L'histoire : Plus de 99% des hommes sont morts.
Trois ans après la pandémie qui les a balayés, les gouvernements tiennent bon et la vie continue. Mais le monde d'après, dirigé par des femmes, exsangue d'un point de vue économique, n'est pas forcément meilleur que celui d'avant.
Miles, 12 ans, est un des rares garçons à avoir survécu. Sa mère, Cole, ne veut qu'une chose : élever son enfant en Afrique du Sud, chez elle, loin des États-Unis, dans un sanctuaire où il ne sera pas une source de sperme, un esclave sexuel ou un fils de substitution.
Traquée par Billie, son implacable sœur, Cole n'aura pas d'autre choix pour protéger son fils que de le travestir.
À l'autre bout des États-Unis, un bateau pour Le Cap les attend. Le temps est compté.
La critique de Mr K : Semi déception aujourd’hui avec un ouvrage qui était très prometteur à la lecture de sa quatrième de couverture. Pensez donc : un monde où les mâles ont disparu et qui connaît une inversion totale des rapports de force entre les deux sexes ! Afterland de Lauren Beukes a beau être "vendu" comme un thriller exceptionnel par le King lui-même (paie ton opération marketing), l’entreprise rate son but de capter le lecteur et ceci malgré une idée de départ formidable. Je suis allé au bout des quelques 500 pages de l’ouvrage mais mon Dieu que ce fut long par moment...
Trois ans se sont déroulés depuis qu’une pandémie a donc quasiment rayé tous les hommes de la surface de la planète. Féministe le fléau -sic-. Toujours est-il que le monde est ébranlé, changé à jamais. La civilisation perdure, les gouvernements continuent de conduire les affaires d’état, les femmes sont aux commandes et... ce n’est guère mieux qu’avant avec des autorités états-uniennes autoritaires qui ont proclamé une espèce d’état d’urgence permanent avec notamment les accords de Buenos Aires qui ont instauré la "reprohibition", une loi qui interdit de procréer pour éviter la propagation de la maladie qui n'a pas encore disparu. De nombreuses zones sont livrées à elles-même, des localités entières ont été désertées de leurs habitantes, le crime organisé a pignon sur rue avec un nouveau produit phare: l’homme comme objet de plaisir et sa si précieuse semence. L’ambiance est bonne...
Au milieu de tout cela, on suit donc Cole, mère désormais célibataire depuis la perte irréparable de son mari qui a succombé à la maladie. Par contre leur fils, Miles, a survécu et il semble immunisé. Cela attise les convoitises de l’État tout d’abord qui lui fait subir des batteries de tests pour essayer de trouver un remède et d'une mystérieuse acheteuse qui voudrait bien mettre la main dessus et a engagé pour se faire la propre tante du jeune adolescent, Billie. L’action démarre avec la fuite de Cole et Miles d’un camp gouvernemental et qui laissent derrière eux Billie gravement blessé à la tête... Que s’est-il passé ? Il faudra attendre un peu pour que le voile se déchire, par un savant mélange de road-movie, de pensées intérieures et de flashback, le background s’éclaire et la situation de chacun évolue avec en ligne de mire pour la mère et le fils, un hypothétique bateau qui pourrait les ramener en Afrique du sud, terre d’origine de la famille où les lois sont plus souples et l’avenir de Cole plus ensoleillé.
Ce qui marche le mieux dans ce roman, c’est la relation mère-fille qui est vraiment au centre de tout. On alterne leurs deux voix dans la narration et cela donne une vision complète et touchante de cette relation à la fois tendre, enveloppante mais aussi compliquée par moment. Miles se transforme, l’adolescence est là, la puberté, et il doit se travestir en fille pour échapper à leurs poursuivants et ne pas attirer l’attention. Le choc est rude, les questions nombreuses à cet âge (la foi, le genre, le sexe, la liberté...) et tout est subtilement abordé dans cet ouvrage qui est un modèle de caractérisation dans ce domaine.
Dommage qu’il n’en soit pas ainsi pour tous les protagonistes. Ainsi, j’aime bien le côté badass de Billie mais parfois trop c’est trop. On perd en crédibilité tant elle tombe dans l’excès à tout crin, rendant un personnage pourtant pathétique au départ parfois ridicule. De manière globale, ça manque un peu de finesse chez les méchantes qui sont alors très très méchantes... Elles n’ont rien à envier à leurs alter-egos masculins et se révèlent pernicieuses et sadiques à souhait par moment. Bon c’est du déjà-vu mais la recette fonctionne avec quelques scènes d’anthologie. Le background est vraiment réussi par contre avec des révélations qui arrivent au compte-goutte et font leur petit effet.
Mais voila, au bout de 100 pages, la mayonnaise n’a toujours pas pris et il m’a fallu me faire violence pour aller au bout de l’ouvrage. La faute finalement à une trame plutôt classique et je trouve un certain délayage dans la narration. Il ne se passe pas grand-chose au final, on est souvent dans le descriptif gratuit, les observations futiles. Je n’ai rien contre si cela sert l’histoire mais ici j’ai trouvé que ça relevait du remplissage pur et simple. Je me suis donc ennuyé ferme à certains moments. Cependant certains passages dont une immersion dans une communauté religieuse itinérante, les flashback sur l’origine des événements et de beaux passages entre Cole et Miles m’ont raccroché et j’ai pu finir le livre.
Rien à redire sur la forme, c’est ma première lecture de cette auteure et elle possède une plume séduisante, évoque de manière assez bluffante un avenir désespérant. Reste que la gestion du rythme et le contenu m’ont paru imparfaits et n’ont pas réellement réussi à me faire chavirer et à me garder éveiller malgré le sommeil certaines soirées. Semi déception donc pour un livre qui divise les critiques à priori, à chacun de se faire son propre avis...