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Le Capharnaüm Éclairé
16 septembre 2022

"Le Sang des Parangons" de Pierre Grimbert

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L’histoire : Le monde des hommes est en train de s’effondrer. Et toutes les prières, tous les sacrifices, semblent incapables d’y remédier. L’humanité assiste, impuissante, à son crépuscule. Une dernière chose doit cependant être tentée. Une folie, à la hauteur de cette situation désespérée.

Chaque nation, chaque territoire a ainsi désigné son champion. Certains sont des sages, des savants, ou des dévots. D’autres sont des mercenaires, des aventuriers ou des chevaliers. Il y a même des rois et des reines… Ils ne se connaissent pas, ils ont parfois des intérêts contraires, mais ils ont été réunis pour former le groupe des parangons. Une escouade d’exception dont la mission représente la dernière chance de survie de leurs peuples respectifs.

Ensemble, ils vont devoir pénétrer la montagne sacrée, siège du palais souterrain des dieux. Et s’ils parviennent jusqu’aux éternels, malgré les dangers légendaires que renferme cet endroit, ils devront les convaincre de sauver leur monde agonisant. En les suppliant… ou bien en les défiant, si nécessaire.

Mais combien de parangons verront leur sang versé sur le chemin, pour permettre aux autres de continuer ?

En restera-t-il un seul, qui pourra prouver que l’humanité mérite vraiment d’être sauvée ?

La critique de Mr K : Une escale en terre fantasy aujourd’hui avec Le Sang des Parangons, dernier ouvrage en date de Pierre Grimbert à qui l’on doit notamment Le Secret de Ji. Plus qu'un simple roman fantasy, cet ouvrage est une expérience de lecture totale, addictive et d'une profondeur abyssale. Une sacrée claque.

Le monde est en pleine déréliction, la fin des temps approche sans que les hommes semblent pouvoir y faire quoi que ce soit. Dans cette ambiance apocalyptique nul espoir n’est permis si ce n’est une tentative un peu folle de vouloir contacter les anciens Dieux au fin fond de la montagne sacrée dont personne n’est jamais revenu vivant. Les cadavres s’amoncellent autour de ce lieu qui provoque fascination et épouvante, seule une porte taillée dans la pierre indique que des êtres humains (ou des Dieux ?) y ont résidé il y a bien longtemps et qu’il y a donc une entrée...

Chaque peuplade, chaque nation a donc désigné une personne, un champion qui va les représenter dans une équipée à nulle autre pareille. On trouve de tout dans cette troupe disparate (les fameux Parangons qui donnent leur nom au livre) : guerriers, sages, voleurs, prêtres, mendiants, musiciens, princes et rois se mêlent, se jaugent, se jugent et parfois se rapprocheront. L’union n’a de sacrée que le nom car dès les préparatifs et l’entrée dans la montagne, les tensions sont palpables. Le voyage se prolongeant, les morts s’accumulant, les frictions vont se multiplier au gré de découvertes et d’expériences déconcertantes et surtout mortifères.

Chaque chapitre adopte le point de vue d’un Parangon différent. Ils sont plus de quarante et c’est de presque la moitié dont on partage les pensées, actes et atermoiements. Il faut se laisser porter au début car on a l’impression de sauter du coq à l’âne. Des liens et rapports finissent par apparaître donnant à découvrir des relations complexes et cohérentes. Le jeu devient jubilatoire et comme les personnages sont ciselés de manière fort à propos, on prend beaucoup de plaisir à suivre leur évolution malgré l’aspect dramatique que prend très rapidement l’expédition.

Comme dit précédemment, les morts s’accumulent jouant sur les nerfs des protagonistes et les plongeant peu à peu dans un désespoir grandissant. Les galeries et couloirs se ressemblent, regorgent de dangers tous plus étranges les uns que les autres, des créatures errent dans ces lieux et mêmes les lois physiques semblent modifiées. De quoi inquiéter ces aventuriers trop sûrs d’eux pour certains et mettant à jour les iniquités et les rivalités qui vont finir par ressurgir parfois au pire moment. Le jeu de massacre peut commencer avec en fil rouge cette question obsédante : les Dieux existent-ils ? Vont-ils accéder aux demandes formulées par les survivants ? Le monde va-t-il être sauvé ?

Solidement ancré dans un univers fantasy esquissé de manière discrète et délicate, le flou est très artistique ici, l’important réside ailleurs dans ce roman initiatique. À travers l’errance des Parangons, le ressenti de chacun des personnages que l’on croise, l’auteur propose un très beau diaporama des questions existentielles qui traversent une destinée humaine avec un questionnement constant sur le sens de l’existence. Il se dégage de l’ensemble une puissance évocatrice vraiment prenante voire bouleversante par moments et l’on se laisse littéralement emporter avec un plaisir sans borne.

Très très belle expérience de lecture donc, avec un auteur à la plume aussi vive que passionnante, un univers clos aussi angoissant que source d’interrogations et une fin que j’ai trouvé pour ma part tout à fait réussie. Un must dans son genre que je vous invite à découvrir au plus vite.

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