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Le Capharnaüm Éclairé
14 mai 2022

"Batman année un" de Frank Miller et David Mazzuchelli

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L’histoire : Quand il avait six ans, Bruce Wayne a vu ses parents se faire assassiner sous ses yeux. Après un entraînement intensif, il revient à Gotham City pour mener une guerre sans merci contre le crime... mais ce ne sera pas facile. Face à la corruption des autorités de la ville et leurs liens avec la pègre, Bruce, sous le déguisement du vigilant Batman, va forger une alliance avec un policier nouveau venu à Gotham : le lieutenant James Gordon.

La chronique de Mr K : Jusqu’au début de mon adolescence, j’étais un enfant de la bande dessinée belge, un amateur forcené d’Hergé et de son célèbre reporter à la houppe dont je lisais les albums à la lueur de ma lampe de chevet. Et puis, j’ai découvert Spiderman qui m’a ouvert les portes de l’univers des comics, un héros tourmenté à la vie bien remplie. Mais c’est le personnage de Batman qui sera le révélateur de quelque chose chez moi, un personnage atypique, sans super pouvoir et profondément sombre qui vit caché et dans ses contradictions.

C’est donc avec joie que j’empruntai ce volume au CDI de mon établissement, pensez-donc, l’alliance entre un de mes personnages préférés et un artiste que j’admire par dessus tout depuis sa série Sin City. Frank Miller range les crayons ici, se contente de la casquette de scénariste et laisse la mise en image à David Mazzuchelli. Les deux hommes font merveille et proposent un récit haletant et passionnant.

Je ne vous ferai pas l’injure de revenir sur l’histoire. Tout le monde ou presque la connaît. Bruce Wayne, fils de bourgeois, devient orphelin très jeune. Il grandit vaille que vaille grâce à l’attention de son majordome Alfred, part en voyage pendant plusieurs années pour revenir dans une Gotham City gangrenée par la corruption et le crime. Ne pouvant plus supporter cet état de fait, il se crée un alter-égo de l’ombre, un homme chauve-souris qui va faire changer la peur de camp et essayer de remettre les compteurs à zéro. Le présent ouvrage nous raconte les origines de cette métamorphoses et ses premiers pas en tant que justicier.

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Pour qui est déjà familier de l’univers de Batman, on navigue donc ici en eaux connues. Pour autant, on ne s’ennuie pas une seconde tant l’écriture de Miller fait mouche et prend des directions plus surprenantes. L’exemple le plus criant est la caractérisation de l'inspecteur Gordon que j’ai toujours trouvé un peu lisse. Ici c’est un homme borderline au niveau de son mariage, le poids de son métier pèse et il est faillible. Cela le rend plus vulnérable, plus humain, moins parfait en quelque sorte. Du coup, ce personnage qui m’indifférait auparavant notamment dans les adaptations cinématographiques de Christopher Nolan (une très bonne trilogie soit dit au passage) prend dans ce comics une toute autre dimension, une importance plus forte et colore de noir une trame déjà bien sombre.

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Pas de grands bad guys du coup dans ce volume. Les pourris ce sont les responsables politiques et les mafieux dont les accointances sont les sources du chaos à Gotham. C’est noir, très noir même et il suffit de quelques planches, scénettes pour étaler au grand jour la déliquescence de la cité. La toile d’araignée est dense, l’espoir bien maigre et d’ailleurs malgré un dénouement plutôt positif, beaucoup de boulot reste à abattre au justicier et ses alliés. Davantage qu’une aventure virevoltante, on a affaire ici à un récit initiatique doublé d’un aspect policier très développé qui donne un ton et une ambiance assez unique à ce récit où le rythme ne faiblit jamais et propose de nombreuses réflexions sur les sociétés humaines et la propension de notre espèce à se nuire à elle-même.

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Gotham City est un vrai personnage à part entière, on erre dans ses ruelles, ses lieux de pouvoir. Mécanisme du pouvoir, des résistances possibles mais aussi celles de victimes expiatoires qui endossent des responsabilités qui ne leur incombent pas, l’entité Gotham grouille de détails (parfois très discrets) qui donnent à l’ensemble une cohérence et une force rare. Le propos est intelligent, très complexe et emmène le lecteur vers des rivages insoupçonnés qui forcent l’admiration.

La mise en image est magnifique. Bien que classique dans son aspect formel (et encore certaines cases sont d’une imagination folle, privilégiant notamment le hors cadre), elle happe le lecteur et insuffle une vitalité terrible. Non vraiment ce comics vaut le détour et ravira autant les vieux de la vieilles que les nouveaux lecteurs. Un must read dans le genre !

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