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Le Capharnaüm Éclairé
4 mai 2023

"La Marquise des Embiez" d'Alexandre Laval

lamarquisedesembiez

L’histoire : France, été 1720. La belle Marie-Madeleine de Sabran n'est plus la favorite du Régent, Philippe d'Orléans. Courtisane rebelle, elle est menacée par ses rivales et mise en cause dans la banqueroute qui saigne le royaume. Aussi se voit-elle contrainte d'accepter la mission que lui impose son amant : si elle souhaite regagner ses faveurs et sa place au Palais-Royal, il lui faudra rejoindre le cortège nuptial de Charlotte d'Orléans, sa fille, sur les routes de Provence et la convaincre d'épouser le duc de Modène à qui il l'a promise.

Mais ce voyage ne s'annonce pas une promenade de santé pour la marquise de Sabran, alors que l'ombre d'un vaisseau revenu d'Orient s'avance dans le port ensoleillé de Marseille. Molestée par Cartouche et sa bande, acculée par la peste qui ronge les terres provençales, Madeleine trouve refuge sur l'île des Embiez, fief rustique d'un ténébreux cousin de son mari. Loin du luxe et des intrigues de la Cour, "la marquise des Embiez" saura-t-elle reprendre son destin en main sur cette île cernée par la mort ?

La critique de Mr K : Petit séjour en terres historiques aujourd'hui. Dans La Marquise des Embiez, Alexandre Laval par ailleurs comédien de théâtre et cinéma, nous invite à plonger en plein XVIIIème siècle sous la régence de Philippe d’Orléans chargé des affaires du royaume de France en attendant que Louis XV soit en âge de régner. Au cœur de l’ouvrage, une marquise rebelle déchue, figure féminine forte qui va tout faire pour garder son destin en main. L’ensemble est grisant et addictif à souhait.

Madeleine est depuis quelques temps la favorite du régent. Comprendre par là qu’en plus de partager régulièrement sa couche, elle bénéficie d’avantages substantiels en nature et en espèces sonnantes et trébuchantes. Mais comme le dit le proverbe, tout passe, tout casse, tout lasse et elle se voit supplantée par une plus jeune et plus entreprenante qu’elle.Voila Madeleine chargée d’une mission peu agréable par son régent de chéri : retrouver la fille de celui-ci, parti retrouver son futur mari en Italie mais qui semble peu disposée à le faire. Évidemment tout ne va pas se passer comme prévu entre princesse retorse, bandits de grands chemins peu avenants, une épidémie de peste en cours et une île isolée où tout devrait finalement se dénouer et qui donne son titre au roman.

On se laisse embarquer très rapidement par le récit avec en premier lieu une Madeleine qui a de la ressource, un caractère bien trempé, un sens de la répartie bien aiguisé par son expérience de la cour et une beauté sublime qui ouvre bien des portes. Personnellement, je ne suis pas tombé sous son charme, je l’ai trouvé plutôt agaçante même par moments. C’est un pur produit de la cour, une courtisane aux dents longues et à la morale fluctuante. Elle est mariée à un gentilhomme de province qu’elle n’aime pas et dont elle s’est éloignée pour vivre le grand frisson. Très vite dans le roman, elle déchante donc et commence pour elle un voyage qui va se révéler initiatique à sa manière. Elle va devoir redescendre sur terre, mettre à mal beaucoup de ses certitudes et même éprouver de vrais sentiments à l’occasion d’une rencontre qui va la bouleverser. Rien ne la préparait à cela et pourtant...

Autour d’elle navigue une kyrielle de personnages très bien croqués et assez profonds dans leur développement. J’ai particulièrement aimé Agate, la servante noire et muette de Madeleine, adepte d’escrime et confidente silencieuse qui dégage une force de caractère majestueuse. Elle aussi va beaucoup évoluer durant ce récit et quand on compare les deux héroïnes entre elles, on se demande bien finalement qui est la plus libre des deux. Leurs statuts respectifs ne sont qu’un leurre que l’auteur va s’amuser à bousculer au fil de l’histoire. J’ai bien aimé aussi le vieux chevalier isolé sur son île, son neveu impétueux et leur vieille domestique qui dans leur exil forcé au milieu de nulle part (l’île d’Embiez), partagent une existence proche de la nature, isolés qu'ils sont du reste du monde. La rencontre avec Madeleine et sa suivante va faire des étincelles et révéler bien des choses sur les uns et les autres.

La reconstitution historique est bien rendue, fidèle à la vérité, on est vraiment plongé en plein XVIIIème siècle. Mœurs dépravés de la cour, intérieurs richissimes, vêtements, plats servis, manière de parler et rapports de force enveloppent le roman d’un charme certain. Sans en rajouter, toujours dans l’intérêt de la trame principale qu’il ne perd jamais de vue, l’auteur grâce à sa langue élégante, érudite mais néanmoins accessible et légère nous propose un beau voyage à travers une lecture très plaisante. Les amateurs du genre peuvent y aller, La Marquise des Embiez est une belle réussite.

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Commentaires
D
L'ile des Embiez se trouve au large de Six-fours-les-plages... là où j'habite ! Ce titre m'a donc interpellé car j'avais raté sa sortie, je le note donc ! Merci pour la critique qui donne envie !
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