mercredi 13 janvier 2021

"Les contes macabres" d'Edgar Allan Poe illustrés par Benjamin Lacombe

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Le contenu : Quelque chose de profond et de miroitant comme le rêve, de mystérieux et de parfait comme le cristal ! Un vaste génie, profond comme le ciel et l'enfer !

Charles Baudelaire à propos de l'œuvre de Poe.

La critique de Mr K : Quel bel ouvrage et quelle lecture à laquelle je vous convie aujourd’hui ! Benjamin Lacombe est un dessinateur / illustrateur que Nelfe affectionne beaucoup, je lui ai offert par le passé le diptyque d’Alice de Lewis Carroll et les deux volumes de Notre Dame de Paris de Victor Hugo. Magnifiquement illustrés, bien reliés, voila des livres qui relèvent quasiment de l’œuvre d’art. C’était donc à mon tour de me frotter à la bête avec Les contes macabres d’Edgar Allan Poe, un auteur culte à mes yeux et qui m’a procuré mes premiers frissons de jeune lecteur. J’ai dévoré cette remise au goût du jour aussi sombre dans le contenu que belle par son esthétique.

Huit nouvelles du maître sont réunies dans ce volume (il existe un deuxième volet): Bérénice, Le Chat noir, L’Île de la fée, Le Cœur révélateur, La Chute de la maison Usher, Le Portrait ovale, Morella et Ligeia. L’excellente idée fut de rajouter en fin de tome l’article de Charles Baudelaire Edgar Poe, sa vie, son œuvre (rappelons que le poète a été le premier traducteur officiel de Poe avec Mallarmé, excusez du peu !) Enfin, on retrouve des notes et notices, biographies et bibliographies sur les différents auteurs avec un luxe de détails tout à l’honneur de cette édition.

Quel délice que de redécouvrir des textes qui m’ont tant séduit par le passé et ont forgé mon esprit de lecteur. Certaines histoires sont restées bien fraîches dans mon esprit comme Le Chat noir, La Chute de la maison Usher ou encore Bérénice, d’autres se sont avérées être des textes que je n’avais jamais lu. Quelle claque à chaque fois !

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La mort encore et toujours hante ces pages. Obsessions, maladie mentale et esprits en perdition, figures féminines livides, souffreteuses et maladives, meurtres pulsionnels, perte de repères et de la réalité, la culpabilité qui vous ronge et la folie galopante... Un désespoir profond transpire de ces pages, une mélancolie macabre et poisseuse où tout lecteur qui passe inopinément (ou non) par là se voit happer par l’ambiance crépusculaire distillée avec un savant dosage de poésie et de préciosité, signe reconnaissable entre tous de l'écriture si particulière d'Edgar Allan Poe. Le style provoque toujours autant la curiosité pour ne pas dire la fascination, nous plongeant dans des univers fantastiques où l’inconnu se révèle au dernier moment entre gouffres psychiques et hallucinations incontrôlées. Et dire que ces textes ont déjà plus d’un siècle et demi. Des auteurs comme cela, on n’en fait pas deux !

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Le gros choc est venu surtout de l’article de Baudelaire reproduit dans son intégralité en fin d‘ouvrage. Il revient sur la vie tumultueuse d’Edgar Allan Poe, c’est d’ailleurs lui qui va contribuer à le faire connaître en France auprès du public. Il y a beaucoup de points communs entre ces deux figures, poètes maudits chacun à sa manière, à la recherche de l’inspiration dans les paradis artificiels avec une propension forte à l’alcoolisme chez Poe qui finira par succomber à une crise de Delirium Tremens. L’article est passionnant, complet, remarquablement écrit (le style en prose de Baudelaire convient parfaitement à l’entreprise) et très éclairant.

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Pour accompagner ce voyage crépusculaire, Benjamin Lacombe nous tient la main de fort belle manière. Son style n’est plus à présenter, les illustrations rivalisent de beauté et de poésie. Quitte à verser dans le blasphème, j’ai trouvé certaines images un peu sages par rapport aux lignes qu’elles illustrent, le côté folie profonde, possession, les pulsions de mort et de meurtre ne sont pas forcément rendues de manière bien "mad". Certes l’ouvrage s’adresse à un public élargi mais parfois j’ai trouvé que l’on versait dans une certaine mièvrerie. C’est dommage car le talent est immense mais peut-être correspond-t-il plus aux ouvrage suscités auparavant (notamment l’univers de Lewis Carroll).

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Je ne boude pourtant pas mon plaisir, on passe un merveilleux moment et quand on referme l’ouvrage, on n’a qu’une envie : retourner fureter dans l’œuvre de Poe et redécouvrir d’autres textes ainsi que ceux de Charles Baudelaire. Voici mes premières résolutions littéraires pour 2021.


mercredi 27 mai 2015

"Notre Dame de Paris" de Victor Hugo, illustré par Benjamin Lacombe

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L'histoire : Dans le Paris du XVe siècle, une jeune et superbe gitane appelée Esméralda danse sur le parvis de Notre Dame. Sa beauté bouleverse l’archidiacre de Notre-Dame, Claude Frollo, qui tente de l'enlever avec l'aide de son sonneur de cloches, le malformé Quasimodo. Esmeralda est sauvée par une escouade d’archers, commandée par le capitaine de la garde Phoebus de Châteaupers...

La critique Nelfesque : Mr K m'avait offert cette superbe édition de "Notre Dame de Paris" de Victor Hugo illustrée par Benjamin Lacombe à sa sortie en librairie. Autant dire que ce roman est resté longtemps dans ma PAL tant j'avais peur de m'attaquer à ce monument de la littérature. Seul le talent de Benjamin pouvait me faire passer le cap et je peux annoncer fièrement que ça y est, moi aussi, j'ai lu "Notre Dame de Paris" (et je n'ai pas fait que regarder la comédie musicale (ceci dit très fidèle à l'oeuvre originelle) !).

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Tout le monde connaît les grandes lignes de ce classique. Quasimodo et Esméralda font partie de notre culture française. Tant que l'on n'a pas lu le livre, on connaît moins les tenants et les aboutissants de l'intrigue. Esméralda est une orpheline élevée par les "étrangers" pauvres et parias qui inondent les rues de Paris au XVème siècle. Belle, jeune et insouciante, elle est au centre des regards et objet de désir pour Quasimodo, sonneurs de cloches de Notre Dame, Frollo, archidiacre, et Phoebus, capitaine de la garde. Ces personnages ci sont les principaux de l'histoire mais ils sont loin d'être les seuls. Il y a le petit frère de Frollo, Jehan, un gamin décérébré que j'ai détesté tout du long, la mère d'Esméralda au destin brisé qui rajoute une couche dramatique à l'ensemble déjà bien chargé, Gringoire, homme de lettres, qui est un peu le fil rouge du roman et est présent dans bon nombre de scènes importantes. Autour d'eux, encore moults hommes importants et une profusion de nobles de l'époque avec lesquels je me suis perdue. Certains passages fastidieux à base "d'untel fils d'untel, cousin de trucmuche, grand homme du quartier machin, lequel avait été sauvé par la loyauté de bidule, fils de ... (sur 3 pages)" ont failli avoir raison de moi. J'avais l'impression de lire des passages de la Bible et j'avoue avoir sauté une brassée de lignes à ce moment là. C'est précisément cela qui me faisait peur avant ma lecture, un roman écrit en 1831 comportant forcément des passages assommants pour un lecteur du XXIème siècle.

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Et oui, j'ose dire que "Notre Dame de Paris" ne m'a pas complètement séduite, au risque de me faire lyncher par des hordes de littéraires sanguinaires (bisous les copains !). Pas complètement séduite donc mais grandement tout de même. Après avoir commencé mon avis par ce qui m'a déplu, place maintenant aux louanges.

"Notre Dame de Paris" est un roman passionnant avec des personnages à la psychologie fouillée et au passé tragique. Tragédie qui va se poursuivre jusqu'à une issue fatale où les larmes ont du mal à être retenues. On a beau connaître l'histoire, la plume de Victor Hugo et la force des mots employés feraient ployer le plus bourru des lecteurs. J'ai particulièrement aimé cet aspect ci du roman qui m'en a appris beaucoup sur l'enfance de chacun et sur leurs cheminements de pensée.

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Les descriptions sont nombreuses et précises. Certains diront trop et sauteront aussi ici quelques paragraphes. Des chapitres entiers sont consacrés à la description de la Cathédrale et à celle de Paris. Par le menu, vous saurez bientôt tout de la génèse de chaque quartier parisien. Pour avoir fait des études d'Architecture à Paris, ceci ne m'a pas déplu, au contraire, mais ce ne sera pas le cas de tout le monde je pense. De mon côté, j'ai trouvé ces moments de descriptions très instructifs et j'irai même jusqu'à dire qu'il contribue à la compréhension de l'ensemble. Ainsi, le lecteur appréhende mieux le Paris du XVème siècle, s'en fait une image plus claire aussi bien d'un point de vue architectural et urbanistique que d'un point de vue sociétal.

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Les illustrations de Benjamin Lacombe soulignent parfaitement le texte. Par petites touches, il accompagne le lecteur et nous offre sa vision du classique de Victor Hugo. Cet illustrateur a un style qui colle parfaitement à l'histoire de "Notre Dame de Paris" et découvrir ses illustrations au fil des pages nous aide à poursuivre notre lecture dans les moments difficiles et nous laisse songeurs dans les moments douloureux. Une certaine mélancolie se dégage de son trait et du choix de ses couleurs. Ce n'est pas très joyeux mais les illustrations sont tout à fait en accord avec les mots de ce grand classique.

Vous l'aurez compris, malgré des passages un peu rudes, j'ai été happée par ce roman que j'ai lu avec beaucoup de plaisir. Une histoire forte, des personnages complexes et une fin funeste : "Notre Dame de Paris" est effectivement un roman à lire au moins une fois dans sa vie. Je vous encourage à sauter le pas si vous ne l'avez pas encore lu. Vous n'en ressortirez que grandis !

classiqueJ'ai lu ce livre dans le cadre du challenge "Destockage de PAL en duo" avec ma copinaute faurelix.