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Le Capharnaüm Éclairé
8 août 2022

"Le miroir de Satan" de Graham Masterton

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L’histoire : Martin Williams, un scénariste, fait l'acquisition d'un miroir ayant appartenu à Boofuls, enfant-star d' Hollywood, assassiné en 1939 dans des circonstances aussi tragiques que mystérieuses. Les miroirs, c'est bien connu, peuvent être des portes sur d'autres mondes. Celui-là est une porte sur l'enfer, sur un "Hollywood à l'envers" où sous ses dehors de petit garçon angélique, Boofuls va se révéler la plus diabolique des créatures...

La critique de Mr K : Un bon plaisir régressif au programme d'aujourd'hui avec un Graham Masterton exhumé de ma PAL, un auteur que j’aime tout particulièrement lire en été, le genre épouvante convenant parfaitement à cette période d’accalmie au niveau taf et au climat surchauffé. Quoi de mieux donc qu’un ouvrage traitant de l’enfer et du Diable avec Le miroir de Satan, une variation très libre autour de l’œuvre de Lewis Carroll. J’y allais avec confiance vu la belle surprise que s’était révélé être Le Portrait du mal qui lui partait sur les pas d’Oscar Wilde. Ce fut ici une lecture très plaisante, addictive et très agréable malgré une fin quelque peu abrupte.

Être scénariste est loin d’être une sinécure. Loin d’être riche, Martin Williams vivote dans un Hollywood où la richesse semble à portée de main. Il ne s’en plaint pas pour autant, il vit pleinement sa vie de célibataire, multiplie les conquêtes et réalise quelques percées dans le marché des séries à succès comme l’Agence tout risque. Il a un projet secret, une marotte : celle de réaliser une comédie musicale sur un enfant-star assassiné violemment par sa grand-mère en 1939. Par un hasard surprenant, il se retrouve avec la possibilité d’acquérir des meubles lui ayant appartenu. Il jette son dévolu (il n’a en fait les moyens que pour ça) sur un grand miroir surmonté d’une figurine grimaçante et l’installe chez lui.

C’est bien connu, les miroirs capturent une partie de votre âme quand vous vous contemplez dedans, certains disent même qu’ils sont un lieu de passage vers d’autres mondes ou dimensions. Martin va l’apprendre très vite à ses dépens. Il commence par y voir des choses qui ne devraient pas y être et bientôt des échanges vont s’avérer possibles. Le simple fait surnaturel et inquiétant va devenir terriblement angoissant avec de premières apparitions glaçantes et des morts violentes qui s’accumulent autour de lui. L’enfant disparu semble avoir survécu et vivre de l’autre côté. Que se passerait-il s’il réussissait à traverser le miroir et à venir dans notre monde ? Le lecteur et le héros prit de panique ne vont pas tarder à le savoir !

Ce qu’il y a de bien avec cet auteur, c’est que ce n’est pas un tâcheron comme on en trouve un peu trop souvent dans le genre. Le style est étudié, fourni et pour autant très accessible et évocateur de scènes délirantes et effrayantes. Masterton s’y entend pour nous mettre les chocottes et il y est arrivé plus d’une fois avec moi avec cette lecture, je peux vous dire que je regardais différemment mon reflet dans le miroir de la salle de bain. On passe dans ce roman de moments calmes à de brusques accélérations narratives qui mettent mal à l’aise, la bienséance n’étant pas dans ces pages bien au contraire. Satan ne fait pas dans la dentelle et dans la morale première, il se déchaîne ici.

L’aspect fantastique est très bien rendu, insidieux et pernicieux, il baigne les pages d’une atmosphère glauque. On n’est pas déçu par cette immersion poisseuse, très progressive et qui voit les certitudes du héros fortement ébranlées. Les faisceaux de présomptions tournent vite aux révélations incroyables. A la moitié de l’ouvrage, on se rend compte que la simple histoire de revenant et d'objet possédé vire en quelque chose de bien plus important et que le sort du monde tel qu’on le connaît est en jeu. Surtout que les esprits finissent par se déchaîner et donnent lieu à des scènes bien gores dont l’auteur a le secret. Ça gicle bien, c’est bien sadique par moment, perso j’adhère et j’adore. Un bon Masterton recèle forcément des passages bien salés, et l’on n’est pas déçu sur ce plan là non plus !

En filigrane, on lit aussi une bonne critique bien senti du système hollywoodien, de la logique de succès et d’échec avec son lot d’âmes perdus et de laissés pour compte capables de tout pour réussir. Le milieu est bien pourri par l’argent, la quête de pouvoir et la volonté de n’en laisser aucune miette. Typiquement le genre d’enfer sur terre idéal pour faire germer un mal plus profond. L’auteur s’en donne donc à cœur joie et la jubilation est là encore totale. Un petit bémol, la résolution arrive tardivement et aurait mérité davantage de développement. Ce n’est pas bâclé pour autant, tout a une explication mais le climax installé aurait mérité d’être détruit de manière moins rapide et plus prolongé. Mais c’est un menu défaut je vous rassure.

Très bonne lecture donc que je ne peux que conseiller à tous les amateurs de frissons, d’ambiance de fin du monde et de paranoïa galopante. C’est efficace, bien mené et l’on n’est pas déçu.

Egalement lus et chroniqués de Masterton au Capharnaüm éclairé :
Le Portrait du mal
Magie des neiges
Apparition
La Cinquième sorcière
- Le Jour J du jugement
- Le Trône de Satan
- Le Sphinx
- Magie maya

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