Le bordel organisé
«La théorie, c'est quand on sait tout et que rien ne fonctionne. La pratique, c'est quand tout fonctionne et que personne ne sait pourquoi. Ici, nous avons réuni théorie et pratique : Rien ne fonctionne... et personne ne sait pourquoi !»
Albert Einstein
An Pierlé au Sceaux What, Sceaux, 08/12/07
J'ai dans mon entourage amicale quelques personnes complètement raides dingues de cette chanteuse belge, me tanant limite jour et nuit pour que j'aille au moins une fois avec eux la voir sur scène (Stef, si tu nous regardes...). Ce soir c'est l'occasion! Sur Paris pour quelques jours et invitée au concert d'An Pierlé par 2 potes, je me rends avec eux à Sceaux.
Certains la trouvent exceptionnelle, phénoménale, envoûtante, talentueuse, touchant au génie... D'autres sont plus contrastés... C'est mon cas.
Energique sur scène, elle communique avec le public et vit ses chansons. Les musiciens sont très pro, tout est bien carré... Oui, elle chante bien, elle a un charme fou... Mais au bout de 5 chansons, j'ai commencé à bailler. Loin d'être transcendée, j'ai trouvé le concert monotone. La structure des chansons est toujours la même. Au bout de 20 min, ça y est, je m'ennuyais! En fond musical, en prenant l'apéro entre potes, pourquoi pas...
Ce soir là, à Sceaux, elle nous a chanté:
- Look at me now
- Good year
- On Sunday
- Mexico
- How does it feel
- Many roads
- An (solo)
- Build a better life
- Snakesong
- Need you now
- Jupiter
- Tower
- Not the end
- C’est comme ça
- Anytime you leave
- Kiss me
- Tenderness
- Such a shame
En revanche, "C'est comme ça" et "Such a shame", j'ai beaucoup aimé! Si, demain, elle sort un album de reprises, je l'achète direct parcequ'elle assure vraiment!
Et en plus, elle est gentille... De quoi s'en vouloir de ne pas adorer ce qu'elle fait...
Franck Monnet à la Java, Paris, 06/12/07
Jeudi matin, TGV n°8712 en direction de Paris Montparnasse, il est trèèèèès tôt mais ce soir j'assiste au concert de Franck à la Java.
21h30, début du concert avec Tante Hortense. Que dire de ce jeune chanteur marseillais, auteur de paroles telles que: "Je crois que ma vie me dégoute un peu comme si on m'annonçait que j'allai me réincarner pour la 3ème fois en...... choucroute". "Choucroute" qu'il fait très habilement rimer avec "prout"... Ajoutez à celà une super choré à en faire pâlir Kamel Ouali et une ponceuse électrique comme instrument de musique et faites vous vous même une opinion... Au total, 9 chansons et une soudaine envie de mourir pour Marie et moi...
Mais tt celà n'était pas sans compter la participation des Acousmates, fanfare bruyante, composée d'amateurs (ça, ce n'est pas un jugement personnel mais un fait). Là dessus, pas de commentaires, mes oreilles en sont encore meurtries...
Ceci étant dit, venons en à la prestation de Franck Monnet. Pour le concert de ce soir, même configuration qu'il ya 2 semaines à Rennes, Franck est encore une fois seul à la guitare.
A la Java, il nous chante:
- Quand on arrive à Malidor (c'est toujours aussi magique...)
- Les bancs (que j'ai pas mal déplacé ce soir ;) )
- Le livre ouvert
- Malidor (toujours en Charente)
- Comme les journées sont longues
- Douce, douce vanité (dédiée à..... personne!)
- Sur le pont d'Avignon (chanson écrite pour Claire Diterzi)
- La langue des chats
- Ma demeure (chanson sur l'amitié)
- L'esclandre (chanson sur la danse)
- La routine
- Tu parles
- Cesare Pavese
- Gros coeur (qui sonne tristement à mes oreilles ces derniers temps, j'ai d'ailleur versé ma ptite larme...)
- Pourtant (en rappel)
Encore une fois, un très bon concert, de belles émotions et de beaux sourires... Merci Franck.
Merci à Marie pour les photos!
Sagesse indienne
pas le troupeau vulgaire. Le vulgaire est tous ceux qui sont satisfaits de la mesquinerie et de l'humanité moyenne". Shrî Aurobindo | |||
Sagesse africaine à méditer
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Diély Boukary, de Bamako, est un excellent griot1, qui sait avec art pincer les cordes de sa cora2 et en tirer une mélodie dont la mélancolique harmonie évoque l'épopée des aïeux disparus. Il sait aussi, qualité non moins précieuse pour un griot, égayer les veillées de contes et de récits plaisants. Certains y trouvent prétexte à rire, d'autres des sujets de réflexion, d'autres encore des leçons morales ou spirituelles.
Un soir, il débuta la séance par cette exclamation fraternelle: « Ô Maison mère, Ô enfants de cette maison ! » ... Puis il nous conta l’origine de la chauve-souris, au tout début du monde. |
Il y a longtemps, bien longtemps, il n'existait sur notre terre que les herbes des champs, les oiseaux et un petit carnassier : le renard. Ce dernier, aussi agile qu’un épervier et plus vorace que le feu de l'enfer, faisait un véritable carnage parmi les oiseaux. Il les croquait soir et matin, petits ou gros, jeunes ou vieux, avec tant d’appétit qu’un jour il n’en resta plus qu’un seul sur la terre. Lorsqu’il s'en rendit compte, le renard se dit à lui-même : «Tant pis ! Cet ultime individu subira le sort de ses semblables. La loi du ravitaillement de mon ventre est inexorable.» Dès lors commença entre les deux animaux une partie acharnée et mouvementée. La chasse allait se terminer tragiquement pour l’oiselet quand celui-ci, au moment même où la griffe de son ennemi allait s’abattre sur lui, s’écria dans une inspiration subite : « Eh ! Renard ! Je suis l’unique survivant de tous mes congénères. Dernière semence de tous les oiseaux à venir, qu’ils soient du jour ou de la nuit, du lac ou de la forêt, de la grève ou de la dune, je suis leur seul espoir. Je t’en prie, Frère Renard, au nom de la compassion, accorde-moi la vie sauve ! » Pour une fois, le père de tous les renards oublia son propre intérêt. Il accepta d’avoir faim et de souffrir afin de laisser vivre le dernier représentant de la race qu’il avait lui-même anéantie. Mieux encore, pour se faire pardonner, il offrit à l’oiselet son amitié et lui demanda la sienne. L'accord fut conclu. Le renard devint frugivore3. Il ne buvait plus de sang chaud, sa nature se tempéra, il devint même galant et prévenant. Chaque jour, en effet, il ne manquait pas de rendre visite à son amie renarde. Ainsi allèrent les choses tandis que sous la surveillance du Créateur les années s’écoulaient, que la Terre se déroulait comme un tapis et qu’apparaissaient montagnes et végétation. Enfin le temps, cet outil magique, usa la querelle qui avait opposé le renard à l’oiselet. Avec les saisons, ce dernier était d'ailleurs devenu une charmante oiselle de son espèce. Parée d'un plumage multicolore, elle était si séduisante qu’elle en vint à conquérir le cœur du renard. Et pour lui, ce fut l’amour. Les deux anciens ennemis en vinrent au dénouement de tout amour heureux et ils accomplirent –j’en demande pardon à vos oreilles - ce que les bergers peuls4 nomment en termes polis «kiri kipp ». De cette union hybride5 naquit un être entièrement nouveau : la chauve-souris aux ailes membraneuses, l’être volant aux dents pointues mais qui allaite son poussin. Et voilà pourquoi la chauve-souris est mammifère parmi les oiseaux, et oiseau parmi les mammifères... | |
Ici finit le conte ... * Mais pour qui réfléchit, il apparaîtra résumé tout entier par trois mots : espoir, compassion, amour. À ces trois vertus on doit ici d’abord le salut d’une vie, ensuite la victoire remportée sur une nature sauvage, enfin l’union de deux êtres différents pour en créer un troisième. |
Amadou HAMPÂTÉ BÂ, « L’origine de la chauve-souris », extrait du recueil Il n’y a pas de petite querelle, Nouveaux contes de la savane, 2002.
1 griot : en Afrique noire conteur, poète et musicien.
2 cora : instrument de musique traditionnel à cordes.
3 frugivore : qui se nourrit de fruits.
4 peul : peuple d'Afrique occidentale.
5 hybride : composé de deux éléments de nature différente.
Pensée du jour
"Je trouve que la télévision à la maison est très favorable à la culture. Chaque fois que quelqu'un l'allume chez moi, je vais dans la pièce d'à côté et je lis."
Groucho Marx
Décorations de Noël
Nous avons décoré notre salon! Le chat a bien essayé de nous aider mais finalement il s'est décoré lui-même (les chats c'est vraiment des branleurs! me glisse Nelfe à l'oreille). Gageons que Tesfa n'effrayera pas le père noël le 24 au soir!
Concours CNFTP*
Vous développerez ces deux approches pour assurer la sécurité des déplacements: séparation et mixité des usages.
Vous avez 2h... Moi, j'en ai eu 3.
* CNFTP: Centre National de la Fonction Publique Territoriale
Critique hugolienne, bien utile en ces temps troublés...
Paru en 1829, "Le dernier jour d'un condamné" est le premier roman d'un jeune poète qui commence à percer dans le milieu artistique de l'époque: Victor Hugo (1805-1885). Ce récit est apparu tout d'abord sous le manteau et sans notification du nom de l'auteur, car il fut dans un premier temps interdit. En effet, dans la France de l'époque, le trouble est de mise, notamment au niveau politique: la censure était plus opérante que jamais.Ce livre représentait un danger car c'est un livre politique, un livre engagé, un livre accouché dans la douleur; un livre romantique. Hugo y fait le procès d'une société n'hésitant pas à aliéner ces propres citoyens au nom de la légalité et d'une "pseudo-légitimité" (peut-on admettre la légitimité de punir la mort par la mort, régression moyen-âgeuse vers la loi du Talion -oeil pour oeil, dent pour dent-).
Dans ce livre, il est question d'un condamné à mort qui attend son éxécution, le récit nous narrant son ultime jour sur Terre, finalement son dernier souffle de vie. Seul face à son destin inéluctable, le héros (qui n'a d'ailleurs pas de nom, ce pourrait être vous ou moi; idem pour le crime qui lui est reproché) décrit ce qu'il voit et ce qu'il ressent, jusqu'à sa mort à quatre heure sur la place de la Grève.
L'avantage indéniable de ce roman, c'est sa brièveté: 97 pages, 97 pages pendant lesquelles, on ne peut détourner son esprit de ce drame, car il s'agit bien d'un drame. Cet homme, seul, attendant sa mort; n'est-il pas le symbole de l'humanité toute entière attendant la grande faucheuse, des milliards de vie essayant bon gré / mal gré de meubler leurs petites vies insignifiantes et finalement sans liberté. Cet homme nous renvoit à nous même, on ne prends conscience de notre liberté que lorsque l'on est condamné! Triste constat. Finalement, peut-être sommes-nous toujours seuls, isolés, incompris; abandonnés par une société qui nous a pourtant mise au monde et éduquée au nom de la liberté justement. Même les seules sources de joie de notre condamné sont souillées, perverties (sa fille belle comme un ange qui ne le reconnaît même pas, une chanson magnifique devenant soudainement triste au contact des murs de la prison...). Face à ce délaissement et cette lassitude, il ne reste à notre héros que le repli sur soi et l'anayse de soi, solution idéale pour tout romantique qui se respecte. C'est ainsi que l'on passe de souvenirs heureux mélés de nostalgie à des retours abrupts voir violents à la réalité: la mort à quatre heure, sur la place de la Grève. Cette recherche intérieure que pratique le condamné est remarquablement servie par la langue de Hugo, mêlant hardiment le modernisme du verbe, au cadre imposé (la prison) plutôt classique. Hugo par sa verve romantique gratte le vernis des apparences et nous trace un portrait sensible et touchant d'un condamné à mort, d'un homme désespéremment seul avant tout, seul face à une réalité effroyable (sa mort prochaine), seul face au néant. A la fin de la lecture, le lecteur a à la bouche le goût amer de l'incompréhension et de l'injustice, plus qu'au niveau individuel, l'aliénation de l'individu par une société et comme couperet final, une mort qui ne servira à rien...