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Le Capharnaüm Éclairé
23 mars 2020

"Metro 2035" de Dmitry Glukhovsky

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L’histoire : Les gens ont besoin de héros, expliqua Homère. Ils ont besoin de mythes. Ils ont besoin de voir la beauté chez les autres pour rester eux-mêmes humains. Qu’est-ce que je vais leur raconter ? Eh bien... une légende. Celle d’Artyom. Un gars lambda, comme chacun d’entre eux, qui vivait dans une station excentrée : VDNKh. Je leur raconterai l’histoire de ce garçon qui traverse tout le métro, qui s’endurcit au combat, qui devient un héros et sauve l’humanité. Voilà l’histoire qui leur plaira. Parce qu’elle parle de chacun d’entre eux. Parce qu’elle est belle et simple.

2035. Station VDNKh. Artyom y est retourné vivre. C’est un héros brisé, obsédé par l’idée que c’est à la surface qu’est le salut de l’humanité. Les Noirs anéantis, un souvenir le taraude, celui de la voix qu'il a entendue sur une radio militaire, deux ans plus tôt, quand il était au sommet de la tour Ostankino avec les stalkers. Aussi, depuis son retour, remonte-t-il quotidiennement à la surface, escalade des gratte-ciel en ruines, pour tenter d'entrer en contact avec d'autres survivants. Tenu pour fou, la risée de certains, Artyom sombre peu à peu jusqu'à ce que l'arrivée d'Homère bouleverse la situation : le vieil homme qui n’a de cesse que d’écrire son Histoire du métro, prétend en effet que des contacts radio ont déjà été établis avec d'autres enclaves...

La critique de Mr K : Chronique d’un très beau cadeau de Noël aujourd’hui avec Metro 2035 de Dmitry Glukhovsky offert par ma chère et tendre. Avec les événements personnels qui se sont accumulés et le planning chargé qui en découle, j’ai du retarder cette lecture malgré une envie irrépressible de replonger dans cette saga qui m’a totalement séduit lors de mes deux précédentes lectures avec Metro 2033 et Metro 2034. C’est donc entre deux biberons et autres activités de néo papa que j’ai parcouru et dévoré les 768 pages de ce tome qui conclut le triptyque de manière logique et brillante.

On retrouve dans ce troisième tome Artyom l’antihéros qui m’avait tant plu dans Metro 2033. Célébré dans sa station comme un héros, celui qui a sauvé le métro des "Noirs" suite à une quête homérique à travers les couloirs du métro moscovite vit tranquillement avec sa compagne Anna entre tours de garde, fabrication d’électricité et culture de champignons (élément de base de la nourriture des troglodytes que sont devenus les habitants de l’ancienne capitale). Cependant une obsession le poursuit nuit et jour, celle de cette voix entendue sur les ondes à la fin de son aventure et qui prouverait qu’il y a des survivants à l’extérieur, des personnes qui comme les habitants du métro russe auraient survécu à l’apocalypse nucléaire qui s’est déroulé une vingtaine d’années auparavant. En tant que Stalker (aventurier et explorateur de la surface), il retourne tous les jours malgré la réprobation générale dans les ruines de Moscou pour essayer de capter un putatif signe radio qui avaliserait sa théorie d’une survivance possible du monde. En cela, il met clairement sa vie en danger avec les radiations qui affaiblissent son corps et son esprit lentement et irrémédiablement. Il passe pour un fou et comme Cassandre en son temps, il est condamné à ne pas être cru...

L’arrivée d’Homère, vieil homme croisé par le lecteur dans Metro 2034, un homme habité par sa mission de rédiger une Histoire du métro à la manière des vieilles chroniques médiévales, va bouleverser la routine d’Artyom et le pousser à partir à nouveau en quête de réponses. Sacrifiant sa vie de couple qui est déjà bien fragile, abandonnant les siens dont Soukoï son père adoptif, le voila de nouveau en errance dans un monde souterrain plus dangereux que jamais. Les factions antagonistes, les mutants et autres éléments hostiles pullulent et derrière tout cela, un grand secret se profile au gré des pages qui finissent par aboutir à une révélation pour le moins sensationnelle qui remet tout en cause et va rabattre définitivement toutes les cartes soigneusement jouées par l’auteur depuis le premier volume. Je peux d’ores et déjà vous dire que la chute est vertigineuse que ce soit pour nous ou pour Artyom !

Avec Metro 2035, Glukhovsky enrichit encore le background de l’univers foisonnant qu’il a crée. On explore davantage le monde extérieur avec notamment une expédition vers une mystérieuse base avancée. Pour autant, on retrouve aussi énormément d’éléments vus précédemment, de groupuscules fréquentés souvent pour le pire par le héros. À commencer par le Quatrième Reich et la Ligue Rouge, des extrémistes qui essaient de pousser leur avantage lors d’actions spectaculaires. Deux ans se sont déroulés depuis Metro 2033 et les rapports de force ont évolué. Artyom s’en rendra vite compte, devra composer avec chaque camp pour progresser vers son but tout en s’arrangeant avec la morale élémentaire. À de nombreuses reprises, il sera le témoin d’horreurs et d’exécutions qui mettent à mal ses certitudes et ses croyances. En cela, cet ouvrage dépeint merveilleusement bien les logiques de pouvoir et de manipulation des masses, sans concession et avec un réalisme crû. On ressort forcément fortement ébranlé de cette lecture.

Surtout qu’il est difficile de se raccrocher à qui que ce soit car tous les personnages ont leur part d’ombre et de lumière, leurs psychés sont ici exposées sans fioriture et dans toutes leurs complexités réciproques. Des sentiments mêlés hantent l’esprit du lecteur durant sa lecture car Glukhovsky excelle toujours autant à décrire les affres de la condition humaine comme dans chacun de ses ouvrages. Celui-ci ne fait pas exception à la règle et n’essayez donc surtout pas de vous attacher plus que de raison aux personnages, vous pourriez être déçus. En effet, ce monde post-apocalyptique réduit tous les êtres humains à une somme de pulsions primaires tendues vers la survie, recroquevillés qu’ils sont vers leurs besoins primordiaux... Tout cela ne peut que dégénérer. Il y a donc peu ou pas d’espoir d’apercevoir de la lumière au but du tunnel... mais on apprécie ce voyage intense dans ce monde crépusculaire en pleine déréliction.

L’écriture de l’auteur est toujours aussi addictive, profonde et incisive à la fois, chaque chapitre s’apparente à une révélation supplémentaire qui laisse le lecteur KO debout entre descriptions inspirées et scènes d’action gérées au cordeau. Dans le style SF post-apo, on est ici pas loin de la perfection et la fin bien dark est plus que satisfaisante. Un gros coup de cœur pour cet ouvrage qui contribue à renforcer mon affection toute particulière pour cet écrivain vraiment doué. Il me tarde déjà de voir ce qu’il nous réserve dans l’avenir !

Déjà lus et chroniqués du mêem auteur au Capharnaüm éclairé :
- Metro 2033
- Metro 2034
- Sumerki
- FUTU.RE

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Commentaires
W
J'ai beaucoup aimé ce troisième tome même si on sent l’essoufflement arriver. J'ai vraiment aimé cette révélation sur le métro mais j'ai trouvé que les derniers chapitres traînaient un peu autour du pot. J'ai hâte de voir ce qu'a pu faire Bordage avec ce sujet !
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L
Bonjour, <br /> <br /> Voici une review très intéressante et d'une qualité rare ! Cependant je dois rajouter pour ma part qu'il y a un élément qui manque cruellement dans ce dernier livre (c'est certainement voulu): la présence des mutants monstrueux pourtant si effrayants des deux autres metro....pas de "cyclope" dans la brume, ni de charognards ou de chimère... Je serai d'avis que l'auteur a souhaité remplacer les terribles monstres par un tout nouveau genre de monstre : les humains décadents du métro ? C'est plus une théorie qu'autre chose. Tout ça pour dire que j'ai adoré ce livre, et je finis avec regret cette superbe trilogie même si comme je l'ai expliqué je ne peux pas m'empêcher de me demander où sont partis ces fameux mutants...
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M
Vivement le "déconfinement" ☝️
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M
Trilogie notée dans ma wishlist ! Superbe chronique qui fait envie comme d'habitude ! 😍
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