Acquisitions printanières contemporain et jeunesse
Chose promise, chose due, voici enfin le post consacré à nos acquisitions printanières dans les catégories littérature générale contemporaine et d'albums jeunesses. Rappelons qu'il s'agit dans leur majorité d'ouvrages de seconde main (on adore ça aussi chez nous) dégotés la plupart du temps par le plus grand des hasards dans des boîtes à livres ou des brocantes. Viennent s'y ajouter quelques livres trouvés dans des magasins de déstockage qui parfois offrent de sacrées découvertes ! Regardez un peu...
Beau butin, non ? Il y en a pour tout le monde en plus. Que ce soit Little K, Nelfe ou moi, on a tous trouvé de quoi s'occuper. Je vais donc vous présenter à la suite les petits nouveaux qui rejoignent nos PAL respectives pour chacun d'entre nous. C'est parti !
(Trouvailles Mr K)
- Blessés de Percival Everett. On commence avec un coup de poker avec un ouvrage de chez Actes sud, une maison d'édition que j'aime beaucoup. On suit la destinée d'un homme qui, ayant perdu prématurément sa femme, s'est écarté des hommes en allant s'installer dans un ranch éloigné de la civilisation moderne. Tout est calme et communion avec la nature jusqu'à ce qu'un meurtre soit commis révélant les fractures existantes dans ce microcosme avec en toile de fond un racisme larvé et récurrent. L'histoire me parle et l'ouvrage a une excellente réputation. Il devrait bien me plaire.
- L'Immeuble Yacoubian d'Alaa El Aswany. Chronique d'un immeuble et de ses habitants à travers le temps, ce livre a lui aussi bonne presse et propose à priori un regard acéré et sans fard de la société égyptienne gangrenée par la corruption politique, la montée de l'islamisme, les inégalités sociales et l'absence de liberté sexuelle. En feuilletant le livre, j'ai accroché à la forme pure, lisant quelques paragraphes épars et qui m'ont séduit par un style précieux et fin. M'est avis que là aussi je vais passer un bon moment.
- Quand sort la recluse de Fred Vargas. Le hasard fait parfois très très bien les choses, c'est le cas avec ce Vargas que je n'ai toujours pas lu (après celui-ci il m'en restera uniquement un à lire). J'ai hâte de retrouver Adamsberg et toute son équipe pour une nouvelle enquête. Ça fait longtemps que je ne les ai pas pratiqués et ils m'ont manqué. Hâte d'y être !
- La Mort avec précision de Kôtarô Isaka. Direction la littérature nippone avec un ouvrage à la quatrième de couverture diablement séduisante. On suit le Dieu de la Mort et les fonctionnaires qui travaillent pour lui quand ils descendent sur Terre et enquêtent pour savoir si l'heure est venue pour tel ou tel humain de mourir. Je ne sais pas pour vous mais je trouve cela bien attirant et décalé. Il ne restera sans doute pas beaucoup de temps dans ma PAL celui-la.
- Dans l'oeil du démon de Tanizaki Jun'ichiro. Retour au Japon avec cet ouvrage où un écrivain se voit proposer par un riche ami oisif de venir assister à un meurtre. Ils sont tous les deux animé par une passion pour le cinéma et les romans policiers. Plongée dans les bas-fonds de Tokyo avec en ligne de mire une réflexion sur les illusions et les apparence selon le résumé. Ça sent bon la lecture addictive entre nervosité et étrangeté.
(Trouvailles Nelfe)
- Un long silence de Mikal Gilmore. Un livre qui devait croiser la route de Nelfe tôt ou tard tant il semble avoir été écrit pour elle. Un garçon enquête sur sa famille ancrée dans la violence, la haine et la folie et où l'on multiplie les secrets qui empoisonnent une vie. À priori, c'est une plongée sans concession dans une certaine Amérique et une aventure littéraire bien furieuse. Un Sonatine en poche ça ne se refuse pas !
- Âpre cœur de Jenny Zhang. Deux jeunes filles d'origine japonaise s'installent à New York avec leurs parents. Elles nous parlent de leur enfance en marge, du racisme ordinaire, de l'amour inconditionnel de leurs parents qui peut parfois les étouffer, de leur soif de sortir de l'enfance aussi. Ce roman a de très bonnes critiques et fait à priori voler en éclat les codes du roman d'immigration. Nelfe devrait être comblée.
- Sans moi de Marie Desplechin. La narratrice voit débarquer chez elle une jeunes femmes avec toutes ses affaires sous prétexte qu'elle est sans domicile fixe et qu'elle s'entend bien avec les enfants. Cela va bousculer les habitudes, faire bouger les lignes entre faux-semblants, trahisons et petits accommodements. Prometteur, non ?
- Là où chantent les écrevisses de Delia Owens. Abandonnée par sa famille, une fille de dix ans trouve refuge dans les marais, devenu un refuge naturel et une protection contre la société des hommes. Pendant des années, les rumeurs les plus folles courent sur la "fille des marais", tout va peut-être changer avec la rencontre avec Tate, un jeune homme cultivé et doux qui va lui apprendre à lire et à écrire. Salué par les lecteurs, présenté comme un roman à la beauté tragique, cet ouvrage devrait ravir ma chère et tendre. je dois avouer qu'il me tente bien moi aussi...
- Loin du monde de David Bergen. Années 70, l'Ontario sauvage, deux adolescents se rencontrent le temps d'un été. Tout les sépare et pourtant ils éprouvent des sentiments très forts l'un envers l'autre. Roman sur les illusions de l'adolescence et son idéalisme, cet ouvrage est reconnu par son aspect bouleversant et son exploration réaliste et touchante de l'âge ingrat. Nelfe n'en fera sans doute qu'une bouchée !
- Ateliers Montessori de Chiara Piroddi. Un ouvrage pratique pour finir la sélection de Nelfe qui présente tout un tas d'activités pour accompagner et solliciter son enfant tout au long de ses apprentissages. Nouveaux gestes, ouverture aux sens, ressentir le monde qui l'entoure et partage de bons moments sont au programme de cette lecture que nous ferons sans doute tous les deux ensemble avec notre très chère Little K.
(Trouvailles pour Little K)
- Grosse colère de Mireille d'Allancé. Un petite histoire autour de ce sentiment si désarçonnant pour les tout petits, la colère. On suit ici Robert - sic - qui s'y trouve confronté et va devoir apprendre à la surmonter. C'est mignon et bien ficelé, on espère qu'il plaira à notre fille.
- On m'a volé mes couleurs de René Gouichoux et Muriel Kerba. Kéké, le plus beau des perroquets a perdu toutes ses couleurs. c'est le drame, va-t-on pouvoir les lui retrouver ? C'est ce qui arrive quand on met en rogne une fée. Mignon, bien illustré, cette histoire devrait plaire.
- Marguerite la fleur de Catherine Bénas. Très belle évocation de la vie et de la nature à travers les paroles simples et fraîches d'une petite Marguerite. Épuré et profond, parfait pour notre loupiotte !
- Plouf ! Un abécédaire aquatique de Thomas Baas. Un ouvrage qui se déplie avec une superbe illustration en lien avec la mer pour représenter chaque lettre. À manipuler avec précaution mais très utile pour les premiers apprentissages.
- Quatre points et demi de Yun Seok-Jung et Lee Young-Kyung. Le regard enchanté d'une petite fille sur le monde à travers un poème magnifiquement mis en image. Le temps qui passe, l'observation du monde sont au programme d'un très bel ouvrage qui trouvera sans doute un bel écho auprès de Little K.
- Les Fleurs de la ville de Jon Arno Lawson et Sydney Smith. Une BD sans parole pour terminer avec une jeune fille qui ramasse toutes les fleurs qu'elle croise sur son chemin et qui poussent en ville. Elle semble réenchanter le monde au fil du bouquet qu'elle compose, les couleurs finissent par se bousculer. À noter que l'ouvrage est sans dialogue ce qui lui donne un aspect encore plus poétique. Une vraie merveille !
Un printemps fructueux de notre côté en terme d'acquisitions, de très belles trouvailles comme vous pouvez le constater et que vous retrouverez sur nos comptes Instagram respectifs et dans les chroniques à venir au Capharnaüm éclairé.
"Silent boy" de Gaël Aymon
L’histoire : Silent boy... Celui qui la ramène pas mais qu’il faut pas chercher. Qu’est-ce que j’ai d’autre comme choix ? Tu t’intègres ou t’es mort.
Anton est interne dans un lycée difficile. Sa seule bouffée d’oxygène : ses discussions sur un forum en ligne, caché derrière l’avatar de Silent boy. Car dans la vraie vie, Anton ne donne jamais son avis, ne prend jamais parti. Jusqu’à sa rencontre avec Nathan...
La critique de Mr K : Lecture rapide et très réussie que celle de Silent boy de Gaël Aymon, un roman jeunesse court et incisif autour des réseaux sociaux, du sexisme et du harcèlement en milieu scolaire. Juste et inspirant, voila un ouvrage qui s’inscrit dans l’air du temps et brise certains tabous.
Anton est costaud, il fait du rugby au lycée. C’est le genre de gars discret à qui on ne va pas chercher des noises car sa bande de potes en impose, il n’est qu’un second couteau mais il bénéficie d’une certaine protection. Pas très finauds les gars, à donner des notes aux filles et à casser du sucre sur les "anormaux", les sérieux. Anton qui est interne ne prend jamais position, il laisse passer, se contente de suivre sauf qu’au fond de lui, certaines situations le révoltent mais il ne l'exprime pas vraiment. Il faut garder la ligne du groupe, pour rester intégré et ne pas se démarquer au risque de passer du côté des exclus.
Mais Anton n’est pas que ça, il se libère sur le net sur un forum de discussion à l’ancienne où la bienveillance est de mise et où chacun peut exprimer son opinion sans risque et caché derrière son avatar. Anton devient alors Silent boy, un gars qui sait écouter et qui dispense sa parole de manière rare mais entendue. Il se rapproche d’une membre avec qui il se livre peu à peu, et en parallèle on lui adjoint un nouveau compagnon de chambrée en la personne de Nathan, un gars au look improbable à ses yeux mais qui a le mérite d’assumer ce qu’il est. Tensions et pressions se multiplient, les événements se précipitent, les lignes vont devoir bouger car pour Anton il n’est plus possible de rester sans réaction dans le monde réel.
Mêlant narration classique et passages sous forme de topics de forum, la lecture est aisée et coule de source. On se prend au jeu très vite, l’auteur sait se mettre à la place de nos jeunes et j’ai trouvé l’ensemble crédible. C’est donc souvent brut de décoffrage, vulgaire et choquant. Il faut dire qu’on touche ici à des sujets sensibles, notamment l’organisation sociale qui découle des rapports de force entre les élèves, qui conditionne un positionnement, une espèce de statut. Cela donne vraiment pas envie de redevenir collégien, la souffrance de certains baignent les pages de ce livre et m’ont parfois beaucoup ému. La connerie humaine dans toute sa splendeur en quelque sorte, bien que jeunes, les protagonistes sont pour certains de véritables petites ordures et représentent un microscosme de l’ordre mondial. Les profs et adultes présents dans le texte naviguent à vue, ne captent souvent pas grand-chose et le salut viendra d’un acte courageux et inattendu.
Seuls bémols pour cette lecture (mais je suis un vieux con), aucune réelle référence aux réseaux sociaux qui sont au cœur des conflits et tensions que l’on peut voir et subir dans un établissement scolaire (la tendance est vraiment à la hausse depuis trois / quatre ans), juste un forum de discussion, pratique plutôt rare chez nos ados je trouve. Et un côté un peu Bisounours des discussions sur le forum et dans les rapports de certains jeunes. Cela ne gâte rien, apporte un semblant de douceur dans une histoire sombre et marquante avec des scènes de classes et de récréations très bien retranscrite donnant du peps et de la cohérence au récit.
Psychologie fine, tableau réaliste, pas de pathos et une langue vivante apportent à cette lecture une force de frappe non négligeable. Il est certain qu’elle plaira à nos jeunes lecteurs même si certains sont profondément réfractaires à la lecture. À lire et à faire découvrir.
"Son héroïne" de Séverine Vidal
L’histoire : Rosalie pense à Jessica.
Cette fille a besoin d'elle.
Le destin les a mises sur le même chemin,
dans le même tram, justement pour que Rosalie la sauve.
Jess à besoin d'elle, elle le sait.
La critique de Mr K : Grosse claque que ce roman jeunesse. Son héroïne de Séverine Vidal est un récit envoûtant et angoissant. Le postulat de départ est simple : Jessica se fait agresser dans le tram par un vieux dégueulasse et Rosalie lui vient en aide réussissant à écarter l’importun. Tout pourrait s’arrêter là mais Rosalie s’accroche et ce qui au départ ressemble à une rencontre miraculeuse va se transformer peu à peu en relation toxique, en une forme de harcèlement insidieux qui pourrait bien aller très très loin.
On oscille entre deux points de vue dans cet ouvrage. Jessica tout d’abord jeune fille bien dans sa peau qui a arrêté ses études, travaille comme caissière dans une jardinerie et a un petit copain coiffeur adorable. Une fois ses remerciements donnés à sa sauveuse, elle pense pouvoir s’en débarrasser, elle ne se trouve aucun atome crochu avec cette Rosalie. Mais elle sent bien vite que cette dernière se conduit étrangement, qu’elle dépasse les bornes de la bienséance et qu’elle part en vrille. La gène se dispute au désarroi mais aussi à la colère et à la répulsion. Tout s’embrouille chez elle surtout qu’elle est d’une nature gentille.
Elle a raison, Rosalie sombre peu à peu. Suite à un drame, cette maîtresse d’école a sombré et perd pied. Cette rencontre fortuite dans le tram brise le cercle vicieux, sa solitude et sa dépression. Elle est persuadée que Jessica est un signe du destin et qu’elle doit l’aider. Par ses réflexions et ses actes totalement décalés, on suit cette descente en Enfer dans un esprit profondément perturbé dégageant une mélancolie extrême qui m’a littéralement transpercée le cœur. Au fil du déroulé, la tension monte, mêlant inquiétude, tristesse et folie galopante avec son lot de mensonges et de fausses vérités construites de toute pièce pour fuir une réalité bien trop grise et désespérante... Le personnage de Rosalie m’a profondément ému et donne à voir ce qui peut arriver quand l’impensable s’invite dans votre existence et que vous dévissez.
Son héroïne se lit d’une traite et procure un plaisir de lecture immédiat et durable. Écrit simplement, profond dans le propos et très fin dans l’analyse psychologique, voila un roman à faire découvrir au plus grand nombre et notamment à nos jeunes qui parfois manquent cruellement d’empathie.
"Comme un homme" de Florence Hinckel
L’histoire: Il était parti dès qu'il avait su, mû par un instinct animal. Juste pour se protéger du froid, juste pour saisir la carabine de chasse au passage, et juste une pensée en tête : Je vais le tuer.
La critique de Mr K : Nouvelle lecture rapide empruntée au CDI avec Comme un homme de Florence Hinckel, un court texte de 62 pages immersif au possible et diablement bien tourné.
Ethan marche dans la neige en pleine forêt à la montagne. Armé de sa carabine, il monte vers un refuge où il va tuer un homme. Qui est-il ? Pourquoi cette soif de tuer ? Les souvenirs affluent durant l’ascension, des moments qui ressurgissent dans l’esprit à vif d’un jeune homme outré par une révélation que lui a fait sa mère. Un cheminement intérieur s’amorce, allant de sensations diffuses à de vraie révélations, la fin conclura de fort belle manière ce mini-parcours initiatique.
Les amateurs de l’implicite vont être servi. Le secret de famille qui est à la source de tout n’est jamais vraiment énoncé, on le devine. Par des réactions, des doutes, des silences aussi. Le fait qu’il soit caché ne lui donne que plus de poids et renforce l’empathie que l’on a pour Ethan et sa mère. Le gamin a de la ressource, du potentiel mais il est aussi impulsif et profondément remué au moment de monter vers son destin. C’est très bien rendu, plein de nuance voire poétique quand on met cela en parallèle avec les descriptions de la nature et l’étrange rencontre que le jeune homme fait à mi-chemin.
Les allers-retours passé / présent renforcent un climax tendu, éclaire peu à peu les zones d’ombre par de légères touches où chaque mot est pesé. Les chapitres sont parfois raccourcis au maximum (trois à quatre lignes par moment), imprimant un rythme irrégulier qui concourt à imprimer une instabilité durable dans l’esprit du lecteur. Enveloppé par des pages toutes plus attirantes et hypnotiques, les vingt minutes que nécessitent la lecture de cet ouvrage vont crescendo dans l’intensité et l’on referme l’ouvrage bouleversé.
Beau récit, âpre et pourtant plein d'espoir au final, Comme un homme est une petite merveille d’ingéniosité et d’humanité. À faire découvrir à de jeunes lecteurs que la lecture rebute mais les autres peuvent s'y coller aussi !
"Outrageusement romantique" de Manu Causse
L’histoire : Un garçon en vacances au bord de la mer. Des parents et une petite sœur décidément bien pénibles. La pluie. Le spleen. Une guitare pour tromper l'ennui. Et puis la rencontre de l'énigmatique Louise qui va tout chambouler...
La critique de Mr K : Lecture sympathique que ce court ouvrage à destination de la jeunesse que j’ai emprunté au CDI de mon établissement. Outrageusement romantique de Manu Causse (ex prof de français soit dit au passage) nous invite dans l’âge ingrat entre difficulté de se sentir exister, une rencontre qui change une vie et une révélation finale qui en surprendra plus d’un. Lu très rapidement et avec plaisir, voici un titre vraiment réussi dont je vais vous parler plus amplement.
Le jeune narrateur comme chaque année part en vacances à la mer avec toute sa famille. Tout est réglé comme du papier musique : la location de vacances à deux pas de la côte, les serviettes aux couleurs attitrées à chacun, la mer et les plaisirs qui vont avec. Idéal pour changer d’air pour cette famille modeste dont le séjour estival est un rituel rassérénant. Mais cette année, c’est différent. Le héros est saoulé par beaucoup de choses : son père l’insupporte par ses remarques acides, sa maman est trop sur son dos et sa petite sœur est horripilante (une petite sœur quoi -sic-). Rajoutez à cela un corps qui change et qu’il n’assume pas, cela donne un gamin introverti, souvent plongé dans ses pensées et qui pour s’évader s’essaie à la guitare sans grand succès au départ. Le romantique du livre c’est lui !
Lors d’un retour de plage, il est subjugué par la beauté de Louise, une jeune fille qui l’observe depuis sa fenêtre. Percuté en plein cœur, il tombe et se luxe la cheville ! Une aide providentielle intervient en la personne de la maman de Louise qui est médecin. Les deux familles se rencontrent et malgré leurs différences de classes sociales sympathisent. Les deux adolescents se cotoient donc, s’apprécient et le jeune narrateur énamouré se voit même offrir des leçons de guitare par sa dulcinée qui se révèle être une très bonne musicienne. On suit alors ses progrès fulgurants et l’évolution de sa relation platonique avec Louise à travers ses pensées et ses chimères. Mais très vite, quelque chose plane dans l’air, un soupçon, une ambiance bizarre qui ne fait que s’épaissir avant un renversement final assez confondant.
Ce livre est une vraie réussite en terme d’immersion dans la tête d’un ado pas sûr de lui et qui tombe amoureux. C’est frais, écrit de manière limpide avec une finesse qui touche au cœur. Sans en faire trop, avec une sensibilité à fleur de mots, l’auteur nous brosse un portrait très attachant du jeune héros à travers ses réflexions mais aussi ses interactions avec sa famille. On rigole beaucoup au départ de sa mauvaise foi, de son caractère buté et de ses maladresses. La suite devient plus grave et donne une autre vision de la personnalité du jeune homme. Le glissement se fait progressivement avec une construction du récit très maline qui participe grandement à la surprise finale.
Outrageusement romantique est court et incisif, il se lit quasiment en une heure et se prête bien à la lecture à voix haute. Il conviendra parfaitement à un public peu à l’aise avec la lecture si les thèmes abordés l’intéresse. Un très bon livre qui a toute sa place dans un CDI ou dans le rayon jeunesse de toute bonne bibliothèque qui se respecte.