Egalement lus et chroniqués du même auteur au Capharnaüm éclairé :
- Disparue
- Sauver sa peau
- La maison d'à côté
- Tu ne m'échapperas pas
- Arrêtez-moi
- Les Morsures du passé
- Le saut de l'ange
- Derniers adieux
- À même la peau
- Retrouve-moi
"N'avoue jamais" de Lisa Gardner
L’histoire : Un homme est abattu de trois coups de feu à son domicile. Lorsque la police arrive sur place, elle trouve sa femme, Evie, enceinte de cinq mois, l'arme à la main.
Celle-ci n'est pas une inconnue pour l'enquêtrice D.D. Warren. Accusée d'avoir tué son propre père d'un coup de fusil alors qu'elle était âgée de seize ans, elle a finalement été innocentée, la justice ayant conclu à un accident.
Simple coïncidence ? Evie est-elle coupable ou victime de son passé ?
La critique de Mr K : C’est toujours avec grand plaisir que je retrouve Lisa Gardner pour un nouvelle lecture entre policier et thriller. La dame est douée et me fait penser à Mary Higgins Clark que j’ai adoré lire dans mes jeunes années. N’avoue jamais est donc le dernier né de cette auteure diabolique qui une fois de plus fait montre d’un grand talent pour nous mener par le bout du nez et provoquer chez nous une addiction durable et délectable.
Comme vous avez pu le lire dans le résumé au dessus, Evie a tout de la coupable idéale. Un passé douloureux, l’arme du crime à la main, tout indique qu’elle a supprimé son mari alors qu’elle est enceinte de cinq bons mois ! L’action démarre de suite et il n’y aura aucun temps mort jusqu’à l’ultime chapitre, dans un récit haletant fournissant comme d’habitude avec l’auteure son lot de fausses pistes, de révélations et de contre-vérités dont un certain nombre qu’on ne voit pas du tout venir.
Au cœur de l’intrigue trois femmes dont on suit le regard au fil des chapitres qui s’égrainent. Il y a Evie tout d’abord, coupable désignée mais aussi victime d’un passé qui ne cesse de la hanter entre culpabilité, incompréhension et une mère pour le moins envahissante. Professeur de math engagée dans le public, la chance qui semblait lui sourire s’écroule du jour au lendemain. Par le jeu des flashback, des rencontres et échanges qu’elle peut avoir, on va lever le voile sur sa nature profonde mais aussi sur certaines vérités bien dérangeantes.
On retrouve aussi D.D. Warren, une enquêtrice grande gueule, très perspicace et aux punchlines qui détonent. Récemment maman, cette folle de boulot a un rôle légèrement plus en recul dans cet ouvrage même si ses investigations vont se révéler très importantes pour résoudre le mystère. C’est surtout Flora qui prend beaucoup d’importance, ce personnage d’indicateur de D.D., ex victime d’un violeur en série, qui mène sa vie comme elle peut. Nous l’avions déjà croisé à deux occasions dans les ouvrages précédents, ici on plonge encore davantage dans sa psyché torturée. Des choses restent à régler sur la personnalité de son ravisseur, la reconstruction de la jeune femme et peut-être la quête de la rédemption. Flora est plus qu’attachante, c’est un porte étendard, une figure de la femme blessée, bafouée qui tente de s’en sortir malgré les obstacles. Fin et juste, son personnage hante ces pages et clairement porte le roman à lui tout seul.
Les seconds couteaux ne sont pas mal non plus entre les collègues policiers qu’on aime recroiser, la mère d’Evie qu’on adore détester mais qui dévoilera pas mal de nuances, l’avocat de la famille très paternel, un amateur de fait divers charmant et mystérieux... On se plaît très vite à échafauder toutes sortes d’hypothèses, on est dans un vrai Who’s done it qui se révèle bien tortueux et les orientations prises par notre esprit sont très souvent fausses. Et pourtant ! Je pratique Lisa Gardner depuis un certain temps mais elle est décidément une spécialiste du suspens et de la surprise.
L’ouvrage se lit donc très vite et très bien avec un intérêt constant, le récit et les révélations sont dosés avec finesse, les personnages sont charismatiques et notre curiosité est piquée du début à la fin avec une trame complexe qui se tient de bout en bout. Un bon crû une fois de plus, les amateurs ne doivent pas passer à côté.