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Le Capharnaüm Éclairé
20 novembre 2022

"Transperceneige" Intégrale de Lob, Rochette et Legrand

Transperceneige

L’histoire : Un jour, la bombe a fini par éclater. Et toute la Terre s'est brutalement retrouvée plongée dans un éternel hiver gelé, hostile à toute forme de vie. Toute ? Pas tout à fait. Miraculeusement, une toute petite portion d'humanité a trouvé refuge in extremis dans un train révolutionnaire, le Transperceneige, mu par une fantastique machine à mouvement perpétuel que les miraculés de la catastrophe ont vite surnommé Sainte Loco.

Mais à bord du convoi, désormais dépositaire de l'ultime échantillon de l'espèce humaine sur cette planète morte, il a vite fallu apprendre à survivre. Et les hommes, comme de bien entendu, n'ont rien eu de plus pressé que d'y reproduire les bons vieux mécanismes de la stratification sociale, de l'oppression politique et du mensonge religieux...

La critique de Mr K: Chronique d’une œuvre culte de BD de science-fiction aujourd’hui avec Transperceneige de la triplette d’auteurs Lob, Rochette et Legrand. Depuis le temps que je souhaitais la lire, un séjour en médiathèque m’a donné l’occasion de pouvoir enfin découvrir cet ouvrage qui m’a beaucoup plu et qui propose une vision du futur effroyable mais totalement crédible dans les rapports sociaux qu’elle évoque.

Ça a fini par arriver, les hommes ont définitivement détraqué le climat. Après une énième guerre, il règne désormais un froid polaire sur Terre. Vous sortez et vous êtes congelé sur place en quelques minutes ! Très peu d’humains ont survécu et ceux qui l’on pu se sont réfugiés dans le Transperceneige, un train qui semble sans fin et avance inlassablement via une technologie avancée mystérieuse. Dans ce monde clos, les humains ont reproduit la hiérarchie sociale, une organisation injuste qui voit les plus pauvres entassés dans les derniers wagons, survivants comme ils peuvent dans des conditions déplorables et les détenteurs du pouvoir occuper des wagons plus avancés, proche de la Sainte Loco, vivant dans le luxe et la débauche. L’histoire démarre quand Proloff, un homme du peuple miséreux réussit à pénétrer sur le territoire des nantis et commence à remonter les wagons un par un. Tout pourrait bien basculer...

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On rentre donc dans le vif du sujet très tôt et la révolte gronde. Notre héros a des raisons d’être en colère. Peu à peu, on découvre la réalité qu’il a vécu, les combats perdus et l’iniquité de la société du Transperceneige au fil de son avancée, des rencontres qu’il peut faire. Luttes de pouvoir, manipulation des masses, exploitation, tout est révélé avec parcimonie lors de ce trajet initiatique qui aborde nombre de vicissitudes humaines. Tout est ici accentué, polarisé par l’unité de lieu et donne une force incroyable au récit initial. Proloff est très attachant, entre détermination forte et un certain détachement par moment, dépassé par une réalité qu’il soupçonnait sans vraiment pouvoir se la représenter fidèlement. Quand il va en prendre conscience, cela le mènera vers une fin étrange et logique à la fois.

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Les deux autres parties forment un diptyque et je dois avouer qu’au départ l’enthousiasme a été douché. J’ai trouvé le tome deux un peu surfait, on reproduisait plus ou moins les mêmes choses que dans le récit original, heureusement sa fin et le troisième tome redécollent, proposant une belle virée paranoïaque dans un train en roue libre où les obsessions et les désirs de chacun en matière de détention de pouvoir foutent un souk pas possible, accélérant le rythme et proposant un récit très prenant. L’ultime planche sombre au possible est un modèle du genre et fait résonner longtemps la vacuité de certains espoirs poursuivis par les protagonistes.

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L’aspect esthétique est superbe surtout celui du premier tome, les traits du premier dessinateur m’ont davantage séduit même si celui qui reprend les rênes ensuite n’est pas manchot non plus. Le noir et blanc fait remarquablement écho au sujet et renforce l’emprise de la trame sur le cerveau du lecteur. Difficile de lâcher prise dans ces conditions et même si j’ai connu un léger flottement, au final l’expérience fut vraiment très agréable. Je ne peux que vous conseiller de la tenter à votre tour.

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Commentaires
L
Autant j'avais apprécié le premier tome, autant les deux suivants m'ont semblé superflus. Ce qui est bizarre, c'est que je ne me souvenais pas du graphisme avant de lire ton billet. J'ai plus gardé en tête les images du film. Si tu as l'occasion de le voir maintenant...
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