Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Capharnaüm Éclairé
18 décembre 2022

"Spirale" intégrale de Junji Ito

Spirale-Integrale

L’histoire : De prime abord, Kurouzu ressemble à une banale petite ville de campagne. Mais, au-delà des apparences moroses, existe un mal profond, terrible et indicible qui plane au-dessus des habitants. Une pression hypnotique, un malaise poisseux qui corrompent les cœurs, les âmes et les esprits de victimes impuissantes.

La critique de Mr K: Je tiens à préciser qu’au départ je ne suis pas un grand amateur de mangas. Sorti de Ranma 1/2 (très fun), Dragon Ball (quand Sangoku est petit) et Akira (cultissime), je n’ai pas lu grand chose et souvent l’aspect esthétique des personnages me rebute, l’aspect trop théâtral aussi. Je découvrais, avec Spirale, l’auteur Junji Ito qui a une belle réputation dans le domaine de l’horreur et je dois avouer que j’ai été totalement conquis. Il propose un dessin dynamique et fouillé, pas caricatural et surtout un récit bien barré, complètement borderline même et une métaphore filée bien trouvée et jusqu’au-boutiste.

Il s’en passe des choses à Kurouzu, petite ville portuaire semblable à tant d’autres au Japon. À première vue, rien ne la distingue vraiment, la vie s’y écoule calmement, sans fioriture dans une banalité presque confondante. C’est sans compter l’apparition de phénomènes terrifiants. Tout commence par des disparitions, des coups de folie... Puis l’apparition d’êtres difformes, mutants, des phénomènes physiques et météorologiques inexpliqués. Une malédiction semble planer au dessus de la ville, une malédiction où le motif en spirale est omniprésent : vents tourbillonnants, drôles de courants apparaissant dans les caniveaux, un père mort dont le corps est transformé en spirale, des hommes se transformant en escargots, des cheveux se muant en spirales vivantes, des femmes enceintes en meurtrières, un couple d’amoureux transis qui va finir entrelacé au sens propre, une ville qui se transforme d’elle-même adoptant un plan spiralaire... Non vraiment quelque chose d’indicible se passe à Kurouzu et la vérité, quand elle éclatera, sera terrible.

1

Divisé en nombreux courts chapitres (à l’origine ce manga est sorti en trois volumes), on suit les événements à travers les yeux de Kirie, une jeune étudiante qui assiste quasi impuissante à la métamorphose funeste de sa ville natale. Ingénue comme on peut l’être à son âge, elle va devoir affronter une réalité qui la dépasse et la touche elle et ses proches. Ainsi, le récit alterne son quotidien à l’école, dans ses relations amicales et familiales avec des moments de terreur / horreur purs. Shuichi, son petit ami, est un jeune homme bizarre qui croit en la malédiction de la spirale. Particulièrement barré, paranoïaque, il est le contre-pied de l’héroïne. Les deux se complètent parfaitement et leur rôle sera essentiel dans la résolution du mystère surtout qu’il semble impossible de quitter la ville qui devient de plus en plus folle.

2

Les traits sont sombres, la noirceur tenace et poisseuse. Les tableaux sont saisissants, effrayants, la peur est vraiment palpable et il n’est pas rare d’être horrifié par ce qui nous est donné à voir et à lire. La fascination est totale, dérangeante par bien des aspects entre forme et fond, on vire même parfois dans le delirium le plus complet avec des passages vraiment allumés pour ne pas dire psychés. C’est très imaginatif, collé aux émotions les plus intimes des personnages et cela propose une Mythologie développée. Franchement, j’ai été emporté par le récit et ses réflexions sous-jacentes sur le Japon contemporain, la peur de l’Apocalypse (certaines cases font clairement penser à Hiroshima et Nagasaki), le harcèlement à l’école, le culte de l’apparence, la pauvreté galopante et la mainmise des puissants et du sacro-saint capitalisme (brillant essai reproduit en fin d’ouvrage) et d’autres références que je vous laisse découvrir.

3

Vous l’avez compris cette intégrale "Spirale" est une petite perle de noirceur que je vous invite à découvrir au plus vite. C’est sans complexe, extrême et profond. Les amateurs ne doivent pas passer à côté !

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Suivez-moi
Archives
Publicité