"Dette d'oxygène" de Toine Heijmans

L’histoire : Walter et Lenny n'étaient encore que deux adolescents lorsqu'ils ont découvert l'alpinisme. Bien décidés à y consacrer leur vie, ces deux garçons issus d'un pays sans relief sont partis ensemble dans les Alpes, toujours plus loin, toujours plus haut. Se rêvant héritiers des grands héros de la montagne, ils ont enchaîné les exploits, avec un seul objectif : entrer ensemble dans l'Histoire. Sans se rendre compte que, dans l'air raréfié des cimes, d'autres lois s'appliquent...

Bien des années plus tard, Walter se tient sur son dernier sommet, à 8 188 mètres, et contemple sa solitude. Qu'est-ce qui l'a amené là ? Où est passé Lenny ? Qu'est-il advenu de leur belle amitié ?

La critique de Mr K : Lecture mitigée aujourd’hui de Dette d’oxygène de Toine Heijmans, un auteur à la bonne réputation que je découvrais pour l’occasion. Au programme, la passion pour l’alpinisme, un grand bol d’air frais et en sous-texte une histoire d’amitié. Malgré des qualités indéniables, je n’ai jamais vraiment été embarqué par cet ouvrage. Voici pourquoi...

Étudiants dans la même ville, Walter et Lenny se rencontrent par hasard. Lors d’une balade impromptue, le premier voit le deuxième en train d’escalader un pont du secteur avec tout le matériel d’alpinisme. Pour Walter c’est la découverte d’un nouveau monde, lui qui vient d’un pays plat et sans relief, les Pays-Bas. Les deux hommes vont devenir inséparables, s’entraîner comme des forcenés quitte à mettre leurs études entre parenthèses. Puis c’est l’appel des sommets et le début d’expéditions de plus en plus risquées et prenantes.

Sur le papier, ce roman avait tout pour me plaire. Tout d’abord l’alpinisme et la montagne, deux thèmes que j’aime en littérature. Même si je n’ai jamais pratiqué la première, j’ai toujours été fasciné par les exploits des alpinistes, aventuriers amoureux de la nature, noyés dans un espace gigantesque, dangereux et sauvage (quoique de moins en moins à priori). Enfant, je passais aussi tous mes mois de juillet dans les Hautes Pyrénées chez ma grand-mère paternelle, j’ai nourri très tôt un amour fort pour la montagne, les randos, les balades, les rivières descendant des névés, les animaux, des paysages incroyables... Bon, j’y allais plus rarement en hiver mais j’avais cette fascination qui ne m’a jamais quitté. Du coup, les ouvrages se déroulant en montagne ont toujours un charme particulier à mes yeux.

Dette d'oxygène s’attarde essentiellement sur l’hiver en montagne, lieu propice à l’aventure et à tous les dangers. L’ouvrage recèle de détails sur le cycle de l’eau, les techniques d’alpinisme, les effets de ce milieu hostile sur l’organisme humain. Les passionnés vont adorer, on vit véritablement ces expéditions au long cours, dans leur organisation aussi et leur déroulement. L’immersion est totale, réaliste et assez impressionnante il faut l’avouer par moment. Le corps et ses limites, le temps qui passe, la peur qui se distille, la solitude aussi... Rien ne nous est épargné.

Pour autant, la mayonnaise n’a jamais vraiment pris chez moi. La faute je pense surtout à des personnages qui ne m’ont pas séduit, lisses et froids comme la glace en quelque sorte. Je n’ai pas éprouvé d’empathie à leur endroit, je n’ai pas frémi pour eux, je n’ai pas réussi à me mettre à leur place. Or c’est le premier objectif d’un roman à mes yeux, séduire et emporter avec soi grâce à des personnages marquants en bien ou en mal d'ailleurs. Alors certes, c’est beau, précis mais j’ai trouvé que l’ensemble manquait d’âme et je n’ai jamais été touché. Finalement, il pouvait leur arriver n’importe quoi, je n’en avais rien à faire. Un comble...

De là un certain ennui qui a fini par s’installer chez moi malgré un talent d’écriture certain. C’est très bien écrit, il y a du souffle, de la profondeur mais comme je n’arrivais pas à m’accrocher aux protagonistes, l'empathie n'a jamais été au rendez-vous. J’ai quand même été jusqu’au bout du livre par acquis de conscience mais j’ai trouvé au final cette lecture vaine et à l’intérêt limité. Je suis donc extrêmement déçu, surtout que certains blogueurs amis ne tarissaient pas d’éloges sur cet auteur. Un coup dans l’eau...