Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Capharnaüm Éclairé
23 juin 2021

"Peau d'homme" d'Hubert et Zanzim

couv

L’histoire : Dans l’Italie de la Renaissance, Bianca, demoiselle de bonne famille, est en âge de se marier. Ses parents lui trouvent un fiancé à leur goût : Giovanni, un riche marchand, jeune et plaisant. Le mariage semble devoir se dérouler sous les meilleurs auspices même si Bianca ne peut cacher sa déception de devoir épouser un homme dont elle ignore tout. Mais c’était sans connaître le secret détenu et légué par les femmes de sa famille depuis des générations : une "peau d’homme" ! En la revêtant, Bianca devient Lorenzo et bénéficie de tous les attributs d’un jeune homme à la beauté stupéfiante. Elle peut désormais visiter incognito le monde des hommes et apprendre à connaître son fiancé dans son milieu naturel. Mais dans sa peau d’homme, Bianca s'affranchit des limites imposées aux femmes et découvre l'amour et la sexualité.

La critique de Mr K : Très belle découverte que cette bande dessinée prêtée une fois de plus par l’ami Franck et qui mérite amplement tout le bien que l’on en dit un peu partout. Peau d’homme de Hubert et Zanzim conjugue une esthétique plaisante avec une histoire universelle au discours féministe et politique qui me touche et me parle. Lu d’une traite et adoré, voici un ouvrage que je garderai longtemps en mémoire.

Bianca est italienne et vit à l’époque de la Renaissance, un temps où les femmes ne s’appartiennent pas. La voilà promise à Giovanni, un beau parti pour ses parents pour qui la position sociale l’emporte sur toute autre considération, l’idée même d’un mariage d’amour ne les effleure pas une seconde. Ils sont le pur produit de leur époque. Le destin semble écrit et pourtant grâce à la fameuse "peau d’homme" qui donne son nom à l’ouvrage, Bianca va se changer en jeune homme et pouvoir pénétrer dans l’univers masculin, rencontrer son promis et faire de sacrées découvertes sur l’intimité, l’amour et la sexualité. Elle va littéralement se révéler à elle-même et se transforme peu à peu en femme forte et indépendante.

1

Cette bande dessinée est un véritable bijou, à commencer par son héroïne qui est très attachante et haute en couleur. Le jeune fille naïve va laisser la place au fil du récit à une femme qui ne se laisse pas faire, ne tombe pas dans les pièges insidieux du patriarcat et qui veut vivre sa vie pleinement, sans entrave morale et discriminatoire. Un vent de fraîcheur souffle lors de ses prises de positions, ses actes que la morale de l’époque réprouve. On tremble d’ailleurs bien souvent pour elle, surtout quand son frère religieux fondamentaliste commence à vouloir durcir les mœurs de la communauté. De nombreux personnages gravitent autour de Bianca, ils ont tous un charisme certain. J’ai apprécié notamment le personnage de la maman que l’on aime détester au départ et qui va se révéler bien plus complexe que prévu au fil du récit. Le duo avec Giovanni fonctionne bien aussi et l’on se plaît à suivre leurs péripéties qui deviennent dantesques quand le secret du promis lui est dévoilé. C’est fin, très juste dans le propos et jamais dans la caricature (sauf peut-être dans l’évocation du frère fou furieux, possédé par sa mission ecclésiastique).

2

L’ouvrage parle donc de liberté. Celle de choisir la personne avec laquelle nous voudrions être, la personne qui nous aime vraiment pour ce que l’on est au-delà des préjugés, de la bien-pensance ou de l’image que l’on renvoie. Il est question épanouissement, d’ouverture d’esprit, de libéralisation des mœurs interrogeant au passage la place des femmes dans la société et les rapports tendus qui existaient (encore aujourd’hui d’ailleurs dans certaines parties du monde) avec la religion, le poids de la société, le rapport entre féminité et masculinité, le genre et la norme. J’en oublie sûrement mais cette BD cumule les thèmes forts et propose une histoire fluide, logique et très prenante. En suivant Bianca, c’est aussi notre époque que l’on peut interroger, drôle d’époque où malgré le passage au XXIème siècle, on a parfois l’impression d’un grand retour de l’ordre moral.

3

Les dessins sont plutôt simples, épurés diront certains, mais cela ne les exonère pas de détails et de finesse. Je m’y suis totalement retrouvé et j’ai trouvé l’ensemble d’une grande beauté. Les planches accompagnent merveilleusement bien cette histoire universelle aux personnages consistants et à l’engagement qui fait mouche. Un incontournable dans son genre qu’il faut absolument avoir lu. Vous savez ce qu’il vous reste à faire !

Publicité
Publicité
Commentaires
H
J'ai aussi beaucoup aimé !
Répondre
Z
Gros coup de cœur pour moi !
Répondre
Publicité
Suivez-moi
Archives
Publicité