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Le Capharnaüm Éclairé
19 octobre 2022

"Je ne suis pas un roman" de Nasim Vahabi

L’histoire : Une autrice et son éditeur se rendent au bureau de la censure pour tenter de comprendre l'interdit de publication dont ils sont victimes. Alors que l'éditeur repart bredouille, l'autrice se retrouve oubliée par l'agent lecteur dans la salle des manuscrits interdits. Elle commence à tourner les pages mises en quarantaine...

 

La critique de Mr K : Chronique d’un livre à part aujourd’hui avec Je ne suis pas un roman de Nassim Vahabi, une auteure iranienne résidant désormais en France (qui a traduit elle-même son roman du persan au français) et qui propose via ce court roman une plongée dans un monde où la liberté d’expression n’est qu’un mirage et où l’on contrôle ce qui est publié. Cette lecture fut étrange et percutante à la fois.

 

La quatrième de couverture résume bien la première partie du roman. Après une courte entrevue avec un responsable secondaire du bureau de censure (le grand manitou a un problème familial) pour essayer de comprendre pourquoi un manuscrit a été refusé par l’État à la publication, voila notre auteure, coincée dans la fameuse pièce aux manuscrits interdits, qui commence sa lecture. Puis, on passe à des échanges de SMS entre un homme et une femme qui s’aiment profondément et dont on suit l’histoire à rebours, remontant le temps de manière énigmatique. On rencontre une femme enceinte qui perd sa maman, on découvre que l’éditeur a une relation suivie avec une archiviste, un agent d’entretien d’un genre particulier... Bref, ça part dans tous le sens et on se demande bien où tout cela va nous mener.

 

Il faut se laisser le temps, il faut être patient. Petit à petit des liens apparaissent. D’abord ténus, ils se développent, des personnages se retrouvent dans des scènes différentes, se croisent et finissent par former un tout cohérent très bien construit. Amour, amitié, souffle de liberté mais aussi jeux de pouvoir, censure et cloisonnement social sont au cœur d’une intrigue multiforme qui se déploie et embarque littéralement le lecteur dans une langue volatile, changeante d’un chapitre à l’autre mais toujours évocatrice et finement amenée.

 

Je mettrai un petit bémol au niveau de mon attachement pour les personnages. Je n’ai pas éprouvé de grande empathie à leur endroit (sauf pour le couple d’amoureux qui se textotent régulièrement), je ne m’en désintéressais pas mais je n’ai pas éprouvé une forte attraction pour eux. C’est plus le sous-texte qui m’a touché et interrogé à la fois avec une réflexion vraiment passionnante sur la liberté d’écrire, de lire, de penser que l’on ne se pose pas forcément suffisamment dans nos société occidentales trop persuadées que ce sont des droits acquis définitivement. Rien n’est moins sûr malheureusement...

 

Je ne suis pas un roman est donc une lecture différente, qui se mérite, profonde et finalement très curieuse. Moi qui aime être surpris, j’ai été servi. À qui le tour ?

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