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L’histoire : Philippe a quarante ans, est directeur commercial, marié et père de deux enfants. Ambre a vingt ans, n'est rien et n'a personne. Sauf lui.
Quand submergée par le vide de sa vie, elle essaie de mourir, Philippe l'envoie loin, dans un village de montagne, pour qu'elle se reconstruise, qu'elle apprenne à vivre sans lui. Pour sauver sa famille aussi.

La critique de Mr K : Mélissa Da Costa m’avait littéralement ébloui avec Tout le bleu du ciel, un roman puissant à l’écriture magnifique. Je vais vous parler aujourd’hui de Je revenais des autres, son dernier né qui en fait s’avère être son premier livre non publié jusque là. La notoriété aidant, le voila désormais en librairie. Que dire si ce n’est que l’on est gâté avec un ouvrage feel good ne se réduisant pas uniquement à la reconstruction de son héroïne principale. Il nous parle aussi de la vie en général, de nos errances et des belles rencontres (les mauvaises aussi) que l’on peut faire. Une fois de plus avec Mélissa Da Costa j’ai été happé et la lecture s’est faite d’une traite avec un plaisir renouvelé.

Le livre s’ouvre sur une scène terrible. Ambre, une jeune fille d’une vingtaine d’années a décidé d’en finir avec la vie et s’est ouverte les veines dans sa baignoire. C’est son amant Philippe (40 ans, marié deux enfants) qui la sauve in extremis en appelant les secours. Remise de sa tentative de suicide du moins physiquement, le jeune femme nage toujours en eaux troubles et Philippe lui propose de devenir saisonnière dans un hôtel-restaurant en haute montagne tenu par un de ses vieux copains. Dans cet endroit perdu dans un écrin de nature que l’homme n’a pas encore totalement dévoyé, cette aubaine vient à point pour elle mais aussi pour lui qui veut reconstruire sa famille de son côté. Ambre va accepter sans savoir vraiment pourquoi et va officier comme serveuse. Elle va y rencontrer tout un groupe de personnes au contact desquelles elle va se confronter à elle-même, vivre en accéléré le temps de quelques mois des expériences et des découvertes qui vont la changer et la mener vers les chemins de la guérison. Mais quel travail et quelles péripéties pour en arriver jusque là !

On se laisse très vite prendre par la lecture avec une héroïne particulièrement attachante. On se rend vite compte également qu’elle ne maîtrise pas grand chose dans son existence bien terne qu’elle mène comme elle peut. Elle se situe toujours par rapport aux autres, agit en conséquence sans tenir compte de ce qu’elle veut vraiment et s’avère être souvent le second choix des personnes qui croisent sa route. Cela nourrit une insatisfaction chronique, une mélancolie qui l'a mené à son acte d’appel à l’aide. Difficile de remonter la pente et les premier temps sont durs au sein de cette joyeuse troupe de saisonniers dont certains se connaissent depuis un certain temps. Ambre va devoir fendre l’armure et heureusement pour elle, elle va se rapprocher très vite de Tim, son compagnon de chambrée homosexuel qui sait l’écouter et la "répare" comme elle dit. C’est d’ailleurs réciproque, et ces deux là nouent une relation vraiment spéciale qui vous réserve bien des surprises. Il y a aussi Andrea le beau gosse séducteur italien, Rosalie la mère célibataire d’un nourrisson, le vieux plongeur aux silences éloquents, le couple de tenanciers et d’autres personnages que je vous laisse découvrir. Tous ou presque sont en fait des abîmés de la vie, chacun vit ses fêlures au gré des événements et des rebondissements. Les lignes bougent et l’on est emporté dans un tourbillon des sentiments proche d’Un Ensemble c’est tout, livre que j’ai énormément aimé d’Anna Gavalda.

Mélissa Da Costa peint les sentiments humains avec une rare justesse, une poésie et une simplicité des mots confondantes. On ne tombe jamais dans la facilité, la caricature, chaque personnage apporte sa pierre à un édifice solide et très séduisant. On est tour à tour touché et ému par des parcours pas simples où l’on croise nombre de problématiques qui font écho à nos vécus personnels : les difficultés de compréhension entre parents et enfants avec les gouffres qui peuvent en naître, le rapport à la parentalité dans toute sa complexité, l’amour encore et toujours avec son lot de circonvolutions (l’aspect romance du roman est loin d’être désagréable bien au contraire) et la nécessité de se recentrer sur des choses simples et évidentes avec un dernier acte entre Ambre et le vieux Wilson de tout beauté qui élève le roman au degré du récit d’apprentissage avec en point d’orgue un poème nordique des plus beaux.

Voila une lecture rafraîchissante et gorgée d’émotions qui m’a ravi et transporté ce qui n’a pas de prix en cette période compliquée. Je vous invite donc tous à y jeter un œil, à lire Mélissa Da Costa pour ce qu’elle est avant tout : une écrivaine conteuse hors pair, sensible et qui fait du bien au cœur et à l’âme.