terminer et de le chroniquer à mon tour.
Afin que vous puissiez prendre connaissance de mon avis, je vous mets dans ce présent billet le lien vers l'article originel où vous trouverez ma critique toute fraîche à la suite de celle de Nelfe.
Nous procédons ainsi pour les romans déjà chroniqués au Capharnaüm Eclairé mais lu à nouveau par l'un de nous. Pour "Le Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire" de Jonas Jonasson, ça se passe par là.
"Les Hirondelles de Kaboul" de Yasmina Khadra
L'histoire: Dans les ruines brûlantes de la cité millénaire de Kaboul, la mort rôde, un turban noir autour du crâne. Ici, une lapidation de femme, là un stade rempli pour des exécutions publiques. Les Talibans veillent. La joie et le rire sont devenus suspects. Atiq, le courageux moudjahid reconverti en geôlier, traîne sa peine. Le goût de vivre a également abandonné Mohsen, qui rêvait de modernité. Son épouse Zunaira, avocate, plus belle que le ciel, est désormais condamnée à l'obscurité grillagée du tchadri. Alors Kaboul, que la folie guette, n'a plus d'autres histoires à offrir que des tragédies. Quel espoir est-il permis ? Le printemps des hirondelles semble bien loin encore...
La critique de Mr K: C'est ma deuxième incursion dans l'univers de Yasmina Khadra. L'Attentat m'avait laissé sur les genoux avec un récit hautement réaliste et sans concession en plein conflit israélo-palestinien. Ce n'est pas avec Les Hirondelles de Kaboul qui s'apparente à une plongée immersive dans l'Afghanistan des Talibans que je vais retrouver foi en l'homme. Véritable descente en enfer, ce livre m'a marqué comme rarement et cela devient habituel avec cet auteur.
Nous suivons deux destins parallèles mais très dissemblables. Atiq est geôlier pour le compte du pouvoir en place, cet ancien combattant vivote et a vu nombre de ses concitoyen(ne)s passer entre ses mains avant leur exécution, il est une belle illustration du concept de banalisation du mal cher à la philosophe Hannah Arendt. Une détenue va mettre à mal ses certitudes et remettre en cause ses choix de vie. Un chapitre sur deux, on suit Mohsen et sa femme Zunaira. Ce couple cultivé et épris de liberté vit dans la prison à ciel ouvert qu'est devenu l'Afghanistan. Peu à peu, le mari semble s'en accommoder bon gré mal gré ce qui n'est pas du tout le cas de sa femme Zunaira, ancienne avocate désormais cloîtrée chez elle par peur de sortir et de se confronter à la misogynie érigée en règle de base de la société. Bien évidemment, tous ces personnages vont voir leurs chemins se croiser vers une issue aussi fatale qu'édifiante.
Sacrée lecture que cet ouvrage aussi court qu'incisif. L'Afghanistan obscurantiste des Talibans est ici remarquablement décrit: Kaboul la magnifique détruite et sombre, les Talibans gardes-chiourme d'une population entière qui n'a plus le droit de s'amuser et prisonnière de son territoire, des femmes fantômes que l'on cache car impures et que l'on déconsidère ("Elle ne représente pas grand-chose en dehors de ce que tu représentes pour elle. Ce n'est qu'une subalterne. De plus, aucun homme ne doit quoi que ce soit à une femme. Le malheur du monde vient justement de ce malentendu."), la politique et l'islamisme qui s'insinuent dans les couples et les pervertit, la peur qui paralysent des esprits au départ vifs et cultivés… autant d'éléments qui nous paraissent aberrants à nous autres occidentaux mais qui ont été bien réels (et le sont toujours dans certains endroits du globe). Dur dur de poursuivre sa lecture par moment face à la cruauté et l'ignominie de certains comportements notamment envers les femmes, rude aussi de voir les résultats d'un lavage de cerveau total chez certains, sans compter les multiples petits flashback qui parlent de l'avant Talibans, d'une période pas parfaite mais où le mot liberté avait encore un sens.
Les personnages prennent du relief tout au long de la lecture. Ainsi Atiq est assez détestable dans un premier temps. Fonctionnaire froid et implacable, il s'éloigne de sa femme malade qu'il n'aime plus vraiment malgré le fait qu'elle lui ait sauvé la vie lors du conflit contre les russes. Il évolue cependant au fil des rencontres qu'il fait et sa foi est ébranlée par les épreuves qu'il doit subir (on ne peut rester de marbre face aux injustices commises au nom de Dieu quand on est soi-même profondément croyant). Terrible aussi le destin de Zunaira, éduquée et destinée à une carrière dans le droit et qui se retrouve enfermée chez elle car elle ne doit pas travailler, devant se contenter en tant que femme de s'occuper de son époux et de sa maison. C'est déchirant, l'injustice suinte des pages et un fort sentiment de révolte envahit un lecteur pris en otage entre une histoire épouvantable et un style simple et implacable.
C'est la grande force de Yasmina Khadra: aborder de grands thèmes et éléments historiques à travers une écriture accessible et sans détour. Il opte ici de raconter son histoire à travers les yeux des hommes, ce qui rend l'ensemble efficace et distancié par rapport aux femmes pourtant omniprésentes sur tout le récit. On peut ainsi observer comment elles sont perçues par les hommes et on se rend compte que la peste talibane progresse vite même chez les plus progressistes (exemple de Mohsen édifiant et terrifiant lors de la scène de lapidation). Il ressort de l'ensemble une absence totale d'espoir, une espèce de voyage en Enfer mais sur Terre, un lieu de perdition où les piliers de la morale et des droits sont broyés.
Court et cinglant comme les coups de cravaches que distribuent les Talibans aux contrevenants, ce livre est un choc salutaire, un uppercut à l'oubli, un cri d'alarme face à l'obscurantisme le plus noir. Un livre éprouvant et crû mais essentiel et nécessaire.