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Le Capharnaüm Éclairé
7 octobre 2022

"Les Chants de Nüying" d'Émilie Querbalec

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L’histoire : La planète Nüying, située à vingt-quatre années-lumière du Système solaire, partage de nombreux traits avec la Terre d’il y a trois milliards d’années. On y trouve de l’eau à l’état liquide. Son activité volcanique est importante. Ses fonds marins sont parcourus de failles et comportent quantités de sources hydrothermales. Elle possède une magnétosphère et une atmosphère dense, protectrice. Tout cela en fait une bonne candidate pour héberger la vie.

La sonde Mariner a transmis des enregistrements sonores de Nüying : des chants qui évoquent par analogie ceux des baleines.

Quand elle était enfant, Brume a entendu cet appel. Désormais adulte, spécialisée dans le domaine de la bioacoustique marine, elle s’apprête à participer à la plus grande aventure dans laquelle se soit jamais lancée l’Humanité : rejoindre Nüying au terme d’un voyage spatial de vingt-sept années.

Que va-t-elle découvrir là-bas ? Une civilisation extraterrestre ou une remise en cause totale de ses certitudes ?

La critique de Mr K : Un très bon roman de science-fiction au programme de la chronique du jour avec Les Chants de Nüying d’Émilie Querbalec, une auteure que je découvrais pour l’occasion et dont j’avais entendu parler sur la blogosphère et les réseaux sociaux. Force est de constater qu’elle est douée, qu’elle sait emballer un récit, construire du neuf à partir d’idées à priori basiques et propose un voyage littéraire à couper le souffle entre anticipation réaliste et voyages intérieurs source d’inspiration et de réflexion.

Ne vous laissez pas berner par la quatrième de couverture officielle, le roman ne se résume pas au parcours de Brume qui n’occupe finalement qu’un tiers du roman car en filigrane, on la suit elle certes mais aussi d’autres personnages qui vont participer à ce voyage à nul autre pareil, aux confins du cosmos, vers un monde source d’espoir. Il y a Brume et cette fascination qu’elle a depuis l’enfance pour les acoustiques marines et qui veut savoir quels sont les fameux sons qu’une sonde à réussi à capter sur Nüying. On suit aussi Jonathan le patron de Space O’ richissime homme d’affaire qui rêve d’immortalité grâce à un procédé révolutionnaire de transplantation de l’esprit dans un clône de lui-même, Dana et Williams des scientifiques qui embarquent pour justement le suivre sur cette expérimentation aussi lourde de promesses que de menaces... Et toute une série de personnages plus ou moins secondaires qui vont tous avoir leur importance à un moment ou un autre de l’aventure.

Divisé en trois grandes parties, les préparatifs, le voyage et l’arrivée sur Nüying, on navigue d’un personnage à un autre, explorant les ressorts de leurs psychés, leurs motivations intimes et les choix qu’ils doivent faire. C’est très poussé dans le domaine, l’auteur prend son temps pour poser ses bases avant de mieux les bousculer par la suite. On se prend au jeu et malgré le côté repoussoir de certains, on s’attache à tous car chacun apporte sa pierre à l’édifice abordant au passage des questions clefs de notre humanité : le poids de l’hérédité et notre rapport avec nos ascendants, le progrès avec ce qu’il apporte et retire, l’amour qui rompt la solitude mais apporte de grandes responsabilités parfois et modifie notre perception des choses, la question de notre mortalité aussi et du sens que l’on donne à notre existence, le fondamentalisme religieux, la foi et ce qu’elle implique... C’est très profond et très abordable à la fois. Côtoyer tous ces personnages a été un plaisir de chaque ligne, l’auteure d’ailleurs ne nous ménage pas et nombreuses sont les circonvolutions du récit.

L’aspect SF est lui aussi très réussi. Technique sans jamais perdre ou égarer, on est dans quelque chose de plutôt réaliste, qui essaie toujours de rendre l’équipée crédible. Que ce soit le vaisseau en lui-même, les équipements qui le composent, l’évolution des êtres humains avec leurs néo-connectiques directement implantées sur le corps (des post-humains en quelque sorte), l’IA que l’on croise à l’occasion, le fameux procédé qu’expérimente le grand patron... tout est remarquablement amené créant un ensemble assez bluffant, complet dans lequel on aime se perdre, fenêtre vers un futur que j’ai trouvé pour ma part plutôt inquiétant avec un recul du réel, de la nature au profit de l’artificiel et du virtuel. Cela donne lieu à de nombreuses réflexions, de celles que l’on mène déjà avec les dernières innovations qui ont fait irruption dans notre quotidien depuis déjà 20 ans et modifient clairement nos habitudes et nos comportements.

Le récit finit par prendre une trajectoire déroutante et quasi mystique dans le dernier quart lorsque l’on retrouve sur Nüying... Je n’en dirai pas plus mais quand on dit que le plus important est souvent la route plutôt que l’objectif final, c’est tout à fait cela ici. Non que la fin soit décevante, elle est très réussie même, mais tout a une logique et j’ai trouvé le dénouement en parfaite adéquation avec l’évolution de chacun des personnages. Quant à l’écriture c’est limpide, rythmé, exigeant, tout ce que j’aime dans le genre SF.

Cette lecture fut vraiment un grand moment, les amateurs ne doivent pas passer à côté.

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