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Le Capharnaüm Éclairé
15 décembre 2021

"Le Dernier des mocassins" de Charles Plymell

plymell(1)L’histoire : Né en 1935 au Kansas, Charles Plymell a passé sa jeunesse sur la Route 66. Il a travaillé sur des pipelines, chevauché des taureaux sauvages dans des rodéos, été dynamiteur de montagne, cueilleur de houblon. Entre autres. Ce fut aussi l’un des premiers hipsters du Middle West, abusant de toutes les drogues en vogue à l’époque, du jazz au peyotl.

Le Dernier des mocassins raconte dans un style incomparable cette vie haute en couleur. Charles Plymell le dédie à tous les junkies, psychopathes, freaks, arnaqueurs, criminels, artistes, poètes, homos, flics, cow-boys, camionneurs, ainsi qu’à toutes les petites vieilles qui ont fait le voyage avec lui sur l’autoroute de la Benzédrine.

La critique de Mr K : Quelle lecture mes amis, quelle lecture ! Sonatine finit en beauté son année éditoriale avec un livre totalement fou, un témoignage bien barré de la vie de l’auteur, cadre éminent de la Beat Generation qui a vraiment (mais alors vraiment) fait les quatre cents coups voire plus. Le Dernier des mocassins est un retour d’expérience, celui d’une existence pour le moins bien remplie. L’ensemble est d’une fraîcheur incroyable et se révèle totalement débridé mais toujours prenant. J’ai adoré !

De chapitre en chapitre, Charles Plymell revient donc sur un parcours de vie chaotique mais totalement assumé et choisi. Fils de fermier, très tôt il se destine à une vie de nomade où il collectionne les boulots d’un temps (et il en fera beaucoup et de toutes sortes), allant de ville en ville et d’État en État au gré de ses envies et du vent qui tourne. L’esprit léger habité par une soif de liberté et d’expériences en tout genre, c’est un touche à tout, un "bouge bouge" curieux de tout, adepte de l’écriture, des femmes et des paradis artificiels.

Il partage donc ici nombre de ses expériences bien souvent borderline. Les esprits puritains risquent d’être pour le moins choqués s’ils s’aventurent dans ce récit échevelé, reflet d’une époque sur laquelle soufflait un vent libertaire et jouisseur. On ne s’ennuie pas une seconde avec des passages rocambolesques mettant en scène un Charles Plymell complètement perché, se livrant à des expériences "psychotropiques" dantesques entre introspection et délire total mais aussi en vivant des aventures érotiques qu’il raconte avec une crudité et en même temps un détachement confondants. On rit donc beaucoup, on réfléchit aussi pas mal avec des moments bien inspirés où il nous parle du sens de l’existence dans un phrasé inimitable. Car finalement au-delà de l’aspect tripant, l’ouvrage livre un portrait très sensible d’une vie, les méandres qu’elle peut emprunter et les purs moments rock and roll qu’elle peut nous réserver parfois.

Il y a aussi des moments plus tendres, plus tristes même. Quand il évoque la mort de sa sœur, un sacré personnage elle aussi. Il y a aussi des flashback touchants sur son enfance, l’évocation des parents mais aussi de quelques échecs qu’il a pu connaître. Moins directs mais parfois évocateurs au gré d’une digression, des passages donnent à voir une personnalité complexe et profondément attachante. L’auteur vit sa vie à fond, sans trop se poser de question, au gré des aléas et de ses envies, on est bel et bien plongé dans la Beat Generation.

L’ouvrage se lit tout seul. Le joyeux foutoir de son existence est décrit avec verve, humour et un don de l’harmonie des mots rare. C’est dense mais ça passe tout seul avec un plaisir qui ne se dément jamais. Considéré comme culte et jamais traduit en français auparavant, Le Dernier des mocassins est un livre à lire absolument si l’époque et le mouvement Beat vous plaisent et vous attirent. Dans le genre, on ne peut guère faire mieux !

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