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Le Capharnaüm Éclairé
11 octobre 2021

"Algues vertes : l'histoire interdite" d'Inès Léraud et Pierre Van Hove

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Le contenu : Des échantillons qui disparaissent dans les laboratoires, des corps enterrés avant d'être autopsiés, des jeux d'influence, des pressions et un silence de plomb. L'intrigue a pour décor le littoral breton et elle se joue depuis des dizaines d'années. Inès Léraud et Pierre van Hove proposent une enquête sans précédent, faisant intervenir lanceurs d'alerte, scientifiques, agriculteurs et politiques.

La critique de Mr K : Aujourd’hui, je vous propose de découvrir une BD documentaire comme on les classifie au CDI de mon lycée. Vous l’avez compris cet ouvrage fait partie du lot que j’avais emprunté pour ces vacances d’été et c’est une véritable claque. Algues vertes : l’histoire interdite de la journaliste d’investigation Inès Léraud et de l’illustrateur Pierre Van Hove est un bijou d’engagement et de rigueur journalistique. On tombe de Charybde en Scylla durant toute notre lecture qui lève le voile sur des pratiques honteuses et antidémocratiques qui ont toujours cours au moment où vous lisez ce texte. J’avais beau connaître quelque peu le dossier, cette lecture m’a beaucoup appris et enrichi, et j’ai beau adorer ma région, je ne peux qu’être écœuré...

Tout le monde où presque a entendu parler du phénomène des algues vertes qui touchent certaines côtes bretonnes. La journaliste revient d’abord sur les premières constatations qui à elles seules auraient mérité que la force publique s’empare dignement du dossier. Pensez donc ? Des animaux sauvages retrouvés morts, un cheval décédant sous son cavalier en moins de cinq minutes et bientôt, même des victimes humaines ! La situation est plus qu’alarmante et pourtant au fil de l’enquête de l’auteure, on se rend compte que le bien commun n’est pas la priorité des autorités. Des documents clefs disparaissent, des conclusions sont éludées et certains milieux d’affaires et politiques sont protégés grâce à un lobbying et l’accord tacite de hauts responsables. Dans ces conditions, le phénomène ne pouvait que prendre de l’ampleur...

cheval

Au fil du déroulé, les auteurs font des points bien précis et très documentés sur les forces en jeu. On se rend bien compte qu’un mort est bien peu de chose face à la puissance économique, financière et politique. Ainsi, on explore les montages des puissants avec des marques, des compagnies qui régissent à distance l’agriculture et pousse à la consommation de pesticides, directement responsables de la prolifération des algues vertes. Les syndicats majoritaires agricoles ont beau dire que c’est aussi la résultante des rejets des déchets ménagers, nous ne sommes pas dupes. Et pourtant, les responsables politiques de l’époque (dont certains sont aujourd’hui ministre de Micron Ier, vous savez cet homme qui dit avoir fait plus que tout autre pour l’écologie), le Baron de la Bretagne (aujourd’hui aux Affaires Étrangères) ont fermé les yeux ou fait les innocents, en jetant en pâture les militants écologistes bretons qualifiés d’empêcheurs de produire en rond voire de terroristes jetant l’anathème sur toute une profession.

explication ager

Plus on avance dans notre lecture, plus l’effroi nous gagne. Le système est pourri jusqu’à la moelle, les hauts fonctionnaires sont aux ordres et suivent les directives d’en haut sans broncher, laissant le drame s’étendre. Bien sûr, une pseudo prise de conscience aura finalement lieu, un plan anti algues vertes mis en place avec un succès somme toute très relatif. Le mal est fait, les terres et eaux bretonnes souillées pour longtemps et au final en 2021, la crise écologique n’a jamais été aussi forte. L’ouvrage est un focus vraiment intéressant sur les rouages de l’ultra-libéralisme, du capitalisme sauvage dans le milieu agricole et agro-alimentaire qui ne lésine pas sur les moyens et les coups foireux pour pouvoir nourrir tout le monde. Triste monde tragique !

eco algues

Pour lever le doute sur les données énumérée, éviter les procès en sorcellerie (rappelons que l’auteure a été intimidée plus d’une fois) et étayer les propos, un annexe présente des documents clefs reproduits, retranscrit la chronologie des affaires en lien et présente quelques clichés devenus pour certains emblématiques. Je pense au cheval mort sur l’estran des causes de l’inhalation d’hydrogène sulfurisé, gaz mortel émanant des dites algues. On retrouve donc une démarche journalistique rigoureuse de bout en bout avec une once d’ironie parfois vu la gravité des faits et les exactions de certains.

Voici une BD documentaire vraiment essentielle, à partager et discuter autour de soi pour espérer peut-être un jour mettre un terme à ce genre d’agissements aux conséquences critiques. Un must dans son genre que je vous recommande chaudement.

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Commentaires
L
Ca fait froid dans le dos de voir l'incompétence et la malhonnêteté crasses pendant que des gens meurent. C'est criminel.<br /> <br /> A nouveau, je te conseille "Saison brune" de Philippe Squarzoni, toujours dans le style BD documentaire, sur le changement climatique. Brrr.
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