L’histoire : Calcutta, 1932.
Ben et sa soeur jumelle Sheere, séparés depuis leur naissance seize ans plus tôt, se retrouvent enfin. Mais à peine réunis, les voilà traqués par un mystérieux assassin. Aidé par la Chowbar Society, un club secret créé avec six copains de l'orphelinat, Ben devra faire face à Jawahal, un démon maléfique, une âme damnée qui doit tuer l'un de ses enfants pour trouver le salut... Commence alors une course-poursuite, entre palais abandonnés et trains fantômes.
L'odyssée indienne de deux enfants qui vont tout faire pour échapper au spectre de la terreur et mettre un terme à la malédiction...
La critique de Mr K : Aujourd’hui, chronique du deuxième tome de la Trilogie du Cycle de la brume de Carlos Ruiz Zafon, triptyque jeunesse de l’auteur que Nelfe m’a offert pour mon anniversaire. Le Prince de la brume m’avait beaucoup séduit et je dois avouer que Le Palais de minuit m’a enchanté lui-aussi, peut-être même un peu plus que le précédent. Aventure, mystère, magie et focus sensible sur l’enfance et l’isolement sont au rendez-vous d’un court roman qui se lit tout seul et provoque une addiction immédiate.
Tout débute sur un fleuve au milieu de la brume, un homme pourchassé cherche à cacher ses deux jumeaux qui viennent de naître et dont la mère est morte. Avant d’être rattrapé par les assassins lâchés à ses trousses, il confie les bambins à sa belle-mère qui devra se séparer de Ben (le garçon) qui va se retrouver placé dans un orphelinat tandis que sa sœur Sheere restera avec sa grand-mère car la menace est bel et bien là. Elle ne lâchera jamais ces deux enfants. À peine nés, déjà séparés, vous parlez d’un destin...
16 ans plus tard, Ben et ses six compagnons qui ont formé un club très sélect (la Chowbar Society) constituant la famille des sept orphelins vont être confrontés au passé de Ben. Les événements se précipitent la veille du départ de chacun de l’orphelinat (à 16 ans révolus, les enfants sont relâchés dans le monde et doivent apprendre à vivre seuls), les jumeaux se retrouvent, un homme mystérieux vient réclamer son dû auprès du directeur qui paie cash sa discrétion, les esprits se déchaînent, une malédiction semble à l’œuvre et les révélations vont pleuvoir mettant à mal les enfants mais aussi le lecteur qui ne sait plus vraiment à quel saint se vouer tant la trame se révèle bien plus complexe qu’elle n’y paraît de prime abord.
Comme dit un peu plus haut, ce roman se lit tout seul. La langue de Zafon fait une fois de plus merveille. Délicate, ciselée et très poétique par moments, elle excelle à nous faire découvrir les affres de l’enfance abîmée. Volontiers sombre et mélancolique dans le ton, l’ouvrage met en lumière la solitude et la peine qui habitent des orphelins privés de leurs géniteurs et qui ensemble vont se révéler plus forts, plus résistants face au destin. Chacun a ses qualités et ses défauts, les interactions sont souvent décalées, drôles mais aussi parfois plus intimes et tristes. L’univers de l’enfance est donc très bien rendu, se mêlant très bien avec le contenu fantastique qui rajoute une dimension supplémentaire à l’ouvrage.
Il s’en passe des vertes et des pas mûres par la suite. Il va falloir que les jeunes explorent le passé de la ville, des parents de Ben et Sheere et explorer les ruines de la gare de Jheeter, lieu d’un drame ancien qui pourrait expliquer la présence de cette ombre maléfique que rien ne semble pourvoir arrêter. On se plaît donc à enquêter avec ces jeunes gens qui n’ont pas froid aux yeux et qui se révèlent débrouillards et fidèles à leur serment d’amitié. Longue sera leur quête et le dénouement n’épargnera personne, Zafon n’est pas réputé pour faire dans le consensuel et le happy-end . Comme dans l’opus précédent, on ressort heureux avec un arrière goût amer en bouche de cette lecture.
Un roman à découvrir donc, à lire, à déguster comme un conte noir redoutable et distrayant à la fois. Un bonheur de lecture en plus au tableau de Zafon. Quel regret qu’il nous ait quitté si tôt !
Egalement lus et chroniqués du même auteur au Capharnaüm éclairé :
- L'Ombre du vent
- Le Jeu de l'ange
- Marina
- Le Prisonnier du ciel
- Le Prince de la brume