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Le Capharnaüm Éclairé
12 mars 2021

"La Folie de ma mère" d'Isabelle Flaten

flaten

L’histoire : Et si tout souvenir de famille n’était que fiction ?
Une femme découvre une fois devenue adulte qu’elle est née de père inconnu. Une double enquête commence, à la fois sur l’identité de son père mais aussi sur les raisons du mensonge de sa mère. Chaque parcelle de la vie de cette mère excessive et trouble, professeure de collège libertaire, cache une ombre lourde de sens.

La critique de Mr K : Chronique d’une très belle lecture aujourd’hui avec La Folie de ma mère d’Isabelle Flaten sorti aux éditions Le nouvel Attila au tout début de l’année. En 128 pages, l’auteure nous propose un voyage immersif au cœur de son identité de femme et de fille avec ce portrait d’une mère très particulière et en parallèle la quête d’un père inconnu, trop longtemps passé pour mort mais dont la piste semble ressurgir à la faveur d’une révélation tardive. J’ai littéralement dévoré cet ouvrage qui se lit quasiment d’une traite, partagé entre sourires et passages plus sombres.

Le récit de vie ici livré se déroule de manière plutôt classique avec un fil chronologique qui démarre très tôt dans l’existence de la narratrice auteure. Il y aura même au bout d’un moment un focus sur les circonstances bien particulières de sa conception, de la grossesse de la maman, l’accouchement et l’immédiat après naissance. Très vite, il se dégage de la maman une personnalité forte, indépendante (parfois par la force des choses). Enseignante de profession, engagée, féministe, ayant des principes d’éducation fermes et plutôt louables sur certains points, aidante avec les autres, elle détone et souvent épate ceux qui la connaissent ou du moins qui croient la connaître.

Nous avons ici une vision plus complexe car c’est le ressenti de sa fille qui nous est donné et derrière ce portrait de femme forte se cache une mère qui, je trouve, se met aussi beaucoup en scène passant à côté d’éléments essentiels de la construction de son aînée (le passage sur les premières règles est assez glaçant). Auto-centrée, je l’ai trouvé bien souvent dure, hors-sujet, injuste voire désagréable. Il faut dire que la folie guette et l’âge avançant, elle va s’enfoncer parfois dans des épisodes de bouffées délirantes qui lui valent des séjours réguliers en hôpital psychiatrique avec un retour difficile à la vie et de nombreuses rechutes. Médications, blessures intimes et non-dits empoisonnent son existence et ses relations avec sa fille. Le poids d’une existence, c’est connu, peut devenir dur à porter après des décennies de fonctionnements familiaux installés, de perceptions et d’idées pré-conçues. C’est un peu tout cela que décortique l’auteure avec finesse et pudeur, comme en équilibre constant sur le fil de sa relation avec sa mère désormais disparue.

En filigrane en plus des rapports mère-fille, il y a la figure paternelle absente avec au centre le mystère de l’identité de ce dernier qui ressurgit lorsque l’Isabelle Flaten se rend compte que la vérité ne lui a jamais été dite et qu’un tabou entoure ce sujet. Il en est beaucoup question dans le dernier tiers du texte qui s’apparente à une quête existentielle freinée par les années de renoncements et d’enfouissement dans les mémoires des personnes concernées. L’ensemble épouse merveilleusement bien la première partie éclairant davantage encore les forces en présence et les mécanismes familiaux en jeu. C’est brillant, touchant et foncièrement littéraire à chaque mot, chaque phrase.

J’ai découvert au passage une auteure très talentueuse, à la plume accessible mais emplie de tendresse, de subtilité qui touche fort et juste, nous faisant partager des émotions très fortes, intimes et universelles en même temps. On sort de La Folie de ma mère véritablement bouleversé par ce parcours de vie atypique mais faisant écho à des expériences personnelles. On s’y retrouve donc forcément un peu dans les liens familiaux que l’on se crée, que l’on défait parfois ou que l’on subit bien trop souvent. Ce roman est un vrai petit bijou que je vous invite à découvrir au plus vite. Quant à moi, je retournerai fouiner dans la bibliographie d'Isabelle Flaten pour y trouver un nouveau titre qui, je l’imagine aisément, me procurera autant de plaisir que celui-ci.

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