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Le Capharnaüm Éclairé
17 avril 2023

"Et demain les russes seront là" de Iulan Ciocan

L’histoire : 2020. M. Turturica, professeur de latin, fuit Chișinău après l'invasion de la Moldavie par l'armée russe. Mais il ne parvient pas à se réfugier en Roumanie car son passeport est périmé... De retour à la capitale, il trouve l'aéroport assiégé et, sous ses yeux, un MiG abat un avion rempli d'hommes politiques moldaves qui tentaient de s'échapper. Par une suite de circonstances absurdes, il se retrouve en prison...

 

1995. Un étudiant de Bessarabie publie ce scénario dystopien : une fable grotesque et terrifiante basée sur l'une des plus grandes peurs des Moldaves !

 

La critique de Mr K : Cet ouvrage paru en 2015 trouve un douloureux écho depuis un an et le conflit russo-ukrainien. Dans Et demain les russes seront là, Iulan Ciocan nous offre un scénario tristement prophétique et nous propose de suivre deux personnages différents à deux époques distinctes. Malgré des qualités d’écriture indéniables, je dois avouer ne pas avoir adhéré totalement à l'ouvrage. Voici pourquoi.

 

D’un chapitre à l’autre, on alterne donc deux récits que rien ne semble lier entre eux. En 1995, Marcel Poudre, un jeune étudiant tout juste diplômé en littérature a écrit une fable dystopique sur une invasion russe de sa Moldavie natale. De retour au pays (il a fait ses études dans la Roumanie voisine), il va essayer de vendre son manuscrit et trouver un travail pour survivre. Malheureusement pour lui les circonstances, les rencontres malheureuses et il faut bien le dire sa nature profonde ne l’aident pas. Parallèlement, en 2020 la Moldavie est attaquée par les forces russes et un professeur de latin, Nicanor Pigeonneau, essaie de fuir du pays sans succès. Arrêté puis séquestré, on lui propose un choix immoral.

 

Le sujet avait tout pour me plaire et je dois avouer qu’au départ j’ai été emballé par ce croisement de deux destins qui fait la part belle à la culture moldave, à un quotidien difficile croqué avec tact et finesse. C’est bien écrit (quoiqu’un peu précieux par moments). Les éléments de culture, d’Histoire de ce petit pays s’accumulent et donnent à voir une singularité et une certaine fierté, le tout baigné à l’occasion d’auto-dérision bien sympathique (rien que le nom des personnages vaut le détour). Social et engagé, la souffrance sous toutes ses formes est abordée sans fard ni pathos…

 

Mais voila, à mi parcours de lecture, on se rend compte que l’invasion russe n’est pas vraiment traitée, elle reste constamment au second plan nourrissant chez moi une frustration grandissante et même agaçante. D’ailleurs l’auteur se focalise davantage sur le personnage du jeune étudiant (donc sur la période 1995) et là c’est le drame ! Je ne peux pas encadrer le jeune Marcel Poudre que je trouve suffisant, imbu de lui-même et complètement à côté de la plaque. Son rapport aux femmes aussi est dérangeant, je l’ai trouvé misogyne et d’ailleurs la gente féminine n’est pas des mieux traités dans l’ouvrage avec des passages limites voire révoltants. À partir de là, je dois avouer que le roman a perdu beaucoup d’intérêt pour moi et je l’ai tout de même terminé par acquis de conscience vu la réputation de l’auteur.

 

Un coup dans l’eau donc avec un ouvrage qui finalement ne m’aura pas marqué sauf dans les défauts précédemment cités. À croire qu’on n’était pas faire pour se rencontrer. Dommage...

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